13% des Vaudois de plus de 15 ans sont «proches aidants». C’est-à-dire qu’ils aident au moins une fois par semaine une personne de leur entourage, malade ou non autonome. Une journée leur est dédiée, le 30 octobre, à l’initiative des cantons romands. Les buts sont de faire connaître – et reconnaître – ce statut et informer des soutiens à disposition des proches. C’est aussi l’occasion de dire merci à celles et ceux qui consacrent du temps à un membre de leur famille ou un ami et souvent leur permettent de rester vivre chez eux.
À l’Octogone de Pully, puis à Yverdon-les-Bains, Vevey, Nyon et Payerne, la troupe de Théâtre Playback Romand improvisera sur ce thème. Explications de Katia Delay Groulx, sa «conductrice».
Le 30 octobre, vous proposerez du théâtre «Playback». De quoi s'agit-il?
Katia Delay Groulx: Il s’agit d’une forme très spécifique d’improvisation, rare dans le monde francophone. Playback veut dire «jouer en retour». Le jeu se nourrit des récits de vie des spectateurs. Un thème est choisi, par exemple les proches aidants. Un «conducteur» – j’ai ce rôle dans la troupe – pose des questions au public pour faire émerger des moments vécus. Puis les acteurs rejouent un bout de l’histoire.
Les récits peuvent n’être qu’un mot ou une phrase ou durer quelques minutes. Il y a un travail de mise en forme. Nous utilisons les métaphores et élaguons pour aller au cœur du propos. Parfois il faut montrer ce qui n’a pas été dit. Nous avons plusieurs formes prédéfinies, comme la «sculpture fluide» où les acteurs rendent la phrase avec le corps durant quelques secondes ou encore le «V narratif», où les acteurs, placés selon la forme d'un V, développent un récit plus long en lui donnant une dimension universelle. L’un d’entre eux est narrateur et les autres «illustrent» et enrichissent son récit avec des sons et de l’expression corporelle. L’improvisation est très construite!
Comment vous êtes-vous préparés à improviser autour de la thématique des proches aidants?
Le thème des proches aidants est au cœur de nos existences. Il s’agit de questions politiques et sociales: la responsabilité et le droit de la famille. Les thématiques en jeu sont très humaines et universelles: la solidarité, la culpabilité, le besoin de reconnaissance, l’amour, l’abnégation et la quête d’équilibre. Ou le sentiment d’être écartelé entre deux émotions, comme l’envie d’aider et l’épuisement. L’acteur écoute les émotions que le récit produit en lui et travaille en résonnance, mais sans projeter son histoire sur celle de l’autre.
Comment réagit le public en principe?
Les gens participent! L’envie de raconter est très humaine. Nous donnons de l’importance au récit de chacun, même s’il est tout petit. C’est rare d’être entendu ainsi. Le simple fait que l’histoire soit jouée fait beaucoup. Tous l’écoutent avec respect. C’est une forme de reconnaissance. Les gens se voient de l’extérieur, avec distance. Ils se découvrent, rient, souvent ils sont très émus.
Et des liens invisibles deviennent visibles au sein du public, c’est impressionnant. Nous prévoyons un moment pour discuter après. Les gens vont les uns vers les autres. Une identité collective émerge grâce au partage du récit.