«Tapisseries nomades» invite à un parcours chronologique en trois salles. La Fondation Toms Pauli (voir encadré), sur l’invitation du Musée cantonal des Beaux-Arts (McBA), a sorti une trentaine d’œuvres de sa collection contemporaine. Le visiteur flâne parmi des pièces créées entre 1960 et 2000. Toutes ont été conçues par des artistes ayant exposé à une Biennale lausannoise (certains avec l’objet actuellement au McBA). Comme l’explique Giselle Eberhard Cotton, directrice de la Fondation Toms Pauli, le visiteur a sous les yeux «50 ans de création devenue de plus en plus libre».
Face à face houleux
La première salle est consacrée au «face à face houleux» des années 1960, souligne la commissaire de l'exposition. D'un côté, les modèles classiques, de nouveau à la mode après la Seconde Guerre mondiale. Ils sont produits en plusieurs exemplaires par des «lissiers», artisans spécialisés qui exécutent les tapisseries, grâce aux cartons à l’échelle que conçoivent les artistes.
À l’opposé, les modèles uniques et expérimentaux – «désordre savamment orchestré», résume Giselle Eberhard Cotton – imaginés par les «nouveaux barbares» en Europe centrale. Car en Pologne ou en ex-Yougoslavie, l’art de la tapisserie est signe de liberté dans ces années, puisqu’il permet de sortir du système normé des Beaux-Arts, d’échapper à la censure, voire même de s’exporter.
Nouvelle tapisserie «lausannoise»
Puis les années 1970 et leur «exubérance créative». La tapisserie conquiert l’espace, abandonnant les deux dimensions du mur. Comme le précise la spécialiste, «il n’y a pas de canon établi; chacun invente de nouvelles techniques». À l’image du monumental «Abakan» rouge de Magdalena Abakanowicz suspendu à Rumine, une pièce de sisal ronde, de trois mètres de diamètre, et qui évoque un grand soleil levant. Comme aucun mot ne convenait pour désigner sa création, l’artiste en a inventé un à partir de son nom. «C’était ça qui était réjouissant à cette période-là, les gens travaillaient sans règle!», affirme avec enthousiasme Giselle Eberhard Cotton. C’est dans un ouvrage lausannois de 1973 que ce courant est baptisé «Nouvelle tapisserie».
Fiber Art
Mais peu à peu, le terme de «tapisserie» ne convient plus pour désigner des pièces qui ne sont plus forcément tissées, ni même en matériaux textiles. Aux États-Unis, on invente l’expression Fiber Art (sans équivalent français!), pour évoquer ces pièces en osier, chanvre, branchages, bandes d’aquarelle tressées ou fibre optique. Ainsi, on trouve sur le sol du McBA, une pelote, non de laine, mais d’acier.
Si vous avez un moment, filez faire un tour au McBA avant le 29 mai. L’exposition est réussie.
> «Tapisseries nomades. Fondation Toms Pauli – Collection XXe siècle». Exposition au Musée cantonal des Beaux-Arts, dans le Palais de Rumine à Lausanne, jusqu’au 29 mai: ma-me-ve: 11-18h, je:11-20h, sa-di: 11-17h.
> Entrée libre
> Site du McBA