Alcool: trois slogans décortiqués pour des fêtes en toute sérénité
La saison des vins chauds et des apéros bat son plein. Chic! Et choc aussi, lorsque l’on se rend compte que la période des fêtes génère une hausse importante des accidents causés par l’alcool… Pourtant, au fil des années, les slogans de prévention s’enchaînent: si l’on comprend en filigrane que la modération doit primer, qu’en est-il des strictes recommandations scientifiques et légales? À travers trois slogans décortiqués, voici quelques conseils et outils bienvenus.
Souvent bon marché, fréquemment associé à la détente et à la fête (grâce à ses effets désinhibants), l’alcool fait partie intégrante de notre culture. Il peut pourtant être à l’origine de différents problèmes pour la santé ou pour la vie en société. Comme le rappelle l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), il est « l’une des plus anciennes substances psychoactives de l’histoire de l’humanité. Il influence la conscience de soi, la perception de la réalité et les fonctions motrices ».
Au delà d’une certaine consommation, l’alcool devient un facteur de risque majeur pour certains cancers ou maladies chroniques comme les troubles cardiovasculaires ou psychiques (anxiété ou dépression). Si une consommation chronique à risque peut contribuer au développement de maladies, la répétition de soirées très arrosées (consommation ponctuelle à risque) implique un risque accru de blessures; à long terme, elle n’épargne pas non plus le cerveau et peut avoir des conséquences importantes dans la vie quotidienne et professionnelle, comme les troubles de la mémoire ou les difficultés d’apprentissage.
Début 2023, l’OMS déclarait dans un communiqué que la consommation d’alcool n’était de tout façon «jamais sans danger pour la santé, quelle que soit la quantité consommée». Carina Ferreira-Borges, conseillère régionale pour le programme Alcool et drogues illicites au Bureau régional de l’OMS pour l’Europe ajoutait : «La seule chose que nous puissions affirmer avec certitude est que plus l’on boit, plus c’est nocif. Ou, en d’autres termes, que moins on boit, moins on court de risques.»
Sur son site, Addiction Suisse propose dans cet esprit des préconisations un peu plus précises pour favoriser une consommation modérée, dite malgré tout « à faible risque » ; cette fondation d’utilité publique indépendante juge qu’une consommation supérieure à ces quantités est considérée comme « chronique » lorsque l’on boit tous les jours ou « ponctuellement à risque » lorsque l’on boit, au moins une fois par mois, minimum quatre verres d’alcool pour les femmes et cinq pour les hommes.
- Les femmes adultes en bonne santé ne devraient pas boire plus d’un verre d’alcool par jour. Elles devraient entièrement se passer d’alcool au moins deux jours par semaine. En cas d’exceptions, elles ne devraient pas boire plus de quatre verres d’alcool.
- Les hommes adultes en bonne santé ne devraient pas boire plus de deux verres d’alcool par jour. Ils devraient entièrement se passer d’alcool au moins deux jours par semaine. En cas d’exceptions, ils ne devraient pas boire plus de cinq verres d’alcool.
«Boire ou conduire, il faut choisir»
Ce slogan bien connu date de 1977 et on adore le dire sur tous les tons. Pourtant, selon le Bureau de prévention des accidents (BPA), 10% des accidents restent dus chaque année à l’alcool, et ce pourcentage augmente drastiquement à deux moments précis: à Noël, il double pour passer à 20%, et il atteint 35% à la Saint-Sylvestre et au Nouvel An. Donc, boire ou conduire, oui, il faut choisir.
Pour rappel, la limite légale du taux d’alcool pour conduire un véhicule est de 0.25 mg/l dans l’air expiré (testée grâce à l’éthylomètre) et la tolérance zéro est en vigueur pour les conductrices et conducteurs de camions et de bus, ainsi que pour les nouvelles conductrices et nouveaux conducteurs. Cette limite étant atteinte plus ou moins vite en fonction de ce que l’on boit, de la rapidité à laquelle on boit et de sa taille, difficile de donner des recommandations précises. Comme le résume le TCS: «Si vous conduisez, ne buvez pas d’alcool».
« Be My Angel » (bemyangel.ch/fr/alcoolemie): un outil purement indicatif
Si les résultats fournis ne font pas le poids au niveau juridique – le test d’alcoolémie par l’examen de l’air expiré et/ou le prélèvement sanguin seuls faisant foi –, l’application « Be My Angel » peut-être un outil pertinent pour se rendre compte de son taux d’alcoolémie. En indiquant son sexe, son poids, le type d’alcool (volume compris) et sa quantité ingérée selon les heures, l’application vous signale le degré probable que vous avez dans le sang et le nombre d’heures qu’il vous faudra pour l’éliminer…
« Ceux qu’on aime, on les ramène »
Ce slogan, imaginé en 2023 par le Canton de Fribourg, souhaitait mettre en évidence la notion de solidarité et de bienveillance envers les autres. Si l’option taxi ou transports publics n’est pas possible pour rentrer chez soi après avoir consommé de l’alcool, il faut alors automatiquement prévoir un conducteur sobre dans le groupe.
En décembre: ayons le réflexe Opération Nez rouge!
Faisant un «cadeau aux automobilistes», les bénévoles de la Fédération Nez rouge se mobilisent au mois de décembre pour ramener gratuitement à domicile les conductrices ou conducteurs aux facultés affaiblies. Avec 21 sections à l’échelle suisse (dont trois dans le canton de Vaud), il suffit d’appeler au 0800 802 208 durant les heures d’ouverture et de commander un chauffeur au plus près pour se faire ramener à bon port. Si ce service n’est pas garanti à 100% (cela dépend de l’affluence des demandes), notons qu’en décembre 2023, ce sont tout de même plus de 17'000 personnes en Suisse qui ont fait l’expérience d’une « rentrée à la maison en toute sécurité».
Permanence Nez Rouge Vaud 2024 : 6 et 7 décembre, 13 et 14 décembre, du 19 au 31 décembre 2024
« Sans alcool, la fête est plus folle ! »
Si ce slogan de 2011 purement marketing était destiné à vendre des boissons sans alcool, il est resté dans nos mémoires comme un mantra: oui, il est peut-être bien possible de s’amuser sans boire… C’est que notre rapport à la consommation d’alcool a évolué, comme le relève Addiction Suisse: «La part des personnes qui consomment de l’alcool quotidiennement a baissé dans toutes les classes d’âge depuis 1992». Et, en 2022, 17% de la population suisse était abstinente, soit plus d’un million de personnes. Si en Suisse c’est la bière qui caracole en tête avec une vente annuelle par habitant de 62,4 litres (contre 34,6 litres de vin), les variantes sans alcool ont fleuri ces dernières années, proposant des alternatives festives aussi bonnes en goût que pour notre santé.
De quoi garder à l’esprit que ce qui compte avant tout, en ce mois de décembre festif rythmé par les apéritifs et les repas de fin d’année, c’est de partager des moments de convivialité avec ses collègues, qu’ils boivent de l’eau pétillante ou du chasselas, sans oublier de faire attention à sa consommation.(EB)
Info ou Intox?
- Aucun subterfuge (café, tabac, douche, eau, sommeil) ne permet d’éliminer plus vite l’alcool dans le sang et d’en atténuer les effets.
- Non, l’abricotine en fin de repas n’aide pas à digérer: elle ralentit au contraire la digestion. Une promenade après un repas copieux et arrosé est sans doute la meilleure option…
- Boire de l’eau régulièrement entre deux verres d’alcool ne fait aucunement baisser l’alcoolémie. En revanche, cela peut aider à éviter les effets désagréables de la fameuse «gueule de bois» du lendemain.
- Des études ont aussi fait ressortir que des jours sans consommation d’alcool diminuent certains risques, notamment pour les maladies hépatiques. Pourquoi ne pas tester le dry january? (dryjanuary.ch/fr)