Les sapins sont abondants dans les forêts du canton. Mais ils n’ont de loin pas tous le format de Noël. Ceux qu’on décore dans le salon, bien fournis et équilibrés, formant un cône régulier et d’un vert soutenu sont pour la majorité cultivés. Et si une part a poussé en Suisse, beaucoup proviennent du nord ou de l’est de l’Europe.
Questions à Martial de Montmollin, ingénieur de conservation à la Division inspection cantonale des forêts de la Direction des ressources et du patrimoine naturels de la DGE. Direction générale de l’environnement (DGE-DIRNA).
Quelles sont les différentes sortes de sapins de Noël?
Parmi les deux ou trois grandes espèces de sapins vendus dans le canton, les Nordmann tiennent le haut du pavé. Originaires du Caucase, ils sont plantés au nord et dans l’est de l’Europe, mais aussi en Suisse, spécifiquement pour Noël.
Quand aux sapins indigènes vendus pour Noël, ce sont des épicéas et, dans une moindre mesure, des sapins blancs.
Le Nordmann, au teint un peu bleuté, est très apprécié car il est très fourni. Il pique moins que l’épicéa. Il garde aussi ses aiguilles plus longtemps. Mais cette dernière qualité constitue aussi un problème: l’arbre donne peu de signes de desséchement et les risques d’embrasement peuvent alors être importants. Surtout pour les arbres importés, car ils sont coupés plus tôt que les autres en raison du temps de transport. Dans le canton de Neuchâtel, il est arrivé que certains sapins Nordmann soient interdits de bougies.
Face au Nordmann, l’épicéa se défend car, pour une question d’équilibre en l’offre et la demande, il est nettement moins cher.
Quel sapin faut-il choisir?
Un sapin de Noël est en lui-même neutre en CO2. Son coût écologique tient principalement au transport. Il vaut donc mieux privilégier les sapins de provenance locale. Et vivants bien sûr! Car les sapins artificiels viennent souvent d’Asie et nécessitent du plastique pour les produire. On peut aussi s’intéresser aux sapins en pots dont la vente ou la location se développe. Mais la coupe de sapins de Noël ne constitue en tout cas pas un risque pour nos forêts. Elle restera toujours négligeable dans une forêt qui est par ailleurs nettement sous-exploitée. Nos arbres sont en moyenne les plus vieux et les plus fragiles d’Europe. Nous disposons de grandes réserves de bois, hélas trop cher par rapport au bois venant du nord ou de l’est de l’Europe.
Le canton exerce-t-il un contrôle?
Il n’y a pas de contrôle cantonal sur la production des sapins de Noël. Il n’y a pas de règles particulières pour les producteurs qui sont fédérés en Suisse par une l’association faîtière des cultivateurs de sapins de Noël. Les différentes espèces ne sont pas invasives et ne présentent pas de risques. Les zones de forêt plantées de sapins de Noël ne sont pas recensées en tant que telles. Elles sont réglementées par des plans de gestion approuvés par le Canton, mais ces plans ne vont pas jusqu’à un niveau de détails qui mettrait en évidence des sapins de Noël.
Le Canton doit-il lutter contre le maraudage?
Même sur des terrains privés, il est interdit de couper des arbres situés en zone forêt sans autorisation de l’Inspection des forêts. Le «martelage» (nom qui vient du marteau avec lequel l’inspecteur apposait à l’époque son poinçon sur les arbres autorisés à la coupe) est obligatoire. L’amende peut aller jusqu’à 20'000 francs pour ceux qui l’«oublient». Mais il s’agit la plupart du temps de dégager la vue, pas de ramener un sapin dans son salon. D’ailleurs les beaux sapins bien fournis et proportionnés pour Noël ne se trouvent pas si facilement que ça en forêt.