Aurélie Meylan, responsable de l’apprentissage au DSAS, a eu le coup de foudre pour le Ori tahiti (la danse tahitienne) lors d’un voyage en Océanie. | Image: ARC Jean-Bernard Sieber
Collègue passionné·e

Une vahiné vaudoise cultive l’art de danser avec la nature

Au cœur du Nord vaudois, Aurélie Meylan vit sa passion pour la danse polynésienne. Un art qu’elle maîtrise à la perfection, au point de gagner un concours mondialement réputé. Responsable de l’apprentissage au Département de la santé et de l’action sociale (DSAS), elle nous raconte comment elle est devenue une véritable vahiné vaudoise

Aurélie Meylan, responsable de l’apprentissage au DSAS, a eu le coup de foudre pour le Ori tahiti (la danse tahitienne) lors d’un voyage en Océanie. | Image: ARC Jean-Bernard Sieber
4 minutes de lecturePublié le 27 sept. 2021

Tout a commencé il y a quelques années seulement. Lors d’un long périple à travers le monde, Aurélie Meylan et son futur mari visitent l’Australie et la Nouvelle-Zélande qui les plongent dans le triangle polynésien où ils séjournent de longs mois. Passionnée de danse depuis l’enfance, elle avait déjà eu le coup de foudre pour le Ori tahiti – littéralement la danse tahitienne – en visionnant des vidéos en ligne. En la découvrant en vrai, elle s’enflamme aussitôt.

« Cette danse est si féminine, si élégante, toujours en lien avec la terre. Tout le corps travaille : les pieds, le visage, les hanches, les bras et les mains. Les danseuses sont pieds nus et font des pointes, ainsi que des mouvements saccadés du bassin, pour chercher l’énergie dans le sol. »

Aurélie MeylanResponsable de l’apprentissage au DSAS

Pour schématiser, le bas du corps marque le rythme et le haut interprète un thème culturel en respectant une esthétique propre au Conservatoire de Tahiti. En l’occurrence, la danse parle beaucoup des légendes, des ancêtres, de la terre, du soleil, du vent, de la mer et de tous les éléments de la nature.

 

Danser au paradis

Avant même de mettre le pied sur les îles, Aurélie Meylan avait anticipé et contacté toutes les écoles de danse sur place. Elle en rejoint une à Moorea qui accueille une trentaine de danseuses : « Presque tout se faisait en plein air. On travaillait souvent dans un village presque entièrement végétal, construit sur pilotis, et reconstitué pour le film Vaiana de Walt Disney. Les entraînements se faisaient aussi sur le sable au bord de la mer, sur des terrains de pétanque et même sur des parkings. Simple, mais toujours paradisiaque. »

En juillet, la fête du Heiva met toutes les îles en effervescence. Longtemps jugé indécent et même interdit, le Ori tahiti est devenu un élément fondamental de cette fête. Toutes les écoles travaillent d’arrache-pied pour préparer leur spectacle. 

« Il y a un but commun. Tout au long de l’année, on se rassemble pour apprendre des chorégraphies et pour confectionner les costumes (dont certains entièrement végétaux) qui sont composés d’une coiffe, d’un plastron, d’un collier, d’un soutien-gorge très ornementé, d’un paréo et d’une ceinture, notamment. C’est magique. »

AURÉLIE MEYLANResponsable de l’apprentissage au DSAS

Loin des îles, loin du cœur

Le retour au pays est un crève-cœur. Et pourtant. Celui qui est en train de devenir son époux lui fait une surprise en invitant une troupe de danseuses tahitiennes à se produire lors de leur cérémonie de mariage. « Je pleurais d’émotion, se souvient Aurélie. J’y pensais tous les jours, j’étais en train d’oublier les pas, et je me disais qu’il fallait m’y remettre. Quasiment le lendemain, j’ai recommencé à m’entraîner sur des musiques de là-bas. » Et puis, l’épidémie de Covid a frappé le monde. À quelque chose, malheur est bon. « Par écrans interposés, nous avons commencé à nous entraîner avec des gens directement en Polynésie, ce qui ne se faisait pas avant. Ou avec de superbes danseuses, des Tahitiennes à Londres ou à Paris qui, avant, ne faisaient jamais rien en ligne. Tout d’un coup, tout s’est développé très rapidement. Trois fois par semaine, je m’entraînais seule ou en groupe. Une aubaine incroyable qui m’a permis de fortement progresser. »

 

Premier essai gagnant

Au contact de ces différentes leçons du monde entier, Aurélie Meylan apprend même l’existence d’un concours international de danse polynésienne. Ni une ni deux, elle s’inscrit et reçoit la musique officielle. Depuis un attique joliment aménagé à Suchy, elle crée sa chorégraphie et son costume.

« Quand j’ai envoyé la vidéo, je n’ai jamais osé imaginer que j’allais gagner. Ce fut donc une grande et magnifique surprise de découvrir le résultat ! »

AURÉLIE MEYLANResponsable de l’apprentissage au DSAS

Auréolée de sa couronne, Aurélie Meylan n’en est que plus motivée à continuer de s’améliorer et affiner ses techniques. « Cette danse est constituée de nombreux pas de danse, qui sont déjà relativement complexes, et qu’on associe pour créer la base d’une chorégraphie. Ensuite, on ajoute les bras, puis le regard qui s’adresse à la terre, au ciel et au public. Il y a enfin tout plein de détails - mais ils font toute la différence - comme les doigts et les hanches qui ondulent dans un même rythme. »

 

Langage universel

Aurélie Meylan partage désormais son savoir avec une dizaine d’élèves qu’elle aime appeler ses vahinés. Pour la Vaudoise, le Ori Tahiti procure de nombreux effets bénéfiques. Il fait travailler la musculature en profondeur tout en développant l’équilibre, l’assouplissement des hanches, et il apprend à dissocier le haut et le bas du corps : « Je constate que cette danse plaît beaucoup aux femmes, peut-être parce que cela leur permet de mieux appréhender leur image ou la sensualité de leur corps. Surtout, elle n’est jamais vulgaire, toujours élégante. Bien sûr il y a des appels sensuels avec les hanches ou les mains, mais cela parle surtout de plein d’autres choses en lien avec la nature. »

Au moment de conclure cet entretien, un colis en direct de Sao Paolo est déposé par le facteur. C’est un costume de samba qu’Aurélie a fait réaliser sur mesure : « La samba brésilienne, celle du carnaval, des strass et des paillettes m’a toujours fait rêver. » D’ailleurs, en 2019, elle dansait encore sur un char au Carnaval de Rio.

Avec Aurélie Meylan, la danse est véritablement un langage universel. (DA)

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