Ces collègues qui veillent sur vous
Vous ne les connaissez pas forcément, et pourtant, ils et elles sont là. Qui ? Les CorSST. Rien de barbare sous ce terme, bien au contraire : les correspondantes et correspondants Santé et sécurité au travail assurent, au sein de leur service, le relai avec l’Unité santé et sécurité (SST) de la Direction générale des ressources humaines (DGRH). Des héros et héroïnes (très discrets) du bureau, qui gagnent à être connus.
De l’ergonomie de la place de travail aux problématiques de souffrance au travail, en passant par la maintenance des extincteurs aux exercices d’évacuation, de nombreuses questions «Sécurité et santé au travail» se posent dans les 43 services de l’administration cantonale. Mise en place en 2017, la fonction de Correspondant SST a pour vocation de faciliter le traitement des diverses problématiques rencontrées.
Les CorSST sont majoritairement nommés parmi les divers acteurs RH des services, une extension logique de leur cahier des charges comme en témoignent les correspondantes interrogées (lire plus bas). Leur mission ? Appliquer, sous la responsabilité de leur cheffe ou chef de service, des mesures de protection spécifiques aux postes de travail, sensibiliser et orienter leurs collègues en matière de santé et sécurité, et assurer également l’échange d’informations avec l’USST qui les soutient. Des spécialistes en SST leur prêtent main-forte, lorsque le service présente des dangers sécuritaires spécifiques.
Pour accompagner ces personnes dans ce rôle, l’USST a mis en place, en collaboration avec des spécialistes extérieurs comme le CEP ou Unisanté, une à deux journées de formation continue par année, mêlant questions théoriques et ateliers pratiques, explique Sonia Bastardo, chargée de projet à l’USST. «En 2022 les journées des CorSST ont rassemblé une quarantaine de personnes avec, pour thème, la protection de la femme enceinte et allaitante ainsi que la prévention des accidents, en partenariat avec ITAO, notre consultant spécialiste en prévention».
« Nous les considérons comme des partenaires et comme nos ambassadeurs et ambassadrices, capables de jouer un premier rôle de dialogue pouvant s’avérer être un gain de temps précieux. »
Une fonction qui se précise
«Aujourd’hui nous comptons un ou une correspondante pour chaque service» se félicite Sonia Bastardo. Et dès ce printemps, un nouveau programme de formation dédié aux CorSTT va démarrer : un cursus de cinq demi-journées qui couvrira des thèmes fondamentaux et variés comme l’identification des dangers, la mise en place des premiers secours en cas d’incendie, la gestion de situations menaçantes (en collaboration avec la Police cantonale) ou encore l’ergonomie et les risques psychosociaux. De quoi accroître encore les compétences et le soutien que les CorSTT peuvent apporter à l’ensemble du personnel, «compétences qui ne se substituent en aucun cas à des chargés de sécurité ou des ingénieurs SST, tient à préciser Sonia Bastardo. Nous les considérons comme des partenaires et comme nos ambassadeurs et ambassadrices, capables de jouer un premier rôle de dialogue pouvant s’avérer être un gain de temps précieux dans bien des cas.» Ce rôle «meta», elle le salue d’ailleurs avec conviction, comme le reste de l’équipe de l’USST, très reconnaissante à l’égard de ces personnes engagées. «Nous les remercions ici chaleureusement, et espérons faire évoluer encore avec elles cette fonction cruciale et malheureusement pas toujours connue.» Il ne faut pas hésiter à aller à la rencontre du ou de la CorSTT de son service, en cas de questions ou de difficultés liées à la santé et la sécurité sur sa place de travail. (EB)
Correspondantes SST : elles témoignent
C’est avec enthousiasme qu’Audrey Lecocq a accepté son rôle de CorrSTT en plus de ses attributions RH. «Bien que notre mission ne soit pas d’intervenir nécessairement en cas d’accident, je suis formée aux premiers secours et suis particulièrement sensible à ces thèmes, dans ma vie privée comme professionnelle.» Cette fibre naturelle, elle la cultive donc au travail et trouve pertinent qu’un module «Santé, sécurité et risques psychosociaux» fasse dorénavant partie de la formation d’assistante RH. «C’est logique : nous avons accès aux informations personnelles des collaborateurs et collaboratrices, et pouvons intervenir sur différents aspects de la vie professionnelle comme de contacter leurs proches en cas d’urgence vitale, proposer des mesures spécifiques de protection pour les femmes enceintes ou allaitantes, effectuer les déclarations d’accident…»
Plus qu’une ambassadrice de l’USST, elle se voit comme une «courroie de transmission». D’ailleurs, chaque correspondant interrogé le reconnaît, l’équipe de l’USST est très disponible : «Un coup de fil à Naïm — NDLR : Naïm Jabeur, ingénieur sécurité — et j’ai ma réponse ! Je ne suis pas une spécialiste, mais ma fonction transverse me permet de conseiller les gens, trouver des solutions ou les diriger vers la personne la plus appropriée». Et de conclure : «La santé et la sécurité nous concernent toutes et tous, au travail et dans la vie privée. Il est important que chacun et chacune connaisse la personne-ressource au sein de son service. Des tours de rein au burn-out, nous devons être identifiées comme des personnes de confiance».
Rebecca Schwaar a déjà fait six fois la formation aux premiers secours. Les enjeux de sécurité et de santé, au travail comme ailleurs, elle connaît. Si les tâches de CorSTT lui paraissent parfois un peu administratives (comme coordonner les informations ou organiser certaines formations), elle est consciente de l’importance de son rôle, surtout dans un service réparti sur deux étages qui compte plus de 500 collaboratrices et collaborateurs. Elle se réjouit par ailleurs d’aborder certains aspects qu’elle juge totalement en lien avec son activité RH : «J’ai pu participer à un procès fictif sur les accidents du travail, organisé à Montreux par la Suva. C’était passionnant. La question du mal-être à la place de travail est très éclairante pour la fonction RH. Et lors des séances de formation avec l’USST, les questions concrètes, sur l’ergonomie notamment, sont un vrai plus. Depuis la crise sanitaire et l’essor du télétravail, il est impératif de se pencher sur ces aspects SST.»