La Gazette

n°294
24 avril 2019

À la une

Objectif: former les cadres de demain

Entre septembre et mars, ils sont douze à avoir pris part à la session pilote d’une formation conçue spécifiquement pour les cadres de l’État. Ils ont reçu un «kit de survie», mais pas seulement. Karine Ryffel, doyenne au Gymnase de Beaulieu, et Justin Colleran, chef d’équipe au Service du personnel, racontent cette expérience très humaine.

Du 27 septembre 2018 au 14 mars 2019, douze responsables d’équipe de l’administration vaudoise aux profils variés ont participé à la session pilote de la formation «objectif cadres». Au menu des sept jours de cours: connaissance de son propre fonctionnement et de son rôle au sein de l’administration, gestion de son temps, de son équipe et des situations délicates, ainsi que quelques bases de communication. Les outils minimaux pour assumer son rôle avec plus de sérénité.

«Ce qui nous a tous connectés, c’est l’envie de faire toujours mieux, personnellement et en équipe. Avec nos moyens, nous voulons tous offrir des prestations de qualité. Nous visons tous l’excellence!» Quand on écoute Justin Colleran, responsable du secteur des assurances sociales au sein du Service du personnel depuis 2015 et participant, bien des idées reçues sur la fonction publique sont mises à mal. Et c’est tant mieux! Le but d’«objectif cadres» est de prendre soin de cette population de cadres, qui compte quelque 1500 représentants, souvent sous pression.

Sortir de son cadre pour prendre conscience du cadre

Le cours mélange pour rassembler. Les participants viennent de services différents: un procureur, une doyenne et un sous-chef de maison pénitentiaire ont par exemple participé à cette première volée. Ils gèrent des équipes comprenant entre trois et quinze personnes. Chaque cours a lieu dans un nouveau cadre, au Parlement, au Tribunal cantonal, à la prison de la Croisée à Orbe ou au château de Morges. Ce cursus, conçu par le Service du personnel de l’État pour les cadres de l’administration – une première – est l’aboutissement d’un gros travail de récolte de données sur les cadres, amorcé en 2016. De nombreuses interviews ont notamment permis d’identifier leurs besoins.

«J’ai beaucoup aimé, souligne Karine Ryffel, doyenne au Gymnase de Beaulieu depuis quatre ans. J’ai pris du recul par rapport à mon établissement. Cela m’a permis de sortir du cadre très cloisonné de l’enseignement. La diversité des participants donne du relief à notre fonction et une meilleure vision des autres départements.» Pour Justin Colleran, l’itinérance a permis une prise de conscience: «je travaille au Service du personnel, donc bien sûr je connais le nombre d’employés de l’État de Vaud. Mais voir tous ces lieux, ça a un impact. On mesure la taille de l’administration!»

Cercle de confiance

Au sein de cette première volée, la mayonnaise a très vite pris. Le cadre neutre a permis de créer un cercle de confiance. Ouvrir un espace de parole et de partage entre pairs est un des buts visés. «Nous étions tous touchés de nous mettre face aux autres. Il y avait beaucoup de respect et d’empathie, explique Karine Ryffel. L’écoute était bienveillante. C’était d’autant plus facile que nous venions de milieux différents. La distance empêche de juger.»

L’intérêt est là. Les six sessions prévues en 2019 ont été prises d’assaut. Une septième a été ajoutée. À ce jour, 71 personnes sont inscrites – dont 47 femmes. Deux tiers sont des nouveaux cadres, et un tiers, en place depuis plus longtemps, a souhaité se former. Le Conseil d’État a d'ailleurs décidé en juin dernier de rendre ce cursus obligatoire pour tous les nouveaux cadres qui gèrent une équipe.

Bien sûr, des outils sont donnés. Mais on ne réinvente pas la roue, surtout pour des cadres déjà en place depuis quelques années. «Le cours donne une méthode et cette formalisation rassure face à ses processus, analyse Karine Ryffel plutôt à l’aise dans la gestion des conflits. Il a validé des choses que je fais de manière intuitive.» C’est aussi une impulsion pour procéder à quelques petits changements. «Je ne consulte plus mes courriels chaque fois que j’ai une alerte sur l’écran, mais seulement toutes les deux heures, explique Justin Colleran. Et je dévie mon téléphone lorsque j’ai une tâche sur laquelle je dois me concentrer.» Après quelques réactions de surprise, ses interlocuteurs se sont habitués à ne pas avoir une réponse par mail dans l’heure.

À la recherche de temps pour mettre en pratique

Le rythme d’un cours par mois a bien convenu aux participants. Il permet d’absorber la matière, de mettre en pratique et de partager les expériences la séance suivante. Entre les sessions, les cadres ont des devoirs. Encore faut-il avoir le temps! «C’est nécessaire pour qu’il y ait du changement, estime Karine Ryffel. Mais nous n’avions pas tous le temps de faire ce travail, car tout le monde est un peu débordé.» Même constat pour Justin Colleran, qui a d’ailleurs raté deux jours de cours en raison d’un agenda bien chargé.

«Suivre ce cours met le doigt sur ce qui pourrait être amélioré», estime la doyenne de gymnase. Pour les situations qui doivent être traitées au quotidien, comme la gestion de conflits, les outils donnés peuvent être appliqués. «Le bénéfice est immédiat, on sent tout de suite le changement». Pour ce qui nécessiterait un travail de fond et une mise en place à long terme, comme améliorer la communication au sein de son gymnase, Karine Ryffel se sent désormais mieux équipée, mais ressent parfois «un peu de frustration» de ne pas avoir le temps nécessaire pour le faire.

Les deux cadres sont contents d’avoir suivi ce cours, qu’ils ont trouvé bien construit. Karine Ryffel, qui testait la formule pour le Département de la formation, afin de voir si le cursus peut convenir aux doyens, le recommande sans hésiter à ses homologues. Justin Colleran est de son côté convaincu. «Ça donne le sentiment d’avoir avancé. Et de l’avoir fait tous ensemble!» (mm)

> «Objectif cadres»: informations et inscriptions sur le site du CEP

> (Re)lire l’article: «Cadres du jour au lendemain. Quand la vie professionnelle bascule» (juin 2018)

Karine Ryffel, doyenne dans un gymnase: «Être cadre, c'est avoir une vision, accompagner avec bienveillance et assumer ses responsabilités.» – (fa/bic).

Quatre questions à Valérie Studer, responsable de la formation continue au Service du personnel

Valérie Studer, responsable de la formation continue au Service du personnel – (fa/bic).

Pourquoi proposer une formation spécifique pour les cadres de l’État?

Valérie Studer: Pour deux raisons. Beaucoup de nouveaux cadres n’ont jamais géré une équipe avant leur entrée en fonction. Or fixer des objectifs, mener des réunions, gérer une équipe, communiquer, ça s’apprend. Ensuite, nous voulions mettre l’accent sur la compréhension du cadre de travail à l’État de Vaud. Par exemple, la loi sur le personnel a ses spécificités par rapport au code des obligations.

Le cours aide à prendre conscience de l’État dans sa globalité…

Oui. Les participants viennent de services différents et les séances ont lieu dans plusieurs bâtiments de l’État. C’est symbolique, mais important. Nous invitons des intervenants transversaux: les finances, le groupe IMPACT, le Bureau de l’égalité, la chancellerie ou le Service du personnel. Le but est de développer son sentiment d’appartenance à l’État ainsi que la connaissance de son cadre de travail.

La formule est lancée. Qu’en pensez-vous?

J’en suis heureuse. J’ai la confirmation, par les premiers retours, que ce cours correspond à un besoin, exprimé à la base par les cadres eux-mêmes. Je souhaite que la formation leur soit utile pour leur travail au quotidien. La formation des cadres est très hétérogène, certains ne sont pas formés du tout. Or les cadres rencontrent parfois des situations difficiles, dans lesquelles ils ou elles peuvent se sentir seuls et démunis. Le cours crée un espace de parole entre pairs. C’est précieux. Dans les retours, certains écrivent qu’ils ont réalisé qu’être cadre est un métier en soi.

Offrirez-vous d’autres formations internes pour les cadres?

Oui. Nous construisons pour la fin de l’année une prestation pour celles et ceux qui souhaitent devenir cadres. Des formations spécifiques pour les différents publics de cadres sont à l’étude. Nous souhaitons mettre sur pied un véritable cursus qui accompagne les cadres tout au long de leur carrière, du futur cadre au cadre expérimenté, avec différentes modalités, comme des formations à la carte ou des assessments . Certaines existent déjà, comme la démarche de développement des compétences cadres (DCC), et s’inscriront dans ce parcours de développement. Le but est de valoriser nos cadres et favoriser la mobilité au sein de l’administration.

Au CEP, une formation longue

Justin Colleran, chef d’équipe: «Un cadre est responsable de son équipe et de ses résultats, qu’ils soient bons ou non. Pour mener son équipe sur le chemin de l'excellence, il doit maîtriser le travail de base de chaque membre de son équipe» – (fa/bic).

Pour les cadres plus expérimentés, le Centre d’éducation permanente (CEP) propose un Certificate of advanced studies (CAS) en management et gestion du changement. Sur 14 mois, ce cursus de 420 heures, dont 240 en classe, s’adresse à des cadres ayant deux ans de pratique, et la responsabilité de personnes et d’un budget. Jérôme Meilland, chef d’État-major de la Police du Chablais vaudois, terminera sa formation fin juin. Il a choisi de s’inscrire et a été soutenu par sa hiérarchie. «Les exigences sont exponentielles à tous les niveaux hiérarchiques. Il est du devoir des cadres supérieurs d’acquérir toutes les connaissances nécessaires, notamment dans la gestion des ressources humaines. Participer à un cours hors du contexte de la police est vraiment très profitable. C'est une nouvelle approche très précieuse.»

La mixité des participants est enrichissante pour Jérôme Meilland et il voit une vraie plus-value à pouvoir appliquer les outils transmis au sein de son entité. «Des formateurs de qualité, des cours en totale adéquation avec mes besoins. Et surtout la formation offre la possibilité de travailler pour mon organisation. Je recommande ce CAS à tous les officiers de police. C’est un investissement personnel et professionnel très gratifiant». Petit bonus, Jérôme Meilland a pu profiter des outils de gestion du temps pour concilier sa formation et son activité professionnelle.

> Informations et inscriptions (jusqu’au 1er juillet)

> Lire un article de présentation du CAS en management en gestion du changement sur le site du CEP

Déjà quatre ans de pratique au CHUV

Le CHUV, qui compte 1200 cadres dans ses rangs, a mis en place deux formations internes pour ces derniers début 2015. Obligatoires pour les médecins qui ont la responsabilité d’une équipe, elles peuvent être suivies par les autres professionnels de l’hôpital. La première offre des outils de base en management en dix jours sur six mois. La seconde, un microMBA, s’adresse aux cadres supérieurs. En 17 jours sur un an, elle donne des concepts et outils pour innover et accompagner le changement. Elle se conclut par l’élaboration, en groupe, d’un projet innovant pour la vie de l’institution. Dernier exemple en date, l’introduction d’une vaisselle réutilisable pour les plats à emporter dans les cafétérias du personnel (lire l’article plus bas).

Depuis 2015, 225 cadres ont suivi le cours de base, 183 le microMBA. Les retours sont positifs. Pour faire face aux demandes, la formation de base est passée de deux à cinq volées par an en 2018. «Les participants comprennent davantage ce qui est attendu d’eux en tant que cadres, explique Murielle Udry, directrice adjointe des ressources humaines du CHUV. Ils développent un réseau de solidarité et d’échange de pratiques en interne.» Côté microMBA, un réseau d’alumni a été créé en 2019. «Ce cursus permet de développer une culture managériale commune, axée sur le leadership bienveillant. Il développe un plus grand sentiment d’appartenance et d’adhésion au CHUV, en décloisonnant les métiers et les services, constate la responsable RH. Le travail de fin de cursus favorise l’émergence de solutions venant du terrain.»

> Contact: dev.drh@chuv.ch

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Actualités

Les bulletins de salaire ne seront plus imprimés dès avril

En phase avec la stratégie numérique portée par le Conseil d’État, il est devenu indispensable d’intégrer les nouveaux modes d’interaction entre l’État et ses collaborateurs et collaboratrices. Dans cet esprit, et après avoir ouvert la fonctionnalité de visualisation et d’impression des bulletins de salaire, l’envoi physique de ces derniers sera supprimé dès ce mois d’avril 2019.

On accède au libre-service RH via le portail IAM. L'accès depuis l'intranet est direct. Sur vd.ch, il faut indiquer un numéro de téléphone portable pour s'authentifier – (fa/bic).

Cela signifie que la version papier du bulletin de salaire, envoyée en cas de changement, n’existera plus pour les personnes ayant un accès informatique au libre-service RH.

Concrètement, l’accès au libre-service bloquera l’impression papier des bulletins et seule l’édition en ligne sera possible, avec l’avantage d’avoir chaque mois une version à jour de son bulletin de salaire. Ce changement concerne tant les bulletins de salaire envoyés au domicile, que ceux envoyés directement aux services pour les collaboratrices et collaborateurs domiciliés à l’étranger.

L’accès au libre-service RH peut se faire depuis sa place de travail à partir de l’intranet de l’État ou via le site internet www.vd.ch avec une authentification forte (un numéro de téléphone portable est demandé). Un guide pour se connecter à IAM est à disposition ci-dessous. Et le Helpdesk est à disposition. (spev)

> Télécharger le guide pour ce connecter au portail IAM (PDF)

> En cas de problème de connexion ou d’accès au libre-service, il est possible de s'adresser au Helpdesk de la Direction des systèmes d'information: 021 316 26 60

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Musée cantonal des Beaux-Arts: le compte à rebours est lancé

Vendredi 5 avril, après 31 mois de travaux, a eu lieu la cérémonie de remise des clés du nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts sur le site de Plateforme 10, près de la gare de Lausanne. Environ 21'000 visiteuses et visiteurs ont pu découvrir ce nouveau bâtiment lors d'un week-end portes ouvertes. Retour en images sur l'événement.

L'équipe du musée aura dispose maintenant de 183 jours pour déménager les 10'000 œuvres des sa collection et monter sa première exposition, qui sera consacrée aux donations et dépôts entrés dans les collections en soutien à ce projet. À découvrir dès le 5 octobre 2019.

Dans deux ans, ce sera au tour du Musée de l'Élysée et du mudac de s'installer dans le second bâtiment qui accueillera leurs collections sur le site de Plateforme 10.

> mcba.ch

La façade nord du nouveau musée – (M. Gafsou).

Galerie d'images

Le musée, côté gare / cliquez sur la photo pour découvrir plus d'images – (M. Gafsou).

> Découvrir plus d'images

En chiffres

31 mois de travaux

84 millions de francs

145 m de long

20 m de large

22 m de hauteur, et 6 m enterrés

12'500 m2 de surface de plancher

3220 m2 de surfaces d'exposition

VIDÉO: le MCBA sort de terre en deux minutes

> Voir la vidéo

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Dans les coulisses de Plateforme 10: façonner le dess(e)in du Canton

Travailleur acharné, le directeur général des immeubles et du patrimoine de l’État de Vaud détaille son parcours, son rôle au sein de l’État et le projet de construction du Musée cantonal des Beaux-Arts, qui touche à sa fin. Un projet qu’il a maîtrisé depuis le début et ce jusqu’à la cérémonie de remise des clés du bâtiment, qui a eu lieu vendredi 5 avril.

L’équipe de la DGIP pour le projet Plateforme 10 (de g. à dr): Frédéric Abbet, responsable domaine et réalisation; David Milione, chef de projet pour le Musée de l’Élysée et le mudac; Claude Peguiron, responsable unité foncière; Laurent Amez-Droz, directeur immobilier et foncier; Emmanuel Ventura, architecte cantonal; Philippe Pont, directeur général; Nicolas Fröhlich, chef de projet pour le MCBA; Olivier Michel, responsable unité exploitation – (J.-B. Sieber/ARC).

Son travail? «Bien plus qu'une passion.» Philippe Pont, directeur général des immeubles et du patrimoine de l'État de Vaud (DGIP), nous reçoit aux aurores, dans son bureau surplombant la place de la Riponne, avec une vue impressionnante sur tout Lausanne. «J'ai toujours été passionné d'architecture.»

Après une formation d'architecte à Fribourg, dont ils sort diplômé en 1980, il travaille dans le privé et s'implique dans des concours d'architecture pendant plusieurs années. Il conduira les constructions PTT en Suisse romande durant 15 ans puis devient, en 2000, chef du Service des immeubles et du patrimoine. C'est-à-dire, pour le commun des mortels, qu'il assure avec l'aide de son équipe la bonne réalisation des projets commandés par le Conseil d'État dans les délais et budgets impartis. Une profession qui le fait travailler «de 7h à 19h, au minimum», et qu'il adore.

200 millions pour un projet phare

Dans le cahier des charges de l'équipe qu'il dirige (environ 500 personnes, dont une cinquantaine pour la Direction architecture et ingénierie, sous la responsabilité de l'architecte cantonal), on recense actuellement 90 projets. Dont Plateforme 10, «le plus attendu, avec un budget conséquent, puisque celui du Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA) s'élève à près de 90 millions, et le total à 200 millions.»

À partir du moment où le Conseil d'État évoque un projet dont il aurait besoin, Philippe Pont est présent dans le processus de développement de celui-ci, «du choix du site à la mise en place d'une structure humaine, en passant par l'établissement du cahier des charges pour pouvoir lancer un concours d'architecture international, comme pour Plateforme 10».

Son équipe travaille à l'estimation d'un budget, qu'il soumet à la décision du Conseil d'État, puis l'impose dans le cahier des charges du concours d'architecture. Les lauréats devront s'y tenir. Durant tout le processus, la finance est en filigrane des opérations. Tous les quinze jours, pour la construction du MCBA, des séances de conduite ont lieu: «Si des souhaits ou des besoins s'ajoutent d'un côté, on doit trouver des économies dans une autre partie du projet, comme le gros œuvre, par exemple.»

À la suite d'un concours international, le bureau d'architecture Barozzi/Veiga, de Barcelone, a été lauréat pour réaliser le MCBA, associé à un bureau lausannois, FHV. Philippe Pont n'est pas inquiet de l'inauguration prochaine: «Les délais et les budgets ont été tenus, ce dont je suis très fier. J'ai de la chance de pouvoir m'appuyer sur des équipes soudées, chez les mandataires comme chez mes collaborateurs.»

«C'est un bâtiment exceptionnel, il est limpide»

Mais pour un projet si attendu, existe-t-il des tensions? L'architecte cantonal Emmanuel Ventura assure qu'il y en a naturellement, «parfois». Pilote du projet, il fait le lien entre les souhaits des mandataires et les besoins des utilisateurs: «Il faut savoir associer les idées des architectes mandataires et les besoins des utilisateurs et, si nécessaire, trancher.»

Quant à la dimension architecturale du projet, elle émerveille Philippe Pont, qui a même fait partie du jury du concours d'architecture du MCBA, remporté à l'unanimité par le bureau catalan. «C'est un bâtiment exceptionnel, tant au niveau architectural qu'en termes de simplicité. Il est limpide, le cheminement interne est clair.»

Une fois que le bâtiment sera remis à l'équipe du MCBA, Philippe Pont n'aura pas forcément le temps de souffler. «Dans ma tête, je suis déjà dans le futur. Mes yeux sont rivés sur le deuxième projet, le bâtiment du Musée de l'Élysée et du mudac.» Il s'agit du projet «Un musée, deux musées» du bureau portugais Aires Mateus, associé au bureau genevois Charles Pictet Architectes. Son inauguration est prévue à l'automne 2021. Philippe Pont est confiant. (E. Fournier-Lorentz)

> Article paru dans le journal Plateforme 10 (avril 2019/PDF)

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VIDÉO: les jeunes investissent le Parlement

Les 30 et 31 mars 2019, s’est tenue la troisième édition de la Session cantonale des jeunes. Venus de tout le canton, les participantes et participants ont débattu des propositions politiques de leurs pairs. Les cinq thématiques choisies étaient le réchauffement climatique, le sport, le gaspillage alimentaire, l’égalité des chances et l’éducation numérique.

La Session cantonale des jeunes

La Session cantonale des jeunes est un exercice grandeur nature du processus législatif. Elle offre à tous les jeunes Vaudois et Vaudoises motivés âgés de 14 à 20 ans l’opportunité d’expérimenter le travail des députés sur un week-end.

Inspirée de la Session fédérale des jeunes, la Session cantonale des jeunes a été mise sur pied en 2015 par la Commission de jeunes du Canton de Vaud, le délégué cantonal à l’enfance et à la jeunesse, Frédéric Cerchia, et la Chambre consultative de la jeunesse. Elle se déroule tous les deux ans et permet à une centaine de jeunes de formuler des solutions aux enjeux politiques d’actualité et d’en débattre. Les propositions retenues sont remises au Grand Conseil.

> www.cdj-vaud.ch/session-des-jeunes

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Le trafic de l’agglomération Lausanne-Morges à l’aube d’une révolution numérique

Un projet de gestion coordonnée du trafic de l’agglomération Lausanne-Morges est en préparation depuis plus de dix ans. Le système sera en service mi-2021 et promet un changement de paradigme majeur pour la circulation de demain.

«Le propre de cette future gestion est d’essayer, à l’aide d’équipements électromécaniques, de créer une intelligence collective en fédérant toutes les installations, de sorte qu’elles puissent communiquer et se coordonner.» C’est en ces termes qui sonnent presque futuristes que Laurent Tribolet, chef de la division entretien à la Direction générale de la mobilité et des routes du Canton de Vaud, décrit le projet qui englobe pas moins de 26 communes, six corps de police et deux entreprises de transport public.

Connu sous le nom de gestion coordonnée du trafic de l’agglomération Lausanne-Morges (GCTA), le projet entend établir une gestion de trafic collaborative parmi tous les partenaires, propriétaires des infrastructures, afin de gagner en efficacité. «Souvent ce qui arrive dans une région, c’est qu’une juridiction engorgée va reporter le trafic sur d’autres», explique Dominique Santschy, qui dirige les opérations de trafic actuelles à la Police cantonale. Ce nouveau mode opératoire intervient dans un contexte de croissance démographique et de pression engendrée sur les infrastructures de transport.

Coordonner pour mieux informer

Bien que la signature des deux conventions scellant la collaboration entre les partenaires du projet ait eu lieu en début d’année, la GCTA se construit depuis une décennie déjà. En 2008, lorsque la Confédération avait repris la propriété des routes nationales et des autoroutes, l’Office fédéral des routes proposait en échange à cinq agglomérations de reprendre la gestion du trafic de proximité. Proposition à laquelle le Conseil d’État vaudois avait répondu favorablement en 2009, avec l’allocation d’un premier crédit d’étude. Genève et Zurich ont depuis également lancé leur propre projet, alors que Bâle et Berne ont préféré décliner.

Cette nouvelle gestion sera pilotée par les opérateurs de trafic de la Police cantonale et hébergée dans le nouveau centre de l’ECA à la Blécherette. Elle aura vocation à mettre en place des plans de gestion préétablis de la mobilité, près de 120 pour l’agglomération. «On va développer un scénario de gestion pour chaque situation récurrente, ainsi que l’information qui sera communiquée», précise Laurent Tribolet. L’information sera diffusée principalement au moyen de deux instruments: des panneaux à messages variables, semblables à ceux que l’on trouve déjà sur les autoroutes, et une application mobile à travers laquelle des notifications seront notamment envoyées. Les situations comprendront aussi bien les accidents ponctuels que les grandes manifestations.

Le but? Délivrer une information utile le plus rapidement possible pour permettre à l’usager, qu’il soit automobiliste ou passager des transports publics, de planifier son déplacement et gagner du temps. «L’information est le cœur du dispositif. Cela permettra aux gens de prendre les bonnes décisions et amènera une souplesse dans le trafic», affirme Dominique Santschy.

«Garder en mains publiques la politique de mobilité»

En guidant les usagers sur les axes principaux, cette gestion favorise tout d’abord une certaine tranquillité dans les zones résidentielles. Elle permettra également une plus grande fiabilité des équipements, grâce notamment à la remontée automatique d’éventuelles défaillances des feux de circulation. «Il faudra doter tous les grands carrefours d’une intelligence artificielle. Cela va prendre beaucoup de temps, mais permettra d’améliorer les choses», spécifie Dominique Santschy. Les transports publics n’étant pas en reste, ils auront dans une large mesure la priorité aux intersections pour améliorer la vitesse commerciale et les rendre plus attractifs.

Un autre aspect qui différenciera le nouveau dispositif des GPS et autres planificateurs existants est son caractère public. Le partenariat issu de la GCTA est composé d’entités publiques et prend en considération les besoins de la collectivité. «C’est la force de notre projet. On veut garder en mains publiques cette maîtrise des flux de circulation», soutient Laurent Tribolet.

Le futur, c’est maintenant

Les nouvelles technologies joueront un rôle déterminant. Le monde du numérique étant en constante progression, pour Laurent Tribolet «l’idée est d’utiliser cette nouvelle technologie au gré de son arrivée, d’où l’importance d’être attentif à n’en pas faire un système rigide et fermé». De quoi s’inquiéter pour notre sphère privée? Selon Laurent Tribolet toujours, nul besoin de se tracasser. «Il y a une traçabilité de toutes les opérations. Le cahier des charges sera extrêmement exigeant par rapport à la protection des données.» Quoi qu’il en soit, la mobilité dans l’agglomération connaîtra néanmoins de grands chamboulements ces prochaines années, avec pour centre de gravité la révolution numérique. (om)

La gestion coordonnée vise à mieux réguler le trafic des grands axes – (J.-B. Sieber/ARC).

La mobilité 4.0 au cœur de la stratégie numérique de l'État

En novembre 2018, le Conseil d’État dévoilait sa stratégie destinée à accompagner la transition numérique du canton, ancrée autour de cinq thématiques:

  • politique de la donnée;
  • infrastructures et sécurité;
  • accompagnement des personnes;
  • accompagnement des entités économiques et des partenaires;
  • gouvernance.

L’objectif est de positionner le canton de Vaud comme un «territoire de la donnée», propice à l’innovation, tout en veillant à prévenir et à réduire les risques de fracture numérique et d’exclusion sociale.

Le secteur des transports, inclus dans le volet «infrastructures et mobilité», se caractérise par un foisonnement de nouvelles formes de mobilité, d’acteurs et d’outils numériques qui permettent des améliorations conséquentes en termes de fluidité et de flexibilité.

En mars dernier, l’État a convié tous les intéressés à échanger à ce sujet lors d’une conférence baptisée «Mobilité de demain: prochaine station, le numérique», réunissant plus de 500 participants. Ce type de rencontre sera réédité en 2020.

> La stratégie numérique du Conseil d’État (PDF)

> vd.ch/mobilite-numerique

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Reportage

À la rencontre d’une procureure

On connaît le nom de leur fonction, pas toujours leur mission. Les procureurs sont présents du début à la fin de la procédure pénale: ils conduisent les enquêtes et plaident devant le tribunal, où ils représentent l’accusation. Rencontre bien remplie et ponctuée d’imprévus – à l’image de son quotidien – avec Joëlle Racine, procureure au Ministère public de l’arrondissement de Lausanne depuis 2013.

Joëlle Racine, procureure, dans le Tribunal de Montbenon. L'épitoge rouge est un signe distinctif de la fonction – (fa/bic).

«Tu verras, on fait de la médecine de guerre!», lui avait dit un collègue à ses débuts. Il avait filé la métaphore: le Tribunal fédéral fait de la chirurgie plastique; la chirurgie courante revient au Tribunal cantonal. Quand Joëlle Racine raconte sa profession, on le comprend vite: les procureurs sont pour ainsi dire au front. Ils traitent le «tout-venant», comme elle dit. C’est à eux que s’adresse la police en cas d’ivresse au volant, de violences domestiques (qui relèvent systématiquement de la compétence d’un procureur dans le canton de Vaud), de cambriolages, d’escroqueries ou d’exhibitionnisme par exemple. Tantôt un «crêpage de chignon» entre voisins, tantôt un crime passible de plusieurs années de prison, résume la procureure pour donner la mesure du grand écart auquel ces magistrats se livrent régulièrement.

Savoir trancher dans l’urgence

Dans son bureau du ministère public, voisin de l’hôtel de police à Lausanne, son sourire rayonne quand elle explique avec clarté ce métier qu’elle aime. «Une des difficultés de la profession, c’est qu’il faut prendre des décisions compliquées, avec parfois peu d’éléments et en peu de temps», souligne la procureure.

Durant leurs gardes les week-ends et les jours fériés (pour tout le canton) et en semaine (pour leur arrondissement), les procureurs sont joignables de jour comme de nuit et les appels peuvent être nombreux. C’est parfois pour des «petites» choses. Pour effectuer une prise de sang à un conducteur, la police doit par exemple obtenir l’autorisation d’un procureur par téléphone. «On peut être dérangé six ou sept fois durant la nuit», explique la magistrate, et le lendemain, il faut être d’attaque. Un jour de garde, elle peut avoir à traiter dix affaires en parallèle, qui n’ont rien à voir les unes avec les autres. «Tout à coup, le téléphone peut sonner pour un brigandage. L’auteur a fui. Il faut le retrouver, si possible avec le butin. On ne connaît pas l’affaire, mais il faut décider de mesures, par téléphone, tout de suite». Parfois, avec plus de temps et en connaissant plus d’éléments de l’affaire, les décisions auraient été différentes, explique la procureure. Mais ce sont les règles du jeu.

Ces choix ne sont pas anodins. Ils peuvent avoir un impact sur la vie des victimes, des prévenus, quelquefois même sur la société. «Il faut faire ce qu’on estime le plus adéquat pour limiter les risques, réels ou pas. Nos moyens ne sont pas illimités. On doit agir conformément au droit», rappelle la magistrate. Demander à ce qu’une personne soit placée en détention provisoire est l’ ultima ratio, c’est-à-dire la dernière mesure à prendre. «On ne peut pas la requérir pour n’importe quoi», souligne Joëlle Racine. La décision ne peut être prise que s’il y a un risque de fuite, de récidive, de collusion (c’est-à-dire le parasitage de l’enquête) ou de passage à l’acte.

La majorité des affaires sont loin d’être simples. Que faire pour un cas de plainte pour viol sans trace de violence et sans témoin? De menaces proférées entre un mari et sa femme, chez eux? «Il faut aller au plus près de sa conscience et de ce que dictent les faits. Quand, après une analyse complète et rigoureuse des éléments à disposition, le doute subsiste, le prévenu doit être acquitté, explique Joëlle Racine. L’expérience vient beaucoup sur le tas, et en discutant avec les collègues.»

Deux casquettes…

Les procureurs sont des magistrats pivots. «Nous sommes les seuls à être présents tout au long de la procédure pénale», souligne Joëlle Racine. En effet, depuis 2011 et la réforme du Code fédéral de procédure pénale, les procureurs instruisent l’enquête et rédigent l’acte d’accusation (c’était avant la mission des juges d’instruction), puis ils vont plaider au tribunal. L’accusation a ainsi été renforcée. Les procureurs ont une très bonne connaissance des dossiers qu’ils suivent de bout en bout, y compris en deuxième instance s’il est fait appel de la décision de justice. «J’aime cette double casquette», souligne Joëlle Racine. Il faut toutefois veiller à ne pas se laisser aveugler par une conviction personnelle, mais instruire à charge et à décharge lors de l’enquête. En contrepartie, la défense a été renforcée par la présence d’un «avocat de la première heure», dès le premier interrogatoire.

L’un des avantages du métier, pour Joëlle Racine, c’est la variété. Ses journées sont passées parfois devant l’écran, parfois elles sont plus animées, voire «chaotiques». Environ 65% des affaires traitées par le Ministère public se règlent avec une «ordonnance pénale», c’est-à-dire des sanctions allant jusqu’à six mois de prison que les procureurs peuvent prescrire seuls. Cette simplification administrative est une conséquence de la réforme de 2011. Pour des peines plus importantes, l’acte d’accusation rédigé par le procureur, avec une proposition de sanction, part au tribunal où l’affaire sera jugée.

… et une épitoge

«L’audience est un moment clé de la procédure. C’est au tribunal qu’est évalué tout le travail accompli en amont, durant l’enquête.», résume Joëlle Racine dans le couloir du Tribunal d’arrondissement de Lausanne à Montbenon. Elle a revêtu sa robe noire, avec sur l’épaule gauche son épitoge rouge (symbole, dit-on, du droit que les procureurs avaient de requérir la peine de mort. Plus probablement, il s'agit de la couleur de la magistrature, à laquelle le procureur appartient, au contraire de l'avocat).

La procureure, qui est aussi maman et travaille à 80%, plaide une quinzaine de fois par année. Ce jour-là, l’affaire devait être vite réglée: un «petit» cas d’infraction à la loi sur les stupéfiants, de violence et de détention d’armes. Mais on n’est jamais à l’abri d’une surprise! Le procès s’éternise dans la salle d’audience qui en impose, avec son haut plafond, ses boiseries et sa tapisserie turquoise. Le juge a souhaité faire le point à fond sur la situation personnelle du prévenu, un jeune qui regrette ses actes et semble s’être rangé. «Le procès peut évoquer une pièce de théâtre, avec des acteurs dans leur rôle et un décorum susceptible d’impressionner les justiciables», image Joëlle Racine.

«Pour mon réquisitoire, je prépare un canevas que je laisse ouvert à l’imprévu», explique la procureure. Un prévenu qui niait peut passer aux aveux pendant le procès; on peut apprendre qu’une personne a récidivé en cours d’enquête. L’attitude de la personne lors du procès compte beaucoup. «J’aime plaider. Il y a de l’adrénaline dans ce moment où il faut dire tout ce qu’on a à dire», raconte la procureure. Ce jour-là, le «dispositif», c’est-à-dire la sanction, s’est certes fait attendre, mais convient à tous les parties: de la prison avec sursis. Ce sera une opportunité pour le jeune de faire ses preuves et de se relancer. Il n’y aura probablement pas de recours. «Le tribunal, les avocats et les procureurs travaillent tous pour un but commun; que justice soit rendue», souligne Joëlle Racine. La nuit tombe quand la procureure quitte Montbenon.

Un métier passionnant, mais difficile

«C’est un métier très prenant: passionnant, mais difficile. Les rôles multiples des procureurs font d’eux l’objet de nombreuses attaques. Comment y réagir est une question délicate. Ne rien tolérer est exclu, tout supporter n’est pas envisageable non plus. La profession gagnerait à être connue pour créer des vocations qui durent chez les jeunes», résume Joëlle Racine. À quoi pense un procureur en fin de journée? «On est fatiguée. J’ai en tête mes 140 affaires en cours et le courrier du jour que je n’ai pas traité», glisse la procureure en pointant une pile de dossiers sur le rebord de la fenêtre, toujours avec le sourire. (mm)

> Dernier article de la rubrique: à la rencontre d'une psychologue en milieu scolaire (mars 2019)

En audition: «on entre dans la vie des familles»

Avec sa greffière, dans une salle d'audition du Ministère public de Lausanne – (fa/bic).

Parmi ses tâches, la procureure auditionne quatre à cinq fois par semaine des victimes, des prévenus et des témoins. Ce jeudi, c’est une affaire de violence domestique. La salle est sobre, les murs sont blancs, une boîte de mouchoirs est posée sur la table. Le mari a menacé de tuer sa femme et son beau-frère; il a admis les faits devant la police. L’épouse sera entendue seule, puis, si elle l’accepte, elle sera confrontée à son époux, qui a été expulsé de l’appartement familial.

«Le but est de clarifier les faits et de voir comment le prévenu se détermine», explique la procureure. Elle mène l’échange avec un ton ferme. Chaque mot compte. Une insulte ou une menace peuvent être punissables ou ne pas avoir de caractère pénal. L’écoute est une qualité importante: «il faut laisser les gens parler, leur laisser de la place», explique Joëlle Racine, qui, avant ses études de droit, a fait une formation d’assistante sociale. Les questions relèvent de l’intime: «on entre dans la vie des familles!», souligne encore la procureure. Elle répète, au besoin reformule tout ce qui est dit et sa greffière le retranscrit. Il faut être rapide et précis.

Lors de la confrontation, le ton est monté et le mari a menacé de se suicider. Joëlle Racine a dû appeler une patrouille de police et négocier avec le prévenu pour qu’il accepte d’être vu par un médecin. Il a encore fallu improviser et faire diversion 20 minutes en attendant son transfert au CHUV, pour qu’il ne change pas d’avis. Elle n’aura pas de nouvelles, à cause du secret médical.

«Dans ces cas, il ne faut pas désamorcer le processus, beaucoup laisser parler, créer un lien avec le prévenu et se faire une opinion du risque pour lui et sa famille.» En parallèle, il faut canaliser la parole des personnes et synthétiser ce qui a été dit pour en garder une trace dans le PV, qui doit aussi rendre le ton de l’échange. Dans le cas présent, «il n’y a pas de mesure satisfaisante à ce stade», analyse la procureure. Même si la situation est difficile, les faits ne justifient pas une mise en détention.

Bio express

1980: naissance

2004: diplôme d’assistante sociale

2010: master en droit à Neuchâtel; elle croche dans le droit pénal

2012: brevet d’avocate

Janvier 2013: greffière au Ministère public de Lausanne

Octobre 2013: devient procureure

Le Ministère public vaudois en chiffres

Au tribunal, chacun a sa place. Les deux juges assesseurs, le président et le greffier écoutent le réquisitoire de la procureure , installée à leur gauche – (fa/bic).

52 procureurs, dont 23 procureures, et 1 procureur général travaillent au sein du Ministère public vaudois

1 Ministère public central ( 1 procureur général et 14 procureurs)

4 Ministères publics d’arrondissement: Est vaudois (7 procureurs), Nord vaudois (6 procureurs), La Côte (6 procureurs), Lausanne (19 procureurs)

1 section STRADA (une unité spéciale contre le trafic de stupéfiants et les vols et brigandages)

24'318 enquêtes ont été closes en 2017 et 7'347 étaient en cours au 31 décembre 2017

En moyenne, un procureur d'arrondissement a reçu 408 nouvelles affaires en 2017 et en a clos 407. En moyenne, il avait 162 enquêtes en cours au 1er janvier 2017.

789 audiences ont nécessité l’intervention au tribunal d’un procureur en 2017

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AUDIO Arrêt sur image: dans les archives du Comptoir #2

Le Comptoir suisse aurait eu 100 ans cette année. Entre 2012 et 2018, les Archives cantonales vaudoises ont récupéré 82,6 mètres linéaires de documents variés. Cette série vous propose une plongée sonore dans des images sélectionnées et racontées par des spécialistes. Pour l'épisode #2, Acacio Calisto vous raconte une photographie officielle... et son envers.

Cliquez sur l'image et écoutez Acacio Calisto, archiviste, vous la raconter – (PP 966 Coopérative du Comptoir suisse/ACV).

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Ces collègues passionnés qui feront vivre le spectacle de la Fête des vignerons

Moment phare de la Fête des vignerons de cet été, son spectacle comptera quelque 6000 figurants et 2000 volontaires. Parmi eux, des collaboratrices et collaborateurs de l’État de Vaud se préparent à y participer avec enthousiasme.

Chef de service adjoint au Service des affaires culturelles, Nicolas Gyger entraîne sa voix et ses partitions depuis l’automne dernier déjà. Membre de l’Union chorale de La Tour-de-Peilz, cet amateur de chant fera partie du Chœur de la Fête. Pour lui, la Fête des vignerons n’a rien d’anodin. «Quand on est de la Riviera, cette fête est quelque chose qui prend une signification et une importance assez étonnante, affirme-t-il. Je l’ai connue avec un regard d’adolescent, avec beaucoup d’émerveillement parce que c’était une fête très colorée, très joyeuse et je me rappelle qu’à l’époque ça m’avait complètement électrisé.» Bien que ce soit la troisième fois qu’il s’y rendra, sa participation en tant que figurant est une grande première.

Vanessa Dubois, enseignante de soutien pédagogique spécialisé (SPS) surdité, et Csilla Vittoz, secrétaire de direction au Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes, y prendront part également pour la première fois, toutes deux en tant qu’actrice-figurantes. Vanessa Dubois, qui s’était déjà posé la question d’y participer il y a 20 ans, ne voulait pas rater à nouveau cette opportunité. «Ma participation tient du regret de ne pas y avoir participé la première fois», précise-t-elle.

Un évènement rassembleur

Csilla Vittoz, qui y participera avec ses deux filles de onze ans, voulait un projet qui puisse leur faire découvrir de nouvelles choses. «Je me dis que participer à un évènement de ce genre quand on est jeune, ça doit être génial, confie-t-elle. Cette démarche-là était plus pour mes filles. Mais comme j’ai travaillé huit ans à organiser des spectacles, je me réjouis d’en vivre un de l’intérieur sans avoir le stress de l’organisation.»

Au-delà du spectacle lui-même, c’est toute sa préparation au travers des répétitions qui rend l’expérience unique. Les rencontres que l’on y fait amplifient la particularité de l’évènement. «Cet engagement crée une sorte de fraternité, soutient Nicolas Gyger. Chanter ensemble engendre des liens d’amitié et une forme de communion autour d’un projet rassembleur.» Un avis que partage Csilla Vittoz. «Les liens commencent à se tisser de plus en plus, notamment chez les enfants. Une amie qui y participe pour la troisième fois m’a dit qu’il arrive que les gens continuent de se côtoyer après la Fête, et je trouve ça vraiment très sympa.»

Fête de tradition et d’émotions

À quelques mois de l’évènement, les futurs figurants sont déjà gagnés par l’effervescence de la Fête des vignerons. La tradition véhiculée par cette fête y contribue grandement. «Quelque part, cette fête est le reflet du canton, on est à la fois dans la tradition et l’innovation. La Fête des vignerons transporte toutes ces valeurs, de l’attachement à nos terres, à notre capacité à nous mobiliser, à porter des projets et à voir plus loin», estime Nicolas Gyger. Vanessa Dubois renchérit: «J’aime le concept de tradition et je trouve vraiment joli que cette tradition si ancienne se perpétue depuis toutes ces générations. C’est un réel plaisir de participer à un évènement si important dans notre région, à quelque chose qui va marquer toute une génération!»

Pour Nicolas Gyger, participer à cette fête institue un sentiment de fierté «parce que ça a un lien avec mes racines. À Vevey, je me sens chez moi, et c’est aussi grâce à cette fête hyper mobilisatrice. Fête que l’on peut observer avec un regard critique, bien-sûr. Mais si on ne fait pas ça, on ne fait plus rien. Alors soyons fous, et vivons-la à fond!» (om)

Recherche collègues passionnées et passionnés

Vous êtes collaboratrice ou collaborateur de l’État de Vaud (dans l’administration, au CHUV, à l’UNIL, dans un établissement scolaire, une Haute École ou dans la Police) et avez une passion sportive ou artistique ou un engagement auquel vous consacrez une grande partie de votre temps libre? Faites-le nous savoir par courriel à l’adresse info.gazette@vd.ch (mention «collègue passionné»). Nous en parlerons peut-être dans un prochain numéro.

> Dernier portrait paru: un champion d'haltérophilie à l'UNIL (mars 2019)

Nicolas Gyger, Vanessa Dubois et sa fille devant l'arène en construction à Vevey – (J.-B. Sieber/ARC).

Concilier vie professionnelle et participation

Participer à la Fête des vignerons est un engagement de taille. La préparation très en amont est rythmée de répétitions hebdomadaires. Et les nombreuses représentations du spectacle durant les trois semaines et demi que dure la manifestation demandent une mobilisation conséquente. Comment les figurants concilient-ils leur vie professionnelle avec cet engagement? «Si le temps investi pour les répétitions est important, par chance il ne déborde pas sur le temps de travail», assure Nicolas Gyger.

Le spectacle de la Fête, qui comptera des représentations en semaine et durant la journée, nécessite toutefois quelques aménagements. «J’ai pris cinq semaines de vacances cet été: quatre semaines pour la Fête et une semaine pour me reposer après», explique Nicolas Gyger. Prendre congé pendant la Fête est la solution qu’a également privilégiée Csilla Vittoz. «Cet été je vais faire des vacances "Fête des Vignerons"», s’amuse-t-elle. Quant à Vanessa Dubois, son métier d’enseignante a joué en faveur de sa participation. «Je me suis inscrite aussi parce que ma fonction professionnelle me le permet assez facilement, relève-t-elle. Mais ce sera sans aucun doute un été un peu particulier.»

La Fête des vignerons

L'affiche de la Fête des vignerons 2019.

Évènement plusieurs fois centenaire, la première Fête des vignerons a lieu en 1797. Elle tire ses origines des parades de la Confrérie des vignerons qui débutèrent au 17e siècle.

La Fête des vignerons célèbre le monde viticole de la Riviera vaudoise et ses traditions. Elle est organisée une fois par génération sur la célèbre place du Marché à Vevey, au cœur du vignoble de Lavaux. Le grand spectacle qui la caractérise raconte une année dans la vie de la vigne et est interprété par de nombreux figurants bénévoles. En 2016, la Fête est entrée au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, sur décision de l’Unesco.

Cette année, la Fête des vignerons aura lieu du 18 juillet au 11 août. Grande nouveauté, chaque canton sera à tour de rôle à l’honneur durant toute une journée. L’arène, montée pour l’occasion et où se déroulera le spectacle mis en scène par Daniele Finzi Pasca, pourra accueillir jusqu’à 20'000 personnes.

> www.fetedesvignerons.ch

Brèves

Nouvelle directrice pour les Archives

Delphine Friedmann – (J.-B. Sieber/ARC).

Delphine Friedmann prendra la tête des Archives cantonales vaudoises dès le 1er juillet. Elle succède à Gilbert Coutaz, qui part à la retraite.

La nouvelle directrice est actuellement responsable des Archives intercommunales de Prilly, Écublens et Jouxtens-Mézery. Licenciée ès lettres, elle oriente rapidement sa carrière dans le domaine de l'archivistique. Elle s'engage par ailleurs activement au sein de l'Association des archivistes suisses et de l'Association vaudoise des archivistes. Delphine Friedmann poursuivra la mise en œuvre de la gouvernance documentaire voulue par les autorités, si importante à l'ère de la dématérialisation.

> Lire la décision du Conseil d'État

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Réorganisation de la chancellerie d'État

Laurent Koutaïssoff – (J.-B. Sieber/ARC).

Le Conseil d’État a procédé à une réorganisation des missions stratégiques de la chancellerie d’État et créé un deuxième poste de vice-chancelier. Laurent Koutaïssoff, actuel chef du Bureau d'information et de communication (BIC), l'occupera.

Sandra Nicollier, actuelle vice-chancelière, dirigera la division planification stratégique du Conseil d’État, avec la responsabilité de l’organisation des séances, de la planification des dossiers et des engagements du gouvernement. Laurent Koutaïssoff est nommé vice-chancelier responsable de la division communication stratégique et opérationnelle du Conseil d'État. Il garde la direction du BIC.

> Lire la décision du Conseil d'État

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Préposée à la protection des données désignée

Cécile Kerboas – (J.-B. Sieber/ARC).

Cécile Kerboas est la nouvelle responsable du Bureau de la protection des données et de l'information. Elle est confirmée dans des tâches qu'elle assume déjà ad interim.

Cécile Kerboas sera étroitement associée à la mise en œuvre de la stratégie numérique du Conseil d’État et de la politique de la donnée. Elle poursuivra les importants travaux d’adaptation de la législation vaudoise aux changements que connaissent le droit fédéral et le droit européen. Éric Golaz, actuel conseiller juridique à la chancellerie d'État, rejoint le Bureau de la protection des données et de l’information, où il assumera notamment, par délégation, la charge de préposé à la loi sur l’information.

> Lire la décision du Conseil d'État

> vd.ch/ppdi

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François Vodoz devient secrétaire général

François Vodoz en 2015 – (J.-B. Sieber/ARC).

Actuel chef du Service de l'emploi, François Vodoz est entré en fonction comme secrétaire général du Département de l'économie, de l'innovation et du sport le 1er avril.

Françoise Favre, son adjointe, assume la direction du Service de l'emploi (SDE). À la demande de François Vodoz, la désignation est intérimaire jusqu'à la fin de l'année. Si le bilan est positif, il sera nommé de façon définitive. À la tête du SDE depuis octobre 2015, le nouveau secrétaire général connaît bien l'administration cantonale, pour laquelle il travaille depuis plus de 24 ans. il est titulaire d'une licence ès lettres, qu'il a complétée par plusieurs formations administratives spécifiques.

> Lire le communiqué

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Organisation du Conseil d'État: répartition des départements

Le Conseil d'État dans sa nouvelle composition. Rebecca Ruiz (à dr.) reprendra la direction du Département de la santé et de l'action sociale – (J.-B. Sieber/ARC).

Les membres du Conseil d'État en fonction et Rebecca Ruiz, conseillère d'État élue, ont procédé à la répartition des départements. Il n'y a pas de changement d’attribution ni de modification dans la composition des départements.

Rebecca Ruiz reprendra le Département la santé et de l’action sociale (DSAS). Le Conseil d'État siégera dans cette composition, sous la présidence de Nuria Gorrite, dès l'assermentation de Rebecca Ruiz devant le Grand Conseil, en principe le 7 mai 2019. Rebecca Ruiz siégera au Conseil d’État pour la première fois le 8 mai prochain.

> Lire le communiqué

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L'Office de l'assurance-invalidité change de directeur

Olivier Barraud – (photo Kobi).

Olivier Barraud prendra la tête de l'Office de l'assurance-invalidité (AI) vaudois à partir du 1er juillet 2019. Jean-Philippe Ruegger, directeur depuis 2007, prend sa retraite.

Depuis 2014, Olivier Barraud est directeur des ressources humaines de la direction générale de l'Organisation romande pour l'intégration et la formation (Orif). Cet organisme travaille notamment pour l'AI et est en charge de la formation et de l'intégration professionnelle de personnes atteintes dans leur santé ou en difficulté. Dans son communiqué, le Conseil d'État exprime «sa profonde reconnaissance» à Jean-Philippe Ruegger, l'actuel directeur, qui s'est engagé pour mettre en place les changements liés aux dernières révisions de l'AI.

> Lire le communiqué

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Les aspirantes et aspirants de la Police ont prêté serment

Mercredi 10 avril, les nouveaux inspecteurs, inspectrices et gendarmes, ainsi que des collaborateurs et collaboratrices de la Police vaudoise ont été assermentés sur la place du château à Lausanne, en présence des autorités cantonales.

Les aspirantes et aspirants ont prêté serment chacun à leur tour – (J.-B. Sieber/ARC).

Au total, 41 personnes ont prêté serment: 24 aspirantes et aspirants gendarmes, dix futurs inspectrices et inspecteurs de la Police de sûreté – tous issus de l'Académie de police à Savatan–, ainsi que sept nouveaux collaborateurs de la Gendarmerie et de la Police de sûreté.

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Assermentation du personnel du Service pénitentiaire

Vendredi 12 avril, les collaborateurs et collaboratrices en uniforme du Service pénitentiaire de l'État de Vaud ont prêté serment lors d'une cérémonie à Savigny.

Les collaboratrices et collaborateurs qui ont prêté serment, en compagnie de la conseillère d'État en charge de la sécurité, Béatrice Métraux – (J. Masson/SPEN).

29 agentes et agents de détention ainsi que neuf chefs d’atelier ont prêté serment. Cet événement marque l'aboutissement de leur formation. C'est aussi la promesse d'un engagement personnel avec l'État de Vaud et l'institution pénitentiaire.

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Pratique

Caisse de pensions: des outils pour mieux lire sa situation de prévoyance

Les assurés recevront prochainement par courrier un document appelé «situation de prévoyance», qui résume leurs prestations personnelles en ce qui concerne leur 2e pilier. Afin de faciliter la lecture et la compréhension de ce relevé, la Caisse de pensions de l'État de Vaud met à disposition divers outils pratiques sur son site www.cpev.ch.

Cet article est proposé par la Caisse de pensions de l'État de Vaud – (CPEV).

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Le CHUV bannit la vaisselle jetable des restaurants de son personnel

En mars, les barquettes en plastique et bols en polystyrène expansé (dit «sagex») pour les plats à emporter ont peu à peu disparu des restaurants du personnel du CHUV. Ils ont été troqués contre des récipients réutilisables. 4,4 tonnes de déchets devraient ainsi être économisés chaque année. D’autres initiatives durables éclosent ici et là à l’État.

«Les clients ont réagi au-delà de nos espérances! Nous en sommes très heureux, raconte Alexandre Boutevillain, chef du secteur restaurants, cafétérias et manifestations au CHUV. Beaucoup nous ont dit "enfin! Il était temps!"». Depuis le 11 mars, le BH, plus gros restaurant du personnel du CHUV avec ses 900 places assises, propose des assiettes et bols lavables et réutilisables pour les menus et soupes à emporter. Adieu les barquettes en plastique et autres bols en polystyrène! Celles et ceux qui le souhaitent peuvent amener leurs propres récipients.

Une rencontre heureuse

«Nous avons choisi de ne pas laisser d’alternative, explique Caroline Zgraggen, cheffe de projet pour l’administration et les ressources humaines du CHUV, et l’une des initiatrices du projet. Il n’y a plus de barquettes jetables dans les restaurants du personnel.» Les récipients réutilisables s’obtiennent contre une caution de 10 francs. Ils peuvent être gardés et lavés par les utilisateurs, échangés sales contre un récipient propre, ou rendus en échange de la caution.

Durant les semaines qui ont suivi, ce sont au total dix points de vente qui ont progressivement banni les récipients jetables. Ce projet est le fruit d’une rencontre heureuse. Une équipe de cinq cadres du CHUV – Caroline Zgraggen, Marie-Hélène Silvestre, responsable RH, et les médecins Frédéric Barbey, Julien Castioni et Éric Thein – doit proposer un projet innovant à déployer au CHUV pour valider la formation micro-MBA qu’ils suivent. «Nous avons pensé au gaspillage. Nous sommes beaucoup à manger à l’emporter, explique Caroline Zgraggen. Tous les midis, nous jetions du plastique, ça nous dérangeait.»

Le groupe rencontre l’équipe des restaurants. «L’idée de ne plus avoir de plastique était aussi dans les tiroirs de l’équipe logistique, confirme Alexandre Boutevillain. Nous avions à cœur d’être plus durables.»

100'000 barquettes et 80'000 bols jetés chaque année

Durant l’été 2018, l’équipe du micro-MBA a évalué la faisabilité du projet. Combien de récipients jetables étaient utilisés? Quels types de plastique éliminer? Comment les récipients sales à laver seraient-ils pris en charge? Le personnel des caisses déjà bien sollicité pourrait-il assurer la vente des récipients sous caution? Le groupe a rencontré la Commission du personnel pour voir comment les 10 francs de caution seraient perçus et l’a tenue informée tout au long du projet. Les calculs effectués ont fixé des ordres de grandeur: 100'000 barquettes en plastique avec leurs couvercles et 80'000 bols en polystyrène sont utilisés chaque année.

«Un gros travail a été fait par l’équipe du micro-MBA et du service hôtelier pour s’assurer que le retour des récipients utilisés respecte les normes d’hygiènes, puisque le sale ne doit pas croiser le propre», souligne Alexandre Boutevillain. Au final, la vaisselle réutilisable constitue un nouveau flux, géré comme celui de la vaisselle en porcelaine sale. Après quelques mois, les équipes évalueront s’il y a une charge de travail supplémentaire et si des ressources supplémentaires en personnel doivent être allouées à ce poste.

Un investissement durable

Le succès est au rendez-vous. Sur les 1500 assiettes et 1100 bols achetés par le CHUV, 1300 assiettes et 600 bols étaient en circulation début avril. Le solde est une sécurité pour les rotations de lavage. Pour le moment – mais il est encore trop tôt pour faire le bilan – peu de récipients sales sont rendus. «C’était l’objectif, souligne Alexandre Boutevillain. Que les gens s’approprient ces récipients, les gardent et les lavent eux-mêmes.»

Le coût d’une telle opération? «Ce projet n’a pas pour vocation de réaliser une économie au sens propre du terme, mais de substituer le jetable», rappelle le responsable des restaurants. Il n’y a pas d’amortissement sur les récipients réutilisables, qui sont achetés à l’entreprise au prix de la consigne. Le coût des récipients à usage unique est économisé. «Le système de cautions nous permet de garantir la pérennité de cet investissement.» La préoccupation est écologique et non économique. Une assiette ou un bol lavable a un impact environnemental inférieur à son équivalent jetable en moins de dix cycles de lavages, calcule l’entreprise qui les produit.

Le changement avait été bien relayé sur l’intranet et dans Le Chuvien, le magazine du personnel. «Nous avons reçu beaucoup de soutien, souligne Caroline Zgraggen. Le premier jour, dans la cafétéria, les gens demandaient quand on abandonnerait les gobelets et les couverts en plastique!»

… et les gobelets en plastique blanc, on s’en débarrasse quand?

Au CHUV, on estime qu’un million de gobelets en plastique blanc sont utilisés par an. Leurs jours sont comptés. Durant le mois de juin, l’hôpital offrira à chacun de ses collaborateurs un gobelet en plastique lavable et réutilisable. Leurs homologues jetables seront bannis des cafétérias du personnel et des espaces réservés aux collaboratrices et collaborateurs.

Ces démarches ne visent pas les restaurants ouverts aux patients et visites ainsi que les espaces publics. Le système de caution n’y aurait pas de sens, et le respect des normes d’hygiène ne le permet pas.

Si un ou deux usagers ont trouvé plus fastidieux de ne pas pouvoir simplement jeter les récipients de leurs lunchs, la majorité sont contents. Les restaurants ont déjà reçu une dizaine de mails positifs et l’équipe du micro-MBA présente dans les restaurants aux premiers jours du déploiement a recueilli des témoignages de satisfaction. (mm)

1300 assiettes et 600 bols sont déjà en circulation dans les restaurants du personnel – (E. Deroze/SAM/CHUV).

Des gobelets pilotes au Parlement et au Château

Depuis janvier 2019, des gobelets lavables et réutilisables ont fait leur apparition au Parlement et au Château – (fa/bic).

Depuis le 14 janvier 2019, des gobelets en plastique lavables équipent les salles de commission du Parlement vaudois. Un petit modèle noir sert aux expresso, un plus grand, translucide, à l’eau. Une fois utilisés, ils sont déposés dans des récupérateurs. Des verres à pied en plastique – qui font très bien illusion – sont à disposition du Conseil d’État et du président du Grand Conseil durant les sessions parlementaires. Autrement dit, les gobelets jetables ont été bannis du Parlement. C’est aussi le cas au château Saint-Maire.

Ce projet pilote a été initié par l’Unité de développement durable (UDD), en collaboration avec l’intendant du Parlement et l’huissier en chef du château. «Nous les avons approchés et avons défini ensemble le projet. Maintenant, ce sont eux qui gèrent les finances et la logistique», explique Valérie Bronchi, cheffe de projet pour l’UDD. Pour que le test soit probant, il fallait trouver des sites où les gobelets jetables étaient utilisés en grande quantité.

1060 gobelets sont ainsi livrés tous les deux mois au Parlement. Les gobelets sales sont repris dans des caisses et lavés à Yverdon-les-Bains, par l’entreprise qui fournit la vaisselle. L’écobilan effectué indique que même avec ces transports, la vaisselle réutilisable est plus favorable que son équivalent jetable. Les émissions de CO2 sont réduites d’un tiers.

La vaisselle lavable, c’est l’idéal!

L’idée est maintenant d’inciter d’autres services à supprimer la vaisselle à usage unique. «Tout service qui a une consommation courante de vaisselle jetable et qui est intéressé par le projet peut nous contacter», souligne Valérie Bronchi. Les livraisons sont plus rentables si elles desservent des locaux proches. À terme, le catalogue pourrait aussi se diversifier, avec par exemple des couverts ou des assiettes.

La meilleure solution reste la vaisselle classique lavable, rappelle toutefois la spécialiste en durabilité. Viennent ensuite le plastique réutilisable, puis le plastique jetable pour les verres et le carton pour les assiettes. Contrairement aux idées reçues, les solutions composables ou en bambou ne sont pas à recommander.

Au Parlement, «les députés sont dans l’ensemble très positifs», relève l’intendant Thierry Bron. Il en va de même au château, où l'on ne propose plus que de l’eau en carafe. Le changement est dans l’air du temps, sou ligne Valérie Bronchi. «Les gens sont prêts. Ils veulent agir sur leur lieu de travail. L’essentiel, c’est de nous mettre en route!»

> Contact: info.durable@vd.ch

Cinq astuces durables pour la vie de bureau

  1. Limiter sa consommation de papier en imprimant seulement lorsque c’est nécessaire. Quand c’est possible, préférer le recto-verso, le noir et blanc, et imprimer plusieurs pages sur une même feuille. Les pages imprimées uniquement au recto peuvent servir de papier brouillon.
  2. Optimiser la gestion de sa boîte mails en triant les e-mails dès leur arrivée, limiter l’utilisation des pièces jointes et alléger ces dernières. Tenir régulièrement à jour ses listes de destinataires. Multiplier par dix le nombre de destinataires d’un mail multiplie par quatre son impact environnemental.
  3. Faire des requêtes web courtes et précises. Accéder directement à l’adresse du site divise par quatre les émissions de CO2. S’inscrire uniquement aux newsletters qui sont nécessaires.
  4. Pour la pause-café, s’équiper d’une tasse lavable et d’une gourde et, pour les repas, prendre son propre contenant si vous consommez des plats à emporter.
  5. Favoriser la mobilité douce et/ou combinée pour se rendre au travail et pour ses déplacements professionnels. Penser au co-voiturage.

Liens utiles

À l’UNIL, le pari des places assises

L'UNIL proposera prochainement les mêmes récipients réutilisables qu'au CHUV – (É. Pitteloud/UNIL).

L’Université de Lausanne a choisi de privilégier les places assises dans ses cafétérias, avec de la vaisselle classique et lavable pour tous. «Il y a très peu de plats à emporter, car il n’y a pas de roulottes ou de foodtrucks», explique Augustin Fragnière, adjoint durabilité et campus à la Direction de l’UNIL. «C’est un choix historique et politique. L’UNIL souhaite privilégier une offre de qualité, variée et homogène partout sur le campus, et limiter les déchets liés aux récipients.» Les volumes de vaisselle jetable produits ne sont pas chiffrés à ce jour. «Les restaurateurs privés ont une relative liberté. Nous les incitons au maximum à limiter l’usage du plastique et tout ce qui est jetable», souligne Augustin Fragnière.

D’ici à la fin de cette année, l’institution proposera les mêmes récipients que ceux du CHUV, également en circulation à l’EPFL. «Nous discutons avec l’EPFL pour les proposer ensemble», explique Augustin Fragnière. Une charte diététique et durabilité est en cours d’élaboration pour les cafétérias, dont les mandats d’exploitation seront remis au concours en 2020.

Attention, en matière de durabilité, il faut parfois aller à rebours de l’intuition! Après étude, l’UNIL a constaté qu’il est plus durable de proposer des essuie-main en papier dans les toilettes, à condition qu’ils soient à base de pulpe recyclée et proviennent d’Europe, que des linges en tissu lavables ou des séchoirs électriques.

> unil.ch/durable

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Pense te voir: l'art délicat d'enmoder son vélomot' sous la pluie

La chronique «Pense te voir» accueille historiettes, anecdotes, étymologies et autres coups de cœur lexicaux et linguistiques à sonorités vaudoises. «Enmoder» et «embrier»: ces deux verbes pronominaux (bien pratiques!) avaient tous deux le sens de commencer quelque chose, ou de (se) mettre en route.

En été, il trouvait son vélomoteur rudement pratique pour aller travailler. Ce véhicule – il avait été l’un des premiers au village à en posséder un – lui avait changé la vie. Il en prenait grand soin. Dès les beaux jours, il enfourchait cet engin, chromes astiqués, boillon rempli d’essence à quatre pour cent d’huile, qu’on obtenait au garage Besson, par l’entremise d’une petite pompe à manette et fin pistolet verseur. Le mélange s’opérait dans une colonne de verre, au-dessus du baril, qui laissait voir les fluides se marier dans un cocktail magique, aux tons rosés.

Béret sur la tête, lunettes noires, il prenait la route dans la fraîcheur matinale, les sandales bien calées sur les vibrantes pédales. Gaillard, le petit moteur à la chanson monotone et entêtante avalait, matin et soir, ses quinze kilomètres de parcours champêtre, laissant flotter au-dessus de l’asphalte un fumet incomparable de tondeuse à gazon. Mais cet engin avait ses avaries. Il n’aimait guère l’humidité. De plus en plus souvent, il devenait impossible de l’enmoder les matins de pluie. On le voyait alors, en ciré vert de pêcheur, sous l’avant-toit, debout sur les pédales, le vélomoteur en équilibre sur sa béquille, qui pédalait, le pouce appuyé sur la manette de décompression, le moteur calant à chaque fois dans un éternuement de fillette. Rien à faire! Il se résignait, rangeait son vélomot’ et s’embriait pour la gare.

À pied ou en boguet, il faut se mettre en route

Observant la scène de la fenêtre de la cuisine, son épouse dissimulait son soulagement, penchée sur la vaisselle. Car elle préférait le savoir dans le train plutôt que par les routes, perché sur ce crouye vélomoteur. Madame était une personne au tempérament inquiet qui détestait les chicaneries et le tapage. Elle avait été bien malheureuse quand les Piguet, qui étaient si gentils, avaient déménagé dans un locatif aux Terrailles. Car les jeunes qui avaient repris l’appartement du haut faisaient beaucoup de schnabre. Un dimanche où ils avaient claqué trois fois la porte de leur cuisine, elle avait insisté pour qu’il monte leur faire une remarque. Du pas de porte, elle écoutait sa voix, sur le palier du dessus, qui disait: «Arrêtez-voir d’ embrier les portes, ça fait trembler toute la casbah! Vous pouvez aussi les fermer gentiment, pas?»

Enmoder (émoder, au Pays d’Enhaut et dans le Grand district, voire amoder en Valais ou à Neuchâtel et dans certaines régions de France) et embrier: ces deux verbes ont aujourd’hui disparu du parler vaudois courant. Enmoder se composait du radical mòda (issu du latin movitare), «partir, se mettre en route». Embrier (parfois orthographié embriller) était sans doute plus ancien, son radical remontant au gaulois brivos, («vif»), avec le même sens de mise en mouvement*. (lj)

*Glossaire des patois de la Suisse romande, L. Gauchat, J. Jeanjaquet et E. Tappolet, Genève, Droz, 1924

Le vélomoteur, engin charmant, mais parfois rétif quand il s’agissait de l’«enmoder» par temps humide… – (thieury).

Proposez-nous un mot vaudois!

Jean Villard Gilles, qui affectionnait l'expression «Pense te voir!», a été le premier contributeur de la rubrique – (ALS/Fonds B. Moulin).

Un mot, une expression vaudoise que vous employez à tout bout de champ? Qui vous rappelle un souvenir vague ou précis ancré ici ou là dans le canton? Irremplaçable à vos yeux? Intraduisible? Qui vous fait sourire? Ou dont vous aimez tant les chantantes sonorités?

Écrivez à info.gazette@vd.ch (mention: «Pense te voir!») et proposez un mot ou une expression seuls ou, si la muse vaudoise vous emporte, un texte bref de votre cru. Sans omettre de préciser ce qui vous a fait choisir ce mot ou cette expression. On en parlera ici!

> Dernier article de la rubrique: les pèdzes (février 2019)

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Culture

Le Musée de zoologie montre ses disparus

Les avez-vous vus? Certainement pas dans la nature. Et pour cause, ils ont disparu! Le Musée cantonal de zoologie inaugure un espace d’exposition où il présente sa petite, mais remarquable collection d’animaux d’espèces aujourd’hui éteintes.

On estime que 869 espèces se sont éteintes durant les 500 dernières années. Et près de 20'000 sont aujourd’hui considérées comme menacées d’extinction. Pourquoi ont-elles disparu? Comment l’éviter? L’exposition présente les mécanismes d’extinction; des modules temporaires traiteront d’aspects liés à la biodiversité et à la conservation.

> «Disparus». Nouvel espace d’exposition au Musée de zoologie, dans le Palais de Rumine, dès le 12 avril: ma-je: 11-18h, ve-di et fériés: 11-17h.

> Entrée libre

> www.zoologie.vd.ch

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Envol multicolore à la cathédrale

Deux ailes monumentales parent le transept nord de la cathédrale de Lausanne jusqu'au 17 novembre. Elles sont composées de 3000 crayons de couleur de douze couleurs différentes.

L'installation multicolore conçue par Ignazio Bettua, qui enseigne les arts visuels au Gymnase de Nyon, fait échos à l'ange du portail peint et aux 7396 tuyaux du grand orgue. À l'issue de l'exposition, la sculpture sera installée dans l'église de Saint-Luc, dans le val d'Anniviers. En parallèle, la cathédrale accueille une exposition photo consacrée aux statues du grand portail.

> «Ailes polychromes». Installation artistique dans la cathédrale de Lausanne, jusqu'au 17 novembre: lu-di: 9-19h.

> Entrée libre

> cathedrale-lausanne.ch

> Voir une vidéo de présentation (cath.ch)

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Poésie de l'instant gravé au Pavillon de l'estampe

L'artiste Claire Nicole, née à Morges en 1941 et installée à Lausanne depuis 1965, présente une cinquantaine de gravures dans le Pavillon de l'estampe au Musée Jenisch Vevey.

C'est l'occasion de revenir sur la trajectoire de cette artiste à laquelle le Cabinet cantonal des estampes consacrait déjà une exposition personnelle il y a 20 ans. Des premières lithographies aux pointes sèches plus récentes, la Vaudoise, qui pratique la peinture, le dessin et la gravure, poursuit ses recherches autour de la notion de variante. Encrage, papiers appliqués, monotypes, rehauts, matrices inversées... L'exposition est une invitation dans son univers poétique.

> «Claire Nicole. Instants gravés». Exposition au Pavillon de l'estampe, dans le Musée Jenisch Vevey, jusqu'au 26 mai: ma-di: 10-18h; je: 10-20h.

> museejenisch.ch

> Finissage dimanche 26 mai à 15h, à l'occasion de la fête de l'estampe. Conversation avec Claire Nicole, Raymond Meyer et Camille Jaquier. Sur réservation (021 925 35 30)

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Éditeur: État de Vaud. Rédacteur responsable: Laurent Koutaïssoff. Rédaction: Jonathan Afonso, Fiona Amitrano, Leïla Bouanani, Lucien Christe, Emmanuelle Fournier-Lorentz, Marion Giroud, Luc Jaccard, Léa Joanneton, Olivier Muller, Marie Minger. Contact: info.gazette@vd.ch
Copyright(c) La Gazette n°294 - 24 avril 2019