«Le terme de commissaire professionnel n’est pas forcément bien choisi, car nous ne nous contentons pas de faire respecter la loi, nous jouons aussi un rôle de soutien auprès des jeunes et des formateurs», précise d’emblée Cynthia Blanchard, qui exerce cette fonction au pôle Commerce et vente de l’Office pour la formation professionnelle et continue (OFPC). Elle veille ainsi à la qualité de la formation en entreprise des employés de commerce de la branche Administration publique.
Exemple pratique. «Si l’entreprise ne possède pas encore d’autorisation de former, nous allons sur place pour rencontrer le formateur et examiner la structure de l’entreprise», explique la professionnelle, qui donne un préavis et instruit l’octroi ou non de l’autorisation de former, en se basant sur les critères inscrits dans l’ordonnance de formation. Une fois l’entreprise autorisée à former, le commissaire professionnel poursuit son action sur place par le biais de visites – il rencontre tous les apprentis de première année et procède à des rencontres à la demande des divers partenaires de la formation, ainsi qu’au suivi des situations.
Le problème des tâches répétitives
«Nous rencontrons les apprentis en aparté, afin qu’ils puissent parler ouvertement et qu’ils se rendent compte que leur parole compte», détaille-t-elle. De quoi se plaignent-ils le plus souvent? «Dans le secteur dans lequel j’évolue, leurs doléances relèvent, par exemple, du sentiment de répétitivité des tâches, poursuit Cynthia Blanchard. Même si certains éléments ne sont pas parfaitement acquis, il est important de permettre aux apprentis d’évoluer dans l’optique d’atteindre un certain nombre d’objectifs, sans quoi ils risquent de se démotiver.»
Quant au rôle joué par Cynthia Blanchard – mais aussi Tatjana Rosselet et Marisa Schmid, ses collègues commissaires de la branche administration publique – vis-à-vis des formateurs, il est double. «D’une part, s’il y a des problèmes, nous fixons à nouveau le cadre, notamment en matière de respect du programme de formation. D’autre part, nous leur servons de soutien. Ce n’est pas toujours évident pour eux de gérer ces jeunes, d’autant plus qu’il y a parfois des conflits intergénérationnels. On les aide à comprendre les ados d’aujourd’hui et on les conseille pour que tout se passe bien. Il s’agit, par exemple, d’expliquer une tâche pour la rendre compréhensible à un adolescent qui n’est pas encore familiarisé avec le vocabulaire professionnel.»
Certaines personnes sont très bonnes dans leur métier, mais peinent à transférer leur savoir. Il faut dire que certains jeunes se retrouvent dans des situations inextricables, qui nécessiteraient l’appui de pédagogues spécialisés.
«Les remarques sur la prise de notes et l’organisation reviennent toujours à la charge. Il est important de montrer à l’apprentie ou l’apprenti, par diverses méthodes, comment s’y prendre, afin de choisir celle qui lui convient le mieux, et de comprendre ainsi son importance. La communication est aussi essentielle dans le processus d’apprentissage. Certaines personnes sont très bonnes dans leur métier, mais peinent à transférer leur savoir. Il faut aussi dire que certains jeunes se retrouvent dans des situations inextricables, qui nécessiteraient l’appui de pédagogues spécialisés.»
Que se passe-t-il si des manquements sont constatés? Un rapport est alors envoyé à la Commission de formation professionnelle (organe notamment chargé d’appuyer le commissaire dans des cas très spécifiques) pour que cette Commission prenne connaissance de la situation. L’objectif est de pouvoir trouver des solutions ensemble. Il arrive parfois que la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP) – qui compte 90 commissaires professionnels qui se chargent de plus de 19 000 apprenties et apprentis répartis dans près de 180 professions – soit amenée à retirer l’autorisation de former.
Le bien-être des jeunes en point de mire
Ces jeunes sont en outre encadrés par des conseillers aux apprentis. «On a coutume de dire qu’ils sont le cœur et nous la tête, mais c’est un peu réducteur, souligne la commissaire. Si nous nous occupons avant tout de la partie contractuelle (heures de travail, salaires, sécurité…), eux gèrent l’aspect privé, à savoir les situations familiales compliquées, les problématiques financières, de santé ou d’apprentissage. Mais nous travaillons en réseau. Il m’est arrivé de leur transmettre le dossier d’un jeune qui arrivait toujours en retard, car il devait déposer chaque matin sa petite sœur à l’école. En début d’année, nous allons aussi ensemble dans les écoles professionnelles pour assurer une meilleure visibilité de nos fonctions respectives.»
Cynthia Blanchard avoue avoir toujours en point de mire le bien-être des jeunes: «Ma motivation première est d’offrir de bonnes bases à cette jeunesse qui est aujourd’hui confrontée à une grosse pression de la part d’une société dans laquelle elle doit trouver sa place et pouvoir évoluer avec sérénité. Il s’agit donc de lui montrer que l’on trouve toujours des solutions, même dans les situations les plus complexes.»
Pour mener à bien cette mission, la spécialiste peut compter sur sa capacité d’écoute, sa capacité à créer un lien de confiance, ainsi que sur ses aptitudes à rester neutre. (FR)