La Gazette

n°289
12 octobre 2018

À la une

Les directions générales ne se font pas en un jour

L’administration cantonale vaudoise compte actuellement sept directions générales. Elles seront dix l’an prochain. Issues d’une longue réflexion, ces nouvelles entités sont néanmoins confrontées à d’importants défis.

Auparavant, l’inspection des entreprises en matière de polluants était menée de manière séparée par plusieurs services. Cette situation ne facilitait pas la coordination et entraînait des visites à répétition. Depuis la création de la Direction générale de l’environnement (DGE) en 2013, l’État dispose d’une vision partagée des problématiques environnementales des entreprises, ce qui a permis de gagner en efficacité. Pour Cornelis Neet, le directeur général de l’environnement, cet exemple illustre la simplification des processus possible grâce aux directions générales.

Depuis, plusieurs autres services ont fusionné en directions générales. Les affaires vétérinaires ont, par exemple, rejoint les services agricoles au sein de la Direction générale de l’agriculture, viticulture et affaires vétérinaires (DGAV) en juillet 2018. Le service des assurances sociales et de l’hébergement entame son processus de fusion avec celui de la prévoyance et des aides sociales. Ils formeront la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) dès janvier 2019.

Le citoyen au centre des préoccupations

Avec plusieurs centaines de collaborateurs – 350 pour la DGE et 200 pour la DGAV – à quoi servent ces superstructures? Les programmes de législature du gouvernement vaudois contiennent tous une clause relative à la simplification de l’administration. Elle encourage les départements à unifier leurs structures et à se débarrasser des éventuels doublons.

«Les directions générales ont été renforcées dès 2011, suite à une réflexion du Conseil d’État sur le découpage de l’administration, la nature des entités et la manière d’optimiser le fonctionnement de ces dernières», précise Vincent Grandjean, chancelier de l’État. Ces entités regroupent des problématiques centrales de l’administration et permettent de mener des réflexions stratégiques, souligne Andreane Jordan Meier, secrétaire générale du Département de l’économie, de l’innovation et du sport.

Une telle organisation a également pour but d’harmoniser et de simplifier les services à la population. La DGCS a notamment été conçue dans l’optique de concentrer toutes les prestations sociales du Canton. «Demain, n’importe quelle personne devrait pouvoir se rendre dans une unité régionale capable de l’accueillir et de l’accompagner vers l’appui, la prestation ou l’organisme adéquat», explique Fabrice Ghelfi, futur directeur général. Aujourd’hui, les personnes intéressées doivent se rendre d’elles-mêmes dans les différents services concernés. Et il n’est pas toujours facile de s’y retrouver parmi les différentes structures et prestations offertes par l’État.

Un défi humain

«Lors de la création d’une direction générale, le but est d’identifier des domaines transversaux pour définir des objectifs communs», explique Cornelis Neet. La DGE a redéfini ses entités non pas en fonction des lois, comme cela se faisait auparavant, mais en fonction de thématiques. Les questions environnementales ont ainsi été regroupées autour de trois pôles: l’énergie, les polluants et les politiques environnementales liées au territoire.

Le changement est aussi humain, car une nouvelle organisation mène inévitablement à de nouvelles équipes. Sarah Lopez, anciennement secrétaire de direction auprès du Service des eaux, sols et assainissement, s’en souvient. «Nous étions, pour la plupart, inquiets. Mon ancien service était comme une famille, on était soudés et unis depuis de nombreuses années. Émotionnellement, ce n’était pas simple de se quitter». Son lieu de travail a également changé. «Plusieurs collègues et moi-même avons déménagé à Épalinges dans une des directions de la DGE. C’était comme si je recommençais un nouveau travail. J’ai dû m’adapter et modifier mes habitudes, aussi bien professionnelles que privées», confie-t-elle. Aujourd’hui secrétaire de direction dans une autre unité de la DGE, elle se dit contente de son parcours. «J’ai retrouvé cet esprit de famille que j’avais dans mon ancien service. Le directeur avec lequel je collabore étroitement a su créer des liens entre les collègues».

À la recherche de nouveaux locaux

Une fois la nouvelle structure créée et les relations entre collègues nouées se présente le problème des locaux de travail. Les entités de la DGE, par exemple, sont actuellement dispersées sur six sites différents. «On n’a pas cet effet d’émulation et d’accélération qu’on obtient quand on rassemble toutes les équipes à un même endroit», regrette Cornelis Neet. Une question qui s’impose d’autant plus que les directions générales sont des structures avec un nombre important d’employés. «Lors de l’assemblée générale annuelle de la DGE, il y a plus de 200 collaborateurs présents, mais on a toujours tendance à parler avec les personnes que l’on connaît déjà», précise Sarah Lopez.

La Maison de l’environnement qui se situera à Vennes abritera bientôt 160 collaborateurs de l’actuelle DGE et permettra un regroupement dans deux bâtiments voisins. «Elle nous aidera à tisser des liens beaucoup plus forts et à retrouver d’anciens collègues qu’on a perdus de vue», commente Sarah Lopez. C’est aussi un enjeu économique pour l’État, puisque les frais de loyer et de déplacement diminueront. La DGAV réfléchit à rassembler ses services au même endroit, tout comme la DGCS prévoit de rapatrier les entités qui ne sont pas encore présentes au Bâtiment administratif de la Pontaise.

Le processus de création d’une direction générale ne s’arrête donc pas dès la mise en place effective de celle-ci, mais continue bien au-delà. Parfois, il s’agit de revoir une partie de l’organigramme de la direction générale. D’autres fois, l’enjeu est de trouver de nouvelles méthodes de management pour ces structures imposantes. Avec, toujours, un objectif: gagner en efficacité.

Il est important de définir un objectif commun pour créer une direction générale – (alotofpeople/fotolia).

L’importance de la communication

L’Unité de conseil et appui en organisation et management (UCA), qui regroupe des experts en management internes à l’État, aide les entités qui se réorganisent. Son directeur, Dominique Hayoz, encourage les futures directions générales à mettre en place un important dispositif de communication et de mobilisation interne. «Il faut réfléchir à la manière dont on va présenter le projet aux collaborateurs pour que ceux-ci s’impliquent de manière positive dans le processus».

À la DGE, Denis Rychner, chargé de communication, a misé sur la transparence. Diverses séances ont été organisées, avec tous les collaborateurs concernés ou en plus petit comité. Un questionnaire a également été distribué pour sonder les inquiétudes des employés. Un bulletin d’informations ponctuel a, par la suite, expliqué l’avancement du projet à tous. «Ça nous a rassurés. Tant le département que notre directeur général ont cherché à nous informer dès le début, précise Sarah Lopez, secrétaire de direction à la DGE. Nous comprenions le projet et nous avions des informations étape par étape».

La recette pour une direction générale

Pour renforcer la cohésion, il faut parfois regrouper les différentes entités d'une direction générale, comme ce sera le cas dans la future Maison de l'environnement – (DGE).

La création d’une direction générale commence par la décision du Conseil d’État de réunir plusieurs services. Pour la suite, l’UCA préconise trois étapes.

Une cartographie des processus et prestations offerts par les services est établie en quelques semaines. Elle constitue une base pour dessiner une nouvelle structure. Il faut mener une réflexion de fond sur la structure de la direction générale, qui peut être orientée autour de finalités communes (comme c’est le cas des trois directions de la DGE) ou autour de «clients»-types (comme la Direction générale de la fiscalité, qui offre ses services aux personnes morales et aux personnes physiques). Cette première étape a une durée très variable en fonction de l’ampleur des changements envisagés.

La deuxième phase prend entre six mois et une année: il faut recruter les membres de la direction générale et les cadres intermédiaires, à qui il incombera de réfléchir à l’organisation de leur propre unité. C’est également durant cette période qu’un grand nombre de procédures communes sont mises au point, comme les finances et ressources humaines ou que l’aménagement des bureaux est repensé.

Finalement, la troisième phase sert à affiner l’organisation, à consolider l’esprit d’équipe dans les nouvelles unités et à optimiser les processus de la direction générale durant ses deux premières années d’existence.

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Actualités

Actions pour une administration cantonale à la pointe de l'égalité

Depuis le 1er octobre, huit nouvelles mesures sont mises en œuvre pour renforcer l’égalité salariale au sein de l’administration cantonale. Ce programme d’actions vise en particulier à combattre les effets externes qui péjorent le parcours professionnel des femmes.

La première mesure consiste à valoriser, au moment de l'embauche, les années sans expérience professionnelle consacrées exclusivement à l'éducation des enfants. Elle s'applique tant aux hommes qu'aux femmes et peut impliquer une augmentation jusqu'à 4%.

Trois mesures autour du recrutement

Les offres d'emploi de tous les postes à plein temps doivent indiquer la possibilité de les occuper également à temps partiel, entre 80% et 100%, en laissant un libre-choix. La participation d'une femme au sein de chaque comité de recrutement des fonctions de cadres supérieurs et de direction, ainsi que des fonctions dirigeantes et exposées, devient une obligation. Enfin, la mixité des métiers est promue: les offres d'emploi encouragent les postulations des hommes et des femmes dans les métiers où ils sont largement minoritaires.

Briser le plafond de verre

Pour réduire les effets «plafond» et «paroi» de verre qui freinent les femmes dans leur parcours professionnel, les cadres seront sensibilisées et sensibilisés aux enjeux liés à l'égalité. Le Service du personnel de l'État de Vaud va intégrer cette thématique à la formation «Objectif cadres» destinée aux nouvelles et nouveaux cadres.

Afin d'améliorer leur employabilité, les collaboratrices et collaborateurs à temps partiel auront droit à trois jours de formation continue, indépendamment du taux d'occupation. Les femmes, nombreuses à temps partiel, en seront les premières bénéficiaires.

Par ailleurs, le Conseil d'État s'engage à mener un contrôle régulier de l'égalité salariale, tous les trois à cinq ans, en s'assurant que l'écart salarial résiduel se réduise réellement. Enfin, il initiera des démarches en vue d'obtenir un label d'égalité salariale.

Politique du personnel favorable à l'égalité

De manière générale, l'État favorise la conciliation entre vie privée et professionnelle. Il encourage notamment le télétravail (inscrit dans le règlement d'application de la loi sur le personnel cet été, article 118), propose du temps partiel, des aménagements d'horaires, et des places en garderie.

Depuis janvier 2017, le congé maternité débute le jour de l'accouchement et ne peut être réduit en raison d'un éventuel arrêt maladie ou accident survenu auparavant.

Enfin, le Conseil d'État a annoncé en juin 2018 une revalorisation des bas salaires de l'administration. Dès 2020, le minimum annuel garanti pour un plein temps sera de 52'000 francs, contre 46'800 actuellement. 69,7% des personnes concernées sont des femmes.

> Lire le communiqué

La présidente du Conseil d'État Nuria Gorrite et le chef du Service du personnel de l'État de Vaud, Filip Grund, ont détaillé ces mesures le 19 septembre – (J.-B. Sieber/ARC).

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Formation continue: agitons nos méninges avec agilité!

Le Centre d’éducation permanente, en charge de la formation continue pour l’État de Vaud, met les modèles d’organisations «agiles» au cœur de son catalogue 2019. Six nouvelles formations sur ce thème apprendront à développer l’intelligence collective pas à pas.

Viser l’agilité, c’est-à-dire développer l’autonomie de chacun et repenser l’organisation hiérarchique, ça ne se fait pas du jour au lendemain! Le Centre d’éducation permanente (CEP) propose d’y aller étape par étape. Des cours pour renforcer son écoute et sa pratique du feedback, faciliter l’intelligence collective, développer son autonomie responsable et celle de ses collègues font leur apparition dans le programme. Il est aussi possible d’apprendre à cultiver sa sérénité en pleine conscience, ou de vivre la vie d’un collègue durant une demi-journée et inversement, pour mieux comprendre l’autre et sa mission.

Tous pour un et un pour tous

Cette orientation du catalogue est le résultat de besoins du terrain, explique Nicolas Liardon, responsable des formations au CEP. Quatre services de l’État essaient actuellement de déployer cette nouvelle méthode d’organisation. Et d’autres sont intéressés. C’est aussi une tendance actuelle du secteur parapublic. Qui plus est, depuis quelques années, les reportages sur les entreprises «libérées» fleurissent à la télévision.

Quand on veut devenir «agile», il faut surtout comprendre le cœur de la mécanique. Ainsi, sur le flyer du CEP, quatre personnages travaillent ensemble et réalisent une acrobatie pour arroser une plante qu'il aurait été difficile d'atteindre. Si l’un d’eux manquait, la tâche ne pourrait se faire. L’intelligence collective, c’est précisément ça. «Tout le monde a un rôle essentiel pour arriver au résultat», souligne Nicolas Liardon. La plupart de ces nouveaux cours peuvent donc se suivre en équipe. Les descriptifs y invitent d’ailleurs.

Baliser ses bulles de formation

Outre ce focus thématique, la tendance des formations en ligne se poursuit. Pour ceux qui auraient manqué le coche, le CEP a complètement refait son site l’an dernier. Plus de 200 ressources en ligne – tutoriels, quiz, articles, exercices, bibliographies – sont accessibles où et quand on le souhaite. Cette base continue à être alimentée grâce au travail de veille de l’équipe du CEP et de ses formatrices et formateurs.

Clin d’œil rigolo, le CEP a concocté un petit signet en carton jaune, pour indiquer à ses collègues que l’on est en train de suivre une formation en ligne et que l’on ne souhaite pas être interrompu. «Les gens se forment en permanence et souvent sur leur lieu de travail, devant leur écran. Ils doivent pouvoir se réserver des bulles de temps dédiées à l’apprentissage, sans être joignables ou sans qu’on les dérange», explique le formateur. Cette «balise» et son avertissement – «je me forme!» – sont à placer sur son écran de PC, son portable, sa tablette… ou dans un livre!

La présence est d’or

Il ne faut toutefois pas croire que la formation s’oriente vers le tout numérique. Ces ressources en ligne complètent une offre stable de plus de 100 formations brèves pour lesquelles il faut bel et bien se rendre dans une salle de cours, et deux formations longues qui permettent, sur plusieurs mois, d’obtenir un certificat en management.

Les cours en ligne seront peut-être la norme demain. «Mais sortir, s’extraire de son bureau pour échanger et partager des pratiques est très important», souligne Pierre Jacot, directeur du CEP. Les formats s’adaptent un peu: certains cours sont donnés quatre fois à raison de deux heures par séance, pour pouvoir mettre en pratique dans l’intervalle et revenir avec des cas concrets. Pour que les trajets ne soient pas trop chronophages, ces formations seront dispensées dans des zones à forte densité administrative, par exemple à la Riponne.

Pour certains cours, il est demandé de visionner plusieurs brèves vidéos la semaine qui précède. Avec toujours la même idée: mettre les heures de présence au maximum à profit.

> www.cep.vd.ch

> Voir la liste des nouveaux cours

> Les balises peuvent être obtenues sur demande auprès du CEP

La petite «balise» jaune du CEP permet d'indiquer à ses collègues que l'on est en train de suivre une formation en ligne – (fa,mg,lc/bic).

Journée découverte

«Dans une organisation agile, tout le monde a un rôle essentiel pour arriver au résultat», rappelle Nicolas Liardon du CEP –(Fix/CEP).

Jeudi 14 février 2019, le CEP organisera une grande rencontre autour de l’agilité. Toutes les personnes qui dirigent ou coordonnent une équipe ou un projet sont invitées.

Des conférences et des ateliers pratiques seront proposés. Chacun pourra faire son itinéraire et expérimenter concrètement des techniques. «Le but est de voir si l’agilité convient à son environnement et partager les micro-pratiques déjà en place à l’État de Vaud», explique Pierre Jacot, directeur du CEP et organisateur de la journée.

Les Services industriels genevois expliqueront comment ils ont fait bouger leur culture, le CHUV montrera comment il encourage l’intelligence collective et construit des chaînes de valeurs dans ses équipes, Swisscom présentera les résultats et limites rencontrées dans un système holacratique (la version la plus radicale de l’agilité), la Commune de Pully partagera son expérience de projets digitaux collaboratifs à l’échelle de la planète et Sophie Conchon parlera de son quotidien de «slasheuse», partagé entre plusieurs activités. En clôture, Yves Émery, professeur à l’IDHEAP, développera la perspective du leadership en réseau.

Journée de conférences et ateliers autour des organisations agiles, jeudi 14 février 2019.

Le programme complet sera disponible début novembre.

> Plus d'infos sur la journée

Pour aller plus loin

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Nouvelles organisations: «Le soutien des cadres et des collaborateurs est indispensable pour mettre en œuvre le changement»

Filip Grund, chef du Service du personnel de l'État et président du Conseil de fondation du Centre d'éducation permanente, explique pourquoi l'offre de formations continues 2019 fait la part belle aux modèles d'organisations agiles.

Le Centre d'éducation permanente (CEP) a fait de l’agilité un point central de son plan directeur jusqu’en 2022. Que signifie l’agilité pour une organisation comme l’État?

Filip Grund: Depuis plusieurs années déjà les services de l’État font face à un contexte mouvant, parfois imprévisible, qui les a conduits à repenser leurs prestations et la manière de les délivrer. On peut citer à titre d’exemple le développement démographique et l’irruption du numérique dans notre quotidien. Les changements sociétaux qui en découlent ont une influence directe sur les attentes de la population vis-à-vis de l’administration.

Quand on parle de l'État, l’agilité signifie pouvoir s’adapter à son environnement de manière réactive en garantissant la qualité des prestations pour les Vaudoises et les Vaudois. Pour ce faire, l’État a entamé des démarches de simplifications administratives depuis plusieurs années. Sur le plan institutionnel, de nouvelles formes d’organisation du travail sont mises en place lorsque la situation le permet ou l’exige: flexibilité des horaires, annualisation du temps de travail, télétravail, «open space» sans place de travail attribuée, travail à distance depuis n’importe quel site.

Comment faire bouger les choses?

Il faut amorcer le changement progressivement à l’État, tenir compte des cultures des services et des contraintes propres aux métiers. Prendre le temps de s’interroger sur la pertinence de la démarche selon le contexte est primordial. Il ne saurait y avoir une réponse unique au déploiement de «l’agilité» au sein de l’administration cantonale.

L'accompagnement des services dans leur transformation se fait au cas par cas, au travers de solutions personnalisées.

On connaît la hiérarchisation de l’État. Comment l’État compte-t-il insuffler une culture d’entreprise plus agile ?

Il s’agit effectivement de travailler avant tout sur la culture d’entreprise. Une nouvelle formation a été mise sur pied pour les nouveaux cadres de l'État. Outre les outils de gestion quotidienne, la démarche vise à encourager les cadres à prendre du recul sur leurs pratiques. Les attentes de l'institution en termes d'ouverture et de travail en réseau sont clairement exprimées à cette occasion.

La priorité est de préparer chaque collaboratrice et collaborateur au changement, à l’importance de la collaboration, ainsi qu’à la nécessité de partager l’information et les savoir-faire. L’objectif est de renforcer, petit à petit, les contributions transversales. Nombreux sont les projets qui se prêtent à ce genre d’organisation matricielle de par les compétences pluridisciplinaires qu’ils sollicitent.

La nouvelle offre du catalogue du CEP contribue à la découverte de nouvelles pratiques managériales et permet d’expérimenter ces approches collaboratives.

Pourquoi ce focus maintenant?

L’agilité dépend aussi de la technologie. Dans son programme de législature 2017-2022, le Conseil d'État a choisi d'accompagner la transition numérique de la société. Le contexte est donc propice à ces évolutions.

L’État de Vaud est aujourd’hui capable d'offrir les outils nécessaires au développement de nouvelles formes de travail par la dématérialisation des dossiers ou le travail à distance. L'outil seul n'est rien. Le soutien des cadres et des collaboratrices et collaborateurs est indispensable pour réussir la mise en œuvre du changement au sein des équipes.

Que peut y gagner l’État?

Une capacité à s'adapter au changement, un renforcement des collaborations transversales, une meilleure cohésion au sein des équipes – en particulier les équipes matricielles ou pluridisciplinaires –, une amélioration de ces processus internes...

Les bénéfices peuvent se décliner à plusieurs niveaux. En augmentant la contribution des collaboratrices et collaborateurs dans la recherche de solutions, on renforce l'autonomie, le sens du travail et la motivation. De nouvelles approches peuvent émerger, parfois plus réalistes dans leur mise en œuvre, mais avant tout, avec une meilleure adhésion des acteurs concernés. En développant sa culture managériale vers l'ouverture et la flexibilité, l’État gagnerait aussi en attractivité en tant qu’employeur.

Filip Grund, chef du Service du personnel et président du Conseil de fondation du Centre d'éducation permanente – (J.-B. Sieber/ARC).

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Reportage

«L'apprentissage est un sésame vers tous les possibles»

Lionel Eperon a pris la tête de la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP) en février dernier, après avoir dirigé la promotion économique vaudoise durant dix ans. Il évoque son parcours, la réorganisation de son entité et la volonté politique de renforcer la formation professionnelle.

Depuis son arrivée à la DGEP il y a un peu plus de six mois, Lionel Eperon n’a pas chômé. L’entité s’est réorganisée le 1er septembre 2018 et un gros chantier a été ouvert pour donner aux jeunes l’envie et les moyens de se lancer dans un apprentissage.

Vous passez de la promotion économique à l’enseignement postobligatoire. La transition est surprenante.

Lionel Eperon: Pas tant que ça. La première mesure du programme de législature du Conseil d’État est de revaloriser et renforcer la formation professionnelle. Je vois un lien évident entre les entreprises formatrices qui composent le tissu économique vaudois et la formation.

Contrairement à vos prédécesseurs, vous n’êtes pas enseignant…

Je ne crois pas qu’on demande au directeur général de la DGEP d’être un «super-enseignant». Il faut laisser la pédagogie et la didactique à ceux qui ont ces compétences: je pense ici aux enseignantes et enseignants qui, au quotidien, dispensent un enseignement de qualité au sein des 24 établissements du secondaire II. Je pense que mon rôle est davantage d’être un passeur d’idées, de messages et un vecteur du changement.

Vous êtes entré en fonction le 15 février dernier. Quelles ont été vos premières démarches?

Comprendre et fédérer. N’étant pas issu du monde de la formation, quoi de mieux que d’aller se former au contact du terrain? Je suis en train de visiter les 11 gymnases et 13 écoles professionnelles du canton. Cela permet de comprendre les cultures et attentes des deux types de formation. Parallèlement, je rends visite à toutes les associations économiques qui sont partenaires de la formation duale.

Et vous disiez fédérer?

J’ai souhaité rencontrer individuellement la centaine de collaborateurs de la centrale de la DGEP. Le but était de les connaître, ainsi que leur parcours, leurs aspirations et surtout leur rôle au sein de la structure. Je me suis rendu compte que j’ai des collaborateurs de très grande valeur, qui sont des experts dans leur domaine et qui sont parfaitement complémentaires avec mon parcours. Mais j’ai aussi constaté que la DGEP avait une logique assez segmentée, les choses étaient peu transverses. Pour pouvoir être en mesure de comprendre à 360°, il faut pouvoir induire de nouvelles logiques de collaboration.

Au début de l’été, vous avez annoncé une réorganisation de la DGEP. Pourquoi?

À la demande de la cheffe de département, Cesla Amarelle, j’ai voulu rendre plus visibles les trois filières de formation: professionnelle, gymnasiale et l’école de la transition (lire encadré). Dans l’ancien organigramme, on ne les voyait pas. Ce qui relevait de la formation professionnelle était par exemple réparti entre les anciennes divisions de l’enseignement et de l’apprentissage, deux entités distinctes. Je ne comprenais pas cette séparation. Maintenant chaque établissement peut se raccrocher à une structure de la centrale de la DGEP, qui lui est d’une certaine façon dédiée.

Le but n’est pas de déshabiller Paul pour habiller Jean; on met la formation professionnelle et l’enseignement gymnasial sur un pied d’égalité, tant en termes de lisibilité que des moyens. C’est un choix stratégique et il est assumé politiquement.

Qu’est-ce qui va changer pour les collaborateurs de la DGEP?

Relativement peu de choses. Le plus grand changement, c’est le nouvel Office de la formation professionnelle et continue (OFPC). Nous devons travailler sur un objectif commun: quels sont nos principales missions et nos principaux processus? Comment peut-on mieux collaborer? On se laisse quelques mois pour faire des ajustements.

Qu’est-ce que qui va changer pour les enseignants et les établissements?

Rien pour les enseignants. On ne touche pas à leur mission de service public, assurément l’une des plus nobles d’un État démocratique. Par contre, nous ouvrons un gros chantier sur les principes de collaboration entre la centrale de la DGEP et les directions d’établissements. J’ai trop régulièrement entendu dire que la DGEP c’est Saint-Martin 24 et 26, nos bâtiments. Non, la DGEP c’est nous, tous ensemble: la centrale, les établissements et les collaborateurs!

Nous avons besoin des compétences des directions d’établissements pour construire et mettre en œuvre, conjointement, les décisions. J’ai envie de leur donner la marge de manœuvre nécessaire. Nous travaillons sur la gestion des ressources humaines et la relève, une gestion administrative simplifiée – on a, à mon sens, beaucoup de directives qui brident l’autonomie de gestion par les établissements –, une réforme informatique et de nouveaux processus financiers.

Lors de sa conférence de presse de la rentrée, le DFJC a annoncé vouloir renforcer la formation professionnelle. Comment allez-vous le faire?

Il faut d’abord renforcer l’attractivité de l’apprentissage. Aujourd’hui, 43% des jeunes qui sortent de l’enseignement obligatoire vont au gymnase, que ce soit en école de maturité, de culture générale ou de commerce. Seuls 20% des élèves s’orientent directement en formation professionnelle. Les cantons de Vaud et Genève sont en décalage sur ce point par rapport au reste de la Suisse.

Or le CFC et l’attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) sont des sésames vers tous les possibles. Ils permettent l’insertion socio-professionnelle la plus rapide. L’objectif est d’arriver à ce que les jeunes attirés par la filière professionnelle n’attendent plus 19 ans, comme c’est le cas maintenant, pour entrer en apprentissage. Nous devons valoriser la formation professionnelle le plus en amont possible, pour qu’elle soit un choix tout aussi intéressant que les filières académiques.

Le nombre de places d’apprentissage est aussi une limite. Comment convaincrez-vous les entreprises de former des jeunes?

Il faut réaliser que dans le canton de Vaud, 80% des entreprises formatrices ont moins de cinq collaborateurs et 90% des PME moins de dix collaborateurs. Former un apprenti représente un effort indéniable. Et les démarches administratives sont de plus en plus lourdes. Ce n’est pas le fait de l’État de Vaud. Les ordonnances de formation définies par la Confédération deviennent de plus en plus techniques. Nous devons, à cet égard, user de notre poids auprès des instances fédérales.

Il nous faut simplifier les procédures en aidant les PME, par exemple dans le recrutement des apprentis et apprenties et en facilitant leurs démarches, notamment pour se regrouper en réseaux. On y travaille avec les associations économiques.

Un autre problème, c’est la rupture de contrat en cours d’apprentissage et les échecs. Comment lutter contre?

Il y a 27% de ruptures de contrats dans le canton, c’est plus que la moyenne suisse. On sait qu’on peut mieux faire. Par contre, le taux de réentrée est de 78%. Les ruptures de contrats n’induisent donc pas une sortie du système de formation professionnelle.

Cela dit, le but est d’anticiper au maximum la détection des problèmes pour éviter ces ruptures: en cas de difficultés dans la relation employeur-apprenti, par exemple, il s’agit d’aiguiller les cas vers un conseiller en orientation. Un des gros enjeux est de renforcer le réseau des commissaires professionnels et conseillers aux apprentis. Pour l’heure, on a un taux d’encadrement de un pour 800. Il est nécessaire de faire mieux ces prochaines années.

Et concernant les échecs?

Il faut aussi diminuer leur nombre. On a 10% d’échecs à la fin du cursus de trois ou quatre ans. C’est beaucoup. Selon les branches, ça va de 0 à 48%! Parfois, c’est la pratique qui pêche. Dans d’autres cas, les apprentis échouent à la partie théorique. Il nous faut mieux comprendre ces réalités pour pouvoir infléchir ces résultats. C’est l’objectif de la démarche «SUCCES» actuellement en cours au sein de la DGEP.

Ce qui nous paraît fondamental dans la fixation des exigences de formation, c’est que les jeunes utilisent leur temps à développer des compétences qui leur permettront de s’adapter, quelles que soient les exigences techniques ou pratiques qui vont fortement évoluer avec le monde numérique: culture générale, créativité, esprit critique, travail en réseaux, goût de prendre des risques. Et ne pas considérer l’échec comme un échec en tant que tel, mais comme un essai qui n’a pas marché, pour mieux rebondir.

Lionel Eperon dirige l'enseignement postobligatoire depuis février 2018 – (fa/bic).

Bio express

22 mars 1971: naissance (originaire d’Aubonne)

1988: chanteur au sein du Pacific Group (un loisir toujours d’actualité)

1991: stage au DFAE, où il tombe dans la «marmite» de la fonction publique

1998: collaborateur scientifique à l’IDHEAP, master en administration publique

1999: arrivée à l’État de Vaud comme secrétaire aux affaires fédérales et intercantonales

2004: lobbyiste du Canton de Vaud auprès des autorités fédérales

2007: chef du SPECo (actuel Service de la promotion économique et de l'innovation)

2016: naissance d’une petite fille

2018: directeur général de l’enseignement postobligatoire

Réorganisation de la DGEP

Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

La DGEP sera désormais composée d’un Office de la formation professionnelle et continue (OFPC), d’un Office de l’enseignement gymnasial (OEG) et d’une Unité de la transition (UDT), correspondant aux trois filières de formation. Une Division «planification et supports» rattachée à la direction, regroupe les unités transverses comme les finances, les ressources humaines et l’informatique.

Les affaires intercantonales et fédérales, chargées de représenter les intérêts du Canton auprès des instances fédérales et intercantonales, sont désormais autonomes et rattachées à la direction.

Enfin, Suzanne Peters, doyenne au Gymnase de Chamblandes, a été engagée à 50% pour faire de la veille politique et stratégique. Elle s’intéresse notamment au thème du numérique.

L’enseignement postobligatoire en quelques chiffres

31'380 étudiants (prévision selon l’état de début août 2018)

13 établissements de formation professionnelle

11 gymnases

Effectifs

16'477 élèves en formation professionnelle

12'756 élèves en formation gymnasiale (école de maturité, de culture générale, de commerce)

2148 élèves en autres formations (maturité professionnelle, école supérieure, maturité spécialisée).

Chiffres: DFJC

> Télécharger la brochure «rentrée scolaire 2018-2019» (PDF, 2,79 Mo)

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À la rencontre d'une conservatrice de manuscrits

On pourrait imaginer une pièce sombre, beaucoup de poussière et de vieux grimoires… La réserve des manuscrits archivés dans les sous-sols de la Bibliothèque cantonale et universitaire à Dorigny en est bien loin. Et pour cause, Ramona Fritschi et son équipe sont là pour prendre soin de ces bijoux historiques et littéraires. Rencontre avec cette gardienne de manuscrits.

Lorsqu’on foule les dalles pour se rendre à la Bibliothèque cantonale et universitaire – Lausanne (BCUL), dite «La Banane» sur le campus de Dorigny, on est loin de se douter qu’en dessous des milliers de livres et revues résident plus de 600 fonds d’archives qui gardent en mémoire les écrits de scientifiques, d’écrivains ou d’associations, tous liés à la vie culturelle ou scientifique du canton ou de la Suisse romande.

Rangés dans de petites boîtes grises, les manuscrits attendent patiemment, sagement disposés dans des dizaines de rangées d'étagères. Si la fraîcheur de l’air, fixée entre 16 et 20°C, la dureté des néons et la grisaille du mobilier de la réserve ne la rendent pas très accueillante, de curieux objets – boîtes à chapeau, sculptures, cadres dorés – apparaissent sur des étagères ici et là, et suscitent tout de suite la curiosité. Ces objets, qui se distinguent clairement des documents rédigés à la main ou à la machine à écrire, au cœur du service des manuscrits, peuvent faire partie de certains des ensembles de documents conservés.

«Attraper le virus des manuscrits»

Passion de la langue, de l’histoire, mais aussi un vif goût pour l’investigation. Ces éléments ont mené Ramona Fritschi sur les sentiers de la conservation de manuscrits. Mais elle a «attrapé le virus des manuscrits» lors d’un stage à la somptueuse bibliothèque monastique de l’abbaye de Saint-Gall. Durant ses études de Lettres, cette expérience lui a permis de tenir pour la première fois des manuscrits anciens entre ses mains.

En déposant avec délicatesse un manuscrit de Ramuz sur un coussin de consultation qui permet de ne pas abîmer la reliure, la conservatrice explique un aspect important de son métier: la mise à disposition et la valorisation de ces documents. Car ceux-ci ne sont pas destinés à dormir dans la réserve. Ramona Fritschi oriente par exemple certains chercheurs dans leur travail, vers ces ouvrages qui lui sont familiers. «Ces documents gardent leur valeur parce que les gens s’y intéressent, font peut-être des découvertes ou peuvent réinterpréter un fait historique ou une œuvre.» Qui veut venir découvrir quelques-unes de ces merveilles dans une salle de lecture spécialisée doit s’annoncer avant sa visite pour que les documents soient prêts pour la consultation. Mais attention, il sera nécessaire de se nettoyer les mains avant toute manipulation!

Un rapport à la matérialité

Lire un manuscrit, ce n’est pas seulement découvrir son contenu, mais aussi déceler les mystères que révèle l’objet en lui-même. «C’est un accès à la matière première, aux sources primaires, qui sont à la base des textes édités», se réjouit l’historienne de formation. Le type de papier, l’encre ou la reliure permettent de dater le document ou d’identifier sa provenance. «L’investigation est aussi une partie très passionnante de ce métier», relève Ramona Fritschi.

Parfois, le matériau lui-même nuit à la pérennité de ces objets. L’encre peut aussi attaquer le papier: «dans ce cas, on dit qu’il a été brûlé». Avant de les mettre à disposition, la préservation de ces manuscrits est une étape fondamentale pour Ramona Fritschi. Celle-ci veille à ce que ces objets soient conservés dans les meilleures conditions possible. Pour ce faire, les documents, qui peuvent dater de plusieurs siècles, sont gardés dans des chemises et des boîtes en papier ou carton non acide, qui les protègent de la lumière et de l’humidité.

Négocier avec les donateurs

Ramona Fritschi a aussi affaire aux particuliers et aux institutions qui viennent déposer ou faire don de leurs documents. Elle convient avec eux des conditions dans lesquelles le service les conserve et les archive. Il arrive que des familles confient des documents qui représentent l’histoire de plusieurs générations, ou que des écrivains donnent à la BCUL leurs écrits ou leurs correspondances pour qu’ils ne soient pas oubliés ou dispersés à titre posthume.

La collection est aujourd’hui principalement composée de documents contemporains ou datant de l’époque moderne. Il y a tout de même quelques perles remontant au Moyen Âge qui complètent cette réserve. Et d’autres curiosités que pourrait encore dévoiler la conservatrice.

> (Re)lire le dernier article de la rubrique: à la rencontre de l'intendant de la cathédrale

Ramona Fritschi présente un manuscrit de l’auteur vaudois Charles Ferdinand Ramuz – (fa/bic).

Et la magie opère

Être conservatrice permet d’avoir un accès privilégié à des documents qui peuvent être rares, comme ce fragment de parchemin du 9e siècle – (Ms 398: Iordanes Gothus, «De origine actibusque Getarum» /service des manuscrits/BCUL).

Difficile pour Ramona Fritschi de choisir un manuscrit favori. Elle entretient néanmoins un lien particulier avec un fragment de parchemin du 9e siècle en provenance de la bibliothèque médiévale de Fulda, en Allemagne. Cette dernière a survécu à une destruction presque complète lors de la guerre de Trente Ans. En plus d’être le document le plus ancien de la collection, ce fragment rappelle à la conservatrice le projet de numérisation des manuscrits médiévaux de toute la Suisse. Elle y a participé lorsqu’elle travaillait chez e-codices, la bibliothèque virtuelle des manuscrits en Suisse. Elle avait commencé à scanner les manuscrits en provenance de Fulda qui se trouvaient en Suisse.

Quand l'écriture parle

«Ce qui me fascine, c’est l’écriture!», explique la conservatrice. Dans les documents médiévaux, les écritures doivent être les plus homogènes possible. Il n’y a pas de place pour l’individualité. «Malgré cette écriture uniformisée, on trouve souvent des traces plus personnelles du scribe, par exemple à la fin des textes, dans les marges ou les annotations.» Dans les textes modernes, l’écriture représente le lien entre les informations que le document révèle et son auteur, relève la conservatrice captivée. Pour accéder au contenu d’un texte, il faut d’abord se familiariser avec l’écriture de son auteur, qu’il n’est pas toujours aisé de déchiffrer. «C’est toujours un petit challenge! Il faut comprendre comment la personne crée les lettres.» Pour cela, il lui arrive même de s’efforcer de reproduire l’écriture de l’auteur pour en comprendre le «ductus», c’est-à-dire la manière de tracer les lettres.

Aujourd’hui, les archives du service des manuscrits sont physiques mais elles pourraient, un jour, se présenter sous forme numérique, observe Ramona Fritschi. «C’est un défi. Que ferons-nous si quelqu’un arrive avec une clé USB et nous demande de conserver 50 ans d’e-mails en guise de correspondance littéraire?»

> Observer de plus près le parchemin du 9e siècle de Fulda en ligne, sur e-codices

À la lettre

Détail d'un manuscrit de la «Beauté sur la terre» de Charle Ferdinand Ramuz, où l'on entre dans le texte et ses mouvements – (fa/réserve des manuscrits BCUL).

Trois chiffres

Dans la réserve des manuscrits de la BCUL – (fa/bic).

  • 3,5 km linéaires de documents et d’objets archivés
  • plus de 600 fonds d’archives
  • le manuscrit le plus ancien date du 9e siècle
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Aide au développement: des ponts entre le canton de Vaud et le delta du Mékong

En 2017 et 2018, le Département des infrastructures et des ressources humaines a soutenu deux projets de construction et rénovation de ponts sur le delta du Mékong, au sud du Vietnam. L’objectif est de faciliter l’accès aux écoles et aux centres de santé et de permettre à cette région de développer son économie.

Dans le district de Trà Cú, au sud du Vietnam, les enfants peuvent désormais se rendre à l’école, à pied ou à vélo, en toute sécurité grâce à la construction de nouveaux ponts. Auparavant, il fallait emprunter un chemin glissant pour contourner un des nombreux canaux du Mékong ou se risquer à traverser un maigre tronc de bambou pour accéder à l’autre rive. Ces infrastructures facilitent aussi l’accès aux centres de santé et aux services des villages voisins. «Ces ponts sont au cœur de la vie des habitants. Ils ont été identifiés comme prioritaires, par les habitants et les autorités, pour le développement de cette région», explique Alexandre Cavin, secrétaire général de la Fédération vaudoise de coopération au développement (FEDEVACO). Cette association faitière des ONG vaudoises assure le lien entre de nombreuses collectivités publiques vaudoises et des organisations membres.

Ces infrastructures font partie des deux projets supervisés par l’association suisse Nouvelle Planète et suivis de près par le Département des infrastructures et des ressources humaines (DIRH). Celui-ci accorde chaque année une contribution de 50'000 francs à la FEDEVACO.

Pourquoi le DIRH a-t-il choisi de soutenir la construction de ponts au Vietnam? «Ces projets correspondent aux activités de notre département. Les ponts sont le symbole de la mobilité, des liens entre régions et des échanges entre femmes et hommes», explique Michel Rubattel, secrétaire général du DIRH. Un second projet, qui prévoit la construction de cinq ponts, vient de débuter dans le district de Long Mỹ situé un peu plus à l’ouest. Dans ce dernier, presque la moitié des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Franchir des barrières ethniques

S’il est encore trop tôt pour évaluer les impacts à long terme de ces deux projets, Nouvelle Planète a déjà pu faire le bilan d’une dizaine de programmes de construction de ponts entre 2006 et 2016 dans le pays. Beaucoup de villageois sont agriculteurs et ont besoin de transporter leurs marchandises pour les vendre dans les marchés. Une tâche difficile quand les ponts, pour peu qu’ils existent, sont impraticables avec des véhicules, et dangereux pour les piétons. Il faut alors adopter les voies fluviales ou faire des détours de plusieurs kilomètres pour se rendre de l’autre côté du canal. Les coûts et le temps des transports augmentent et les activités agricoles sont peu rentables.

Un autre phénomène, imprévu mais heureux, a parfois lieu: «Des villages d’ethnies différentes ont soudainement eu l’occasion de se rencontrer et d’échanger, alors qu’ils étaient très isolés les uns des autres avant la construction d’un pont», se réjouit Roman Twerenbold, le responsable des projets au Vietnam pour Nouvelle Planète.

Collaborer avec les villageois

«Travailler avec la population locale est une de nos priorités et la notion de collaboration est très importante», relève Roman Twerenbold. Au début d’un projet, l’équipe de coordination vietnamienne de l’association effectue une première enquête auprès des autorités du district ainsi que des habitants des différents villages pour connaître leurs besoins.

L’objectif est qu’ils s’approprient totalement le projet et puissent s’occuper de l’entretien des infrastructures en toute autonomie. Pour s’en assurer, la gestion d’un fonds d’entretien est gérée par des membres des autorités locales et des représentants des villages. «L’idée, c’est de rester une année, voire une année et demie maximum, puis de se retirer le plus vite possible pour que l’action soit durable sur place», souligne le responsable qui s’est rendu récemment au Vietnam pour suivre l’avancement des différentes constructions réalisées dans le pays.

> www.nouvelle-planete.ch

> Rapport annuel 2017 de la FEDEVACO (PDF)

> «Une équipe médicale du CHUV au Bénin» (La Gazette n°284, 23 mars 2018)

> «Le DECS contribue à soutenir des paysans du Nicaragua» (3e article, La Gazette n°253, juillet 2014)

Le pont après la rénovation dans le village de Soc Cha B, dont 97% des habitants sont issus de minorités ethniques – (Nouvelle Planète).

Des enclaves de précarité dans un pays en plein essor économique

Les constructions de Nouvelle Planète remplacent des ponts en bambou comme celui-ci, dans le village de Soc Tro Giua – (Nouvelle Planète).

Le Vietnam connaît actuellement un très grand développement économique. Néanmoins, certaines régions rurales habitées par les minorités ethniques sont délaissées par l’État. Dans ces dernières, le taux de pauvreté est le plus élevé du pays. L’association Nouvelle Planète, qui bénéficie du soutien et des financements de la FEDEVACO, agit dans les provinces les plus touchées. Dans les régions traversées par de nombreux canaux et fleuves, le manque d’investissement dans les infrastructures devient un énorme frein pour le développement économique et social.

Deux ponts au sud du Vietnam

Cliquez sur l'image pour l'agrandir – (lj,mg,lc/bic).

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Collègue passionné: à la conquête du Léman en scaphandre

En contact permanent avec les dernières technologies informatiques au CHUV, Thierry Goël échange les ordinateurs pour un scaphandre des années 1950 durant son temps libre.

Thierry Goël vit entre deux époques. Électronicien et informaticien de formation, il travaille à la Direction des systèmes d’information du CHUV depuis 22 ans. Il est aujourd’hui responsable de l’équipe qui s’occupe des systèmes d’impression ainsi que des fichiers stockés sur les serveurs. Mais sa passion lui fait remonter le temps à une période où les ordinateurs n’en étaient qu’à leurs balbutiements.

Tout commence avec Tintin

Thierry Goël s’intéresse à la plongée dès son plus jeune âge. Il la pratique d’abord en apnée, puis en bouteille dès que son premier travail lui garantit un salaire régulier. À l’approche de la cinquantaine, il décide de réaliser un rêve d’enfant. «Le moment où on voit Tintin plonger avec un scaphandre dans Le Trésor de Rackham le Rouge m’a toujours interpellé». Cette fascination le pousse à chercher un scaphandre pieds lourds. En 2013, il acquiert un équipement russe datant des années cinquante. Bien que le matériel soit d’origine, quelques ajustements ont dû être effectués. La pompe qui sert à amener de l’air au plongeur ne donnait pas assez de pression, par exemple.

L’informaticien du CHUV a dû constituer une équipe pour le seconder dans ses excursions sous-marines. Le scaphandre pieds lourds est caractérisé par ses chaussures lestées, qu’il est impossible de revêtir seul. À chacune de ses sorties, Thierry Goël est entouré de deux guides, qui l’aident à enfiler la combinaison pesant 80 kilos (lire encadré) et s’occupent de la communication radio. Deux «servants de pompe» font parvenir de l’air à l’explorateur. Ce sont le plus souvent des amis ou des collègues, eux-mêmes amateurs de plongée.

Un pied lourd après l’autre

Si aujourd’hui Thierry Goël est à l’aise dans son costume, ça n’a pas toujours été le cas. «La première fois que je l’ai mis, je me suis dit que j’étais complètement cinglé!» Il aura fallu effectuer plusieurs essais, d’abord en piscine puis dans le lac, pour trouver la bonne technique. Lors de ses premières tentatives, l’informaticien se servait d’une corde afin de communiquer avec l’extérieur, par un système de codes prédéfini avec les guides. Depuis, la radio l’a emporté. L’émetteur n’est pas d’origine, mais Thierry Goël a installé, dans le casque du scaphandre, un microphone et haut-parleur datant de la même époque que son costume.

Après plusieurs années d’utilisation, Thierry Goël reste fasciné par cet équipement. «C’est un sentiment extraordinaire de marcher sous l’eau, s’exalte-t-il. Des personnes plongeaient avec des scaphandres pour renflouer, c’est-à-dire remettre à flot, des navires coulés après le débarquement de Normandie, par exemple. Quand on lit les récits de ces scaphandriers, on réalise que c’était un travail extrêmement exigeant». N’en va-t-il pas de même pour les informaticiens, amenés à travailler dans des conditions parfois stressantes? Le scaphandrier relativise: «J’ai l’habitude de travailler sous pression!»

Ni le lac de Neuchâtel ni les systèmes d’exploitation n’ont de secrets pour Thierry Goël – (G. Weber/CHUV-SAM).

VIDÉO: enfiler un scaphandre

Cliquez sur l'image pour suivre Thierry Goël dans le Lac de Neuchâtel – (vidéo produite par 24heures.ch).

À force d’entraînement, quinze minutes suffisent à Thierry Goël pour revêtir son costume. Mais le tout suit un ordre bien précis! On commence par mettre la «peau de bouc», soit le vêtement principal. On positionne ensuite les chaussures de neuf kilos chacune. Une ceinture resserre l’habit du scaphandrier, avec un poignard pour les filets de pêche que celui-ci pourrait rencontrer. Une corde, qui sert de guide de corps, est installée autour de la taille.

Puis vient le tour de la tête. Avant le casque, on place une pèlerine autour du cou ainsi qu’un coussin d’épaules. Tous deux permettent de supporter le poids des médailles en plomb qui pèsent, en tout, 32 kilos. Celles-ci sont attachées dès que le casque, d’une vingtaine de kilos, a été boulonné. La médaille de devant est placée en premier, évitant au scaphandrier de tomber en arrière. Une fois que le tuyau d’air comprimé a été installé sur le casque, le plongeur est prêt à descendre dans l’eau et découvrir les mystères du Léman.

> Voir le reportage de 24heures.ch

Partager sa passion

Thierry Goël aime partager sa passion. «Je veux montrer aux gens ce qu’était la plongée auparavant. Je ne veux pas qu’on oublie tous ces pionniers qui ont œuvré et amélioré les techniques de plongée».

Pour ce faire, le plongeur du CHUV donne des conférences sur le sujet et organise des démonstrations publiques dans le Léman et le lac de Neuchâtel plusieurs fois par année. Il a également créé un site web sur lequel il recense et documente richement ses activités, mais aussi l’histoire et la technique du scaphandre pieds lourds. Un véritable trésor à découvrir dans les profondeurs de la toile!

> scaphandrier.ch

Recherche collègues passionnées et passionnés

Vous êtes collaboratrice ou collaborateur de l’État de Vaud (dans l’administration, au CHUV, à l’UNIL, dans un établissement scolaire ou dans la police) et avez une passion sportive ou artistique à laquelle vous consacrez une grande partie de votre temps libre. Faites-le nous savoir par courriel à l’adresse info(dot)gazette(at)vd.ch (mention «collègue passionné»). Nous en parlerons peut-être dans un prochain numéro.

> Dernier portrait paru: Jennifer Bart fait la loi sur les pelouses vaudoises

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Brèves

Nouveau secrétaire général

Nicolas Grosjean – (dr).

Nicolas Grosjean rejoindra le Département de l’économie, de l’innovation et du sport au 1er janvier 2019.

Titulaire d’un doctorat ès sciences économiques, Nicolas Grosjean est expert dans l’analyse des structures de l’administration et de la mise en œuvre de politiques publiques. Il est actuellement chef du service d’évaluation de l’Assemblée fédérale à Berne. Ce rôle l’a mené à être en contact avec de multiples entités politiques, notamment cantonales.

Nicolas Grosjean succède à Andreane Jordan Meier, cheffe désignée du Service de la promotion de l’économie et de l’innovation.

> Lire le communiqué

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Intérim à la protection de la jeunesse et aux curatelles

Frédéric Vuissoz – (J.-B. Sieber/ARC).

Frédéric Vuissoz, actuel chef de l'Office des curatelles et tutelles professionnelles (OCTP), prend la tête du Service de la protection de la jeunesse (SPJ) ad interim. Katiuska Stekel Diviani le remplace temporairement.

Suite au rapport de l'ancien juge fédéral Claude Roullier sur la gestion par l'État d'un couple condamné pour des actes graves de maltraitances sur leurs enfants, la gouvernance et les pratiques du SPJ vont être revues. La conseillère d'État Cesla Amarelle et l'actuel chef du SPJ, Christophe Bornand, ont estimé, d'un commun accord, que les changements devaient être portés par une nouvelle personne à la tête du service.

Frédéric Vuissoz, actuel chef de l'OCTP, reprend la direction ad interim du SPJ. Le poste sera bientôt mis au concours.

Katiuska Stekel Diviani, actuelle suppléante du chef de l'OCTP, remplacera temporairement Frédéric Vuissoz à la tête de l'office.

> Lire le communiqué relatif au SPJ

> Lire le communiqué relatif à l'OCTP

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Nouveau chef de l’Unité de développement durable

Guillaume de Buren – (J.-B. Sieber/ARC).

Guillaume de Buren deviendra chef de l’Unité de développement durable dès le 1er janvier 2019, dans un contexte où la durabilité est toujours plus importante.

Guillaume de Buren s’est beaucoup engagé dans le développement durable, notamment dans le domaine de la coopération internationale et comme directeur d’un think tank. Il a consacré une thèse à la gestion des services environnementaux, qui a été appliquée aux services forestiers pour l’eau potable en Suisse, en France et en Indonésie. Il conserve un poste à 10% à l’École polytechnique fédérale de Zurich comme chargé d’enseignement et de recherche.

Guillaume de Buren succède à Viviane Keller, qui donne une nouvelle orientation à sa carrière professionnelle, après 19 ans au service de l'État de Vaud.

> Lire le communiqué

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Pratique

Le burnout, ça se soigne

Il y a une vie après le burnout. Nadia Droz, psychologue du travail au sein de l’Unité santé et sécurité du CHUV, en est convaincue. Elle a fait paraître ce printemps, avec Anny Wahlen, elle aussi psychologue du travail, un livre qui milite en ce sens et décortique cette maladie du 21e siècle. Rencontre.

Vous avez fait un burnout? Non, vous n’êtes pas seul responsable. C’est le grand message des deux psychologues du travail Nadia Droz et Anny Wahlen: «Faire porter à l’être humain le poids de la responsabilité exclusive de son burnout, déjà vécu le plus souvent comme extrêmement culpabilisant, nous semble intolérable», écrivent-elles.

Oui, les dispositions individuelles sont un facteur de risque, comme être perfectionniste ou avoir tendance à se surinvestir au travail ou ailleurs. Mais deux autres composantes entrent dans l’équation. La situation dans le lieu d’investissement – c’est-à-dire souvent au travail, à la maison pour un parent au foyer ou dans une association pour un bénévole – compte également. Être exposé à un stress chronique, sans période de récupération, travailler en sous-effectif ou vivre des conflits sont autant d’élément qui ont une incidence. Enfin, le contexte social joue un rôle: vivre un divorce ou rencontrer des difficultés financières peut faire basculer l’équilibre.

Car s’il est possible de faire face à des complications dans l’un de ces trois domaines, la situation se corse si plusieurs d’entre eux s’assombrissent de manière chronique. Et ils peuvent se contaminer l’un l’autre. Imaginons: mon collègue est parti sans être remplacé et j’ai récupéré ses dossiers. J’ai à cœur que le travail soit bien fait et n’arrive plus à prioriser mes tâches. Finalement, par manque de temps et d’énergie, je finis par renoncer à mon jogging qui me faisait du bien. Et mon manque de disponibilité affecte ma vie de famille. Sur la durée, une telle situation peut conduire à un épuisement, puis à un burnout.

Des risques et des ressources

Nadia Droz et Anny Wahlen préfèrent voir le verre à moitié plein. «Nous avons une vision "salutogène". Nous nous demandons ce qui génère la santé plutôt que la maladie.» Souvent, les frontières sont poreuses, car les facteurs peuvent être tantôt risque, tantôt ressource. «L’ambiance d’équipe peut par exemple être un facteur de stress, s’il y a des conflits. Mais elle peut aussi être une ressource! Une chouette équipe peut faire supporter un travail très dur», explique Nadia Droz. Un chef soutenant, des horaires libres ou la possibilité de participer aux décisions sont des ressources qui peuvent compenser des facteurs de risques.

Qui plus est, l’équilibre change au fil du temps. Je peux me ressourcer dans ma vie de famille, puis mon adolescent entre en crise, et la balance est modifiée. «Nous avons dû créer notre propre modèle de burnout, explique Nadia Droz. Ceux qui existaient étaient insatisfaisants et il était nécessaire d’avoir une vision globale.»

Reprise en douceur

En cas d’épuisement, la psychologue conseille de discuter avec sa hiérarchie pour mieux organiser le travail. Aller consulter un thérapeute pour mieux comprendre son fonctionnement, ses réactions face au stress et trouver des stratégies de ressourcement peut également être profitable.

En cas de burnout, c’est-à-dire quand le système a débordé et qu’il n’est plus possible de se ressourcer, il faut s’arrêter et prendre le temps de recharger les batteries.

Dans sa consultation, Nadia Droz constate que la majorité des gens reprennent le travail. Si elles font la une des magazines, les reconversions radicales, comme la reprise d’une bergerie dans les Pyrénées, sont rares. Quand les conditions de travail peuvent être adaptées, les personnes gardent le même poste. Mais une situation délétère au travail oblige parfois à chercher un nouvel emploi.

Une crise vécue comme une chance?

La reprise se fait progressivement. Si possible, il est bien de discuter avec son supérieur hiérarchique pour repenser le poste de travail, afin d’agir sur les facteurs de risques présents au travail. Il faut aussi être à l’écoute des signaux d’alarme lorsqu’ils se présentent.

«Les personnes qui sont passées par un burnout ont un rapport différent à la performance», explique Nadia Droz. Elles doivent aussi apprendre à prendre du recul et à relativiser. Pour plusieurs des personnes qui témoignent dans le livre, faire un burnout a été paradoxalement une chance. «Je me dis que j’ai de la chance (…) d’avoir compris, ressenti au fond de moi qu’il s’est passé quelque chose de définitif et que ce message, ancré dans mon être, dans mes tripes serait aussi la source de mon salut», explique par exemple un directeur adjoint d’une institution sociale âgé de 57 ans.

Santé publique

Le burnout n’est pas aujourd’hui reconnu comme maladie tout court ou maladie professionnelle en Suisse. Il toucherait 6,1%* de la population de notre pays. Le chiffre est difficile à établir, notamment parce que le diagnostic est difficile à poser. Le burnout peut notamment être confondu avec la dépression.

«En Suisse, les coûts induits par le stress se monteraient selon les calculs à 11 milliards. C’est de la folie!», s’insurge Nadia Droz. Dans leur ouvrage, les deux psychologues militent pour que le burnout soit considéré comme un problème de santé publique et que des moyens soient alloués à la prévention. Des avantages financiers pourraient par exemple inciter les organisations à identifier les facteurs de risques en leur sein et agir.

La question est même plus vaste. «C’est un problème de société. Partout les gens doivent être performants: au travail, comme parent, comme partenaire ou ami. Ce n’est pas tenable!» Derniers conseils de Nadia Droz: cessez de vouloir être parfait, trouvez des moyens de vous ressourcer et parlez de vos difficultés à vos cadres et à votre entourage.

*Source: Promotion Santé Suisse 2014

L'ouvrage «Burnout: la maladie du XXIe siècle?» est paru en mars 2018 – (fa/bic).

Un livre en trois questions

Nadia Droz est psychologue du travail au CHUV – (M. Guye-Vuillème).

L’ouvrage Burnout, la maladie du XXIe siècle? s’appuie sur la pratique des deux auteures, des témoignages de personnes qui ont fait un burnout, et une enquête menée en 2017 auprès d’une centaine de spécialistes de la santé en Suisse romande.

Il est construit autour de trois questions. Le but est de déconstruire les principales idées reçues sur ce mal. Nadia Droz y répond en bref.

Le burnout est-il une maladie nouvelle?

Nadia Droz: Non. La mauvaise fatigue existe depuis toujours. Au 18e siècle, le médecin suisse Auguste Tissot décrit la fatigue qui s’empare des «gens de lettres», comparables aux gens qui travaillent aujourd’hui devant un ordinateur. Le mot «burnout» arrive à la fin des années 60. Notre pari, c’est que cette grosse fatigue apparaît lors de grands tournants sociétaux. La neurasthénie, une autre forme de grande fatigue, est apparue lors de la révolution industrielle. Tout comme celle-ci a disparu, le burnout disparaîtra sans doute.

Est-on responsable individuellement de son burnout?

Non. On peut avoir des dispositions individuelles prédisposantes. Le burnout ne touche par exemple que les forts, pas les faibles. Je ne vois pas de touristes dans mon cabinet! Mais il atteint tous les âges, sexes et niveaux hiérarchiques dans l’entreprise. Et il n’y a pas de métier protecteur.

Peut-on guérir du burnout?

Oui. Il faut d’abord sortir du déni, prendre le temps de recharger ses batteries et se soigner. Retravailler fait partie intégrante du processus de rétablissement. L’idéal est d’y retourner en ayant une meilleure connaissance de soi, du stress et de ses mécanismes.

> Nadia Droz et Anny Wahlen, Burnout, la maladie du XXIe siècle?, Favre, 2018, 192 pages, 27 fr.

> Site de l'éditeur

Dans l’administration, une prise en charge au cas par cas

Dans l’administration cantonale vaudoise, l’Unité de réinsertion professionnelle accompagne les personnes en incapacité de travail de longue durée, et notamment celles en burnout.. «Chaque absence longue durée est unique. Nous les traitons au cas par cas», explique Maria-José Undurraga, l’une des quatre spécialistes en réinsertion de l’équipe. Les troubles psychiques comme les burnouts ou les dépressions représentent 30 à 50% de leurs cas, à côté des cancers ou des troubles musculo-squelettiques.

Après 30 jours d’absence, le service peut mandater la réinsertion professionnelle. Une spécialiste prendra alors contact avec la personne atteinte dans sa santé. La démarche est volontaire et confidentielle. «Dans 90% des cas, les personnes acceptent de nous rencontrer», relève Maria-José Undurraga. L’une des spécialistes se rend chez la personne et discute avec elle de sa santé, sa situation professionnelle, son état d’esprit, des questions d’assurance. Le but est de lister ses attentes et ses besoins et de comprendre comment l’accompagner pendant son absence, afin de favoriser une reprise professionnelle.

Si la personne est d’accord, une rencontre est organisée à trois, avec l’employeur. Parfois, le médecin traitant est également présent. En fonction des situations, l’équipe de réinsertion professionnelle peut proposer des pistes comme modifier le cahier des charges, les horaires ou l’organisation du travail. Ces mesures sont temporaires et la décision revient au supérieur hiérarchique. Pour les cas de burnout, la reprise est progressive, en général par pallier de 20%. Dans certaines situations, une reprise thérapeutique peut être proposée pour se réapproprier l’environnement professionnel, reprendre un rythme et faire des tâches sans impératif de rendement.

Dans certains cas, le poste ne convient plus. Un bilan de compétences peut aider à la prise de conscience. «C’est difficile de dire à son chef "je suis insatisfait, je n’aime plus mon travail." Notre avantage, c’est que nous sommes neutres», souligne la spécialiste en réinsertion.

Depuis peu, l’équipe accueille aussi des collaborateurs, en amont à titre préventif, quand ils sont en difficulté professionnelle sur la place de travail, en lien avec une problématique de santé. «Le but d’un tel accompagnement est de faire des démarches avant que la personne soit en incapacité de travail, lorsque nous savons que sa situation de santé l’empêchera, à long terme, de continuer son activité professionnelle». explique Maria-José Undurraga.

Ressources et contacts à l’État

Pour l’administration et les enseignants

L'équipe de réinsertion professionnelle du Service du personnel est à disposition des collaboratrices et collaborateurs (lire encadré).

> Plus d’infos sur la réinsertion professionnelle: www.vd.ch/absences

> Brochure d'information (PDF)

> Contact: spev.reinsertion-professionnelle(at)vd(dot)ch

Le groupe IMPACT peut aussi intervenir pour accompagner une entité confrontée à des difficultés liées au climat de travail.

> Plus d'infos

Pour le CHUV

L’ Unité réinsertion professionnelle du CHUV analyse toutes les situations d’absences de plus de 30 jours, en lien avec les unités RH départementales. Un entretien est organisé pour effectuer une première analyse de la situation, mettre en place les mesures appropriées et informer la personne de ses droits et devoirs. L’Unité collabore étroitement avec la médecine du personnel du CHUV, ainsi qu’avec les offices AI. Elle peut aussi orienter la personne vers l’Espace collaborateurs, qui intervient en cas de conflit dans l’environnement de travail.

> Contact: reinsertion.professionnelle(at)chuv(dot)ch

Pour l’UNIL

L’UNIL travaille avec le Centre de santé au travail, via l’Accueil Santé où des infirmières sont à disposition pour tous les collaborateurs.

> Accueil Santé à l’anthropole, Bureau 1056, lu, ma et je : 8-16h (021 692 25 77 ou accueilsante(at)unil(dot)ch)

> Plus d’infos: www.unil.ch/accueilsante

> Ressources sur les pages de DialogUNIL

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Culture

Reportage vidéo: Aventicum passe au numérique

Pour marquer ses 180 ans, le Musée romain d’Avenches renouvelle son exposition permanente. Parmi les nouveautés, des supports numériques interactifs guident les visiteurs.

L’exposition se concentre sur la place qu’Aventicum occupait dans l’Empire romain. Les objets présentés illustrent les différents types de pouvoirs, religieux, politique ou encore économique, que l’on y trouvait.

Au cœur de l’exposition, une maquette interactive, qui représente l’évolution du territoire d’Avenches et un film résument l’histoire d’Aventicum, alors capitale des Helvètes. «Un défi technique», selon les mots de la directrice du musée Marie-France Meylan Krause, à même d’émerveiller les visiteurs d’un des plus anciens musées vaudois. Une manière aussi de leur donner envie de sortir du musée et d’aller explorer les nombreux vestiges visibles dans la cité.

Au deuxième étage, les cartels ont fait place à des tablettes. L'exposition devient mobile: si les objets exposés changent, il suffit de remplacer les contenus des tablettes – (bic).

Infos pratiques

> «Aventicum, toute une histoire!» Exposition permanente au Musée romain d’Avenches: ma-di: 14-17h; du 1er nov. au 31 janv.: me-di: 14-17h.

> aventicum.org

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Des photos pour briser le tabou de l'amputation

(L. Aeby).

Laurianne Aeby, une apprentie diplômée du Service d’appui multimédia du CHUV, expose des photos sur le thème de l’amputation dans le Bâtiment de liaison du Centre hospitalier universitaire jusqu’au 31 octobre. Son travail est également à l’honneur dans un livre.

Laurianne Aeby a suivi durant huit mois le combat de six personnes amputées. Intitulé «D’arrache-pied», ce projet documentaire a été réalisé avec la collaboration du Service d’orthopédie et de traumatologie du CHUV. Cette exposition a été montée à l’occasion de la sortie de son livre qui porte le même nom. L’objectif est de dédramatiser l’amputation et de redonner confiance aux personnes qui vivent ce handicap au quotidien.

> «D’arrache-pied». Exposition dans le Bâtiment de liaison (CHUV-PMU), jusqu'au 31 octobre. Entrée libre.

> Télécharger le flyer (PDF)

> Laurianne Aeby, D’arrache-pied, en auto-édition, 2018, 160 pages, 59 fr.

> Voir un reportage consacré au travail de Laurianne Aeby au 12h45 sur la RTS (2 octobre 2018)

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Un guide du vieux Lausanne à suivre ou feuilleter!

(Ph. Weissbrodt).

En baladant ses lecteurs de la place de la Palud à l'ancien évêché, le joli petit ouvrage «Suivez le guide!» permet de (re)découvrir le vieux Lausanne et de plonger dans son histoire.

Les distances à parcourir sont petites, mais les anecdotes foisonnent: sur la Riponne et sa laideur, sur le guet de la cathédrale tout droit sorti du Moyen-Âge, sur la placette André Bonnard, du nom d'un célèbre helléniste local. Le guide reprend des articles d'Ernest Jomini, parus en 2012 et 2013 dans La Nation. Un QR code en tête de chaque chapitre permet d'accéder à des photos en ligne.

Ernest Jomini, décédé en 2016, a mené maintes visites dans Lausanne, en qualité de guide d'accueil du Mouvement des Aînés. Le texte est à lire au gré de ses envies, dans un fauteuil ou en déambulant dans la ville.

> Ernest Jomini, Suivez le guide! Balade historique à travers le vieux Lausanne, édité par Claire-Marie Schertz, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 2018, 80 pages, 15 fr.

> Site de l'éditeur

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Retour à l’école au musée d'archéologie et d'histoire

Vue de la salle d'exposition – (N. Jacquet/MCAH).

Chaque année, le Musée cantonal d’archéologie et d’histoire (MCAH) met en valeur un thème parmi ses collections invisibles, c’est-à-dire non exposées. L’édition 2018 est consacrée au patrimoine scolaire.

L’exposition présente l’histoire de l’école depuis le 19e siècle. Les pièces exposées proviennent du MCAH, des Archives cantonales vaudoises et de la Bibliothèque cantonale et universitaire – Lausanne. L’exposition marque le transfert définitif à l’État de Vaud de la collection de la Fondation vaudoise du patrimoine scolaire.

> «Collections invisibles 2018. L’école au musée». Exposition au MCAH, du 13 octobre 2018 au 21 avril 2019: ma-je: 11-18h, ve-di: 11-17h.

> Entrée libre (prendre un billet gratuit à la boutique)

> mcah.ch

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Collègues écrivains

Employés dans l'administration cantonale, enseignants, médecins, pasteurs, ils consacrent une part de leur temps libre à l'écriture de fiction. Voici les publications dues à ces collègues et parues récemment.

Les œuvres littéraires citées ci-dessous ou dans un précédent numéro de La Gazette, parues dernièrement et signées d'employés de l'État de Vaud, forment une liste incomplète. Si vous travaillez pour l'État et avez publié un roman, une pièce de théâtre ou un recueil de poèmes cette année, merci de le faire savoir par un courriel à l'adresse info.gazette(at)vd(dot)ch, la rédaction pourra ainsi poursuivre ce tour d'horizon.

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«Môma», la biographie toute douce d'un doudou

Deux enseignantes vaudoises racontent en rimes et en dessins la vie du doudou Môma. La relation indéfectible qui lie une petite fille à sa peluche favorite est au cœur de cet album pour enfants tout en finesse.

Môma est déjà là au berceau, où il veille l'enfant telle une bonne fée. Rapidement, il devient l'élu. Celui qu'on emmène partout, à qui l'on confie tout, et qui console de tout. Au fil du temps et des pages, il perd ses couleurs, prend des odeurs, passe dans la machine à laver, est raccommodé encore et encore.

On le sait, toi et moi
Que Môma est vivant

Celui qui n'y croit pas
Où est son âme d'enfant?

Son cœur est silencieux
Mais il regorge d'amour

Cette lueur dans ses yeux
Le prouve mieux qu'un discours

Les sentiments sont forts: culpabilité de l'avoir égaré dans un grand magasin, puis la «secrète inquiétude» du doudou qui a peur d'être abandonné «dans un coin du grenier, loin des yeux, loin du cœur, la proie des araignées.»

À la fin, deux pages blanches invitent les petits lecteurs et leurs parents à raconter et peut-être dessiner leurs souvenirs de doudou. Nul doute que Môma les inspirera!

L'auteure, Esther Ekezie, est maîtresse de classe de développement itinérante pour des élèves de 3P à 6P à la Vallée de Joux. Elle aime les albums pour enfants, les doudous et la poésie. Lucie Pittet, l'illustratrice, enseigne à Arnex-sur-Orbe, dans des classes de 5P à 6P. Elle aime découvrir de nouveaux horizons à travers les livres, la musique et les voyages, durant lesquels elle dessine, accompagnée de son rhinocéros en peluche.

> Esther Ekezie et Lucie Pittet, Môma. Biographie d'un doudou, 2018, 32 pages, 25 fr. Commandes sur le site de l'auteure.

> Site d'Esther Ekezie

> Site de Lucie Pittet

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Éditeur: État de Vaud. Rédacteur responsable: Laurent Koutaïssoff. Rédaction: Jonathan Afonso, Fiona Amitrano, Lucien Christe, Marion Giroud, Léa Joanneton, Marie Minger. Contact: info.gazette@vd.ch
Copyright(c) La Gazette n°289 - 12 octobre 2018