Le pilote pose près de son appareil, avec des lunettes de soleil. Il tient son casque radio en mains. Derrière, une halle de l'aérodrome de la Blécherette.
Ancien journaliste, le délégué à la communication du DIRH Charles Super a déjà formé une vingtaine de pilotes depuis 2019. | ARC Sieber
Collègue passionné·e

Prendre de la hauteur

Délégué à la communication du Département des infrastructures et des ressources humaines, Charles Super nous emmène faire un tour à bord du Pipistrel électrique de l’aéroclub de Lausanne. Rencontre en altitude.

Ancien journaliste, le délégué à la communication du DIRH Charles Super a déjà formé une vingtaine de pilotes depuis 2019. | ARC Sieber
3 minutes de lecturePublié le 31 mars 2022

Minuscule, silencieux, ce petit avion est aussi léger que la chauve-souris dont il porte le nom. Lorsque Charles Super tire sur le manche pour le décollage, l’habitacle s’élève dans les airs avec la facilité d’un drone. En quelques secondes, la Blécherette et le stade de la Tuilière apparaissent en bas de la portière vitrée, et la forêt du Mont-sur-Lausanne dans le parebrise panoramique. Il fait un temps radieux, Lausanne étincelle, rehaussée par le bleu du lac que l’on découvre en amorçant un virage en douceur. Wouaw ! Le paysage est grandiose, tout est calme, les soucis sont restés en bas.

La paix de l'altitude

C’est ce calme que Charles Super vient retrouver dans les airs. Et la beauté du paysage, bien sûr, dont il ne se lasse pas, toujours changeant, toujours sublime. Parfois, il s’envole entre midi et deux heures, pour faire le vide – ou plutôt, pour faire le plein de beauté avant de retourner à son ordinateur.

L’aviation est entrée dans la vie de Charles Super en 2013, il avait 25 ans. Malgré un grand-père aviateur et un frère fan d’avions dans l’enfance, il n’avait jamais pensé piloter avant. À cette époque, il faisait beaucoup de ski et poursuivait sa carrière de journaliste radio à LFM, mais il recherchait un nouveau défi, un domaine où apprendre encore. C’est en retrouvant sur Facebook une ancienne prof de gymnase passionnée de pilotage qu’il se rend à une journée portes ouvertes de l’Aéroclub de Lausanne. « Je n’oublierai jamais ce premier vol d’initiation. C’était un sentiment surréaliste. La météo n’était pas idéale, mais j’ai su que c’était ce que je voulais faire. ».  Cette intuition et ce désir ne le décevront pas. Dès ses premières leçons, il découvre un univers dont il ne se lasse pas, dont on ne peut pas faire le tour.

«Je n’oublierai jamais ce premier vol d’initiation. C’était un sentiment surréaliste. La météo n’était pas idéale, mais j’ai su que c’était ce que je voulais faire.»

Charles SuperDélégué département de la communication du DIRH, pilote et instructeur

De formation en formation

Alors, il s’en donne à cœur joie. Après la licence de pilote privé (PPL), il suit la formation de pilote de ligne (ATPL). Non qu’il ambitionne de conduire des Boeing, mais les connaissances pour ce brevet sont passionnantes. En parallèle, il tente la voltige, comme ça, juste pour voir s’il supporte. Et oui, il supporte même bien, alors il suit la formation qui lui permet de perfectionner sa technique et d’améliorer sa précision. Par la suite, il s’initie à l’atterrissage en montagne avec un de ses collègues du club. L’expérience est forte, alors il se forme.

On voit le pilote à travers les vitres teintées de l'appareil.Le biplace s'apprête à décoller de la piste de la Blécherette. | ARC Sieber

En 2017, il devient vice-président de l’aéroclub de Lausanne et commence la formation d’instructeur. L’idée était de pouvoir, à terme, financer ses vols grâce aux heures d’instruction données, car c’est un loisir très gourmand financièrement. Mais il se prend au jeu et découvre un nouveau monde, celui de l’enseignement et des relations humaines à haute altitude. Depuis 2019, il a déjà formé une vingtaine de pilotes, entre formation de base et continue. « Dans l’habitacle, à 2000 m, il y a toutes sortes d’éléments qui rentrent en compte dans la relation qu’on développe avec son élève. La confiance, le lâcher-prise, la bienveillance. J’ai énormément appris, et ce n’est pas fini. » Autant de compétences qui lui profitent au sol également et qu’il a du plaisir à partager avec son équipe de communication du DIRH.

«Dans l’habitacle, à 2000 m, il y a toutes sortes d’éléments qui rentrent en compte dans la relation qu’on développe avec son élève. La confiance, le lâcher-prise, la bienveillance. J’ai énormément appris, et ce n’est pas fini.»

Charles SuperDélégué à la communication du DIRH, pilote et instructeur

Le territoire vu d’en haut

D’ailleurs, c’est amusant de pouvoir contempler, d’en haut, l’évolution des projets soutenus par son service. On survole justement le « saut-de-mouton », ce viaduc ferroviaire quasiment terminé à hauteur de Malley. Et juste à côté, on admire l’élégant Pont-Bleu de la gare de Renens. « En l’air, on est un témoin privilégié de l’aménagement du territoire, des évolutions de la nature et de la densification humaine. » Cet accès particulier est d’autant plus fort en Suisse, puisqu’une diversité incroyable de paysages est accessible en très peu de temps. « Les plus beaux vols, ce sont certainement ceux avec atterrissage sur glacier. Au printemps, vous partez de Lausanne, et vous vous retrouvez, 30 minutes plus tard, sur le glacier du Trient, à 3000 mètres d’altitude. Il n’y a pas un chat, pas un bruit, on a l’impression d’être sur une autre planète. »

Le pépin

C’est justement lors d’une de ses premières excursions en montagne, accompagné de son instructeur, que Charles Super a eu un petit coup de chaud. Ils survolaient le glacier de Tsanfleuron lorsque le moteur de l’avion équipé de skis a eu des ratés. Ils décident d’atterrir au plus vite et trouvent un endroit praticable en bas du glacier. « C’était une erreur humaine, comme souvent quand un pépin survient, explique-t-il. Un bouton de l’arrivée d’essence poussé à la place d’un autre. L’avion a pu redémarrer, mais le décollage n’a pas été simple. Quand vous avez fait une fois une erreur de ce type, vous ne la refaites plus ! »

L'avion Pipistrel, peu après son décollagePour Charles Super, s'élever dans les airs permet de prendre conscience de l’aménagement du territoire ou des évolutions de la nature. | ARC Sieber

L’atterrissage sur la piste de la Blécherette est aussi agréable et tranquille que le décollage. Aucun à-coup. Le Pipistrel donne vraiment envie de se mettre à piloter, tant il semble facile à manier et rassurant, contrairement aux petits avions à moteurs conventionnels, vite impressionnants. D’ailleurs Charles Super instruit régulièrement sur cet avion électrique qui présente effectivement beaucoup de confort pour les débutants.

Alors, prochaine étape ? « Ce sera certainement la formation d’instructeur en voltige. L’instruction offre encore bien des perspectives. » Mais, Charles Super ne force rien. Il n’est pas question de s’épuiser à voler tous les week-ends. Puisqu’il fait si beau, il ira skier aux Portes-du-Soleil, histoire de prendre du recul. Il s’agit de ne pas se lasser, préserver le plaisir avant tout. (LKL)

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