Direction générale de l’environnement: le grand déménagement
En prenant ses quartiers dans les hauts de Lausanne, la Direction générale de l’environnement (DGE) ne se contente pas de déménager. Elle réunit la majorité de ses sites de la région lausannoise dans un bâtiment emblématique et adopte de nouvelles manières de travailler au quotidien.
«Bien avant la création de la DGE en janvier 2013, le regroupement sur un même site des différents services liés à l’environnement était évoqué. Ce regroupement s’est finalement réalisé à l’automne 2021. De 2013 à 2021, nous avons donc dû faire preuve d’inventivité pour que cette fusion de services fonctionne, alors même que nous étions répartis sur de nombreux sites à travers la région lausannoise.» Cornelis Neet, directeur général de l’environnement résume ainsi les différents défis qu’une partie du personnel de la DGE a dû relever avant de se retrouver depuis peu dans ses nouveaux bureaux de la Maison de l’Environnement (MEV), à Vennes, dans les hauts de Lausanne. Ce qui change du tout au tout les conditions de travail des quelque 230 collaboratrices et collaborateurs réunis dans le bâtiment fraîchement sorti de terre (et dans les locaux des laboratoires cantonaux à Epalinges), mais aussi celles de leurs 140 collègues décentralisés dans toutes les régions du canton. «Nous sommes responsables de faire exécuter plus de 175 textes légaux cantonaux et fédéraux dans notre domaine d’activités, relève Cornelis Neet. Cela nécessite une coordination efficace et de constantes interactions.»
«Réunir nos unités était primordial»
Cette coordination n’était a priori pas une mince affaire dans l’ancienne configuration: plus d’une centaine de personnes de la DGE travaillaient aux quatre coins du canton et devaient régulièrement se rendre dans les locaux de leurs centrales respectives — alors réparties sur cinq sites, dont trois disséminés au centre de Lausanne, un au Chalet-à-Gobet et un à Saint-Sulpice: «Imaginez également la difficulté logistique pour l’organisation des séances. Sans même parler du besoin de contacts informels dont on sous-estime souvent la nécessité. Pour que le télétravail fonctionne bien, par exemple, il faut au préalable que les gens se connaissent. Réunir ces unités était donc primordial.»
Mettre un nom sur un visage
Si le personnel de la DGE était pressé d’investir ses nouveaux bureaux, la pandémie a ralenti le rythme prévu du déménagement, qui s’est déroulé sur plusieurs mois, par petits groupes. Une opération positive, aux yeux de Cornelis Neet. « Dans l’ensemble, les gens s’en accommodent et disent se sentir bien à la MEV. Surtout, de nombreuses personnes m’ont confié : “Je mets enfin un nom sur un visage, je peux parler à telle personne directement”. Maintenant, nous allons commencer à récolter les fruits de la fusion des anciens services réalisée il y a dix ans. Ce rapprochement va faciliter la symbiose entre les différentes divisions. Il faut imaginer que nos collègues en charge des forêts, des eaux, de la biodiversité et de la géologie travaillaient dans des lieux séparés... »
Deux ans de préparation
Conscient que les déménagements sont par essence un facteur de déstabilisation, la DGE a inséré cette étape dans une démarche plus générale. Un programme « Synergies », lancé voici deux ans, visait à préparer ce regroupement : «Parmi les différents volets, il y avait bien sûr l’organisation du déménagement, mais aussi la gestion de la mobilité ou des archives, donc des problèmes très concrets. De même, nous avons élaboré avec l’ensemble du personnel une vision à dix ans. Toutes ces démarches ont suscité une sorte d'élan qui devait nous porter au moment du déménagement.»
«Parmi les différents volets, il y avait bien sûr l’organisation du déménagement, mais aussi la gestion de la mobilité ou des archives, donc des problèmes très concrets. De même, nous avons élaboré avec l’ensemble du personnel une vision à dix ans. Toutes ces démarches ont suscité une sorte d'élan qui devait nous porter au moment du déménagement.»
La question de la mobilité
Dans ce cadre, la question de la mobilité, sujet sensible, a fait l’objet d’une profonde réflexion collective au sein des équipes de la DGE. Indépendamment de l’exigence d’exemplarité, le nouveau site n’offre qu’un faible nombre de places de parc. «L’accès au parking est donc très restrictif. Dès le départ, nous avons été parfaitement transparents : vous aviez une place de parc au centre-ville, vous n'en aurez plus. Il faut désormais passer aux transports publics ou au vélo. » Résultat : les collaboratrices et collaborateurs trouvent de nouvelles solutions pour se rendre au travail, notamment en transports en commun ou avec des moyens de mobilité douce — et la DGE compte aujourd’hui près de 50 cyclistes dans ses rangs.
«L’accès au parking est donc très restrictif. Dès le départ, nous avons été parfaitement transparents: vous aviez une place de parc au centre-ville, vous n'en aurez plus. Il faut désormais passer aux transports publics ou au vélo. Résultat: les collaboratrices et collaborateurs trouvent de nouvelles solutions pour se rendre au travail, notamment en transports en commun ou avec des moyens de mobilité douce — et la DGE compte aujourd’hui près de 50 cyclistes dans ses rangs.
«Deux ans de préparation n’étaient pas de trop pour permettre à nos collègues de changer leurs habitudes, de se faire à l’idée d’une toute nouvelle manière de travailler», résume le directeur général. (DA)
«De l’âge de la pierre à l’ère contemporaine»
Claude-Alain Davoli est l’un des quatre chefs de secteur des lacs et cours d’eau à la division Ressources en eau et économie hydraulique. Basé dans le Nord vaudois, il travaille en réseau avec une cinquantaine de personnes dont les inspecteurs des forêts, les collaborateurs en charge de l’entretien des cours d’eau, les biologistes, les gardes-pêche et surveillants de la faune, ainsi que l‘ensemble de l’équipe administrative. « Avant, toutes les divisions de la DGE étaient disséminées aux quatre coins de la ville et même jusqu’à Saint-Sulpice. Aujourd'hui, lorsque je descends à Lausanne pour voir mes collègues, je peux traiter plusieurs dossiers en même temps. Rendre visite à ceux qui ont la charge de la biodiversité pour éclaircir un point et, si j’ai un problème juridique ou de personnel, me rendre dans la foulée chez les juristes ou aux ressources humaines. S’il fallait quantifier le temps que nous gagnons, ce serait sans commune mesure avec ce que nous avons vécu jusqu’à peu… Je ne devrais pas le dire comme ça, mais nous sommes presque passés de l’âge de la pierre à l’ère contemporaine… »
«Gentiment, chacun a pris ses marques.»
Trente ans dans l'administration, dont onze à la Direction de l’énergie, Gisèle Tarabori n’en est pas à son premier déménagement; elle avait déjà organisé autrefois le rapatriement des bureaux d’Epalinges au Valentin. «Grâce au tri que nous avions déjà effectué alors et avec le soutien que nous avons reçu, le déménagement à la MEV s’est fait très facilement, sans trop de stress pour notre secrétariat. Environ 48 heures après le déchargement du dernier camion, nous étions déjà opérationnels. Nous avions reçu un petit guide pour nous aider à étiqueter les caisses, à clarifier le planning, etc. » Gisèle Tarabori met toutefois un bémol, «tout relatif». Faite pendant la pandémie et l’essor du télétravail, une évaluation avait montré que seuls 50% des bureaux environ étaient occupés à plein temps. Ce qui a conduit la Direction de l’énergie à développer le concept de bureau volant : «En effet, une bonne partie de nos collègues peuvent faire du télétravail, les bureaux ne sont donc pas attribués à des personnes et leur nombre est inférieur à celui du personnel, chacun ayant une sorte de caddie, dans lequel ranger ses affaires et que l’on déplace au gré de la place qu’on occupe. Il a été parfois difficile de satisfaire tout le monde tout en suivant les instructions de la direction. Certains l’ont vécu comme une frustration, même si maintenant, gentiment, chacune et chacun a pris ses marques.»
Construction en matériaux locaux : tout un symbole
La construction de la Maison de l’environnement – dont le budget était 18 millions de francs – s’est appuyée en grande partie sur des matériaux locaux. La charpente et l’enveloppe extérieure de cet édifice de quatre niveaux ont été réalisées entièrement en bois. Plus de 4000 m3, majoritairement de l’épicéa, ont été prélevés dans les forêts cantonales puis assemblés dans différentes entreprises vaudoises. Le corps central est pour sa part composé de briques en terre crue contenant 95% de terre et 5% seulement de ciment. Ces éléments ont été produits par une entreprise de la Côte, qui a développé un modèle exclusivement pour ce projet. La matière première vient de plusieurs chantiers de la région, tous situés à moins de 20 km de la fabrique. Quant au béton des fondations et des dalles, il est très majoritairement issu du recyclage. Des pompes à chaleur géothermiques assurent le chauffage de la maison, et 400 m2 de panneaux solaires photovoltaïques sont installés sur son toit végétalisé. Le bâtiment bénéficie également de quatre certifications environnementales et énergétiques (SméO, Minergie P-Eco, Nature et Économie et Bois Suisse). (DA)