La Gazette

n°265
4 novembre 2015

À la une

Préserver l’emploi, renforcer le pouvoir d’achat et la cohésion sociale

Ce numéro spécial de La Gazette est consacré à un objet crucial pour l’avenir du Canton: la 3e réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III) et sa déclinaison sur le plan vaudois. Au vu de l’importance de ces enjeux, le Conseil d’État souhaite, par ce biais, fournir tous les éléments d’information nécessaires aux collaboratrices et aux collaborateurs de la fonction publique à ce sujet.

La RIE III est une réforme fédérale qui vise à adapter la législation fiscale suisse aux nouvelles normes internationales, tout en maintenant l’attractivité de notre pays. Cette réforme met fin aux régimes d’exception fiscale (statuts spéciaux) qui permettent une imposition avantageuse pour les entreprises établies en Suisse et dont une grande partie des bénéfices sont réalisés à l’étranger. Il en résulte un risque substantiel que nombre de ces entreprises quittent le pays, laissant derrière elles une facture sociale et des pertes fiscales élevées.

C’est pour parer à ce risque et à ses conséquences que le Conseil d’État a décidé d’anticiper et a adopté une stratégie fiscale et sociale, sous la forme d’un paquet législatif global, visant à maintenir les emplois dans le canton et à renforcer le pouvoir d’achat des ménages. Cette stratégie a été adoptée à une très large majorité au Grand Conseil en octobre dernier.

Taux unique

Au niveau fiscal, la solution retenue par les autorités vaudoises consiste à instaurer un taux unique d’imposition des bénéfices des entreprises de 13,79%, et ce dès l’entrée en vigueur de la réforme fédérale (en principe 2019). À l’avenir, les sociétés actuellement au bénéfice de statuts spéciaux paieront donc environ 40% en plus d’impôts sur le bénéfice, alors que les entreprises locales, au taux ordinaire de 21,65% en 2016, connaîtront une baisse dans une proportion similaire. Les entreprises peuvent ainsi se projeter dans l’avenir en connaissant leurs futures conditions fiscales.

Important volet social

La stratégie choisie comporte aussi un important volet social pour renforcer le pouvoir d’achat des familles. En contrepartie de la baisse de leur fiscalité, les entreprises verront leur cotisation aux allocations familiales augmenter, ce qui permettra de faire passer progressivement l’allocation pour enfant de 230 francs actuels à 300 francs et de 300 à 400 francs pour les jeunes en formation au cours de la prochaine législature. Ces augmentations situeront le canton de Vaud parmi les cantons où les allocations sont les plus élevées de Suisse.

Les entreprises vont aussi doubler progressivement leur niveau de financement pour l’accueil de jour des enfants (de 20 à 40 millions), alors que l’État ira dans le même sens en augmentant sa part de 30 millions de francs additionnels. À terme, ce sont donc plus de 50 millions de francs supplémentaires qui seront apportés à cette importante mission de service public.

Primes d'assurance maladie plafonnées

De plus, il a été décidé que le paiement des primes d’assurance maladie sera limité à 10% maximum des revenus déterminants d’un ménage. Cette mesure, inédite à l’échelle suisse, sera mise en place dès 2019 par le biais d’un nouveau subside. La déduction fiscale possible pour la prime d’assurance-maladie augmentera quant à elle de 400 francs par personne.

Enfin, un nouveau fonds sera créé pour mieux protéger la santé et la sécurité des travailleurs de la construction, qui sont particulièrement exposés aux accidents et aux maladies professionnels. La subvention cantonale prévue permettra d’apporter des compensations aux entreprises et aux salariés en cas d’aménagement du temps de travail et de congés liés aux conditions climatiques tout comme de pouvoir traiter des situations particulières de retraite anticipée.

Pour l’emploi et les familles

Ce projet engendrera une baisse des recettes estimée à environ 200 millions de francs pour le Canton et de 80 à 90 millions pour les Communes, après versement des compensations attendues de la Confédération, à ce stade de 108 millions. Ces pertes de recettes fiscales sont à relativiser: d’une part, elles paraissent inférieures aux risques budgétaires et sociaux qu’engendrerait le départ massif des sociétés à statuts spéciaux; d’autre part, ces pertes sont jugées supportables en regard des excédents budgétaires cumulés du Canton et des communes ayant régulièrement dépassé le milliard de francs ces dernières années et en regard d’une dette cantonale presque intégralement remboursée. Le gouvernement et le parlement ont aussi décidé de laisser inchangé le taux d’imposition sur le revenu des contribuables pour les années 2015-2019, ce qui contribue à la stabilité des finances publiques et évite un report de la pression fiscale des personnes morales sur les personnes physiques.

Élaborée et négociée depuis plusieurs mois par les membres du Conseil d’État avec les acteurs concernés, largement soutenue par le Parlement, la stratégie fiscale et sociale présentée dans ce numéro est le fruit d’un compromis équilibré pour l’emploi et les familles, dont l’objectif essentiel consiste à préserver la prospérité économique tout en renforçant la cohésion sociale du canton de Vaud.

Pierre-Yves Maillard,
président du Conseil d’État

Pierre-Yves Maillard
Pierre-Yves Maillard - (ARC - J.-B. Sieber).

mail facebook twitter linkedin print

Une boussole fiscale pour les entreprises

Complexe dans ses détails, la réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III) est simple dans son principe. Elle remplace un système internationalement contesté par un autre, reconnu. Elle le fait de manière à garder notre tissu économique pour préserver notre prospérité.

Ce qui va disparaître, ce sont les «statuts spéciaux» qui imposent différemment les bénéfices selon qu’ils sont réalisés en Suisse ou à l’étranger. Ce qui est introduit en principe en 2019, c’est pour l’essentiel un taux d’impôt unique, arrêté par le canton de Vaud à 13,79% à l’horizon 2020.

Pour l’écrasante majorité des 28'000 sociétés vaudoises, ce changement représente une importante baisse fiscale. Elles y puiseront des marges d’investissement, de création d’emplois. À ce nouveau souffle économique correspondent de conséquentes contreparties sociales qui sont détaillées dans cette Gazette.

Une poignée de sociétés multinationales, grosses contribuables et grandes employeuses, verront leurs impôts augmenter. Si le canton n’adaptait pas son taux, cette augmentation serait bien plus forte et ces firmes partiraient. Or, elles comptent 9500 emplois et génèrent indirectement plus de 15'000 autres places de travail. Autant de personnes actives ici, qui consomment et paient des impôts. Le taux de 13,79% a donc été arrêté pour éviter l’exode qui serait catastrophique. Ce taux va s’ajouter aux autres atouts vaudois que sont nos hautes écoles, la qualité de notre main-d’œuvre, nos communications, notre cadre de vie, afin de garder notre attractivité.

Le changement n’est pas gratuit, mais son coût n’est pas de nature à péjorer les prestations de l’État, d’autant qu’il s’agit d’un investissement dans notre attractivité, promis à se valoriser. Il rassure les entreprises, leur offre une prévisibilité fiscale alors qu’elles voient leur ciel d’affaires s’assombrir avec le franc fort.

265_2_Boussole_1.JPG

(© dvoevnore)

mail facebook twitter linkedin print

Actualités

RIE III: une réforme équitable

La RIE III est la plus importante réforme de l’imposition des entreprises depuis 50 ans. Dans un contexte économique instable, elle est étroitement coordonnée avec un ensemble de mesures en faveur de l’emploi et du pouvoir d’achat des familles. Approuvée par le Grand Conseil à une très large majorité, cette réforme implique tous les départements de l’État et les entreprises.

La nouvelle donne internationale en termes de standards fiscaux impose à la Confédération et aux cantons de se mettre en conformité. Le 1er juillet 2014, la Suisse et l’Union européenne ont en effet signé une déclaration conjointe sur la fiscalité des entreprises. Le Conseil fédéral s’est engagé à proposer l’abrogation de certains régimes fiscaux, notamment ceux qui prévoient un traitement différencié entre les revenus de source suisse et les revenus de source étrangère.

Le Conseil d’État a estimé qu’il fallait agir sans délai, car le Canton doit faire face à deux contraintes qui pèsent lourd sur l’avenir de l’économie vaudoise. Le vote du 9 février 2014 entrave le développement des entreprises en limitant l’accès à la main d’œuvre. Quant à l’abandon du taux plancher par la Banque nationale suisse (BNS), il rend plus difficile toute exportation vers l’Union européenne.

Dans ce contexte particulièrement instable, le Conseil d’État a été très largement suivi par le parlement (106 voix contre 6 et 14 abstentions), dans sa volonté de proposer une double solution: fiscale, avec une réduction et l’introduction d’un taux unique pour l’imposition des entreprises, et sociale avec une série de mesures améliorant le pouvoir d’achat des ménages. Cet effort collectif pour l’emploi et les familles, impliquant tant l’Etat que le secteur privé, était d’ailleurs annoncé dans le Programme de législature d’octobre 2012 du Conseil d’État: le gouvernement entendait soutenir la croissance et le pouvoir d’achat «en adaptant l’imposition de la famille et des entreprises, ainsi que le régime des allocations familiales, en concertation avec les milieux concernés».

Un projet de cette ampleur, dont les mesures s’étendent progressivement jusqu’en 2022, est par nature complexe et demande une longue préparation. Cette réforme a en effet été conçue dans un souci de consensus et une volonté de compromis en négociant avec de nombreux partenaires. Tour d’horizon des enjeux et des perspectives d’un dossier majeur, par le biais de résumés, d’infographies et d’une foire aux questions.

Les contreparties à la charge des entreprises

Allocations familiales:

+ 210, 3 millions pour les années 2019 à 2021

+ 81,4 millions par année dès 2022

Accueil de jour:

+ 28 millions pour les années 2016 à 2017

+ 90.8 millions pour les années 2019 à 2022

+ 22,7 millions par année dès 2023

265_rie3_bd_01_4.JPG

(© Halfpoint)

Les grands mécanismes

Réduction du taux d'imposition des entreprises:

  • à 13,79% (net) au lieu de 21,65% (net)
  • taux unique pour toutes les entreprises

Amélioration du pouvoir d'achat des ménages:

  • augmentation des allocations familiales
  • renforcement des subsides à l'assurance-maladie
  • soutien accru à l’accueil de jour des enfants

Foire aux questions

265_3_FAQ_maro_19.JPG 

Afin de couvrir l’ensemble de ce dossier complexe, La Gazette propose la synthèse des principales questions régulièrement posées sur la RIE III. Le contenu a été séparé en trois chapitres: les causes de la réforme, le volet fiscal, le volet social.

Pour une consultation plus aisée, cette Foire aux questions (FAQ) se trouve sur l’intranet de l’État de Vaud et le site vd.ch/RIEIII:

> FAQ RIE III sur Intranet

> FAQ RIE III sur Internet

Effets fiscaux globaux de la réforme

- 442 millions: montant de la baisse d’impôts sur le bénéfice des sociétés ordinaires, PME etc.

+ 50 millions: montant de l’augmentation d’impôts des sociétés à statut spécial, multinationales etc.

- 392 millions: montant de l'effet net de la RIE III sur les recettes fiscales (État et communes) dès 2019, soit: - 442 + 50 = - 392 millions

+108 millions: compensation attendue de la Confédération

Effets sur les recettes fiscales des collectivités après compensation fédérale:

- 200 millions environ pour le Canton

- 80 à 90 millions environ pour les Communes

mail facebook twitter linkedin print

52 millions de francs supplémentaires pour l’accueil de jour des enfants

La réforme RIE III permet d’augmenter fortement les places dans les crèches et garderies du canton. 52 millions de francs supplémentaires financeront la Fondation pour l’accueil de jour des enfants (FAJE).Cette institution participera à la création de nombreuses places préscolaires dans les réseaux d’accueil de jour, et les communes seront aidées pour la généralisation de l’accueil parascolaire.

Concrètement, les moyens supplémentaires débloqués grâce à la réforme RIE III vont permettre la création d’environ 400 places supplémentaires de crèche par année pour les enfants de moins de 4 ans jusqu’en 2022. Cela permettra de faire grimper le taux de couverture de l’accueil préscolaire de 20 à 27%. Comme les parents ont rarement besoin de laisser leur enfant durant l’ensemble des heures d’ouverture d’une garderie, ce taux sera dans la réalité bien plus élevé. De quoi offrir une place subventionnée à près d’un enfant sur deux.

Par ailleurs, le renforcement financier de la FAJE permettra de doubler le nombre de places parascolaires subventionnées, pour les 4 à 12 ans, dans le même laps de temps. De quoi permettre aux collectivités publiques de remplir le mandat confié par le peuple en septembre 2009, lorsque plus de 70% des Vaudoises et Vaudois avaient accepté l’article constitutionnel sur l’école à journée continue.

L’augmentation de la dotation annuelle de la FAJE sera progressive. Le Canton augmentera d’ici 2022 sa contribution de 30 millions de francs, en plus des hausses déjà prévues, soit plus de 35 millions. Par ailleurs, en compensation des réductions d’impôts prévues dans le paquet RIE III, les employeurs ont accepté de doubler lors cotisation à la FAJE d’ici 2019. Cela représente une somme supplémentaire de 22 millions, dont près de 2 pour l’État et les Communes en tant qu’employeur.

265_4_Accueil__6.JPG

Les moyens supplémentaires débloqués grâce à la réforme RIE III créeront environ 400 places supplémentaires de crèche par année pour les enfants de moins de 4 ans – (©Robert Kneschke).

La généralisation de l’accueil parascolaire en consultation

Le Département des infrastructures et des ressources humaines a mis, jeudi 29 octobre, en consultation une refonte de la loi sur l’accueil de jour des enfants. Celle-ci doit notamment permettre la mise en œuvre de l’article de la Constitution vaudoise 63a sur l’accueil parascolaire. Le projet prévoit un socle minimal de prestations à offrir à l’ensemble des élèves vaudois du primaire et du secondaire. Les communes devront au minimum prévoir un accueil à midi, avec repas, pour tous les enfants de 4 à 15 ans. Pour les élèves fréquentant les classes primaires 5 à 8 (8 à 12 ans), leur prise en charge devra être également prévue après les cours en fin d’après-midi et le mercredi après-midi. Les plus petits des classes primaires de 1 à 5 devront en outre pouvoir bénéficier d’un accueil avant le début des cours, le matin, et lors des demi-journées sans classe. Comme aujourd’hui, la fréquentation des offres parascolaires restera facultative.

mail facebook twitter linkedin print

Soutenir le pouvoir d’achat des familles

Avec le volet vaudois de la RIE III, le Conseil d’État consolide sa politique familiale. Ce soutien au pouvoir d’achat passe par plusieurs actions chiffrées à 150 millions par an, dont 100 à charge des employeurs.

Il est prévu d’augmenter les allocations familiales, d’alléger les charges de santé par le biais d’un renforcement de la réduction des primes LAMal, et enfin d’augmenter le soutien financier de l’État au dispositif d’accueil de jour de la petite enfance.

Allocations familiales à la hausse

L’évolution des allocations familiales du canton s’inscrit dans la continuité des décisions prises par le Grand Conseil depuis près d’une dizaine d’années. Alors qu’en 2006, il était encore parmi les quatre cantons disposant des allocations pour enfants les plus faibles, Vaud est désormais parmi les huit cantons octroyant les prestations les plus élevées. Avec la réforme, il se situera dans les trois premiers.

Le barème vaudois a été relevé de manière substantielle en 2007, puis en 2008, afin de se calquer de façon anticipée sur les montants minimaux fixés dès 2009 par la nouvelle loi fédérale sur les allocations familiales. En même temps, la règle allouant les prestations en fonction du taux d’activité est abrogée; seules des allocations pleines sont versées.

L’année 2009 connaît également d’importants changements, à la suite de la mise en œuvre du principe constitutionnel «un enfant, une allocation». Jusque-là, ces allocations étaient réservées aux familles dont l’un des parents au moins exerçait une activité lucrative salariée. À partir de 2009, ce soutien s’étend aux familles dont le revenu provient d’une activité indépendante, répondant ainsi au mandat de la Constitution vaudoise de veiller à ce que chaque famille puisse bénéficier de prestations minimales en matière d’allocations familiales.

Un pouvoir d’achat augmenté de 14 millions en 2016

En 2012, simultanément à l’introduction d’une meilleure compensation des charges entre caisses d’allocations familiales, le Grand Conseil adopte une augmentation progressive des allocations familiales pour la présente législature, conformément à l’accord conclu entre le Conseil d’État et les milieux patronaux. L’allocation pour enfants est portée de 200 à 230 francs par mois dès 2014 et celle pour les jeunes en formation passe de 250 francs par mois à 300 francs par mois en 2013. En 2016, dans le cadre d’une première étape du projet RIE III, l’allocation pour enfants atteindra 250 francs par mois et celle pour les jeunes en formation sera encore augmentée de 30 francs. Les allocations dès le troisième enfant resteront quant à elles fixées à 440 francs, dans la mesure où elles sont déjà parmi les plus élevées de Suisse. Grâce à ces mesures, le pouvoir d’achat des familles sera amélioré de 14 millions dès la rentrée scolaire 2016.

Ensuite, dès l’entrée en vigueur des mesures de baisse de la fiscalité des entreprises du projet de RIE III, en 2018 ou 2019, le montant minimum de l’allocation pour enfant sera porté à 300 francs, et celui de l’allocation de formation professionnelle à 360 francs. Cette dernière passera à 400 francs dès 2022. Ces mesures représentent une amélioration du pouvoir d’achat de près de 100 millions pour les familles.

mail facebook twitter linkedin print

Assurance maladie: alléger les charges des ménages

Grâce à l’introduction d’un subside spécifique versé aux ménages, il sera possible de limiter leur charge financière du paiement des primes LAMal à 10% de leur revenu au maximum. La déduction fiscale pour primes d’assurance maladie augmentera.

Les améliorations du système des subsides à l’assurance obligatoire de soins (LAMal) apportées depuis une dizaine d’années n’ont pas pu compenser la hausse des primes durant la même période.

De très nombreux ménages doivent encore assumer des primes LAMal qui dépassent 10% de leurs ressources, même après l’octroi d’un subside. Pour les ménages avec des revenus moyens, la dépense pour l’assurance maladie dépasse celle consacrée à l’alimentation. En septembre 2013 dans le canton de Vaud, près de 40% des ménages bénéficiaires d’un subside partiel consacraient plus de 10% de leur revenu à leurs primes LAMal – plus de 15% pour le tiers d’entre eux. La situation est particulièrement critique pour les couples sans enfants dont trois sur cinq, bénéficiaires de subsides, ont malgré tout un taux d’effort qui dépasse 12%.

Améliorer la situation de 55'000 assurés vaudois

De plus, de nombreux ménages avec un taux d’effort élevé n’accèdent pas aux subsides parce que leur revenu est trop important. À titre d’exemple, une personne seule qui dispose d’un revenu imposable de 43'000 francs n’a pas droit à un subside. Or, selon son assureur, elle devra payer des primes pour un montant compris entre 5000 et 5500 francs par an, soit entre 12% et 13% de son revenu. Pour les couples sans enfants, tout spécialement s’il s’agit de rentiers AVS, la situation est encore plus difficile, puisque le taux d’effort peut dépasser 15%.

Pour diminuer le niveau de leurs contributions, les assurés n’ont donc d’autre choix que d’opter pour une franchise à option. Si ce choix peut s’avérer gagnant pour les personnes en bonne santé, il n’est pas envisageable pour celles qui sont plus âgées ou qui souffrent de maladies chroniques.

Afin d’améliorer ces situations, le Conseil d’État et le Grand Conseil ont adopté une mesure simple. En complément au système de subside existant, un subside spécifique sera accordé à tous les ménages pour lesquels le paiement des primes LAMal représente plus de 10% du revenu déterminant. Cette mesure entrera en vigueur le 1er janvier 2019, simultanément aux modifications légales qui touchent la fiscalité des entreprises. On estime qu’elle permettra d’améliorer la situation économique de 55'000 assurés vaudois, pour un montant de 42,8 millions de francs.

À noter que la déduction fiscale pour primes d’assurance maladie sera augmentée de 20%, passant de 2000 à 2400 francs par personne. La déduction pour contribuable modeste sera pour sa part adaptée.

265_6_subsides_3.JPG

Pour les ménages avec des revenus moyens, la dépense pour l’assurance maladie dépasse celle consacrée à l’alimentation – (© doble.d).

Une réponse sociale à un risque économique

L’ensemble de ces mesures en faveur du pouvoir d’achat des familles ainsi que de la protection des travailleurs particulièrement exposés font de RIE III un projet économique et social équilibré. Il apporte une réponse au risque de délocalisation massive d'emplois, avec les conséquences en termes de coûts sociaux et de perte de ressource qui en découle. Et il rend possibles de grandes avancées sociales et des politiques publiques progressistes au bénéfice de la population dans son ensemble.

Des mesures pour les travailleurs de la construction

Les employés du secteur de la construction sont très exposés à des accidents et maladies professionnels. Leur espérance de vie est en outre sensiblement plus courte que celle des autres catégories de salariés. En 2014, sur 156'000 travailleurs à plein temps dans le gros œuvre, presque un ouvrier sur cinq a subi un accident professionnel.

Le projet de RIE III propose l’introduction d’une subvention cantonale en faveur d’un fonds pour la santé et la sécurité des travailleurs de la construction, qui financera des compensations en cas de congés pour intempéries et une rente-pont spécifique. Des campagnes en matière de santé au travail seront également conduites.

mail facebook twitter linkedin print

Reportage

Préserver le tissu économique vaudois

Vaud est un des cantons les plus directement concernés par la RIE III. Le nombre des sociétés à statuts y est élevé et le taux d’imposition des bénéfices est parmi les plus hauts de Suisse. L'enjeu concerne près de 25'000 emplois en terres vaudoises.

Certes, le canton de Bâle-Ville compte un important secteur de sociétés à régime spécial, mais celles-ci sont principalement actives dans le domaine de la chimie. Pour ce type d’entreprises, l’imposition réduite des recettes provenant des brevets constitue un début de solution. Quant aux cantons de Suisse centrale, en particulier Zoug, ils se trouvent dans une situation analogue à celle de Vaud, à la différence près qu'ils pratiquent déjà des taux d’imposition permettant d’éviter le départ des sociétés en question. De fait, seul le canton de Genève partage les réalités vaudoises.

Le poids de la métropole lémanique

Une analyse des recettes de l’impôt fédéral direct permet de saisir à sa juste valeur la contribution fiscale des sociétés mixtes de la métropole lémanique. Pour l’année fiscale 2011, plus d’un franc sur trois encaissés par la Confédération au titre de l’impôt fédéral direct auprès des sociétés à statut, provient des cantons de Vaud et de Genève.

Le départ des sociétés mixtes entraînerait pour le canton de Vaud des pertes fiscales de quelque 300 millions de francs, selon une étude menée par l’institut CREA de l’Université de Lausanne. À cette somme s’ajouteraient les pertes relatives aux emplois induits (lire encadré) et une diminution mécanique du financement des assurances sociales. Ainsi, au total, les rentrées fiscales en jeu sont comprises entre 520 et 620 millions de francs.

Maintenir le taux actuel de l’impôt sur le bénéfice occasionnerait le départ ou la réorganisation de nombreuses sociétés à statuts spéciaux. Ce scénario provoquerait des pertes fiscales et pèserait sur l’économie vaudoise dans une ampleur supérieure aux effets d’une baisse du taux d’imposition des bénéfices. La réforme vaudoise permet au canton de préserver son tissu économique, ses recettes fiscales et ses emplois

265_7_Arc-lema_8.JPG

La réforme vaudoise permet au canton de préserver son tissu économique, ses recettes fiscales et ses emplois (© J-M Zellweger).

25'000 emplois et 5 milliards pour l’économie vaudoise

Plus de 9000 personnes travaillent directement pour les sociétés à statut mixte, soit 3,2% des emplois vaudois. La masse salariale perçue par ces employés dépasse le milliard de francs et génère quelque 170 millions de francs d’impôts directs. Le CREA a également calculé l’effet multiplicateur de l’emploi. À chaque emploi dans le secteur des sociétés mixtes est associé 1,7 emploi dans le reste de l’économie. Au total, ce ne sont pas moins de 25'000 emplois (ou 8,7% ) qui dépendent directement et indirectement de ces sociétés actives à l’échelle internationale. En d’autres termes, un nombre important de petites et moyennes entreprises vivent et se développent grâce à la présence des multinationales. Selon l’étude du CREA, la valeur ajoutée pour l’économie vaudoise avoisine globalement les 5 milliards de francs.

mail facebook twitter linkedin print

Répondre aux besoins et financer les priorités

L’État de Vaud prévoit un léger excédent de revenus de 1,4 million de francs pour l’année 2016. Ce dixième budget équilibré consécutif s’inscrit toutefois dans un environnement économique tendu et une conjoncture très contrastée pour les cantons.

Sur 23 budgets cantonaux présentés jusqu’à la mi-octobre, quinze sont déficitaires. En Suisse latine, si Fribourg et le Valais retrouvent les chiffres noirs, Genève et le Tessin plongent dans le rouge, tandis que Neuchâtel et le Jura restent dans les déficits. La situation financière du Canton de Vaud, après neuf années de résultats positifs, est cependant saine : selon les comptes 2014, la dette a été ramenée de près de 9 milliards à 575 millions de francs aux comptes 2014. L’Etat de Vaud consacrera l’an prochain 9,16 milliards de francs à ses charges de fonctionnement.

Pression démographique et renforcements sectoriels

S’agissant de ses prestations courantes, le budget 2016 prévoit une augmentation des charges dans les domaines du social, de la santé, de la formation et de la sécurité au sens large. Particulièrement sensibles à la croissance démographique qui caractérise toujours le canton, ces quatre missions de base du service public représentent près des quatre cinquièmes (79,0%), voir graphique I ci-dessous) des ressources de l’État (voir graphique de la répartition des dépenses de l'État par domaines).

Le Canton verra donc ses dépenses augmenter l’année prochaine de 28 millions (+2,1%) dans le secteur de la santé (enveloppe d’exploitation CHUV et FHV, soins à domicile, santé scolaire, urgences préhospitalières), de 111 millions (+5,8%) pour l’aide sociale (subsides LAMal, évolution du régime des PC Familles et de la rente-pont, PC AVS/AI, évolution du RI, mesures d’insertion) et de 63 millions (+2,3%) dans l’enseignement et la formation (personnel enseignant, subventions aux Hautes Écoles, aux institutions du SPJ et du SESAF, écoles de musique). L’État augmente en outre de 7 millions sa contribution à l’accueil de jour, et renforce pour un total de 11 millions les activités de la Police cantonale, du secteur pénitentiaire et de l'Office des curatelles et tutelles professionnelles.

Traduit en termes d’effectifs, ce seront ainsi 163 postes créés en tout l’an prochain, dont 18 gendarmes, 113 nouveaux enseignants et 32 postes administratifs dans divers services. De 2008 à 2016, L’État aura créé pas moins de 1870 postes supplémentaires, sans compter le CHUV, l’UNIL, la HEP ou la HEV, dont la gestion du personnel a été autonomisée.

L’augmentation de ses dépenses courantes par rapport à l’année en cours atteindra quelque 220 millions, ce qui représente une progression de 2,47%. Il faut relever que cette croissance des charges sera plus forte que la progression attendue des revenus (+1,45%).

Si l’environnement économique est aujourd’hui plus difficile, le Conseil d'État n’a pas réduit les moyens alloués aux prestations publiques: il maintient en revanche dans sa planification financière une prévision de croissance des charges de 2% par an en moyenne.

Répartition des dépenses de l'État par domaines. Les quatre missions de base que sont la formation, la santé, le social et la sécurité comptent pour 79%.

Montée en puissance des investissements

 

L'effort global d'investissement de l'État dans l'économie vaudoise devrait atteindre 887 millions en 2016, soit près du double d'il y a six ans.

Les dépenses de l’État ne se limitent pas à son ménage courant. La bonne tenue de ses finances permet au Canton d’augmenter progressivement depuis quelques années le financement des infrastructures et des équipements de demain. En 2016, le budget fixe les investissements nets de l’État à hauteur de 438 millions, soit plus du double d’il y a seulement six ans.

Ici encore, les moyens engagés cette année iront principalement aux équipements hospitaliers (Cery 26 millions, soins continus 8 millions, Hôpital unique de l’enfant 6 millions, bloc opératoire 6 millions, laboratoires 6 millions) et aux centres de formation (gymnases et écoles professionnelles 40 millions, bâtiments universitaires 18 millions, HEIG 9 millions, Synathlon 4 millions). Les routes du canton bénéficieront également d’investissements lourds pour quelque 109 millions (soit le quart du budget net).

Si l’on considère les dépenses brutes d’investissement (part État plus partenaires) ainsi que les nouveaux prêts et garanties octroyés, l’effort global d’investissement de l’État dans l’économie vaudoise devrait atteindre 887 millions en 2016 (voir graphique ci-dessus). Présenté fin septembre en marge du budget, le Plan d’investissement de l’État prévoit un pic des dépenses en 2017 pour une moyenne annuelle jusqu’en 2020 de 855 millions, soit au-dessus de l’objectif initial de la législature actuelle.

Le maintien de ce niveau d’investissement dépendra de la capacité de l’État à maîtriser ses dépenses courantes pour parvenir à absorber les coûts induits par ces grands travaux. A titre d’exemple, les charges annuelles (intérêts, amortissement, entretien) d’un investissement de 1 milliard équivalent à 10% environ, soit 100 millions par année qui émargent au budget ordinaire de l’État.

mail facebook twitter linkedin print

Brèves

Nouveau chef pour le Service de l'emploi

265_breve_Vodo_10.JPG

François Vodoz a repris la direction du Service de l’emploi lundi dernier, 2 novembre. Actuel adjoint de direction, il succède à Roger Piccand, qui part à la retraite après près de 26 ans à la tête du service.

Le Service de l'emploi (SDE) et ses 500 collaborateurs auront un nouveau chef en la personne de François Vodoz. Le Conseil d'État a désigné l'actuel adjoint du chef de service, excellent connaisseur du marché du travail, au bénéfice d'une expérience de vingt ans au sein du SDE.

François Vodoz, 52 ans, est titulaire d'une licence ès lettres de l'Université de Lausanne, complétée par plusieurs formations administratives spécifiques. Il a commencé sa carrière en tant que chargé de recherche auprès de l'Office cantonal d'assurance-chômage.

François Vodoz a été sélectionné parmi une vingtaine de candidats. Ses connaissances des activités du service et ses compétences managériales ont fait la différence. Le Conseil d'État a apprécié sa sensibilité pour les enjeux politiques et sociaux, ainsi que les relations de confiance qu'il a établies à Berne, dans le cadre de la Commission fédérale du travail, et auprès de l'ensemble des partenaires vaudois du service.

mail facebook twitter linkedin print

Design: présence suisse à Mexico

265_AMD_11.JPG

La Suisse occupe une place d’honneur au festival de design Abierto Mexicano de Diseño.

Grâce à Francisco Torres, designer ancien élève de l’ECAL établi à Mexico, qui siège au comité directeur du festival de design Abierto Mexicano de Diseño, la Suisse occupe une place d’honneur dans cette manifestation:

  • au Franz Mayer Museum, une importante exposition des graphistes Gilles Gavillet et Vincent Devaud organisée par Pierre Keller, commissaire de l’évènement;
  • au prestigieux Museo Nacional De Arte, une exposition dialogue entre les designers suisses de BIG-GAME et le designer mexicain Moisés Hernández, confrontant des créations des designers suisses à des objets du quotidien mexicain;
  • trois conférences au Palacio de Bellas Artes: Augustin Scott de Martinville / BIG-GAME en dialogue avec Moisés Hernández; Pierre Keller et Augustin Scott de Martinville sur une marque icône du design: Alessi; Pierre Keller: « Une vie de plaisir » le parcours inhabituel d’un suisse pas comme les autres.

À noter que la ville de Mexico sera la capitale mondiale du design en 2018. La collaboration entre les designers suisses et mexicains semble promise à un bel avenir.

> Plus d'information (site de l'Abierto Mexicano de Diseño)

mail facebook twitter linkedin print

Visite du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann

265_CF-SA-oct-_13.JPG

Le chef du Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR) était ce 22 octobre en déplacement dans la région lausannoise, accompagné du président du Conseil d'Etat et de la cheffe du DFJC. La visite s'inscrivait dans le cadre de l’initiative nationale visant à optimiser l’utilisation de la main-d’œuvre des résidents suisses.

Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, le président du Conseil d'Etat Pierre-Yves Maillard et la cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC), Anne-Catherine Lyon, se sont d'abord rendus dans une entreprise de constructions métalliques du Mont-sur-Lausanne.

Ils se sont ensuite déplacés à Lausanne, pour prendre connaissance du dispositif d’insertion socioprofessionnelle Scenicprod, qui accueille de jeunes adultes en difficulté, âgés de 18 à 25 ans.

Le programme de cette visite était centré sur la politique vaudoise de réinsertion des jeunes adultes bénéficiaires de l’aide sociale grâce à la formation professionnelle.

> FORJAD

> Scenicprod

mail facebook twitter linkedin print

Culture

De la gravure du 17e siècle au Musée Jenisch

Pour les amateurs d’estampes, le nom de Claude Mellan brille au firmament des graveurs sur cuivre. Alliant la virtuosité à l’intelligence, cet artiste français (1598-1688) a inventé un langage inédit, hautement rationnel, fait d’un réseau de lignes souples et aérées qui donnent toute l’initiative à la lumière.

Abandonnant peu à peu le recours systématique aux tailles croisées – qui avait permis à ses prédécesseurs de suggérer les valeurs sur le papier –, il développe une technique du burin basée sur le simple écartement des lignes et leur soudain épaississement. L’art de la transcription en noir et blanc s’en trouve d’un coup à la fois simplifié et éclairci.

À l’aide de cette écriture de la méthode, qui nécessite que l’image ait été longtemps préconçue dans l’esprit, Claude Mellan réalise des portraits pleins de vie de ses amis, dispose dans le paysage de surprenantes images de saints et parvient à faire revivre sur le cuivre le modelé et l’éclat des marbres antiques. Au gré des salles le public pourra découvrir les différentes facettes de ce singulier artiste qui, après avoir importé d’Italie la manière baroque, a contribué à fixer les canons du classicisme français.

Bénéficiaire d’un don de l’œuvre quasi complète de cet artiste, la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex est heureuse de saluer cette exceptionnelle générosité par une exposition au Musée Jenisch Vevey – Cabinet cantonal des estampes.

Une publication réunissant plusieurs essais et présentant une synthèse de la donation accompagne l’exposition. (com. Musée Jenisch Vevey – Cabinet cantonal des estampes)

Infos pratiques

Claude Mellan (1598-1688). L’écriture de la méthode . Exposition au Musée Jenisch, avenue de la Gare 2, Vevey, jusqu’au 7 février 2016: ma-di: 10h-18h, je: 10h-20h.

> Site du Musée Jenisch

Publication: Claude Mellan (1598-1688). L’écriture de la méthode , Vevey, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex/Milan, Éditions 5 Continents, 2015, 216 pages, 49 francs.

Claude Mellan, «Agrippine» (vers 1671), burin, 404 x 286 mm
Claude Mellan, «Agrippine» (vers 1671), burin, 404 x 286 mm - (Musée Jenisch/photo: O. Christinat).

mail facebook twitter linkedin print

Annonces

Éditeur: État de Vaud. Rédacteur responsable: Joël Christin. Rédaction: Aurélien Buffat, Olivier Dessimoz, Roland Ecoffey, Anouk Farine Hitz, Laurent Koutaïssoff, Mehdi-Stéphane Prin. Contact: info.gazette@vd.ch
Copyright(c) La Gazette n°265 - 4 novembre 2015