Le stand-up à l’honneur
Le Ch’nit, premier club où défile la crème du stand-up en terre vaudoise, fait salle comble une fois par mois, à Lausanne. Il doit ce succès principalement à deux femmes. L’une d’entre elles, Stéphanie Solinas, est adjointe de la directrice au Château de Morges. Une lubie lui a fait découvrir le monde du stand-up, discipline qui peine encore à trouver une plateforme romande. Elle raconte son coup de foudre et ce projet un peu fou de créer un lieu d’humour en pleine pandémie de coronavirus.
La vie de Stéphanie Solinas, comme celle de huit milliards d’êtres humains, est bouleversée en février 2021. Après 22 ans à organiser des événements partout en Suisse, dans le nord de l'Italie et dans les Alpes françaises, la pandémie de covid-19 bloque toute la scène de l’événementiel et interrompt brusquement sa carrière. Après quelques mois de chômage technique, durant lesquels elle n’a pourtant pas chômé, elle entre au Service de la sécurité civile et militaire (SSCM) comme cheffe adjointe du centre de vaccination de Beaulieu à Lausanne. Elle est aujourd’hui adjointe de la directrice du Château de Morges et responsable du pôle exploitation et événements pour le SSCM.
Un « coup de tête » crée le déclic
Son histoire d’amour avec le stand-up débute en 2017 alors que Stéphanie Solinas vit une traversée du désert: «J’étais dans une mauvaise passe, très déprimée. Ma meilleure amie a tout fait pour me tirer de ma torpeur et m’a proposé de faire un aller-retour éclair, pour une soirée, au festival off d’Avignon. Peu emballée, j’ai malgré tout accepté.» Ce road trip express de 24 heures pour changer d’air et oublier temporairement les soucis va déboucher sur une nouvelle passion pour les deux femmes: «Au off d’Avignon, il y a vraiment tout et n’importe quoi, mais beaucoup d’humoristes viennent tester leur spectacle dans une ambiance intimiste. J’ai eu un coup de cœur pour du stand-up belge et nous avons noué des liens avec plusieurs humoristes en passant la suite de la soirée avec eux jusqu’au petit matin». Cette soirée agit comme un détonateur pour Stéphanie Solinas. Elle et sa comparse écument ensuite les clubs de stand-up en France et en Belgique pour découvrir ce milieu. «Dès qu’on le pouvait, on sautait dans un TGV, direction Paris ou Bruxelles. Rapidement, nous avons fait le constat qu’il manquait quelque chose à Lausanne pour mettre en valeur les humoristes francophones. Le projet a germé au fur et à mesure de ces séjours, en apprenant le fonctionnement de ce type de spectacle et en rencontrant toujours plus d’artistes».
Une première de folie
Trois ans et des dizaines de spectacles plus tard, l'idée d’un comedy club lausannois, suspendue dans l’air par manque de temps, se concrétise. À l’arrivée du coronavirus, les deux femmes s'activent, alors que la société s’immobilise. Au moyen de leur carnet d’adresses désormais bien fourni, elles prennent la température auprès des artistes qu’elles ont aimés. Dans cette période particulièrement compliquée pour le domaine artistique, de nombreux humoristes des quatre coins de la francophonie s'emballent et répondent présent à l’appel d’un nouveau comedy club. Le Ch’nit comedy club, référence au «Bordel comedy club» de Montréal, à la sauce vaudoise, ouvre ses portes en septembre 2021 au Cazard à Lausanne.
Deux cents chaises ont été achetées au préalable par nos organisatrices qui trouvent les sièges du Cazard trop confortables: «Pour le stand-up il faut que le public soit serré, compact, afin de créer une synergie avec l’artiste. C’est un spectacle vivant et entendre les gens s'esclaffer juste à côté libère le rire». La salle est pleine comme un œuf et cette première laisse un souvenir impérissable à Stéphanie Solinas: «En y repensant, j’en ai encore les poils qui se dressent. Le public était en ébullition. Les gens étaient fous après des mois sans sortie, c’était vraiment impressionnant». Depuis, les dates s’enchaînent et se ressemblent. Le bouche-à-oreille a fonctionné du côté du public comme chez les artistes. Les spectacles, au nombre de dix par année, se jouent le plus souvent à guichet fermé, pour le plus grand bonheur de Stéphanie Solinas : «Après deux saisons au Cazard, il a fallu chercher une salle plus grande. Les gens se plaignaient que les deux cents billets partaient trop vite !» Désormais, des humoristes romands et étrangers parmi les plus fameux ont ajouté la case «Ch’nit» à leur agenda, et ce sont les murs de la salle des fêtes du Casino de Montbenon qui tremblent aux éclats de rire du public. (VB)
Le Ch'nit comedy club
Chaque premier mercredi du mois, de septembre à juin, à la Salle des Fêtes du Casino de Montbenon, à Lausanne.
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