Alain Leuenberger avait rencontré plusieurs fois les membres d’un club de yodel à Lausanne; mais ses horaires de travail irréguliers à la Poste l’empêchaient de s’inscrire et d’assister aux répétitions hebdomadaires. Lorsqu’il a commencé son activité d’huissier à l’État de Vaud, il est parvenu à mieux gérer son temps libre et a décidé de rejoindre le club. Depuis, il ne l’a pas quitté et répète tous les lundis soirs de 19h30 à 21h30 dans les locaux de la Fondation Louis Boissonnet au-dessus de La Sallaz, à Lausanne.
«Il faut de toutes les voix»
Un chœur de yodel n’est pas seulement composé de yodleurs, mais également de choristes. Alain Leuenberger en fait partie. «Le yodel, c’est avant tout du chant et il faut de toutes les voix pour former une chorale». Les voix accompagnantes forment un arc de cercle autour des yodleurs. Cette disposition permet à l’ensemble du chœur de bien s’entendre pour chanter, la plupart du temps a cappella.
Pour s’adonner aux chants traditionnels, tout le monde n’a pas besoin de maîtriser l’art du yodel, une technique qui consiste à passer très vite de la voix de tête à la voix de poitrine. De plus, un club de yodel ne comprend pas que des chanteurs: «Dans mon club, il y a des joueurs de cor des Alpes et de buchels, instruments à vent. Et il nous faudrait encore des lanceurs de drapeaux pour représenter l’ensemble des traditions folkloriques autour du yodel», explique Alain Leuenberger.
Du yodel bernois à Lausanne
Son club de yodel, L’Alpenrösli, est amateur. Il a été fondé en 1921 par une quinzaine de Bernois venus en Suisse romande pour travailler. Ils ont souhaité apporter avec eux leurs traditions vocale et vestimentaire. Alain Leuenberger est fier que son club ait continué à arborer le costume bernois: «La veste de velours noir avec ses rhododendrons brodés au niveau de la poitrine en fait l’un des plus jolis vêtements folkloriques suisses!»
«Nous participons à toutes sortes de fêtes comme des anniversaires, des célébrations du 1er août et des mariages. C’est toujours un vrai plaisir d’aller à la rencontre de différents publics», raconte le passionné. Cette amicale de chanteurs de yodel est l’une des plus anciennes de la région et compte une vingtaine de membres qui se produisent une quinzaine de fois par année.
L’huissier judiciaire a toujours aimé le chant et, très vite après ses débuts à L’Alpenrösli, son club, il a voulu étendre son répertoire et améliorer sa technique vocale en rejoignant un chœur d’hommes: «Cela me permet de chanter parfois dans un autre registre, notamment dans le répertoire choral vaudois. De plus, les directeurs de chœur sont très différents et j’apprends à travailler divers aspects de ma pratique, comme la respiration et la pose de voix. C’est très enrichissant».
Vive le yodel romand
Dans le canton de Vaud, il existe une dizaine de clubs de yodel, notamment dans le Nord vaudois, dans la région lausannoise, sur la Riviera et sur la Côte. «Les gens s’intéressent de plus en plus aux arts folkloriques suisses, mais ils sont trop peu à pousser la porte des répétitions», explique le yodleur, pour qui cette activité reste encore très peu connue du grand public.
Alain Leuenberger s’investit beaucoup dans la promotion de ses traditions, il est notamment membre du comité de l’association romande des yodleurs. Il a même quitté la fonction de secrétaire de son club l’année dernière pour se consacrer davantage à l’organisation de la Fête Romande des yodleurs. Elle aura lieu fin juin et début juillet à Yverdon-les-bains (lire encadré).
En plus d’organiser des concours, cette fête a pour but de faire vivre et faire connaître les arts folkloriques en Romandie. «Il faut que les gens sachent que cela existe aussi ici!» souligne le choriste. L’organisation de la fête à Yverdon va dans ce sens. «Il s’agit d’un lieu plus central et plus accessible en Romandie que Saas-Fee, où s’est déroulée la précédente fête, rappelle Alain Leuenberger. Nous espérons que cela attirera les curieux!»