Écouter, conseiller et aider apprenties et apprentis
Difficultés familiales, tensions au sein de l’entreprise, troubles du sommeil… Les problèmes d’ordre personnel et relationnel peuvent parfois empiéter sur la formation des apprenties et apprentis et ainsi compromettre leur apprentissage. Dans ces situations, les jeunes peuvent faire appel aux conseillères et conseillers aux apprenties et apprentis pour trouver un soutien, une écoute et être accompagnés dans la recherche de conseils et solutions.
«Ce qui me plaît particulièrement dans mon métier, c’est le contact que j’ai avec les apprenties et apprentis, ce lien à l’autre. On essaie de réfléchir ensemble à des objectifs et je me charge de les accompagner dans leurs démarches», explique Matteo Resplendino, conseiller aux apprentis (CApp) à l’État de Vaud. Ce qu’il y a d’intéressant dans cette relation, c’est notamment le devoir de confidentialité qu’impose la profession. «Nous ne sommes rattachés à aucune école ou lieu professionnel, ce qui laisse place à un espace de parole différent de celui en entreprise, dans lequel les jeunes n’ont pas l’impression de se mettre en danger lorsqu’on aborde leurs problèmes», précise le conseiller.
« Il s’agit de questions privées que l’on ne souhaite pas forcément partager avec sa hiérarchie, par souci de garder une bonne image, de montrer que l’on tient la route. »
Dans quelles situations solliciter une ou un CApp ?
Les «CApp» peuvent répondre à des problématiques d’ordre personnel, qui ne sont pas directement liées à la formation, comme des difficultés financières ou familiales, mais qui viennent la parasiter. «Il s’agit de questions privées que l’on ne souhaite pas forcément partager avec sa hiérarchie, par souci de garder une bonne image, de montrer que l’on tient la route», relève le conseiller. Or, ne pas se sentir en pleine forme pour aller travailler, ne pas savoir où dormir le soir ou ne pas avoir la possibilité de réviser dans de bonnes conditions, par exemple, peut grandement entraver le bon déroulement de l’apprentissage.
En outre, une apprentie ou un apprenti peut demander à un CApp d’intervenir au sein du lieu professionnel en cas de problèmes relationnels, que ce soit avec des collègues, l’employeur, ou encore la personne chargée de sa formation. «Cela permet de discuter autour d’une table, de poser les choses. Il y a souvent des non-dits qui peuvent créer des tensions. Le fait de pouvoir en parler permet souvent d’apaiser les choses», souligne Matteo Resplendino. Il ajoute que «ce sont des situations qui peuvent être stressantes, car les jeunes doivent se confronter à la fois à leurs difficultés, mais également à leur hiérarchie». Demander de l’aide permet ainsi à la personne en difficulté de se sentir soutenue et d’avoir en tête qu’elle n’est pas seule face à son employeur.
Malheureusement, des situations difficiles peuvent parfois mener à une rupture du contrat d’apprentissage. «Tout à coup, le contrat s’arrête et il faut se débrouiller. Dans ces cas-là, nous faisons office de filet de sécurité et accompagnons les jeunes dans la recherche d’une nouvelle place d’apprentissage, les aidons à préparer CV, lettres de motivations et entretiens d’embauche», explique M. Resplendino.
« Nous sommes là pour réfléchir à la situation et les rediriger ou collaborer avec les personnes susceptibles de les aider. »
Collaboration en réseau
Il arrive que l’on confonde CApp et commissaires d’apprentissage. «C’est une confusion qui peut créer une crainte de nous solliciter», indique Matteo Resplendino. En effet, «il existe un préjugé sur les commissaires, qui consiste à penser que, si ces deniers doivent intervenir, c’est que l’on risque de perdre sa place». Selon le professionnel, cette crainte n’est pas justifiée, les commissaires d’apprentissage ayant pour mission d’intervenir lorsque les jeunes rencontrent des difficultés d’ordre professionnel, par exemple, lorsque l’apprentie ou l’apprenti n’est pas payé, n’a plus de droit de vacances ou cumule des quantités d’heures supplémentaires. Ainsi, les commissaires et les CApp collaborent parfois afin de régler un même problème, l’un s’occupant du cadre de formation, des questions formelles et légales, l’autre se penchant sur les aspects personnels et relationnels.
De plus, les CApp coopèrent avec le réseau au sein des écoles, notamment avec les médiateurs et médiatrices, psychologues, infirmiers ou infirmières. «Les apprenties et apprentis peuvent également nous contacter lorsqu’ils ne savent pas vers qui se tourner. Nous sommes là pour réfléchir à la situation et les rediriger ou collaborer avec les personnes susceptibles de les aider», explique Matteo Resplendino.
« Parfois, on a besoin ne serait-ce que d’une petite information. Cela ne coûte rien de nous appeler. »
L’hésitation se règle en un coup de fil
«En général, les apprentis n’hésitent pas à appeler, dès lors qu’un blocage survient», relève le conseiller. Cependant, il arrive que certains ne souhaitent pas forcément être aidés ou accompagnés, estimant pouvoir s’en sortir seuls. «Ces jeunes se débrouillent tant que possible et nous contactent quand ils ou elles le jugent nécessaire. Malheureusement, dans ces cas, c’est souvent un peu tard, la rupture étant consommée. On préfère intervenir avant.». Pour Matteo Resplendino, «l’enjeu vaut un coup de fil. Parfois, on a besoin ne serait-ce que d’une petite information. Cela ne coûte rien de nous appeler».
Pour contacter un ou une CApp, consulter la liste des conseillères et conseillers par formation avec leurs coordonnées. Le réseau de santé dans les écoles professionnelles du canton est également à disposition des jeunes et peut aisément rediriger les personnes qui rencontrent des difficultés personnelles vers leur conseillère ou conseiller. (IC)
