«Les gens ne savent pas que nous existons», constate avec regret Annick Romanens, membre de la commission du personnel (CoPers) du Département de l’économie, de l’innovation et du sport (DEIS). Au Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC), le sujet préoccupe aussi. Dans les deux commissions, des sièges sont à repourvoir. Du côté de l’Université de Lausanne (UNIL), les rangs sont pleins, mais la CoPers est mal connue. Ces structures ont pourtant un rôle important.
Dialogue direct
Une CoPers représente la voix du personnel d’un département ou d’un grand service auprès de sa direction. Les membres rencontrent chaque année leur conseillère ou conseiller d’État. «C’est un intermédiaire qui permet de mieux connaître les préoccupations du terrain, explique Jacques Grossrieder, secrétaire général du DFJC. La CoPers constitue un moyen supplémentaire de faire remonter des inquiétudes ou des attentes des collaborateurs.»
Dans la mesure du possible, chaque service est représenté. Les problématiques de chacun peuvent ainsi être identifiées. La CoPers crée un lien entre des collègues qui ne se connaissent pas forcément et qui vivent des réalités quotidiennes différentes. «Les services du DEIS, comme dans d’autres départements, ne sont pas tous situés sur le même site. Certaines de leurs entités sont réparties sur l’ensemble du territoire cantonal, rappelle Andréane Jordan Meier, secrétaire générale. C’est par exemple le cas des ORP et des caisses de chômage du Service de l’emploi.»
Courroie de transmission
Les commissions ont deux voies pour agir. Il y a d’abord l’aide aux collègues qui rencontrent des difficultés: écoute, conseils, aiguillage vers les structures compétentes comme la médiation ou les ressources humaines, voire même présence lors d’un rendez-vous délicat avec la hiérarchie. Les membres répondent aussi à toutes les petites demandes d’informations sur les droits et devoirs des employés: la loi sur le personnel indique par exemple qu’un à deux jours sont offerts en cas de déménagement. Dans quel cas a-t-on droit à quoi? Les demandes individuelles restent toutefois peu nombreuses. Une dizaine par année et par CoPers.
L’autre facette du travail – la principale – est d’identifier les problématiques qui concernent toute la communauté. Cela peut consister à relayer les arguments du terrain lors de la classification d’une fonction, comme ce fut le cas au DFJC pour les «dépositaires», des employés en charge des économats dans les écoles. Souvent, les propositions sont plus générales. À l’UNIL, on a discuté formation des cadres au management et clarification des informations sur les pages web dédiées aux ressources humaines. «Jusqu’à présent, les problématiques transverses que nous avons soulevées parlaient au rectorat!», remarque d’ailleurs Sabina Rondic, vice-présidente de la CoPers de l’UNIL.
Un pour tous et tous pour un
À chacun sa ligne et ses outils. En 2013, la CoPers du DEIS, que quelques volontaires viennent de relancer, soumet par exemple un sondage aux collaborateurs pour connaître les thèmes qui les intéressent. L’opération fonctionne bien: 350 personnes répondent alors, soit 40% du personnel. La CoPers décide ensuite d’organiser chaque année une conférence informative lors de l’assemblée générale: burn-out, sommeil, maladies musculo-squelettiques (qui se développent notamment chez les personnes travaillant devant un ordinateur), communication verbale non violente sont ainsi au programme. Entre 30 et 50 personnes y assistent, se souvient Xavier Fromaget, alors président.
Depuis, le soufflé est retombé au DEIS. Car il faut surtout des gens motivés, prêts à s’investir. «Quand on fait quelque chose, c’est pour l’ensemble des collaborateurs. Ce n’est pas que pour soi», souligne Rosalie Loewer du DFJC. «C’est un engagement vis-à-vis de mes collègues, qui donne une plus-value à mon travail quotidien», renchérit sa collègue Béatrice Gitera. Sabina Rondic de l’UNIL aime jouer le rôle de «liant» et mieux comprendre l’organisation dans laquelle elle travaille. Elle apprécie aussi pouvoir porter en groupe des messages qui seraient lourds à assumer de façon individuelle. «On n’est ni un syndicat, ni les ressources humaines, mais on fait presque le même job!», résume en souriant Annick Romanens du DEIS.
Instantané du personnel
«Le dialogue social est plus fructueux lorsque le personnel est organisé et légitimement représenté», rappelle Martial Pasquier, vice-recteur de l’UNIL, en charge des ressources humaines. «Nous devons être une photo de la santé générale du département, de son bien-être et de son mal-être, illustre Béatrice Gitera du DFJC. On ne parle pas d’une chaise qui ne serait pas confortable! Mais vraiment de l’atmosphère, de l’ambiance de travail.»
Aujourd’hui, sur sept départements, seuls trois ont une CoPers (voir encadré). Pour contrer ce manque d’intérêt, les CoPers cherchent toutes à se faire connaître et recruter. La charge de travail n’est pas forcément lourde. Elle va de deux heures par mois pour un «simple» membre de la CoPers du DEIS, à huit heures mensuelles pour les membres du bureau de l’UNIL et du DFJC. «C’est toujours dans notre intérêt de nous renouveler, insiste Annick Romanens du DEIS, d’avoir des personnes nouvelles, de l’apport de gens qui n’avaient rien dit jusque-là.»