"Avant le XVIIIe siècle, le masculin générique ne dominait pas encore la langue", rappelle Magdalena Rosende, au Bureau de l'égalité. | Photo: BIC (FA)
CommunicationPratique

Apprivoiser le langage épicène

Si la rédaction épicène – ou égalitaire – a de plus en plus cours dans l’administration cantonale, il n’en demeure pas moins quelques interrogations autour de sa pratique. Court éclairage sur cette modalité de rédaction.

"Avant le XVIIIe siècle, le masculin générique ne dominait pas encore la langue", rappelle Magdalena Rosende, au Bureau de l'égalité. | Photo: BIC (FA)
3-4 minutes de lecturePublié le 29 avril 2021

À quiconque pourrait penser que le langage épicène n’est qu’un phénomène de mode, Magdalena Rosende, cheffe de projet au Bureau cantonal de l’égalité entre les femmes et les hommes (BEFH), répond tranquillement que « cela fait déjà plus de quinze ans qu’une directive sur le sujet a été adoptée au sein de l’État de Vaud ». On constate enfin que ce langage, dit aussi « égalitaire », est de plus en plus usité. « La rédaction épicène est en train de faire son chemin au sein de l’administration cantonale et dans d’autres organisations de travail. Le BEFH reçoit de plus en plus fréquemment de questions à ce sujet. » De la relecture d’un règlement du personnel à la rédaction d’une offre d’emploi pour une entreprise du secteur privé en passant par de petits cours de vocabulaire (« quel est le féminin de syndic ? » s’interrogeait encore la semaine dernière par mail une usagère), le BEFH reçoit régulièrement des demandes.

L’enjeu principal ? Produire des textes qui s’adressent indistinctement aux femmes et aux hommes, « comme c’était le cas avant le XVIIIe siècle, lorsque le masculin générique ne dominait pas encore la langue », rappelle Magdalena Rosende. Et comme le précise encore la directive de 2005, « tenir compte de la totalité des destinataires sans privilégier une catégorie ou l’autre, harmoniser les solutions très variables employées par les différents services de l’État », en un mot comme en cent, « contribuer à la construction de l’égalité ». Car la rédaction égalitaire sert aussi à démontrer que tous les métiers sont accessibles aux femmes et aux hommes.

Réapprendre à écrire… et à penser ?

Loin des images de textes truffés de points médians – ces nouveaux signes de ponctuation destinés à présenter à la fin d’un même mot deux terminaisons différentes –, Magdalena Rosende se veut rassurante. « Ce type de procédé, dont on conseille de ne pas abuser, est utile quand on veut faire court en n’employant pas la double désignation ou lorsqu'on a affaire à des mots dont les variantes féminine et masculine ne se distinguent que très légèrement sur le plan phonique, voire uniquement sur le plan orthographique. » C’est aussi un ultime recours, quand les trois premiers principes de base (lire l’encadré) ne sont pas suffisants pour rendre un texte parfaitement égalitaire. « Après, c’est une question d’habitude, tout comme cela demande un peu de temps avant de se familiariser avec le langage administratif ou académique », note Magdalena Rosende. « Le rôle du BEFH est autant d’apporter des outils concrets pour s’autonomiser comme le guide de rédaction épicène ou la liste des 2000 noms de métiers, professions, fonctions et titres au masculin et au féminin (encadré), qu’une aide au cas par cas. Car le langage évoluant en même temps que la société, il n’est pas rare que de nouveaux métiers ou de nouvelles situations fassent leur apparition. « À chacun·e alors de réfléchir, de se poser des questions, de se montrer créatif » souffle Magdalena Rosende…

Écrire l’égalité : 4 règles de base

  1. Recourir systématiquement à la désignation « Madame » et renoncer à la désignation « Mademoiselle »
    Ex. Mesdames et Messieurs les contribuables, Mesdames les substitutes, Messieurs les substituts
  2. Féminiser ou masculiniser les désignations de personnes
    Ex. Une préfète, un préfet ; une syndique, un syndic ; une demandeuse, un demandeur ; une agente, un agent ; une juge, un juge ; la témoin, le témoin.
  3. En cas de double désignation, adopter l’ordre de présentation féminin puis masculin. L’accord et la reprise se font au plus proche, soit au masculin.
    Ex. La doyenne ou le doyen est libéré d'un certain nombre de périodes d'enseignement qui ne peut excéder, en principe, la moitié d'une charge complète d'enseignement. Il reçoit une indemnité annuelle fixée d'après les normes du département.
  4. Utiliser le point médian, voire le trait d'union, pour les formes contractées destinées à signifier la mixité, et non pas les parenthèses ou la barre oblique.
    Ex. Les président-e-s de tribunal sont chargé-e-s de…

Les outils de base

L’égalité s’écrit

Guide de rédaction épicène, 16 pages, Bureau cantonal de l’égalité

Liste des 2000 noms au masculin et au féminin

Vous souhaitez recevoir le guide papier gratuitement ou bénéficier de conseils personnalisés sur l’écriture inclusive ? Contactez le bureau cantonal de l’égalité par téléphone au 021 316 61 24 ou par mail à info.befh@vd.ch

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