
Mobiles: pourquoi et comment décrocher?
Chaque année, du 6 au 8 février, les Journées mondiales sans téléphone portable et smartphone nous rappellent l’importance de réfléchir à l’impact gigantesque de ces petits objets, pourtant bien utiles dans nos vies privées et professionnelles. De la mobidépendance aux troubles musculosquelettiques en passant par la détox digitale ou la prévention au sein de l’État, on fait le point pour rester connecté à soi et aux autres.
Êtes-vous nomophobe? Si ce néologisme anglais (contraction de «no mobile phobia») n’est pas reconnu par l’OMS comme une maladie, il est pourtant entré en 2017 dans le Petit Robert pour parler d’une «dépendance extrême au téléphone portable». Cette mobidépendance (terme préféré et défendu avec ardeur par l’Office québécois de la langue française) se manifeste notamment lorsque le téléphone est perdu, à court de crédit ou de batterie, ou que le réseau fait défaut… Les symptômes? Ils vont de l’anxiété aux changements de comportement en passant par des réactions physiques comme des palpitations ou des sueurs.
Des conséquences sur la santé et la sécurité au travail
Bien qu’une vaste et rassurante étude mandatée par l’Organisation mondiale de la santé* ait conclu en fin d’année que les ondes du wi-fi et des portables n’étaient pas cancérigènes, il convient de garder à l’esprit les divers troubles imputables au téléphone portable: «L’utilisation prolongée des smartphones, souvent dans des postures inadéquates, peut engendrer des douleurs cervicales, des tensions dans les épaules ou encore des problèmes au niveau des poignets et des doigts, détaille Sonia Bastardo qui œuvre à la DGRH pour la Qualité de vie au travail. Quant à la lumière bleue émise par les écrans, on sait qu’elle perturbe le sommeil et peut provoquer une fatigue oculaire chronique.»
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Au sein de l’État, on n’ignore pas non plus le phénomène de la dépendance numérique: «On le sait, les notifications constantes et l’hyperconnexion favorisent le stress, réduisent la concentration et augmentent les risques d’épuisement professionnel, encore renforcés par l’effacement des limites entre vie privée et travail», poursuit Sonia Bastardo qui rappelle à ce sujet le point 9 de la directive technique de la loi sur le personnel sur le télétravail, formulant le droit des collaborateurs et des collaboratrices à se déconnecter des outils numériques professionnels en dehors des heures de travail.
Outre la santé, c’est bien la sécurité qui est menacée par l’utilisation du téléphone mobile sur le lieu de travail, notamment dans des environnements nécessitant une vigilance accrue (chantier, conduite): «Ces distractions fréquentes augmentent considérablement le risque d’accident et elles entraînent par ailleurs un accroissement des erreurs humaines dans les tâches professionnelles.»
Montrer l’exemple aux plus jeunes
En octobre 2024, une enquête Comparis faisait valoir qu’un peu plus de 40% de la population suisse présentait des signes évidents de nomophobie, parfois prononcés, et que la Suisse romande devançait la Suisse alémanique de dix points dans ce domaine… En première ligne, les jeunes entre 16 et 35 ans, la génération des «mobile natives». L’autre grand responsable du mal-être cellulaire? Les réseaux sociaux, dont Addiction Suisse révélait en 2023 qu’ils faisaient l’objet d’un «usage problématique» chez 10% des filles et 4% des garçons dès 11 ans.
«Il s’agit de problématiques importantes chez les jeunes, que les personnes en charge de leur formation devraient avoir toujours à l’esprit», préconise Sonia Bastardo. Prônant un dialogue ouvert et non culpabilisant, la DGRH propose ainsi aux formateurs et formatrices sur la place de travail ou en entreprise de sensibiliser leurs apprenties et apprentis et leurs stagiaires en organisant par exemple des ateliers ou des discussions sur des thématiques comme le risque de cyberharcèlement, la dépendance numérique, le partage excessif d’informations personnelles ou encore la désinformation et la manipulation… «Sans être expert soi-même, il s’agit dans son encadrement de proposer des règles claires concernant l’usage des réseaux sociaux et, bien sûr, de donner l’exemple en montrant une utilisation responsable, critique et éthique des technologies ».
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Détox digitale : trouver l’antidote dans le poison
En parallèle d’une production et d’un usage en expansion (l’Office fédéral de la statistique révélait en 2024 que la quasi-totalité des personnes avaient utilisé un appareil mobile au cours des trois derniers mois pour se connecter à internet, plaçant la Suisse au-dessus de la moyenne européenne), les constructeurs développent paradoxalement toujours plus de fonctions à employer si l’on peine à s’imposer à soi-même quelques restrictions.
De la programmation «Concentration» à la fonction «Temps d’écran» proposées par Apple (qui permet de visualiser la durée d’utilisation du mobile en le comparant à la semaine précédente) en passant par l’option «Lever la tête» sur Android (qui émet des rappels si vous scrollez en marchant dans la rue) ou le mode «Chut!» des mobiles Pixel de Google (qui permet de mettre le téléphone en sourdine quand vous le posez sur la face avant), nous n’avons plus d’autre choix que de nous accorder une hygiène cellulaire à toute épreuve.
Pour celles et ceux qui connaîtraient malgré tout des difficultés, Unisanté met à disposition un accompagnement personnalisé (ou collectif dans le cas de prévention et de sensibilisation) concernant les conduites addictives. Qu’il s’agisse de mieux aborder les enjeux professionnels liés à la consommation occasionnelle ou répétée de substances psychoactives (alcool, drogues, médicaments et autres) ou les conduites et troubles addictifs comme la mobidépendance, elle propose une gestion adaptée et un soutien médical structuré en collaboration avec le réseau médical. (EB)
Plus d’infos : https://www.unisante.ch/fr/media/1189/download
Dépassé? Un bon mobile pour chercher du soutien
Quel que soit le mobile de votre mal-être au travail, l’État de Vaud propose plusieurs plateformes de soutien et divers interlocuteurs et interlocutrices adaptés à vos besoins. Un petit coup de mou? On vous donne un coup de main.
Demander du soutien auprès de la direction Qualité de vie au travail (QVT)
Vous avez observé des changements dans votre attitude, votre énergie ou votre état moral? Votre entourage vous a fait part de ses remarques ou de son inquiétude? Vous souhaitez du soutien pour mettre en place des actions vous permettant d’améliorer votre bien-être au travail? Adressez-vous à la Direction Qualité de vie au travail (DGRH) au travers d’une demande d’accompagnement pour un coaching préventif. À l’issue de cet accompagnement, vous repartirez avec un plan d’action que vous aurez défini pour favoriser votre bien-être au travail.
Plus d’infos : dgrh.qvt@vd.ch
Profiter des consultations médicales d’Unisanté
Vous sentez que votre vécu professionnel s’est dégradé et qu’il a un impact sur votre santé ? Unisanté propose la prestation «Activer ses ressources». En deux à trois consultations médicales individuelles et confidentielles, vous aurez la possibilité de faire un état des lieux de votre situation sur la base d’un questionnaire portant sur les facteurs de risques psychosociaux, d’identifier des actions à mettre en place et d’en suivre l’évolution.
Déjouer conflits et le harcèlement, même à travers un écran
Deux entités indépendantes soutiennent également la protection des collaboratrices et collaborateurs de l’État de Vaud :
- L’Espace Écoute et médiation met à disposition des personnes de confiance pour vous soutenir dans les situations de difficultés relationnelles au travail.
- L’Unité Investigation peut être saisie si vous estimez être victime de harcèlement psychologique ou sexuel.
Plus d’infos : www.vd.ch/protection-au-travail