Dessin avec animation: scène de rue avec des ouvriers travaillant sur la chaussée, une personne donnant un biberon à un enfant sur un banc public avec une glacière, près d'un robinet public.
Dans les cantons ayant un Plan canicule, on note une véritable prise de conscience dans la population: le taux de décès dû à la chaleur est plus bas entre 2009 et 2016 qu’entre 2003 et 2008.
Santé et sécurité au travail

Fortes chaleurs: comment s’y préparer?

À la veille de l’été, Arianna Radaelli, collaboratrice scientifique à l’Office du médecin cantonal et Antonino Trovato, ingénieur spécialiste en sécurité et santé au travail à la Direction générale des ressources humaines, donnent quelques conseils pour affronter la chaleur.

Dans les cantons ayant un Plan canicule, on note une véritable prise de conscience dans la population: le taux de décès dû à la chaleur est plus bas entre 2009 et 2016 qu’entre 2003 et 2008.
3 minutes de lecturePublié le 19 juin 2025

Responsables chaque été en Suisse de 500 décès en moyenne, les fortes chaleurs sont aussi la cause de l’aggravation de certaines pathologies. La bonne nouvelle? C’est Arianna Radaelli, collaboratrice scientifique à l’Office du médecin cantonal (OMC), qui nous l’apporte: «Ce que l’on constate, c’est que les cantons ayant mis en place un Plan canicule – comme le canton de Vaud depuis 2009 – ont permis une véritable prise de conscience dans la population, comme l’atteste un taux de décès dû à la chaleur plus bas pour la période estivale 2009-2016 que la période précédente, de 2003 à 2008. «Le fait de sensibiliser et de marteler certaines informations porte ses fruits, c’est très encourageant», se réjouit-elle, même si cela ne suffit pas. En effet, les épisodes de fortes chaleurs deviennent de plus en plus fréquents, durent plus longtemps et atteignent des températures plus élevées.»

Des mesures structurelles au travail

Antonino Trovato, ingénieur spécialiste en sécurité et santé au travail à la Direction générale des ressources humaines (DGRH) de l’État, est tout à fait conscient de ces problématiques. «Ces bonds de température entre juin et septembre sont désormais notre quotidien. Les responsables doivent savoir que ce n’est pas anodin, même lors de chaleurs modérées».

Si la protection individuelle est fondamentale, il évoque en premier lieu les mesures organisationnelles, prises au niveau de l’État employeur. «Dans l’administration cantonale où le travail de bureau prévaut, certains services sont logés dans des monuments historiques où l’équilibre thermique peut être plus compliqué. Dans les bâtiments techniquement complexes, on essaye d’optimiser les systèmes de ventilation en travaillant main dans la main avec la Direction générale des immeubles et du patrimoine (DGIP) en s’adjoignant notamment le concours des conciergeries afin d’améliorer la régulation thermique et la ventilation mécanique.» Au cœur de ce dispositif, des mesures simples et éprouvées depuis longtemps sous d’autres latitudes, qui se révèlent très payantes: baisser les stores en journée et aérer les locaux la nuit, ou tôt le matin. «L’idéal est de se calfeutrer le plus raisonnablement possible la journée. À ne pas oublier, surtout dans des locaux à forte occupation, que le dégagement de chaleur d’une personne au repos est de 100 watts, mais peut aller jusqu’à 700 watts lors d’une activité physique importante, ce qui équivaut à la puissance d’un petit radiateur.» 

Des mesures organisationnelles qui peuvent faire la différence

Et le rôle des responsables d’équipe? Première donnée à prendre en compte: la présence chez leurs collaboratrices et collaborateurs de personnes à risque, comme les femmes enceintes ou celles ayant des pathologies. «Les manageurs doivent jouer sur l’aménagement des tâches lorsque l’activité le permet, notamment celles qui demandent un effort physique», explique le spécialiste.

Concernée par le travail en extérieur, la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR) est par exemple habituée à adapter les horaires de travail afin que les équipes finissent plus tôt quand cela est possible, ou à adapter le nombre de pauses nécessaires afin de leur permettre de s’hydrater et de se rafraîchir. «Notre objectif est de garantir une qualité de vie au travail. Certains services permettent par exemple aux hommes de venir en tenue casual, c’est-à-dire en chemise à manches courtes, en bermuda de ville et en chaussures légères pour du travail qui ne nécessite pas d’interaction particulière. Encore une fois, on est dans des mesures simples, des adaptations raisonnables, mais qui peuvent vraiment faire la différence.»

Mesures personnelles : connaître les astuces de base

Si l’on a intégré la règle d’or (ne pas s’exposer directement au soleil entre 11h et 16h et chercher la fraîcheur), on a peut-être plus de mal avec celle concernant l’hydratation, en raison parfois d’une sensation de soif altérée (comme chez les personnes âgées ou celles souffrant de maladie chronique).

Pourtant, une des règles fondamentales en cas de forte chaleur reste de s’hydrater… Une autre règle: s’hydrater encore, et avec de l’eau tempérée, car une eau glacée perturberait notamment la régulation de la température corporelle.

Côté vestimentaire, il convient comme dans les pays chauds de porter des habits clairs (qui favorisent l’effet réfléchissant) et amples (qui permettent la transpiration) et, si possible, dans des matières naturelles. Côté accessoires pour se protéger des rayons solaires à l’extérieur: les inoxydables lunettes de soleil, l’indispensable couvre-chef et l’inévitable crème solaire (indice 50 de préférence).

Et si on a encore très chaud après tout ça? Arianna Radaelli conseille : «Si l’on ne peut pas prendre de douches régulières, des compresses humides à appliquer sur ses jambes ou ses bras sont une bonne solution. Une très bonne technique également: un linge en microfibres mouillé et essoré, placé autour du cou. Pour les nuits les plus chaudes, on peut même utiliser les blocs de glace du congélateur ou les gels froids destinés aux entorses : enroulés dans des tissus fins, on peut les disposer sur des points chauds comme l’aine ou le cou…»

Chaud/froid : le juste milieu

Mais attention aux coups de froid, prévient la spécialiste. «Il ne faut pas que les apports soient trop froids, sinon on envoie un mauvais signal à notre corps.» Le ventilateur? «Cela peut être un bon moyen et s’il est combiné à un linge humide devant c’est encore mieux: les particules d’eau sont alors bénéfiques; de récentes études estiment que c’est efficace jusqu’à 37°C de chaleur ambiante. C’est par ailleurs un bon compromis, car moins énergivore qu’une climatisation.» Cette dernière peut d’ailleurs être problématique si mal réglée, car elle créée une différence importante de température avec l’extérieur. «Le corps n’aime pas trop ces stress thermiques, le système immunitaire peut en être affecté, et on est alors plus sensible aux virus respiratoires en circulation», met en garde Arianna Radaelli. Le plus important? C’est de chercher de la fraîcheur, répète-t-elle. «Si c’est chez soi ou au bureau, tant mieux! Sinon, une pause dans un musée, un restaurant ou un centre commercial climatisé (mais pas excessivement), une balade en forêt…» À chacun de trouver son juste milieu.

Dessin avec animation: des enfants à la maison. Un ventilateur tourne. Le gaçon se prépare une citronade. La fille a les pieds dans un baquet d'eau et une serviette autour des épaules. Le store est à moitié baissé. La déshydratation peut passer inaperçue chez certaines personnes, peu sensibles à la sensation de soif.

Impacts négatifs des fortes chaleurs sur notre santé :

Reconnaître les premiers signes et agir

  • La déshydratation. Légère, elle se traduit par une sensation de soif, la bouche, les lèvres et la langue un peu plus sèches que d’habitude. Elle peut passer inaperçue chez certaines personnes, peu sensibles à la sensation de soif (comme les personnes âgées, celles souffrant de maladie chronique ou chez les individus qui ne sont pas autonomes : enfants, personnes avec handicap). Des urines foncées peuvent être un bon indicateur de la déshydratation.  
  • Crampes de chaleur. Contractures musculaires plus douloureuses que des crampes usuelles, ressenties dans les jambes, l’abdomen ou les bras, elles apparaissent à la suite d’un effort physique intense alors qu’il fait chaud (en raison de la perte de liquides et de sels minéraux dus à la déshydratation). Un blanchiment localisé de la peau peut être observé. De quelques minutes à plusieurs heures, elles se résorbent généralement d’elles-mêmes.
  • Épuisement par la chaleur. Sévère déshydratation après une sudation importante qui peut avoir comme conséquence une certaine agressivité, mais aussi des signes de faiblesse, d’oppression, des vertiges, des nausées, une certaine confusion (incohérence), des maux de tête, des courbatures et des crampes, parfois de la fièvre, une respiration rapide, etc.
  • Coup de chaleur. Associé à l’exposition à une forte chaleur, ou lié à un exercice physique dans un contexte de chaleur, il peut être mortel et constitue ainsi une urgence vitale. Il se caractérise par un malaise général, semblable à celui de l’épuisement. Les autres signaux sont une température corporelle supérieure à 40°C, la peau sèche et une absence de transpiration, un état confusionnel important, voire d’inconscience. Ce risque est plus élevé au début de l’été, quand le corps n’a pas encore pu s’acclimater aux températures élevées.

De manière générale, face à une personne qui souffre d’une hyperthermie, il faut réagir rapidement. Les secours médicaux doivent être alertés au plus vite (144). En attendant, la personne doit être placée à l’ombre et au calme, et être rafraîchie : aspersion d’eau froide, serviettes humides, courants d’air, éventail, ventilateur, etc. On peut également appliquer des poches de glace à la base des membres et sur le cou. Comme le rappelle Antonino Trovato de la DGRH, l’ACV a mis sur pied un système d’urgence en interne: dans chaque service, une personne sur dix est ainsi formée aux premiers secours et est capable d’optimiser la prise en charge d’une personne en détresse en attendant l’arrivée des secours. (EB)

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