Il y a 20 ans nos téléphones portables ne servaient qu'à téléphoner et à envoyer des sms ! | Illustration: LC (BIC)
C’était en...

Heurs et malheurs du téléphone portable

Fin août 2001, La Gazette publiait un article intitulé « Ne m’appelez plus sur mon natel », mettant en relief les coûts engendrés par ce mode de communication, qui ne faisait que commencer sa folle expansion. La situation s’est totalement inversée aujourd’hui.

Il y a 20 ans nos téléphones portables ne servaient qu'à téléphoner et à envoyer des sms ! | Illustration: LC (BIC)
2 minutes de lecturePublié le 17 nov. 2021

Vingt ans déjà. Le temps file et nos habitudes aussi. À lire l’article de La Gazette du 22 août 2001, on a peine à croire que ce texte date du XXIe siècle ! Et pourtant… « À l’époque, les téléphones mobiles ne servaient qu’à… téléphoner et à envoyer des SMS. Je ne suis même pas sûr qu’on avait déjà la 2G ! », sourit Alexandre Naymark, gestionnaire au sein de l’entité « Messagerie et téléphonie mobile » à la Direction générale du numérique et des systèmes d’information (DGNSI).

Remontons donc un peu l’histoire pour rappeler que le premier téléphone mobile commercial, conçu par Motorola, a débarqué sur le marché américain en mars 1983. Mais ces appareils basiques de la première génération, centrés essentiellement sur la fonctionnalité de téléphonie, n’ont rien à voir avec les «téléphones intelligents» que nous connaissons aujourd’hui. «Les premiers iPhones d’Apple, suivis de près par les smartphones de Google et sa plateforme Android, n’ont été commercialisés qu’en 2007, soit six années après la parution de l’article de La Gazette», souligne le gestionnaire. Et d’ajouter : «La situation de 2001 est donc sans comparaison avec celle de 2021, car la technologie est totalement différente, les besoins ont considérablement évolué et nos téléphones mobiles et connectés à Internet sont devenus aujourd’hui un outil de travail indispensable. Ne pas en bénéficier limiterait très fortement l’activité de l’État.»

Libération salutaire

En matière de téléphonie mobile, un fossé sépare donc 2001 et 2021. Non seulement les appareils cellulaires d’aujourd’hui offrent une multitude de possibilités, qui dépassent largement la simple fonctionnalité de téléphonie pour devenir des ordinateurs de poche, mais les coûts d’utilisation ont beaucoup baissé. « Après la libéralisation du marché des télécommunications en 1998, Swisscom abandonne son statut de régie fédérale pour devenir une société privée. La concurrence s’est alors renforcée, la technologie s’est banalisée et les conditions au forfait tout compris ont commencé à se généraliser », explique-t-on du côté de l’équipe réseaux/télécoms à la DGNSI.
 

Des coûts divisés par trois

La situation qui prévaut au sein de l’administration cantonale a aussi fortement évolué. En 2001, avec à peine 500 abonnements gérés par l’État, La Gazette révélait que la téléphonie mobile allait coûter quelque 3 millions de francs pour l’année en cours et que « le geste le plus coûteux et le plus répandu (était) celui qui consiste à appeler un collègue à son numéro de natel au lieu d’utiliser son numéro de bureau ».

Aujourd’hui, les communications au sein de l’administration, d’un téléphone fixe à un mobile ou d’un mobile à un autre mobile sont devenues gratuites, et le coût annuel de la téléphonie mobile (communications et utilisation des données) est de l’ordre de 1 million de francs pour un peu plus de 6000 abonnements sous gestion de l’État, toutes catégories confondues (iPhones, caméras de surveillance, radars, machines, etc..). « Le calcul est vite fait : en deux décennies, le nombre d’abonnements délivrés aux collaboratrices et collaborateurs – selon les critères d’octroi définis par leur service – a été multiplié par dix et le coût global divisé par trois », résume Alexandre Naymark.

« Le calcul est vite fait : en deux décennies, le nombre d’abonnements délivrés aux collaboratrices et collaborateurs – selon les critères d’octroi définis par leur service – a été multiplié par dix et le coût global divisé par trois »

Alexandre NaymarkGestionnaire au sein de l’entité « Messagerie et téléphonie mobile » de la DGNSI

Voilà le softphone !

« Cependant, il est vrai qu’aujourd’hui, un téléphone portable professionnel est encore souvent ressenti comme un outil d’appoint, le téléphone fixe restant associé, lui, à quelque chose de plus officiel », souligne encore notre interlocuteur, qui précise : « Avec l’arrivée du softphone, qui permet de converser depuis son ordinateur au bureau et non plus avec son téléphone professionnel, les appareils fixes de l’État sont en train de disparaître au profit de cette technologie, qui commence à se répandre. C’est la téléphonie fixe qui devient mobile ! »

En conclusion, le cri lancé en 2001 – « Ne m’appelez plus sur mon natel » – n’a plus aucun sens aujourd’hui. La téléphonie mobile est non seulement devenue un outil de communication et de travail incontournable, mais le terme même de Natel (c’était l’acronyme de « Nationales Autotelefonnetz »),le nom que Swisscom a donné à ses appareils, a été abandonné par l’opérateur, qui a renoncé à cette appellation dans ses offres commerciales dès 2007.

Il faudrait donc dire aujourd’hui : « Appelez-moi donc sur mon iPhone, mon smartphone ou mon softphone et n’utilisez plus votre téléphone fixe ! » Oui, le temps a filé… (MHJ)

Les mobiles de l’État

6033 : le nombre d’abonnements, toutes catégories confondues, gérés par la DGNSI (contre à peine 500 en 2001)

11 103 : le nombre d’heures de conversations pour le seul mois de septembre 2021.

250 805 : le nombre de conversations sortantes (septembre 2021).

18 354 854 974 : le nombre de kilobytes pour 189 523 transactions de données (septembre 2021).

Archives

La Gazette du 20 août 2001

Illustration: Richars 2001

Continuez votre lecture