L’apprentissage, un type de formation essentiel
Le 20 août dernier, près de 430 jeunes débutant leur apprentissage ont fait leur rentrée à l’État de Vaud. Gros plan sur cette manière très helvétique de transmettre les connaissances et les compétences.
Le rituel est immuable. Chaque année se tient la cérémonie d’accueil des nouvelles et nouveaux apprentis de l’État de Vaud. Le 20 août, le Palais de Rumine en recevait plus de 400, et 350 en ligne, situation sanitaire oblige. Nuria Gorrite, présidente du Conseil d’État, et plusieurs cadres administratifs les ont accueillis. Ces nouveaux venus portent le nombre total de jeunes, toutes années confondues et pour l’ensemble de l’État de Vaud (administration cantonale, CHUV, COFOP, UNIL et hautes écoles), à près de 950.
« Dans le cadre du programme de législature, il a été fixé comme objectif la création de 150 places d’apprentissage supplémentaires sur cinq ans, soit d’ici 2022 »
Parmi eux, beaucoup d’apprentis de commerce, eu égard au grand nombre de places disponibles dans l’administration. « Le secteur tertiaire est clairement celui qui séduit le plus les jeunes, constate la spécialiste. Les places de polydesigners ou encore de médiamaticiens, métier à la confluence du domaine de l’information et de la communication, sont par exemple très prisées. »
De nouvelles filières viennent régulièrement se greffer à la cinquantaine déjà présentes à l’État. Deux d’entre elles ont été ajoutées entre 2020 et 2021, à savoir la formation de mécatronicien en automobile, qui consiste à réaliser des diagnostics sur l’ensemble d’un véhicule et à exécuter les travaux de réparation de manière autonome, et celle de gestionnaire en intendance, à savoir la conduite d’activités d’entretien et de gestion dans un ménage collectif (lire les témoignages). Preuve, s’il en fallait, que l’État de Vaud croit fermement en l’avenir de l’apprentissage.
Un programme spécial Covid
Des apprentissages qui peuvent prendre deux formes: soit, le plus fréquemment, un mélange entre cours et présence en entreprise durant trois ou quatre ans selon la profession choisie; soit, par exemple pour un apprentissage de commerce, les trois premières années de formation en école à plein temps et la quatrième en stage professionnel afin d’obtenir un CFC et une maturité professionnelle d’employé de commerce.»
«Ces deux modèles débouchent sur l’obtention d’un certificat fédéral de capacité (CFC), note Philippe Chaubert, chef du SPEV. La formation de trois ou quatre ans en école de métiers permet parfois à certains apprentis de gagner en maturité avant d’arriver en entreprise.»
Que deviennent toutes ces apprenties, tous ces apprentis formés à l’État? «Nous avons un processus qui permet d’en garder un maximum, dans la limite des places disponibles, répond Philippe Chaubert. C’est d’ailleurs dans notre intérêt de les conserver, car ils connaissent déjà l’État et sont tout de suite opérationnels.»
Ces deux dernières années, le Conseil d’État a, en outre, développé un programme nommé «Primodemandeurs d’emploi». «Spécifiquement conçu pour faire face à la pandémie, il a permis de créer des postes provisoires pour les apprentis qui avaient terminé leur formation et n’avaient pas de premier emploi en vue, ce qui leur évitait de commencer leur carrière professionnelle par une période de chômage. Ces jeunes ont ainsi pu exercer leur profession tout en complétant leur formation et bénéficier d’un accompagnement dans leurs recherches d’emploi. Nous allons faire un bilan afin de voir si ce programme sera reconduit, indépendamment de la crise sanitaire. On peut déjà dire qu’après quatre ou cinq mois, plusieurs personnes participantes ont pu être engagées au sein de l’État.» S’agira-t-il d’un effet positif persistant du coronavirus sur l’emploi des jeunes? Affaire à suivre. (FR)
« C’est chaque jour différent »
Benjamin Daniel Williamson, Lausannois, 21 ans, en 1ère année de gestionnaire en intendance à la Direction générale de l’agriculture (DGAV)
Pourquoi avoir choisi cette formation ?
Parce qu’elle est variée et touche à beaucoup d’aspects de la gestion d’un bâtiment, du nettoyage à l’administratif. C’est chaque jour différent et donc idéal pour une personne comme moi, qui déteste la routine. En outre, cela ouvre de nombreuses portes pour la suite.
Comment voyez-vous votre futur ?
Ce CFC devrait me permettre d’entamer d’autres formations, et notamment de débuter des brevets dans le secteur de la restauration. J’aime bien ce domaine et le côté service aux clients. Mais tout cela reste encore un peu vague pour l’instant.
Qu’est-ce qui vous a conduit à faire un apprentissage à l’État de Vaud ?
Les hasards de la vie. J’ai été guidé ici par une connaissance qui enseigne où je fais actuellement ma formation. J’ai passé les entretiens et fait mon stage, pour finalement être retenu.
« Travailler à l’État me pousse à donner le meilleur de moi-même »
Miryam Sottana, habitante de St-Aubin (FR), 21 ans, en 2ème année de mécatronicienne à la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR)
Pourquoi avoir opté pour cette formation ?
Après un CFC de gestionnaire en commerce de détail, achevé en 2019, je me suis rendu compte que la vente ne m’intéressait pas particulièrement. J’ai donc choisi de me rapprocher d’un métier en lien avec ma passion: l’automobile. J’ai d’ailleurs toujours préféré les métiers manuels.
Pensez-vous avoir fait le bon choix ?
Je suis ravie de cet apprentissage, qui consiste surtout à diagnostiquer, réparer et entretenir les véhicules. Le fait d’être à la DGMR me permet d’avoir entre les mains tous types d’engins. Ma formation est bien plus complète que celle que pourraient avoir mes confrères dans d’autres entreprises.
Le fait d’être à l’État, est-ce que cela a une valeur particulière ?
Oui, l’État de Vaud est à mes yeux une « entreprise » formatrice qui me pousse à donner le meilleur de moi-même. Et il y a aussi la motivation de représenter au mieux le Canton et ses employés.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Je ne suis pas encore certaine de ce que je ferai après mon apprentissage. Peut-être vais-je continuer avec un brevet, afin d’avoir encore plus d’opportunités. À voir.