La Gazette

n°298
11 octobre 2019

À la une

À la rencontre d’un nettoyeur de bloc opératoire au CHUV

C’est avec un grand sourire que Pishtiwan Ali s’avance dans le hall d’accueil du CHUV. D’un pas décidé, il se rend au niveau des blocs opératoires. Il va revêtir la tenue réglementaire. Pantalon, casaque, coiffe, sabots et masque, dans des teintes de bleu et de vert. Ainsi paré, Pishtiwan Ali peut entrer au cœur de son lieu de travail et pratiquer son métier de nettoyeur de bloc opératoire.

Pour Pishtiwan Ali, «travailler dans un hôpital, c'est être au service des autres» | J.-B. Sieber/ARC

Après s’être changé, Pishtiwan Ali, âge de 37 ans, prend place dans une toute petite salle pourvue d’un lavabo et d’une table. Avec un léger accent, mais dans un français impeccable, il raconte son quotidien.

«Nettoyer une salle c’est presque comme soigner»

«Nous sommes 10 nettoyeurs répartis en 2 équipes, à la charge de 16 salles, et nous sommes opérationnels 7 jours sur 7, 24 heures sur 24», indique Pishtiwan Ali. Après s’être changé, lavé et désinfecté les mains, il se rend vers un ordinateur qui répertorie toutes les opérations de la journée. «En brun, c’est les opérations terminées, en bleu, celles qui sont en cours, et en vert, c’est les opérations à venir», précise-t-il. «Dès qu’une intervention est finie, les aides de salle nous appellent pour procéder au nettoyage et à la désinfection de la salle.»

Munie de gants et de masques chirurgicaux, une équipe de trois nettoyeurs se rend dans la salle à désinfecter. Le mode «nettoyage» est alors activé sur un écran tactile à l’entrée de la pièce; la lumière est blanche et forte, la température se règle automatiquement à 20 degrés et la ventilation se met en marche.

«Un des nettoyeurs va tout de suite s’occuper des ordures; il va trier les déchets biologiques et les déchets matériels et les jeter dans des conteneurs adéquats», spécifie Pishtiwan Ali. «Un autre nettoyeur désinfecte l’éclairage chirurgical, toujours de haut en bas, à l’aide de lingettes humides jetables». Et le dernier entreprend de désinfecter la table d’opération, également de haut en bas et avec des lingettes. «Il faut être très minutieux, nettoyer tous les petits interstices! C’est très important, on travaille avec la santé des autres. En fait, nettoyer une salle c’est presque comme soigner», observe Pishtiwan Ali. C’est seulement une fois la table d’opération aseptisée que les trois nettoyeurs peuvent s’occuper des tables en inox, destinées aux instruments chirurgicaux, des tabourets et des poubelles. Le nettoyage se termine par le lavage des sols.

«Nous avons 20 minutes, à trois, pour assainir une salle après une opération "normale". Il faut compter 15 minutes de séchage avant que la salle soit à nouveau opérationnelle», explique Pishtiwan Ali. «Lorsqu’il y a eu une opération du cœur ou du crâne, la durée du nettoyage est illimitée. Il y a toujours beaucoup de sang après ce genre d’intervention. Nous prenons le temps qu’il faut pour rendre la pièce à nouveau impeccable».

«Travailler dans un hôpital c’est être au service des autres»

Pishtiwan Ali arrive en Suisse comme réfugié le 2 février 2002. Fuyant le contexte politique et social, il laisse ses parents, ses quatre sœurs et son frère en Irak. À Lausanne, ce boucher de formation travaille d’abord dans la restauration. Mais son envie d’aider les gens le pousse à postuler au CHUV. «Je veux aider les gens à ma manière, et si nettoyer la salle dans laquelle ils vont être opérés est utile, alors je le fais volontiers», confie-t-il.

Un sourire franc aux lèvres, Pishtiwan Ali assure que son métier ne comporte presque que des points positifs. «Travailler dans un hôpital c’est être au service des autres», remarque-t-il. Il s’accommode ainsi tout à fait des horaires irréguliers.

«Actuellement, je n’ai plus trop de temps libre pour moi, je prépare mon attestation de formation professionnelle (AFP)», confie-t-il. Après avoir réussi la culture générale l’année passée, Pishtiwan révise maintenant pour la partie pratique de son AFP. «Le CHUV me fait un beau cadeau en finançant cette attestation!», témoigne-t-il avec reconnaissance. (ea)

> Dernier article paru dans la rubrique: une jeune Yverdonnoise sur les traces des cybercriminels (septembre 2019)

Bio express

Naissance: Je suis né le 1er janvier 1982, dans le Kurdistan irakien.

Famille: Mon père, ma mère, mes quatre sœurs et mon frère sont restés dans le nord de l’Irak. Ma femme, également originaire de cette région, est venue me rejoindre à Lausanne il y a quelques années.

Hobbies: J’aime beaucoup faire du vélo et du jogging en pleine nature, même si actuellement je consacre mon temps libre aux révisions pour obtenir mon attestation de formation professionnelle (AFP)!

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Actualités

Formation continue: 13 nouveaux cours au programme

Le Centre d’éducation permanente continue de développer son offre autour de l’agilité, modèle d’organisation qui vise à donner plus d’autonomie et de responsabilité aux collaboratrices et collaborateurs. Cinq titres pour les formateurs et apprentis font également leur entrée dans le catalogue 2020.

Après avoir lancé plusieurs formations pour développer l’agilité et l’intelligence collective en 2019, le Centre d’éducation permanente (CEP) poursuit sur sa lancée. Le slogan «un souffle de plus vers l’agilité» rappelle que les outils doivent se mettre en place un à un. «Ce type d’organisations plus participatives s’obtient en avançant pas à pas, explique Nicolas Liardon, responsable de formation au CEP. De petites choses peuvent avoir un énorme impact.» Attention toutefois, tous ces outils ne conviennent pas à tous les contextes professionnels, rappelle le CEP. Leur mise en place doit être progressive, avec des ajustements, pour éviter les montées de stress.

Agilité et digitalisation

Plusieurs formations font ainsi leur apparition. Le cours «manager une équipe à distance», permet de suivre des collaborateurs en télétravail, qui ont des horaires décalés ou travaillent sur plusieurs sites. «Augmenter sa créativité grâce au design thinking» donne les clés d’une méthode qui permet de penser et réaliser des projets différemment. Un cours apprend à «participer à un processus efficace», un autre propose d’appréhender son travail comme un jeu: le but est d’adopter un autre état d’esprit face au travail, pour gagner en motivation et efficacité.

Le catalogue poursuit aussi sur la lancée de la digitalisation. Un cours, donné en vidéoconférence, apprend à mettre en place une veille professionnelle sur le web. Deux formations proposent de connaître le fonctionnement et contribuer à Wikipédia. Elles pourraient intéresser les enseignants, et le personnel des musées notamment.

Enfin, un cours permet d’«ancrer son leadership»: il permet de développer son charisme en allant au-delà des stéréotypes de genre.

Focus sur l’apprentissage

À la demande des formatrices et formateurs d’apprentis, des cours ont été ajoutés au catalogue 2020 autour du thème de l’apprentissage. Trois modules leur proposent de travailler leur posture, renforcer leur pratique du feedback et mieux connaître les processus d’apprentissage grâce aux neurosciences. «Cette nouvelle offre correspond à un besoin», affirme Magali Reymond, responsable de formation. Jusqu’à présent, seul le certificat de formateur en entreprise de 40 heures pouvait être suivi, car le CEP ne proposait pas d’offres sur ce thème. Ces nouveaux cours sont ouverts tant aux formateurs ayant déjà ce certificat qu’à ceux qui ne l’auraient pas.

Les apprentis pourront quant à eux apprendre à s’organiser et gérer leur temps. Enfin, les formateurs et apprentis qui le souhaitent pourront venir en duo renforcer leur collaboration.

> Catalogue et inscriptions: www.cep.vd.ch

Trois jours de formation par an

Les collaboratrices et collaborateurs de l’État, quel que soit leur taux d’activité, ont droit à trois jours de formation par an, pris sur leur temps de travail. Le choix de la formation doit être discuté avec la ou le responsable hiérarchique.

Pour le personnel de l'administration et de l’Université de Lausanne, le coût des formations au CEP est pris en charge par l’administration.

L’offre du CEP

Cinq formations destinées aux formatrices, formateurs, apprenties et apprentis font leur entrée dans le catalogue 2020 | CEP

Le Centre d’éducation permanente (CEP) au Mont-sur-Lausanne propose à l’année un catalogue d’une centaine de cours, des formations sur mesure pour les services et un grand nombre de ressources en ligne: articles, quiz, tutoriels, conseils de lecture. Une newsletter permet de recevoir chaque mois un choix d’articles liés à la fonction publique.

Le CEP propose également deux formation en management qui débouchent sur un certificat: le certificat en leadership de l’Association suisse pour la formation des cadres (ASFC), à faire sur huit mois, et qui peut conduire au brevet fédéral de spécialiste en conduite d’équipe, ainsi qu’un certificate of advanced studies (CAS) en management et gestion du changement, qui permet d’obtenir 14 crédits ECTS sur 15 mois.

> Plus d'infos sur le certificat en leadership

> Plus d'infos sur le CAS en management et gestion du changement

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Marché d'automne de Marcelin

Vendredi 1er et samedi 2 novembre aura lieu le traditionnel marché d'automne de Marcelin. Au programme: dégustation de vins des domaines de l'État de Vaud, vente de pommes, de légumes et de produits du terroir vaudois.

Durant ces deux jours, les visiteuses et visiteurs pourront déguster les vins du domaine de Marcelin et des Hospices cantonaux à Aigle et Villeneuve. À noter que cette année, deux vins, jusqu'alors réservés au Conseil d'État, ont fait leur entrée dans l'assortiment: le Chatagny produit à Villette par la famille Hug et le Dézaley Marsens produit par la famille Dubois.

Les collaboratrices et collaborateurs de l'État de Vaud bénéficient d'un rabais de 15% sur les vins des domaines cantonaux. Il suffit d'être référencé dans l'annuaire téléphonique de l'État (ATEV) ou de présenter une carte professionnelle.

Diverses variétés de pommes, des jus de pommes et de poires, des produits du terroir et des légumes de saison des jardins de Marcelin seront également vendus lors du marché d'automne.

Le samedi, il y aura de la petite restauration sur place. Des élèves de la patente de transformation en produits fermiers seront également présents pour réaliser des tests consommateurs sur les produits qu’ils ont élaborés: les visiteuses et visiteurs pourront déguster leurs produits et les évaluer grâce à un questionnaire préparé par les élèves.

> Marché de Marcelin, av. de Marcelin 29, 1110 Morges, vendredi 1er nov: 14-18h et samedi 2 nov: 9-16h. Parking à disposition

> Télécharger le flyer (PDF)

> Contact:info.dgav@vd.ch ou 021 316 62 00

Vins de l'État primés

Les vins de l'État primés cette année | Chr. Roggo/DGAV

En 2019, plusieurs vins des domaines de l'État de Vaud ont été remarqués. Le Quorum 2017, un assemblage rouge des Hospices cantonaux à Aigle, est nommé dans le cadre du prestigieux Grand prix du vin suisse. Le classement final de cette compétition qui s'apparente aux oscars de la discipline sera dévoilé le 24 octobre à Berne.

Deux chasselas des Hospices cantonaux ont aussi obtenu une médaille d'argent au Grand prix du vin suisse. Le Servagnin de Morges et le Pinot noir vieilles vignes 2017 ont quant à eux décroché deux médailles d'or au Mondial des pinots. L'Aigle grand cru 2018 a remporté une médaille d'or au Mondial du chasselas. Enfin, le Villeneuve 2018 a reçu une médaille d'or aux Sélections des vins vaudois et le chasselas Marcelin 2018 a obtenu une médaille d'argent.

> À (re)lire: le Magaz'à vin étoffe son offre (septembre 2019)

> Plus d'infos sur le Magaz'à vin à Marcelin

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Salon des métiers: des apprentis donnent un coup de jeune au stand de l’État

À l’occasion de la dixième édition du Salon des métiers, qui aura lieu du 19 au 24 novembre à Beaulieu, l’État de Vaud a décidé de réorganiser son stand avec l’aide de ses jeunes apprentis. Des animations inédites proposées par les apprenties et apprentis eux-mêmes seront présentées pour attirer le jeune public.

Les apprentis ayant participé au projet, avec les membres de l'organisation et du jury | Besnik Ilazi, apprenti employé de commerce au Service du personnel

Le Salon des métiers est le rendez-vous annuel pour futurs apprentis et employeurs. En un seul lieu, les écoliers ont accès à des informations concernant les démarches administratives pour obtenir une place d’apprentissage, et participent à des animations représentatives des métiers présentés.

«Cette année, on repart de zéro»

Qui de mieux placé que les apprentis eux-mêmes pour amener fraîcheur et nouveauté?, se sont dit les responsables du projet qui, après dix ans de participation, ont souhaité changer de concept. «Cette année, on repart de zéro», explique Bénédicte Cadoux, rattachée à l’unité de l’apprentissage pour l’évènement, et en charge de l’organisation des activités et de la logistique.

Quatorze apprentis de l’État ont répondu présents pour repenser le stand, et proposer de nouvelles animations susceptibles d’intéresser le jeune public. Ils avaient pour seules contraintes un budget, un délai et la consigne d’utiliser les nouvelles technologies, tels que des quiz, ou des lunettes de réalité virtuelle. Si l’équipe s’est permise d’insister sur ce point, c’est parce que lors de l’édition précédente, les formateurs annonçaient avoir eu du mal à répondre à l’intérêt et aux questions du jeune public, concernant les nouveaux métiers numériques, comme les médiamaticiens, les interactive media designers ou encore les polydesigners 3D.

Quatre thématiques représentées

L’objectif est de pouvoir dialoguer avec les écoliers. Alors que les formateurs amènent expérience et assurance pour les parents, les apprentis entrent plus facilement en contact avec les adolescents. «C’est plus parlant pour les jeunes d’avoir un contact directement avec des apprentis; c’est moins intimidant je pense pour eux, et ça fait un peu moins formel», exprime Joachim Taverner, apprenti informaticien.

Le contenu du stand de l’État s’articulera autour de quatre thématiques principales: les métiers numériques, l’accueil et le service, la terre et l’environnement, ainsi que les métiers techniques. L’idée n’est pas de représenter quelques métiers spécifiques, mais de proposer des liens entre eux, et de mettre en avant la diversité de ce que fait l’État de Vaud. Il s’agit aussi de représenter les différents domaines de manière authentique, en brisant toutes caricatures des métiers techniques notamment, trop souvent dévalorisés par le public au goût des formateurs.

Un employeur, une multitude de possibilités

«L’État est le plus grand employeur du canton, explique Stéphanie Mejri, responsable de l’unité de l’apprentissage. Il propose au total 450 places d’apprentissages dans 27 métiers différents, avec de vraies possibilités de carrières dans le domaine juridique, ou les impôts». L’encadrement de qualité est offert par des formateurs disponibles et à l’écoute de leurs apprentis, poursuit la responsable. Les jeunes mettent d’ailleurs eux aussi en valeur leur employeur pour la diversité de ses activités. «L’État est vraiment un bon employeur, il y a beaucoup de possibilités de formations dans plein de domaines différents, et de nombreux cours proposés. Je dis volontiers aux jeunes: essayez de trouver à l’État!», déclare Sarah Marshall, apprentie employée de commerce, qui se réjouit à l’approche du salon. Elle souligne la confiance que leur accorde l’État en faisant appel à eux pour ce projet.

Le champ des possibilités est grand ouvert… Alors, pourquoi pas l’État? (ee)

> «Salon des métiers et de la formation». Manifestation à Beaulieu à Lausanne, du 19 au 24 novembre: ma-ven: 8-17h, sa-di: 9-17h.

> Entrée libre

> www.metiersformation.ch

Une riche collaboration

Le Service du personnel de l’État de Vaud a rassemblé quatorze apprentis de formations différentes pour concevoir ce stand. Répartis en trois groupes de travail, chacun proposait un projet, évalué ensuite par un jury composé d’apprentis, de formateurs et de responsables. N’ayant pu trancher, le jury créera finalement un stand inspiré des trois projets. Les formateurs soulignent la force des idées reçues des apprentis, et le souci écologique dont ils ont fait preuve en proposant de produire eux-mêmes une partie du matériel.

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Remise des prix du concours d'été «ExceptionnELLES»

Les participantes au concours d'été de La Gazette, de g. à dr. derrière: Catherine Lavanchy, Vanessa Francoeur, Ariane Baud, Isabelle Horner. Et devant: Cécile Laurent, Nathalie Deriaz, Caroline Spertini | BIC

Pour remporter le concours d'été, il fallait identifier quinze femmes «ExceptionnELLES» ayant marqué l'histoire du canton et se photographier dans un lieu qui leur était associé. Cinq personnes ont réussi l'exploit de faire un sans faute.

Christophe Randin, conservateur aux Musée et jardins botaniques cantonaux, a accueilli les sept participantes présentes ce soir-là pour une visite. Après un passage auprès des plantes carnivores dans la nouvelle serre inaugurée en septembre, puis dans l'exposition temporaire consacrée à la durabilité mise en regard du cycle de vie des arbres, le petit groupe est descendu puis s'est serré dans les sous-sols du musée pour le clou du spectacle: l'herbier peint de Rosalie de Constant, naturaliste suisse ayant vécu entre 1758-1834, et l'une des femmes «ExceptionnELLES» à identifier dans le concours.

La grande gagnante...

Un tirage au sort a ensuite départagé Ariane Baud (psychologue en milieu scolaire en Lavaux), Renata Clairay (secrétaire au Service de la sécurité civile et militaire), Vanessa Francoeur (assistante sociale à la Direction générale de la cohésion sociale), Jérémie Müller (procureur à Lausanne) et Caroline Spertini (biologiste dans un laboratoire de recherche au CHUV). C'est Vanessa Francoeur qui remporte le 1er prix, un bon de 200 francs pour une croisière de la CGN de son choix.

Un apéro a clôturé la rencontre, lors duquel les exceptionnelles participantes ont livré les secrets de leurs enquêtes et pérégrinations dans le canton. Plusieurs d'entre elles sont déjà prêtes pour le concours de l'année prochaine!

> Retrouver tous les résultats et les réponses

Alea jacta est

Le tirage au sort a parlé. Vanessa Francoeur, assistante sociale à la Direction générale de la cohésion sociale remporte le concours d'été 2019. Bravo!

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Plateforme 10, un quartier des arts au cœur de Lausanne

Plateforme 10, c’est d’abord un extraordinaire tremplin culturel. Le Musée cantonal des Beaux-Arts rouvre dans des locaux presque trois fois plus grands. Plateforme 10, c’est aussi l’opportunité d’étoffer une offre muséale déjà considérable et de créer des événements qui attireront immanquablement les touristes. Enfin, Plateforme 10 c’est un nouvel espace de vie au cœur de la ville où échanges et événements seront privilégiés.

Plateforme 10 c’est le nom du nouveau pôle muséal de la ville de Lausanne. Réunissant le Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA), le Musée de design et d’arts appliqués contemporains (mudac) et l’Élysée, le site promet de dynamiser la proposition d’expositions dédiées aux beaux-arts, au design et à la photographie. Pour la conseillère d’État Cesla Amarelle, responsable vaudoise de la culture, l’objectif est de renouveler une offre pérenne, d’innover dans la continuité.

La métamorphose d’un musée

Pour le MCBA, c’est une révolution. En effet, le musée dispose maintenant d’une surface d’exposition 2,7 fois plus grande qu’auparavant, avec, dans certaines salles, une hauteur sous plafond de 7,5 mètres. «Nous avons eu des visites d’architectes ou de directeurs de musées d’Europe et d’Amérique du Nord qui tous nous ont dit: vous avez quelque chose de fantastique ici à Lausanne», s’enorgueillit son directeur, Bernard Fibicher. Les volumes, la luminosité, la proximité de la gare, les relations entre l’intérieur et l’extérieur sont tout simplement fabuleux, ajoute-t-il.

Vers la gratuité

La partie du musée exposant les collections sera gratuite, tout comme l’entrée à une salle d’exposition dédiée à l’art contemporain et l’accès à l’espace Focus, consacré à de plus petites expositions. Ainsi, les trois quarts de l’offre sont gratuits et seules les expositions temporaires seront payantes. Il en sera de même au mudac et à l’Élysée, selon la volonté du Conseil d’État. L’offre peut croître car les moyens augmentent. Le Canton fait un effort financier et le statut de fondation de droit public facilite le recueil de dons privés pour des projets particuliers d’expositions.

Plus qu’une cohabitation, une collaboration

Durant deux ans, le MCBA sera seul, le mudac et l’Élysée prendront en effet possession des lieux en novembre 2021. Plus qu’une cohabitation, ce sera une réelle collaboration entre les trois musées. Ils élaboreront, à l’occasion, un thème commun d’exposition, proposeront des tickets combinés, assureront leur promotion ensemble, tout en conservant leur identité propre. «Je pense que cette collaboration est une grande richesse offerte aux visiteurs, remarque Chantal Prod’Hom, présidente du Conseil de direction. Dans Plateforme 10, les trois musées peuvent être complémentaires et partager une identité commune.»

> Cet article est paru dans un supplément magazine de la Feuille des avis officiels du Canton de Vaud. Consulter le numéro (gratuit)

19'000 personnes ont visité le MCBA lors de son inaugration officielle, du 3 au 6 octobre | Étienne Malapert

Attirer les touristes, un nouvel enjeu

L'exposition inaugurale accueille les visiteurs sur une surface de près de 3200 mètres carrés | Étienne Malapert

Comme le relève Adreas Banholzer, directeur de l’Office du tourisme vaudois, 2021 sera une année historique pour le canton de Vaud, avec l’ouverture des trois musées à Plateforme 10. «Nous avons là une carte à jouer! Tous les éléments sont réunis pour que Lausanne devienne un pôle culturel d’importance au niveau suisse et international», poursuit-il. Et l’objectif des trois institutions est clair: attirer les cars de touristes. «Bien sûr, il faut qu’on travaille sur tous les plans, notamment l’offre touristique, précise Bernard Fibicher, directeur du MCBA. Nous visons le public international autant que le public suisse et local.» Toutefois, le site, bien que pratique et séduisant, ne suffira pas en soi. Ce sont les expositions et les activités proposées qui attireront les touristes. «Le contenu des expositions contribuera fortement à l’attractivité du site auprès des visiteurs suisses et étrangers», conclut Andreas Banholzer.

Lieu de vie

«La Crocodile», l'oeuvre lauréate du concours d'intervention artistique | J.-B. Sieber/ARC

D’ici deux ans, les 22'000 m2 de l’espace Plateforme 10 accueilleront un restaurant, avec sa terrasse, une esplanade, dotée d’un mobilier urbain fait de béton et de bois, une rampe de mobilité douce, le long des voies de chemin de fer, et un parcours botanique interactif. Ce sera un lieu de passage, où pourront se croiser piétons et vélos. «Dès le début du projet, nous avons pensé quartier et pas seulement institutions, précise Chantal Prod’Hom, présidente du Conseil de direction. J’espère que le lieu sera habité par des gens qui viendront y manger, s’arrêteront dans les petites arcades ou s’installeront à l’abri d’un arbre.»

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Reportage

Place à la nature le long de la Venoge

Depuis février, des ouvriers fourmillent dans le Bois de Vaux, près de Lussey-Villars. Ils s’activent sur un chantier de renaturation afin de rendre à la Venoge ses méandres originels et de créer un lieu d’accueil favorable à un biotope diversifié. Des mesures particulières sont mises en place afin de protéger la faune et la flore y compris durant les travaux.

«Redonner de la place à la nature le long du cours d’eau!». Voilà l’objectif de ce chantier, comme le résume avec enthousiasme Dominique Iseli, gestionnaire de la nature pour la section biodiversité et paysage de la Direction générale de l’environnement. La Venoge s’écoule actuellement en ligne droite, dans un canal artificiel. Le projet de revitalisation consiste à dévier la rivière à l’intérieur du bois environnant afin de la redynamiser naturellement.

Le chantier de renaturation s’élève à 1,2mio de francs, dont 80% sont pris en charge par la Confédération. Il comporte deux volets: une phase d’assainissement de deux anciennes décharges présentes sur le site, et la renaturation proprement dite du cours d’eau (lire encadré). Cette étape a pour but de reconnecter la rivière avec sa forêt alluviale, grâce à la mise en place de sinuosités et de différentes structures naturelles, et d’offrir ainsi un environnement plus propice aux espèces vivant dans cet écosystème.

Cette intervention devrait être achevée à la fin du mois de novembre. Elle permettra ainsi de donner plus d’espace au cours d’eau et de le rattacher à son ancien tracé. L’un de ses enjeux est la mise en place de mesures particulières pour protéger efficacement la faune et la flore.

Une stratégie de protection efficace

«La période printanière n’est pas idéale pour réaliser des travaux dans ce milieu naturel, la faune étant très active en cette période de l’année» observe Dominique Iseli. Cependant, pour des raisons organisationnelles, il n’a guère été possible de repousser le début de chantier à l’automne. «Nous avons donc mis en place une stratégie de protection de la faune et de la flore en fonction de l’avancement des travaux» explique le gestionnaire. Le site a été entièrement débroussaillé avant la période de nidification, à la fin de l’hiver, pour que les oiseaux aillent construire leur nid ailleurs et ne soient pas dérangés.

En ce qui concerne les batraciens, «il a fallu les empêcher de venir se reproduire dans l’étang, constitué par le bras mort, et dans lequel des travaux étaient prévus justement durant la période de reproduction» précise Dominique Iseli. Ainsi, avant l’arrivée des crapauds, tritons et grenouilles rousses adultes, le pourtour de l’étang a été entièrement muni de bâches et seaux, partiellement enterrés à intervalles réguliers, dans lesquels sont tombés les batraciens qui voulaient rejoindre l’étang.

Un ouvrier s’est porté volontaire pour relâcher tous les matins, y compris durant ses samedis de congé, pendant plus d’un mois, les batraciens ainsi attrapés dans deux autres étangs, situés un peu plus loin, et mieux adaptés comme lieu de ponte. Dès le mois de mai, un petit chemin, délimité par des bâches, a été construit afin de relier les deux étangs à la forêt. Les petites grenouilles issues des pontes de l’année ont alors pu regagner les sous-bois en toute sécurité. «Si les jeunes batraciens avaient envahi le chantier, remarque Dominique Iseli, il aurait fallu stopper les travaux. Mais comme la stratégie a bien fonctionné, le chantier a pu se dérouler normalement».

Petites colonies attendues

Le problème des espèces végétales invasives s’est aussi présenté sur le chantier. En effet, la renouée du Japon était très présente. Mais après avoir été arrachés jusqu’à la racine, les plants ont été déposés au fond d’une décharge contrôlée. Le solidage du Canada, communément appelé verge d’or, a été repéré le long des lignes de chemin de fer. L’État de Vaud a pris son arrachage en charge. Durant les années à venir, les CFF s’occuperont de cet entretien, en vue d’éradiquer ces plantes envahissantes dans ce secteur particulier.

À terme, ces travaux de renaturation vont permettre la création de milieux pionniers dans lesquels plusieurs espèces pourraient trouver un biotope adéquat. En effet, de petites colonies, peut-être de crapauds accoucheurs, de sonneurs à ventre jaune ou de rainettes vertes, pourraient éventuellement venir s’établir une fois le chantier terminé.

Un accès piéton sera créé et devrait être accessible une fois que la nature aura repris ses droits. Le public pourra venir se balader aux abords du site, devenu méconnaissable, et découvrir ce véritable laboratoire à ciel ouvert. (ea)

Le chantier de revitalisation de la Venoge entre Lussey-Villars et Penthaz | DGE

Trois questions à Olivier Stauffer, chef du projet de renaturation

De petites colonies de grenouilles vertes, entre autres, pourraient venir s'établir sur le site | Jean-Michel Zellweger

Aujourd’hui canalisée, la Venoge retrouvera son cours naturel. Les explications d’Olivier Stauffer, chef du projet de revitalisation.

Qu’est-ce qui a été fait sur ce chantier précisément?

Olivier Stauffer: Le gros des travaux a consisté excaver le futur lit de la rivière. Sur la majorité du tracé, il a été sous-dimensionné afin de permettre à la nouvelle Venoge d’éroder les berges. Elle pourra ainsi s’écouler librement dans la forêt alluviale. Le lit mineur est en cours de façonnage. Il s’agit de la partie constamment en eau qui doit avoir une profondeur et un fonds adaptés aux poissons. La prochaine étape consistera à supprimer la rive gauche sur la partie aval et à dévier les écoulements dans la Venoge. En dernière étape, un ouvrage de dérivation sera construit pour conduire la rivière dans son nouveau lit.

Pourquoi un tel chantier a-t-il lieu d’être?

Le projet vise à augmenter la biodiversité locale sur environ six hectares. La zone sera plus fréquemment soumise aux crues et retrouvera une végétation adaptée aux conditions humides. Les nombreuses espèces de batraciens recoloniseront les gouilles et mares nouvellement créées. Le futur lit du cours d’eau sera adapté aux poissons qui trouveront des conditions propices pour se reproduire.

En quoi est-ce un chantier novateur?

La Venoge sera déviée sur près de 600 mètres et retrouvera son tracé historique. Une telle dérivation dans une forêt alluviale est un défi en terme hydraulique. Il s’agira de dévier progressivement les débits afin que la rivière prenne petit à petit son nouvel équilibre. De nombreuses structures naturelles vont se créer au gré des crues pour aboutir à un lit naturel semblable au cours historique de la Venoge. À terme, le canal actuel sera comblé. Les aménagements seront suivis durant dix ans pour s’assurer de la bonne évolution du site.

Deux décharges assainies

L'assainissement de deux décharges communales s'avérait nécessaire | J.-B. Sieber/ARC

Deux anciennes décharges communales se trouvaient sur le tracé de revitalisation de la Venoge, au niveau de son ancien lit. «Ainsi, leur assainissement était une condition nécessaire pour mener à bien le projet de renaturation» explique Philippe Veuve, géologue à la section géologie, sols et déchets de la Direction générale de l’environnement. «Sans le projet de renaturation, ces décharges n’auraient pas été assainies, car elles ne présentaient aucun risque de pollution» ajoute-t-il. Il a fallu évacuer 9000 m3 de déchets, essentiellement des ordures ménagères, des déchets de démolition, de la ferraille mais aussi d’autres déchets tels des batteries par exemple. «L’excavation du sol a pu se faire jusqu’au terrain naturel, tout en suivant le modelé originel» souligne le géologue. Les cavités ont été ensuite partiellement remblayées par des matériaux propres et de la terre végétale. «Le site est maintenant totalement assaini, la nature peut reprendre ses droits!» conclut Philippe Veuve. Le coût d’assainissement des deux anciennes décharges se monte à environ 2,5 millions de francs, dont 40% sont pris en charge par la Confédération.

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Des apprentis aux fourneaux du gymnase d’Yverdon

Depuis le 12 août, la cafétéria du gymnase d’Yverdon est tenue par 21 apprentis du Centre d’orientation et de formation professionnelles et leurs quatre maîtres d’enseignement professionnel. Formés à la cuisine, la restauration ainsi qu’à l’intendance, les jeunes en difficultés sont directement au contact d’autres étudiants. Ils entrent, par ce biais, dans la vie professionnelle.

Il est onze heures, la cafétéria du gymnase d’Yverdon se remplit. L’équipe d’apprentis s’active pour préparer le repas de midi; l’odeur envahit les cuisines. L’ambiance est chaleureuse. Les sourires et quelques rires fusent. Les apprentis serrent la main de Louis Staffoni, directeur du Centre d’orientation et de formation professionnelles (COFOP), qui fait son entrée dans les locaux.

Un accueil très favorable

À la suite d’un appel d’offres resté sans réponse, le COFOP a eu l’opportunité de prendre possession de la cafétéria du gymnase pour proposer quotidiennement deux menus différents au prix de 9 francs chacun. Professeurs, responsables et étudiants sont ravis de la qualité de la nourriture proposée. «C’est le jour et la nuit! On sent l’odeur des repas de l’extérieur, les aliments proposés sont beaux et très bons», relève spontanément un enseignant. La fréquentation a augmenté depuis la rentrée et la direction du projet a reçu de nombreux retours encourageants.

Les apprentis sont heureux de l’accueil que leur a réservé le gymnase, et de la dynamique de formation. Ces éléments font de la cafétéria un lieu de travail agréable. «Je ne me suis jamais sentie aussi bien à ma place de travail», déclare Sylvanie Mbomo, apprentie spécialiste en restauration de système, qui s’occupe de la mise en place et de la vente de la petite restauration, ainsi que de la caisse.

«Des jeunes qui cuisinent pour d’autres jeunes»

Les 21 apprentis au parcours parfois difficile effectuent désormais la partie pratique de leur formation dans le gymnase d’Yverdon, entourés d’autres étudiants quasiment du même âge. «Il y a un respect du travail réciproque des uns et des autres», explique Jean-François Gruet, directeur du gymnase. Chacun est gagnant: les gymnasiens reconnaissent la qualité de la nourriture et du service que proposent les apprentis, et ces derniers veulent faire découvrir de nouveaux goûts, tout en proposant des menus complets et variés, assortis de desserts faits maison qui semblaient très alléchants sur le présentoir ce jour-là. Les jeunes en formation proposent également des menus végétariens, et sont sensibles aux soucis écologiques en proposant des produits locaux et de saison.

Ce partenariat amène une belle dynamique de travail au sein de l’établissement, souligne Louis Staffoni. Ce fonctionnement valorise les apprentis investis quotidiennement pour préparer et servir près de 170 menus, sans compter les snacks et la petite restauration.

Un modèle qui pourrait s’étendre à d’autres gymnases

La cafétéria, qui accueille actuellement onze apprentis cuisiniers, cinq gestionnaires en intendance, quatre employés en restauration et une spécialiste en restauration de système, espère pouvoir proposer prochainement une formation supplémentaire en boulangerie-pâtisserie.

L’idée est aussi d’ouvrir la voie à d’autres gymnases et écoles professionnelles pour fonctionner sur le même modèle. (ee)

La conseillère d'État Cesla Amarelle a rendu visite aux apprentis du COFOP en septembre | J.-B. Sieber/ARC

Trois cursus de formation

Lancé initialement dans le restaurant du COFOP à Lausanne, ce modèle pédagogique a ensuite été adopté à l’École technique des métiers de Lausanne (ETML), il y a cinq ans.

L'ouverture d'un site dans le gymnase d'Yverdon a permis de créer des places d’apprentissage et propose un nouveau lieu pour la partie pratique du cursus. La formation des jeunes est constituée de cours théoriques, d’une partie pratique ainsi que d’appuis scolaires. Les apprentis peuvent obtenir une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP), en deux ans, un certificat fédéral de capacités (CFC) en trois ou quatre ans, ou une prolongation d’apprentissage pour l’intégration (PAI) sur une année.

Les apprentis et apprenties du COFOP sont des jeunes qui rencontrent des difficultés pour s’insérer dans la vie professionnelle, à la suite de l’école obligatoire ou d’une rupture d’apprentissage.

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Collègue passionnée: traverser l’Atlantique pour tenir le cap face au cancer du sein

Le 13 octobre 2016, lors d’un contrôle de routine – la mammographie annuelle – Elisabeth Thorens-Gaud apprend qu’elle a un cancer du sein. C’est le début d’un long voyage pour cette enseignante de culture générale hyperactive: vers la rémission, puis à l’assaut des vagues de l’Atlantique, en équipe. Elle larguera les amarres le 5 novembre 2019.

Elisabeth Thorens-Gaud est passionnée d'écriture et de voile | Wiktoria Bosc

Le cancer du sein touche une femme sur huit en Suisse. Si 1400 femmes en meurent chaque année, quasiment 90% des patientes survivent à cette maladie après cinq ans. C’est, entre autres, pour rendre cette réalité visible qu’Elisabeth Thorens-Gaud et sept autres femmes embarqueront début novembre à bord d’un catamaran de 14 mètres. Elle rallieront Le Marin en Martinique en partant des îles Canaries.

«L’idée est de donner un message d’espoir, explique Elisabeth Thorens-Gaud. Nous voulons montrer que nous sommes vivantes, et pas des survivantes!» Le but est aussi de faire connaître l’après-cancer du sein. Car une fois en rémission, quand tout semble fini, les femmes se retrouvent seules et doivent apprivoiser la peur de la rechute, présente à vie, souligne celle qui est passée par là.

«Un cadeau dans les emmerdes»

Elisabeth Thorens-Gaud a 55 ans quand son cancer est diagnostiqué, heureusement à un stade précoce. Elle enseigne la culture générale aux apprenties et apprentis en art et communication de l’ERACOM et donne des heures d’appui au Centre d’orientation et de formation professionnelle. «J’ai été bien secouée», raconte-t-elle. Durant son traitement, une de ses amies meurt de la même maladie. Elle en garde un traumatisme. «J’étais terrorisée, confie-t-elle. Quand on est touchée par la maladie, on se sent seule au monde. On a peur de la mort.» Par chance, son cancer réagit au traitement.

«Le cadeau – car il y a toujours un cadeau dans les emmerdes! – c’est que j’ai eu un appétit encore plus grand pour la vie, explique-t-elle. C’était comme si j’avais une deuxième chance. J’ai décidé de ne plus attendre pour vivre mon rêve!» Un rêve qui a jailli au moment du cancer justement: naviguer. Elle pratique cette activité depuis vingt ans avec son mari et ses deux enfants, mais l’a mise de côté ces dernières années au profit de l’écriture, une autre de ses passions.

Le rêve se précise encore: traverser l’Atlantique à la voile. Les heureux hasards s’enchaînent. Chez son oncologue, elle voit un dépliant pour des cours d’aviron, qui explique les bienfaits du sport pendant et après un traitement contre le cancer. Elle parle de son projet. Son médecin lui propose de monter un dossier pour l’adresser au Réseau Lausannois du Sein. Elle l’envoie la nuit-même.

«Dans la vie, c’est impossible d’avancer toute seule»

Elisabeth Gaud-Thorens surfe ensuite sur la vague: elle connaît une skipper, Muriel Favre. Quelques jours plus tard, elle explique son projet à Carine Clément Wiig, la spécialiste en gynécologie et obstétrique qui a opéré son cancer, elle aussi navigatrice, qui se joint à l’aventure. Elle trouve cinq coéquipières parmi ses connaissances et grâce à une annonce sur Facebook. Toutes ont été touchées par le cancer du sein et ont une expérience de la voile. Les sponsors suivent, puis le bateau. «Ma force, c’est de pouvoir fédérer les gens», explique l’enseignante qui met aussi à profit cette capacité dans son travail, pour mettre en confiance ses élèves. «En classe, j’instaure un climat harmonieux. C’est la base pour transmettre des connaissances. Dans la vie, c’est impossible d’avancer toute seule!»

Durant la traversée, qui devrait durer trois semaines, il y aura de l’inconnu. Naviguer jour et nuit, économiser l’eau douce et l’électricité, nécessaire aux instruments de navigation, s’adapter à la météo. Mais l’aventure ira au-delà. «On ne revient pas pareille d’un tel voyage», les a averties le navigateur suisse Alan Roura, qui est le parrain de l’équipage. «J’espère que cette traversée m’aidera à laisser l’épreuve du cancer derrière moi», explique Elisabeth Thorens-Gaud. La navigatrice tiendra un journal de bord de l’aventure, qui sera publié en 2020 aux éditions Favre.

Vivre ici et maintenant

L’enseignante a eu la chance de pouvoir prendre un congé non payé d’un mois et demi. Avec cette traversée comme en classe, elle a à cœur de transmettre. «Avec mes élèves, j’aime bien aborder des thèmes qui me tiennent à cœur, comme les droits humains. Je les aide à trouver leur talent, à se réaliser. Je les prends là où ils sont et je chemine avec eux», souligne-t-elle. Baptisé «r’Ose Transat», son projet veut inviter toutes les femmes touchées par le cancer du sein à oser vivre leurs rêves.

«La voile m’a beaucoup aidée, explique Elisabeth Thorens-Gaud. Sur le bateau, on est dans l’instant présent. On oublie tout. On apprend à vivre dans l’incertitude avec d’autres personnes. Bien sûr, on contrôle certains paramètres. Mais s’il y a un grain, une avarie ou si la voile se déchire, il faut garder son sang-froid et réagir au mieux. On ne sait pas de quoi demain sera fait.» L’argent récolté qui n’aura pas été dépensé pour la traversée servira à financer des stages de voile pour des femmes atteintes par le cancer. (mm)

> www.rosetransat.com

> Dernier portrait paru: au galop, dans les traces de Mylène Burkhardt (septembre 2019)

Bio express

L'équipage r'Ose Transat au complet | Wiktoria Bosc

1961: naissance à Genève

août 1986: déménage à Boston avec son mari, suit un cours de 3e cycle en administration et management à Harvard

1985 et 1987: naissance de sa fille et de son fils

1991: devient enseignante à Lausanne

2009: rédige un ouvrage sur l’homosexualité des adolescents, un domaine encore peu documenté pour les enseignants et parents d’élèves. Se découvre une passion pour l’écriture.

2011- 2013: attachée aux questions d’homophobie et de diversité pour les cantons de Vaud et Genève

2014: enseignante à 52% à l’ERACOM et au COFOP

13 octobre 2016: apprend qu’elle a un cancer du sein

5 novembre 2019: départ de sa transat avec des femmes touchées par le cancer du sein. Durée estimée de la traversée: 21 jours

Recherche collègues passionnés

Vous êtes collaboratrice ou collaborateur de l’État de Vaud (dans l’administration, au CHUV, à l’UNIL, dans un établissement scolaire, une haute école ou dans la Police) et avez une passion sportive, artistique ou un engagement auquel vous consacrez une grande partie de votre temps libre? Faites-le nous savoir par courriel à l’adresse info.gazette@vd.ch (mention «collègue passionné»). Nous en parlerons peut-être dans un prochain numéro.

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Brèves

Nouvelle directrice du Gymnase d’Yverdon

Anne Fournand | dr

Actuelle directrice de l’Établissement primaire et secondaire de Chavornay, Anne Fournand prendra la tête du Gymnase d’Yverdon le 1er décembre 2019.

Elle succédera à Jean-François Gruet, qui partira à la retraite. Docteure en sciences économiques et sociales avec mention géographie, Anne Fournand a enseigné l’histoire, la géographie et la citoyenneté en France, puis à Coppet. De 2010 à 2016, elle est directrice de l’Établissement primaire de Morges-Est.

> Lire le communiqué

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Le préfet de Nyon part à la retraite

Jean-Pierre Deriaz et Chantal Turin | J.-B. Sieber/ARC

Préfet du district de Nyon depuis 2005, Jean-Pierre Deriaz prendra sa retraite le 31 mai 2020.

Il a été responsable des préfectures de Rolle et Nyon, puis a repris l'entier du district en 2008, à l'entrée en vigueur du nouveau découpage territorial. Chantal Turin, aussi préfète à Nyon, à 50%, assumera la responsabilité de la préfecture à plein temps dès le 1er juin 2020. Son poste sera prochainement mis au concours.

> Lire le communiqué

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Les forêts vaudoises ont un nouvel inspecteur

Jean Rosset | J.-B. Sieber/ARC

Le 1er novembre, Jean Rosset deviendra inspecteur cantonal des forêts.

Il remplacera Jean-François Métraux, qui prendra sa retraite après plus de dix ans à ce poste, et trente ans dans l’administration vaudoise. Depuis deux ans, Jean Rosset est inspecteur des forêts du 12e arrondissement à Nyon. Il a notamment été inspecteur des forêts pour les cantons romands au sein de l’Office fédéral de l’environnement.

> Lire le communiqué

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Accueil de jour: un état des lieux

Une cinquantaine de représentantes et représentants des instances partenaires de l’Office de l’accueil de jour des enfants (OAJE) ont échangé réflexions, attentes et préoccupations à l’occasion d’une table ronde organisée par l’OAJE le 19 septembre à Lausanne.

Quelles sont les perspectives d’avenir et comment faire évoluer le cadre légal de l’accueil familial de jour des enfants ? Comment définir le statut professionnel des accueillantes et harmoniser l’offre dans notre canton? À l’invitation de Valérie Berset, cheffe de l’OAJE, les représentantes et représentants de diverses communes, associations, réseaux d’accueil, parents, accueillantes et coordinatrices ont été accueillis par les mots de bienvenue de la conseillère d’État Nuria Gorrite. Cette journée a permis d’échanger les points de vue et les expériences, d’évaluer le dispositif en place dans le canton et d’entamer des réflexions dans le sillage du postulat Randin « Pour une amélioration des conditions de travail des accueillantes en milieu familial ».

Dans un dialogue constructif et au travers d’ateliers thématiques, les participantes et participants à cette rencontre ont posé les jalons qui permettront d’adapter et de développer le dispositif d’un accueil familial de jour qui, loin d’être obsolète, a plus que jamais sa place dans notre société.

La table ronde s’est tenue dans la salle du Bicentenaire, à Lausanne, et les débats ont été arbitrés par la journaliste Fanny Moille | M.-H. Jeanneret/DGNSI

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Projet pilote pour faire dialoguer victimes et détenus

Béatrice Métraux, conseillère d'État en charge de la sécurité, et Sylvie Bula, cheffe du Service pénitentiaire, lors de la conférence de presse | J.-B. Sieber/ARC

Depuis ce mois, de jeunes adultes auteurs d'infractions et des personnes ayant été victimes de crimes sont mis en relation sur une base volontaire au sein de l'établissement pénitentiaire aux Léchaires à Palézieux.

Les rencontres en groupe permettent de discuter des effets du crime sur les individus et la communauté. Le but est de favoriser la réinsertion et combattre les risques de récidives. Un modèle similaire existe en Argovie depuis deux ans.

> Lire le communiqué

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Un service pour les curatelles et tutelles professionnelles

L'OCTP s'occupe des mandats qui ne peuvent pas être assumés par des curateurs privés | Pascal Huot/Adobe Stock

Dès le 1er janvier 2020, l'Office des curatelles et tutelles professionnelles (OCTP) deviendra un service.

Avec la réforme dite «des cas lourds» et la réforme vaudoise des curatelle, les tâches de l'office, qui compte 220 collaborateurs, ont beaucoup évolué. Entre 2008 et 2018, le nombre de mandats confiés à l'OCTP a triplé. L'organisation de l'office ne changera pas. Mais une cheffe ou un chef de service sera désigné. Le poste sera mis au concours prochainement.

> Lire la décision du Conseil d'État

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Équilibre pour le projet de budget 2020

Pascal Broulis, conseiller d'État en charge des finances, a présenté le projet de budget fin septembre à la presse | J.-B. Sieber/ARC

Le projet de budget de l’État pour 2020 présente un excédent de revenus de 76'100 francs. Les moyens alloués au climat et à l'environnement augmentent.

Le projet répond à l’augmentation des charges dans la santé et dans les autres domaines liés à la démographie. La croissance des dépenses courantes est maîtrisée. Ce projet renforce particulièrement le personnel. La croissance attendue est supérieure à celle du budget précédent et reste largement tributaire de la conjoncture.

> Lire le communiqué

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En image

L'unité de circulation de la Gendarmerie vaudoise a participé au «Tetris Challenge».

Police cantonale vaudoise

Ce challenge a été lancé début septembre par la Police cantonale zurichoise sur les réseaux sociaux. Le but est de prendre une photo aérienne de tout le matériel embarqué dans les véhicules de secours. De nombreux services de police, de pompiers ou d'ambulances ont participé, en Suisse et dans le monde.

L'unité de circulation de la Gendarmerie vaudoise compte 25 personnes: des enquêteurs et enquêtrices, ainsi que des photographes qui interviennent après les accidents graves.

> Retrouver cette photo sur le compte Instagram de la Police cantonale vaudoise

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Pratique

Santé au travail: ça VAUD la peine de se lever!

À l'occasion de la semaine santé et sécurité au travail qui a eu lieu du 30 septembre au 4 octobre 2019 dans l'administration cantonale, trois vidéos ont été conçues par le Service du personnel. Elles présentent avec une touche d'humour des exercices simples à faire sur sa place de travail.

La première s'adresse à celles et ceux qui travaillent assis devant un ordinateur. La deuxième présente un exercice pour lutter contre le stress au travail. La troisième montre comment s'étirer.

Plus de 1600 collaboratrices et collaborateurs ont assisté aux ateliers et animations proposé dans le cadre de cette première édition de la semaine de la santé et sécurité au travail.

> Voir la vidéo: ça VAUD la peine de respirer!

> Voir la vidéo: ça VAUD la peine de s’étirer!

> À (re)lire: travailler sur écran: les bons réflexes et les réglages de base (La Gazette, septembre 2019)

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Caisse de pensions: nouvelle ou nouveau à l'État? Pensez à transférer vos avoirs de 2e pilier

Lorsqu'une personne débute une activité au sein de l’État de Vaud, elle a l’obligation de transférer son avoir 2e pilier à la Caisse de pensions de l'État de Vaud (CPEV). Pour savoir quelles sont les démarches à suivre et qui fait quoi, consultez www.cpev.ch.

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La Fourmi accueille 90 enfants sur les hauts de Lausanne

Ouvert depuis le 19 août et inauguré officiellement le 26 septembre dernier, le Centre de vie enfantine La Fourmi offre 76 places d’accueil pour les enfants des collaboratrices et collaborateurs de l’administration cantonale.

Ils ont eu cinq jours pour tout mettre en place. Cinq jours, entre le 12 et le 16 août, pour transbahuter plus de 650 cartons de matériel à l’avenue de Crousaz et libérer les locaux du chemin de Mont-Paisible et de la rue du Bugnon (anciennement Mosaïque I et Mosaïque II), à Lausanne. «Toute notre équipe, actuellement composée de 33 personnes, a mis la main à la pâte, et nous sommes heureux de pouvoir mettre à la disposition des collaboratrices et collaborateurs de l’État – et plus particulièrement du CHUV, partenaire du projet –76 places d’accueil modernes et fonctionnelles pour leurs enfants», se réjouit David Bessard, directeur du centre de vie enfantine La Fourmi, qui a ouvert ses portes le 19 août dernier sur les hauts de Lausanne.

De nombreux avantages

Regroupant les deux entités jusqu’alors établies au cœur de la cité hospitalière, La Fourmi accueille tout au long de la semaine près de 90 enfants dans la tranche d’âge qui va de la fin du congé maternité jusqu’à l’entrée au cycle initial (1P). Même si cette nouvelle structure s’est légèrement éloignée du CHUV, ses avantages sont nombreux. «Nous bénéficions de locaux clairs, fonctionnels et sûrs. Nos espaces sont tous répartis au rez-de-chaussée avec un accès direct au jardin et à une terrasse», précise le directeur, avant d’ajouter: « Cette nouvelle localisation dans un immeuble neuf nous a permis de regrouper la nurserie et la crèche pour les plus grands, ce qui encourage les collaborations et facilite le travail de notre équipe.»

Situé à deux pas, c’est l’arrêt «Fourmi» du M2 qui a donné son joli nom à cette nouvelle structure officiellement inaugurée le 26 septembre en présence de Nuria Gorrite, présidente du gouvernement.

David Bessard, directeur du centre de vie enfantine La Fourmi | J.-B. Sieber/ARC

Deux structures à Lausanne

«À l’heure actuelle, l’État propose deux centres de vie enfantine à Lausanne: Carambole, à la rue du Valentin, et La Fourmi, à l’avenue de Crousaz. Ces deux lieux d’accueil offrent aujourd’hui un total de 137 places pour les enfants du personnel de l’administration cantonale», rappelle Silvia Pasi Figini, directrice des garderies de l’État de Vaud. Ces structures, qui permettent de concilier vie familiale et vie professionnelle, dépendent du Secrétariat général du Département des infrastructures et des ressources humaines (DIRH) et sont reliées au Réseau-L, qui regroupe les crèches lausannoises.

> Plus d’infos sur les garderies de l’État de Vaud

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Culture

Pourquoi il vaut la peine d’aller guigner derrière les cases de la mission, à l’Espace Arlaud

Jusqu’au 17 novembre, le Musée cantonal d’archéologie et d’histoire invite son public à découvrir l’histoire des missionnaires vaudois en Afrique du sud, au Lesotho et au Mozambique. «Découvrir», car il y a fort à parier que beaucoup d’entre nous ne connaissions pas ce pan d’histoire régionale pourtant passionnant.

«Je n’avais jamais entendu parler des missions vaudoises en Afrique», avoue Gaëlle Nydegger, chargée de recherche au Musée d’archéologie et d’histoire. L’exposition «Derrière les cases de la mission» plonge le public dans l’histoire romande ultra-contemporaine. La pièce exposée la plus récente date de 1975!

L’histoire des missions romandes en Afrique commence en 1870. L’Église libre protestante du canton de Vaud décide d’envoyer deux missionnaires, Ernest Creux et Paul Berthoud, au Lesotho. En 1875, la mission vaudoise devient romande. Les missionnaires, souvent des érudits, partent s’installer notamment au Mozambique, alors colonie portugaise. Si leur but est de convertir les populations locales, ils s’engagent aussi dans l’enseignement, amènent des connaissances médicales, assemblent des collections d’insectes (encore conservées aujourd’hui dans nos musées). Persuadés de détenir la vérité et convaincus de leur supériorité, ils construisent une vision de l’Afrique qu’ils vont renvoyer en Suisse.

Un système de communication bien rôdé

La fiction sert de porte d’entrée dans l’exposition. Au seuil de chaque salle, une ou plusieurs cases de la BD Capitão (parue cette année aux éditions Antipodes) accueillent les visiteurs, invités à aller regarder derrière. Les salles immersives présentent chacune un thème: la médecine, classer les choses (au risque de plaquer des préjugés occidentaux sur la réalité), la lanterne magique, la conversion, le système scolaire.

La première salle reconstitue par exemple une vente d’objets ramenés d’Afrique. Les missions étaient des entreprises privées. Le Conseil d’État vaudois avait en effet interdit l’évangélisation et le prosélytisme à l’Église nationale. Ces ventes, annoncées dans les journaux locaux, étaient des moyens de garnir les caisses de l’Église libre, de montrer une image construite de l’Afrique et de justifier son évangélisation. Il y avait un véritable business de cartes postales, calendriers et autres tirelires, que certaines familles vaudoises possèdent encore aujourd’hui.

Jeux de miroir

Une salle très intéressante est consacrée à l’usage de la «lanterne magique». Le chassé-croisé d’images (et de représentations construites) est saisissant. En Afrique, les missionnaires projettent des scènes chrétiennes, des images de progrès techniques comme les trains, ou des paysages suisses. En Suisse, pour financer la mission et prouver son utilité, on projette des mises en scène d’une Afrique «primitive» et construite que l’on a fait «jouer» aux villageoises et villageois. Les convertis arborent des habits occidentaux sur les images diffusées. L’entreprise missionnaire avait un système de communication extrêmement bien rôdé.

Il est toutefois intéressant de constater – la BD le raconte bien de manière fictionnelle – que l’impact, s’il n’est pas de même nature, est mutuel. Les missionnaires transforment les populations qu’ils évangélisent, mais se trouvent également changés. «Nous voulions déconstruire le regard sur la relation avec l’Afrique que l’on porte parfois encore aujourd’hui, souligne Lionel Pernet, directeur du Musée d’archéologie et d’histoire. Nous voulions éviter l’écueil Tintin au Congo.» La fiction aide à comprendre la grande histoire. «Mais il était exclu de faire de la fiction!»

«L’exposition invite à un questionnement sur notre histoire romande. Mais aussi sur les collections de nos musées: qui les a collectées? comment sont-elles arrivées là?», ajoute la chargée de recherche Gaëlle Nydegger. La fin du parcours raconte la lutte pour l’indépendance au Mozambique, qui destituera le gouvernement colonial portugais. Et toute la complexité du discours historique se matérialise. Les missionnaires et les colons ne sont plus les seuls à émetteurs des archives. Deux versions de l’histoire peuvent être confrontées.

Un noir à Loëche-les-Bains

En contrepoint à l’exposition historique, l’historien de l’art Matthieu Jaccard et l’artiste Cécile N’Duhirahe du Collectif and then … ont élaboré l’espace «la fin de l’innocence». Leur proposition se développe à partir d’Un étranger au village de l’écrivain afro-américain James Baldwin. Ce texte est issu de son expérience du racisme à Loëche-les-Bains dans les années 1950. Il se confronte alors notamment à des jeunes du village déguisés en Africains qui font la quête pour la mission, armés d’une «crousille» à l’effigie d’un enfant noir, lors du carnaval.

Dans les œuvres exposées, il est en définitive toujours question de mélange. Comme l’écrivait James Baldwin, «this world is white no longer and it will never be again»: ce monde n’est plus blanc, et il ne le sera jamais plus. (mm)

> «Derrière les cases de la mission». Exposition à l’Espace Arlaud, sur la place de la Riponne à Lausanne, jusqu’au 17 novembre: me-ve: 12-18h; sa-di: 11-17h.

> mcah.ch

À l'entrée de chaque pièce, une case de BD. Derrière, les salles d'exposition, ici celle consacrée à la médecine, sont immersives | Nadine Jacquet/MCAH

«Capitão», une BD qui entrelace fiction et histoire

«Capitão» (Éditions Antipodes, 2019)

Fil rouge fictionnel de l’exposition, la bande dessinée Capitão, du nom de son héros, raconte l’histoire d’un missionnaire, librement inspirée du journal de Georges Liengme et de la vie d’Henri-Alexandre Junod, tous deux partis en Afrique australe au tournant des 19e et 20e siècles. Le héros arrive plein de certitudes; son expérience sur place finit par ébranler ses convictions.

La bande-dessinée est née de la conversion d’un projet de doctorat inachevé. Stefano Boroni, l’illustrateur, avait commencé une thèse sur les missionnaires protestants en Afrique. Il abandonne sa recherche; mais garde l’enthousiasme pour ces missionnaires, dont il connaît l’histoire. Devenu dessinateur, il finit par convaincre le bédéaste Yann Karlen de concevoir un scénario qui sera la base de la bande dessinée. Quelques pages de rappel historique complètent la fiction à la fin du volume. Si l’exposition et la BD sont des objets autonomes, on peut prendre plaisir à découvrir l’une, l’autre ou les deux.

Référence et tarif préférentiel

Yann Karlen et Stefano Boroni, Capitão, Éditions Antipodes, 2019, 113 p., 27 fr.

Un tarif préférentiel de 24 fr. est proposé aux collaboratrices et collaborateurs de l’État de Vaud. Les personnes intéressées peuvent adresser leur commande par mail à editions@antipodes.ch (mention «Capitão: collaborateur VD»). Les volumes seront envoyés par courrier (7 fr. de frais de port en sus).

> Site de l’éditeur

Concours

Lanterne magique, fin du 19e siècle | MCAH, collection de la Fondation vaudoise du patrimoine scolaire.

Le Musée cantonal d’archéologie et d’histoire met 5x2 entrées pour l’exposition «Derrière les cases de la mission» au concours. Pour participer, écrivez un mail à info.gazette@vd.ch, mention «concours: derrière les cases de la mission» jusqu’à mercredi 16 octobre à minuit, en indiquant où vous travaillez. Les gagnants seront tirés au sort.

Le concours est réservé aux collaboratrices et collaborateurs de la fonction publique vaudoise.

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Rhinocéros en vis-à-vis au Musée de zoologie

«Rinâûsêrôse viltritiês», Gaston Dufour, 1950 | Collection de l'Art Brut

Jusqu'au 23 février 2020, les deux imposants rhinocéros du Musée de zoologie récemment restaurés dialoguent avec les mêmes animaux imaginés par l’artiste Gaston Dufour.

Le rhinocéros était le sujet de prédilection, le monstre favori et le compagnon de cauchemar de Gaston Dufour (1920-1966). L’artiste de la mouvance Art Brut a créé avec emphase celui qui est devenu son animal mythique, peut-être la bête qui le hante et sommeille en chacun de nous. Chaque bête imaginée porte un nom à l'orthographe particulière, comme «rinâûçêrshôse» ou «rin’hâûcêrôshe».

> «Rhinocéros féroce?». Exposition du Musée de zoologie, dans le palais de Rumine à Lausanne, jusqu'au 23 février 2020: ma-di: 10-17h.

> Entrée libre

> Site du musée

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Gravé rien que pour vos yeux

Le baiser, Edvard Munch, 1985 | Cabinet cantonal des estampes/Musée Jenisch Vevey

À Vevey, le Cabinet cantonal des estampes dévoile jusqu’au 5 janvier 2020 un large éventail de gravures issues de ses collections.

Datées de la Renaissance à nos jours, les pièces sont signées Dürer, Rembrandt, Goya, Picasso, Lichtenstein et bien d’autres. Articulée selon les différentes techniques de l’estampe, l’exposition revisite d’une manière subjective l’histoire de la gravure et témoigne de la richesse matérielle et créatrice de cette technique.

> «Rien que pour vos yeux #2: les plus belles estampes des collections». Exposition au Musée Jenisch à Vevey, jusqu’au 5 janvier 2020: ma-di: 11-18h; je: 11-20h.

> Site du musée

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Quand l'art et la science se rencontrent

«Neurons in a Box», Nicolas Toni, 2018

Du 14 octobre au 2 novembre, des chercheuses et chercheurs de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL exposent leurs «œuvres» à Lausanne.

Le but de l'exposition est de montrer au public que l’art et la science vont souvent de pair. 30 images sélectionnées par un jury seront présentées. Le projet est mené par une équipe de six chercheuses.

> «[Figure 1. A.] – The Scientific Art Exhibition». Exposition à la galerie d’art Spot2B, rue Enning 8 à Lausanne, du 14 octobre au 2 novembre: lu-ve: 11-19h et sa: 11-18h.

> Entrée libre

> Plus d’infos sur l'exposition

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Offres d'emploi

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Petites annonces

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Éditeur: État de Vaud. Rédacteur responsable: Laurent Koutaïssoff. Ont contribué à ce numéro: Emmanuelle Andrey (ea), Eléonore Egger (ee), Luc Jaccard, Marie-Hélène Jeanneret (mhj), Marie Minger (mm). Contact: info.gazette@vd.ch
Copyright(c) La Gazette n°298 - 11 octobre 2019