Il (re)dessine le monde avec humour
Cédric De Luca cultive depuis sa plus tendre enfance une véritable passion pour le dessin. Ce chef de projets de la Direction générale des systèmes d’information croque désormais l’actualité avec dérision.
La mine de son crayon caresse le papier avec virtuosité. Au fur et à mesure des traits et des arrondis qui apparaissent sur la feuille blanche s’affiche l’inspiration du moment de Cédric De Luca. Ensuite, ce chef de projets de la DGNSI repasse l’ensemble au stylo noir indélébile, avant de dégainer ses pinceaux d’aquarelliste. En à peine une heure, son œuvre, style dessin de presse, est achevée. « Mes réalisations sont volontairement simples, explique-t-il. Cela permet de mieux mettre en avant le message que l’on souhaite faire passer, pour qu’il saute immédiatement aux yeux. » Des messages que Cédric De Luca veut parfois anachroniques, de temps en temps piquants, jamais blessants, mais inéluctablement humoristiques. « C’est une déformation familiale, car avec mes trois filles et ma femme, nous manions volontiers les jeux de mots », confie ce Vaudois de 54 ans. Sur le papier, les mots sont toutefois saupoudrés avec parcimonie, voire absents. Pour Cédric De Luca, un dessin vaut mieux que de longs discours.
Des textos sous forme de dessins
Sa fibre artistique, il l’utilise pour croquer le monde qui l’entoure. Tant sous l’angle de son quotidien que par la lorgnette de l’actualité internationale. Le plaisir chevillé au corps et l’instantanéité en bandoulière, il laisse libre cours à son imagination pour inscrire ses dessins dans son présent. Résultats: des caricatures qui nous amènent, sans transition, d’une réalisation à l’attention de son filleul qui illustre son 16e anniversaire à une autre, où apparaît Donald Trump, en passant par le coronavirus, qui l’inspire actuellement beaucoup. « Je ne m’autocensure pas, mais j’évite les sujets trop graves, comme la guerre, car ils ne me font évidemment pas rire », affirme cet habitant du Mont-sur-Lausanne.
« Je ne m’autocensure pas, mais j’évite les sujets trop graves, comme la guerre, car ils ne me font évidemment pas rire »
Depuis le début de l’année, Cédric De Luca avoue réaliser près d’un dessin par jour… à dessein: « Je veux voir si j’arrive à tenir sur la durée. » Dans la bouche de ce sportif émérite amateur d’endurance (trail, vélo), le discours ne surprend guère. Le sport comme le travail font d’ailleurs partie de ses sujets de prédilection. Quand on lui demande combien il a réalisé de dessins jusqu’ici, il sort quatre portfolios en bois abondamment garnis. « Je ne les ai jamais comptés, mais, en moyenne, je dois en faire environ 200 par année, estime-t-il. Comme j’en transmets beaucoup par message, je conserve un grand nombre d’originaux. » Quand les membres de sa famille, ses amis ou ses collègues lui envoient un WhatsApp, ils ne sont depuis longtemps plus surpris de recevoir une image en retour.
Vers une nouvelle carrière ?
Il faut dire que Cédric De Luca a eu tôt fait de tomber dans la marmite artistique. « La passion du dessin s’est imposée à moi très jeune et ne m’a jamais quitté, se souvient-il. Vers l’âge de 10 ans, j’ai même gagné quelques concours, notamment un organisé par la Tribune de Lausanne. J’avais dessiné la championne Lise-Marie Morerod, le ski étant l’une de mes autres grandes passions. » Par la suite, ce maître ébéniste de formation, devenu ingénieur en informatique, mettra notamment son talent au service des dessins techniques qu’il devait effectuer. S’ensuivra une période naturaliste, avec la reproduction fidèle d’animaux, de parties du corps ou d’objets, qui débouchera finalement sur le dessin de presse. En la matière, il cite comme référence Burki et Bénédicte, « que j’ai la chance de connaître personnellement. Tous deux ont cet art de synthétiser les choses avec beaucoup de talent. » Qu’est-ce qu’un bon dessin de presse, à son sens ? « Celui qui nous extrait de notre quotidien pour nous faire du bien. » À n’en pas douter, il en a déjà signé plusieurs! Au point d’être prêt à changer de carrière professionnelle ? « Après 11 années passées à l’État de Vaud, j’aime toujours autant mon métier, répond-il. Cela dit, si une opportunité se présente à moi… » En tout cas, ce ne sera pas une (ligne de) fuite.
« Après 11 années passées à l’État de Vaud, j’aime toujours autant mon métier, répond-il. Cela dit, si une opportunité se présente à moi… »
En attendant, Cédric De Luca est bien décidé à continuer à assouvir sa passion, porté par les échos positifs qu’il reçoit. Et pourquoi ne pas publier un jour prochain un ouvrage réunissant quelques-uns de ses dessins ? L’idée le séduit. Pour l’heure, la Direction générale de la mobilité et des routes a décidé d’afficher sur ses écrans d’accueil un dessin où il se moque gentiment d’un cantonnier confronté à une plante invasive. Serait-ce là les prémices d’un succès aussi invasif que les végétaux qu’il a dessinés ? (FR)