Sous le nom «Bleu SIEL», le projet de refonte du système d’information vise le remplacement des applications Antilope et Safari qui permettent de gérer informatiquement le traitement et l’évolution de l’ensemble des documents relatifs au Conseil d’État et au Grand Conseil. Ordres du jour, procès-verbaux, décisions, interpellations et bien d’autres documents et leurs annexes sont ainsi accessibles pour qui sait les trouver avec Antilope. Bleu SIEL en facilitera beaucoup la recherche et le traitement. Questions à Vincent Grandjean, chancelier d’État.
Pourquoi cette refonte?
Antilope est une application de conception typique des années 90, avant l’avènement du web. C’est un peu comme le Minitel à l’époque en France. Antilope était précurseur, mais son système est fermé et l’application ne correspond plus aux standards d’aujourd’hui. Les mises à jour sont devenues de plus en plus lourdes à gérer, certains «bugs» sont apparus. Autant la DSI que la Chancellerie ont pu prendre la mesure de l’urgence de cette refonte. Les utilisateurs fréquents et expérimentés sont globalement très satisfaits d’Antilope, mais chacun peut aussi éprouver les limites d’un logiciel dépassé par les développements actuels des nouvelles technologies dont celles liées à internet.
Quelles sont les principales difficultés?
Le périmètre du projet est très large et touche à plusieurs processus sensibles. Les fonctionnalités à développer sont moins complexes que celle du système d’information finances basé sur SAP, le logiciel d’application comptable qui a remplacé «Procofiev» en janvier 2014. Mais la variété des utilisateurs est bien plus grande. L’application est transversale. L’automatisation des flux d’information et de documents entre les différents domaines touchant le Grand Conseil, le Conseil d’État et les services constituent un défi. Le projet Bleu SIEL est en outre indissociable de la mise en oeuvre de l'archivage électronique en cours d'élaboration. La conduite des deux projets a d’ailleurs été unifiée.
Qu’en est-il des logiciels existants ailleurs?
À première vue, reprendre clé en main un système existant dans son intégralité semble difficile. Aucun de ceux que nous avons vus ne couvrait les besoins du Parlement. Quant aux systèmes d’information à l’usage des Exécutifs que nous avons pu observer, ils nécessiteraient des adaptations aux particularités vaudoises et une traduction conforme à nos usages. Coller ensemble différentes «briques» pour obtenir ce que nous voulons ou alors partir de zéro sont des voies possibles. Ce sera aux mandataires de nous soumettre des propositions. Nous voulons que la solution couvre les besoins que nous avons énumérés dans un cahier des charges et ceux-là sont relativement étendus. Dans son domaine, Antilope est le logiciel le plus complet existant en Suisse.
Le nouveau SIEL ne risque-t-il pas de connaître le même parcours vers l’obsolescence qu’Antilope?
On ne peut jurer de rien. Mais l’évolution ne sera pas fatalement celle qu’a connue Antilope. Avec internet, on est entré dans une ère qui n’est pas près de s’arrêter. Par ailleurs, Antilope était le premier système d’information automatisé de Suisse. C’était un précurseur. Bleu SIEL au contraire ne se singularise pas. Le projet est en phase avec de nombreux développements informatiques actuels standards.
Où en est-on et à quand la mise à disposition?
En 2012, nous avons effectué des recherches et des évaluations de solutions utilisées dans d’autres cantons. Le projet Bleu SIEL a véritablement commencé en 2013 suite à un crédit d’étude accordé par le Grand Conseil. Un cahier des charges complet a été élaboré. L’exposé des motifs et projet de décret (EMPD) est annoncé pour janvier 2016. Si le Grand Conseil l’accepte, le développement pourra être lancé en vue d’une mise en production juste après le début de la législature 2017.
Quelles sont les améliorations les plus attendues?
Une série de simplifications dans la production des documents, la gestion de leurs liens entre eux, leur parcours et leur publication permettra de réduire certaines tâches. Il y aura un vrai bond dans l’ergonomie générale et la simplicité d’accès pour les utilisateurs occasionnels. Les nouveaux utilisateurs habitués à une informatique nomade sont pris en compte et l’application devra correspondre exactement aux besoins des députés. Ce ne sont plus les seuls utilisateurs chevronnés qui bénéficieront du SIEL, mais un large cercle qui accédera à l’application autant par ordinateur qu’au moyen d’un smartphone ou d’une tablette.