3…2…1…eeeet Action !
Employée à mi-temps au secrétariat général de l’ordre judiciaire (SG-OJV) Monica De Almeida est une scénariste-réalisatrice de talent. Plongeons avec cette passionnée dans le domaine du cinéma, derrière la caméra.
Diplômée en études de commerce, Monica De Almeida a commencé sa vie professionnelle dans une banque avant d’arriver dans l’univers de la production cinématographique. Le monde de la banque ne lui convenant pas, elle démissionne. Un mois plus tard, la voilà engagée comme assistante de production. Six mois après, elle devient chargée de production. «J’ai rapidement été très impliquée dans ce poste. Je gérais avec le producteur, les préparations de tournage ainsi que les projets en post-production. J’ai pu voir comment ça se passait, par-delà la caméra, avec l’entier de la chaîne de production qui intervient dans la réalisation d’un film.».
Tel père, telle fille
«Mon père était un très grand cinéphile. Il pouvait passer des heures au cinéma. J’ai regardé beaucoup de films avec lui. Cela m’a certainement influencé, apporté une solide culture cinématographique, et m’a également permis de voir les subtilités et les mécanismes. J’ai vu tellement de styles narratifs et de mises en scène différentes.» Enfant, elle se décrit comment ayant toujours aimé entrer dans l’univers des films et créer des mondes différents à travers ses jeux. «L’écriture était aussi quelque chose de très important pour moi. J’écrivais déjà des petits journaux qui racontaient ce qui se passait autour de moi. L’écriture et l’imaginaire ne m’ont jamais lâchés. J’ai un esprit très créatif qui a besoin de s’exprimer, de raconter et de partager des histoires.»
Une première série
Mais voilà la scénariste en herbe souhaite elle aussi créer et réaliser. Avec un de ses collègues, elle lance l’entreprise de production Seven prod. «J’avais toujours géré la production de différents projets et réalisé des reportages, mais je ne m’étais jamais essayé à l’écriture et à la réalisation d’un film de fiction.» Et le succès est au rendez-vous. La série comique « Ladies happy hour » voit le jour. Elle relate les déboires sentimentaux d’un groupe d’amies trentenaires célibataires. «Pour créer, je m’inspire de la vie de gens qui m’entourent. A l’époque de l’écriture de «Ladies Happy Hour» toutes mes amies trentenaires étaient célibataires. Certains événements marquants de la série sont inspirés de faits réels. Par exemple, la fille qui se fait larguer à l’arrêt de bus (Ep.01 Ladies happy hour) ou encore le père de famille qui annonce à sa fille qu’il est gay (Ep.01 de Happy Celibat). Les choses se sont vraiment passées comme ça. Transformées en fiction l’idée était de rire de ces situations.» Pour créer ses personnages hauts en couleur, la faiseuse d’histoires a pris les défauts et qualités des gens qui l’ont inspiré pour les exacerber à leur maximum «j’ai exagéré les traits de caractère pour que ça en devienne drôle.» La suite s’est prolongée avec la série Happy celibat.
Deux courts-métrages primés
Aventurière dans l’âme, Monica De Almeida n’hésite pas à tester des choses qu’elle n’a jamais faites. Avec les courts-métrages Regarde ce que tu as fait !, un thriller psychologique, et Extinctions, un film dramatique à suspens, elle explore quelques ressorts de la psychologie humaine. «Extinctions a été un défi qu’on s’est lancé avec des amis et collègues du métier. Ecrire, distribuer les rôles, repérer les lieux, préparer les décors, choisir les costumes, constituer l’équipe de tournage et tourner un court-métrage en moins de cinq semaines – sachant qu’il faut six à douze mois pour produire un film d’une dizaine de minutes.» Pari tenu au-delà du pensable puisque ce film a remporté plusieurs prix lors de festivals. Même chose pour Regarde ce que tu as fait ! qui a gagné le prix de la meilleure réalisation lors d’un festival en Italie. «La cérémonie se passait à distance, j’étais devant mon écran lorsque tout à coup j’ai entendu mon nom. Je n’y croyais pas. Quand des professionnels vous disent qu’ils ont adoré, c’est incroyable. Ils voient des milliers de films et c’est le nôtre qui a été retenu. C’est une magnifique reconnaissance.»
Le syndrome de la page blanche
«Actuellement, je travaille sur l’écriture d’une série TV, un long-métrage et sur la réalisation deux courts-métrages.» Tous ces projets sont développés bien entendu, simultanément et il arrive que des blocages de création se présentent. «C’est une sorte de syndrome de la page blanche, compare-t-elle. Mon truc pour passer au-dessus est d’avoir une musique associée à chaque film. Je mets mes écouteurs et après deux ou trois lectures en boucle, j’arrive de nouveau à me plonger dans l’univers dédié du film. Ce qui est étonnant c’est qu’une fois le film sorti, j’oublie la musique à laquelle il était associé.» Pour l’écriture du long-métrage par exemple, c’est la musique de Max Richter - On the Nature of Daylight qui l’accompagne.
Un équilibre de vie
«Les deux univers dans lesquels je suis sont à l’opposé. A l’OJV, j’ai mes tâches à faire et je suis en soutien à mes collègues. Dans mon métier de scénariste-réalisatrice je pilote tous les projets et dois tout le temps prendre des décisions. Je côtoie des gens très différents dans mes deux métiers. C’est très intéressant de voir les différences de penser et de travailler. Cela m’inspire pour donner vie à mes personnages. J’aime cet équilibre de vie entre un espace très structuré et un autre où je peux exprimer et satisfaire ma part créatrice.» (MD)