Jeudi 26 janvier, Jean-Marc Prouteau, expert en système d’exploitation, s’effondre à son poste de travail. Son collègue de bureau, aveugle, s’inquiète du bruit qu’il entend, sort dans le couloir et donne l’alerte.
Gestes réflexes
On appelle le 144, les secours s’organisent. Daniel Lopez-Palao, costaud spécialiste télécom et réseau, réalise soudain que, dans l’agitation, son collègue gît toujours seul à terre. Il s’approche, lui glisse sa veste sous la tête, libère ses voies respiratoires et le place en position latérale de sécurité – les gestes dont il se souvient, explique-t-il.
Arrive Anne-Céline Tavilien. L’informaticienne a été formée aux premiers secours dans le cadre du travail. «Deux secondes avant, je me demandais si j’allais bien faire ce que j’avais appris. Sur place, je suis passée en mode robot», explique la jeune femme. Elle rappelle le 144. Sur haut-parleur, la centrale donne le «go» au massage cardiaque. Anne-Céline Tavilien, le bras en écharpe suite à un accident de ski, et Daniel Lopez se relaient. Des collègues ramènent le défibrillateur qui se trouve à l’accueil. Au moment où les électrodes sont en place, l’ambulance est là. Jean-Marc Prouteau sera choqué plusieurs fois avant de retrouver un pouls et sera conduit au CHUV.
Comme dans les livres
«Tout s’est passé comme dans les livres, même mieux, puisque des intervenants non formés ont pu donner un coup de main», résume David Reeves, qui a lancé l’idée de former des gens aux premiers secours à la Direction des systèmes d’information (DSI) (lire encadré). L’ambulance était là en cinq minutes, il y avait un défibrillateur sur place, Anne-Céline Tavilien a pu expliquer les gestes à ses collègues, détaille-t-il. «Ils ont collaboré d’une façon épatante. Les ambulanciers ont félicité l’équipe pour le bon travail accompli.»
Vie sauvée
«C’était la première fois que j’étais sollicitée, explique Anne-Céline Tavilien, qui a suivi le cours en mai 2016. Pour ce premier massage cardiaque, j’étais heureuse d’avoir fait des tests sur un mannequin! J’étais assez sereine, les gestes à faire sont venus mécaniquement. C’était aussi rassurant d’avoir appris l’ordre dans lequel procéder. On est sûr de ne pas partir dans la mauvaise direction.»
Jean-Marc Prouteau récupère doucement: «Je ne savais pas du tout que des collaborateurs avaient été formés aux premiers secours. Rétrospectivement, cela m’a sûrement sauvé la vie et évité de graves séquelles neurologiques!»