Noé dans le Jorat
Des tortues, des grenouilles, des moutons ou encore des canards, Johan Waser héberge chez lui, dans le Jorat, une ribambelle d’animaux plus ou moins exotiques. Ce collaborateur de la DGMR raconte sa passion pour la faune.
Lorsqu’il entre dans l’enclos de ses chèvres, juste en face de sa maison, Johan Waser est accueilli par une cascade de joyeux bêlements. Pépito, Apéro, Réglisse et les autres lui tournent autour pendant qu’il distribue les friandises dont elles raffolent. « Elles sont cool, elles viennent facilement chercher des gratouilles », dit en souriant le bûcheron-paysagiste de formation. Dans le cadre calme de la campagne vaudoise, Johan Waser peut laisser s’exprimer son enthousiasme pour les animaux.
« Mon épouse et moi-même avons un peu la même passion. Moi j’étais plutôt serpents, lézards, elle plutôt tortues. Nos passions se sont rejointes. Mais peut-être qu’il faudrait qu’on se bride un peu ! »
Une passion précoce
Dès l’enfance, la passion de Johan Waser pour le monde animal se révèle. Être dehors, dans la nature, et s’occuper des animaux, voilà qui éveille rapidement sa fascination pour les petites (et les grosses) bêtes, même si les possibilités d’avoir des animaux restent d’abord modestes: « Chez mes parents, nous avions un chat, puis une tortue, c’était donc limité ». Enfant, il allait attraper des serpents dans les étangs. À 14 ans, la fabrication d’un terrarium à l’école lui permet de s’offrir ses premiers lézards tropicaux, des anolis. Depuis, la liste des animaux en sa possession n’a fait que de s’allonger.
Avec une cinquantaine de tortues, plusieurs chèvres et moutons, des canards, plusieurs terrariums de grenouilles, des aquariums, un python et plus encore, est-ce que son amour pour les animaux n’empiète pas trop sur sa vie de famille ? Il esquisse un sourire : « Mon épouse et moi-même avons un peu la même passion. Moi j’étais plutôt serpents, lézards, elle plutôt tortues. Nos passions se sont rejointes. Mais peut-être qu’il faudrait qu’on se bride un peu ! », rit-il. En attendant, Johan Waser désigne ses chouchous parmi ses animaux : les tortues carbonaria.
« Ce n’est pas d’avoir beaucoup d’animaux qui me plaît, mais le fait de m’en occuper m’apaise vraiment, avoue-t-il. Être avec eux, prendre soin d’eux, c’est quelque chose qui me permet de me ressourcer après le travail ». Il ajoute en souriant : « D’autres vont à la montagne pour se détendre. Moi, il me suffit de passer un moment avec mes animaux… »
La relève est assurée
Si la passion pour le monde animal ne lui est pas venue de ses parents, c’est pourtant quelque chose que Johan Waser a transmis à ses enfants, particulièrement à son petit dernier, déjà passionné par les reptiles et les batraciens. De plus, même si le couple s’occupe énormément de leurs animaux, les enfants mettent également la main à la pâte. Après tout, les tortues vivent entre 50 et 80 ans: « Nos enfants vont donc en hériter ! », constate le Carrougeois.
Même si les animaux sont une passion qui touche toute la famille, aucun animal n’est adopté sans réfléchir, car chaque créature demande tout de même un peu de temps et d’investissement. Malgré tout, nombre de pensionnaires de la famille Waser « viennent de la récup’ »: le python, certains poissons, plusieurs tortues et un lapin ont été recueillis par les Waser. En plus de leur joyeuse ménagerie, la famille accueille également des hérissons qu’Erminea, une association de protection de la faune sauvage, récupère, nourrit et soigne avant d’en relâcher certains dans la nature. Des cabanes à hérissons se trouvent çà et là dans le jardin, prêtes à accueillir des pensionnaires : « L’année passée, on en a récupéré quatre. Ils ont fait leur vie ici pendant un certain temps, puis ils ont trouvé un moyen de s’en aller ». La famille compte donc des pensionnaires à temps plein, et d’autres à temps partiel !
Un petit tour dans la faune
En faisant le tour du propriétaire, il faut faire attention où l’on met les pieds, car le jardin est le territoire des tortues. Elles y vivent en liberté, mangent ce qu’elles y trouvent et disposent même de serres aménagées pour dormir. Plus loin, dans un petit local que Johan Waser espère rénover cet été, logent des perruches et des inséparables, ainsi qu’un couple de pogonas dans leur vivarium, qui appartient à sa fille. Une affaire de famille, vraiment !
Tandis que nous admirons les poules et les lapins, Johan Waser évoque les problèmes qu’il rencontre avec les renards, qui ont déjà fait des dégâts parmi ses pensionnaires. Une dinde a réchappé trois fois au prédateur, qui s’est aussi attaqué aux canards muets ; ils ne sont plus que deux désormais. De même, le passionné évoque les nombreux cochons d’Inde qui se sont tous fait emporter par des renards ou des fouines. Plus loin, deux tortues aquatiques se cachent au fond de leur bassin d’eau à notre approche. Une occasion de demander à Johan Waser si, avec tous ces animaux, ses dépenses en eau ne sont pas trop contraignantes. « Une source coule ici. Lors de rénovations, j’en ai profité pour drainer le tour de la maison et récupérer cette eau perdue : nous sommes donc autonomes en eau s’agissant des animaux et du jardin ». Cette autonomie lui permet de s’atteler à d’autres projets, comme l’installation d’une volière extérieure, prévue cet été. Mais un autre projet lui tient particulièrement à cœur…
Un projet d’envergure
« Nous rêvons de monter une ferme pédagogique, en particulier avec les chèvres, pour que les enfants puissent venir y fêter leurs anniversaires. Avec les petits, elles restent tranquilles. En revanche, avec nous, elles ne sont pas très délicates ! » S’il plaisante à propos de ses chèvres, ce projet tient à cœur à Johan Waser, même s’il reste en veilleuse pour le moment. Le quadragénaire espère qu’il pourra un jour éveiller la passion des animaux chez d’autres personnes… (LE)