Un homme dans la trentaine, face à son écran d'ordinateur, en visioconférence, coiffé d'un casque audio. Un enfant joue à ses côtés avec des stylos sur la même table de travail.
Le télétravail? Pratique, en cas de malaise passager. Mais si l’on est vraiment malade, il faut savoir s’arrêter. Photo | New-Africa
Santé et sécurité au travail

Les vices et les vertus du télétravail

Si le télétravail est attractif à bien des égards, il masque aussi certains pièges, notamment lorsqu’il s’agit de respecter une frontière claire entre vie privée et professionnelle. Afin de garantir une protection de la santé optimale, la Direction qualité de vie au travail de la Direction générale des ressources humaines (DGRH) nous rappelle quelques règles fondamentales.

 

Le télétravail? Pratique, en cas de malaise passager. Mais si l’on est vraiment malade, il faut savoir s’arrêter. Photo | New-Africa
6 minutes de lecturePublié le 31 oct. 2023

Travailler depuis chez soi représente pour certaines personnes un véritable atout. Depuis l’épidémie de Covid, la généralisation du télétravail (pour les fonctions pouvant en bénéficier) a conduit à une diminution du stress lié aux déplacements, une meilleure conciliation vie privée-professionnelle ainsi qu’une efficacité accrue dans la gestion des dossiers, entre autres.

D’autres bienfaits sanitaires sont à relever, comme le souligne Maria Undurraga, directrice de la qualité de vie au travail au sein de la DGRH: «Parfois, on peut souffrir d’un petit rhume sans fièvre et le télétravail devient ainsi une manière de ne pas contaminer ses collègues. On peut également s’accommoder de certains maux peu intenses et passagers, en privilégiant le travail à distance pour une journée.» Comme elle le résume avec clarté, «Il y a des maladies qui nous empêchent d’aller au travail, mais pas de travailler! Sans oublier les collaboratrices et collaborateurs qui souffrent de maladies chroniques et/ou de handicaps invisibles.» Un autre exemple, celui de la jambe cassée qui impose six semaines d’arrêt : «Grâce à des reprises à 50% en télétravail, certaines absences liées à des accidents ne sont plus aussi complexes qu’avant, que ce soit pour l’État ou même pour la personne accidentée, qui peut trouver le temps long en étant immobilisée.»

Maladie et télétravail

Mais gare… Le télétravail ne doit pas surcharger les collaboratrices et collaborateurs, met en garde Maria Undurraga : «Si l’on est malade, il faut savoir s’arrêter et se mettre en convalescence. Il y a des moments pour tout», insiste-t-elle avant de rappeler que toute personne employée de l’administration cantonale a droit à trois jours d’absence pour maladie sans certificat médical, et à cinq jours par an pour s’occuper de ses enfants malades (dans ce cas pour un emploi à plein temps). «On en voit trop souvent continuer à répondre à des courriels alors que leurs enfants sont malades ou qu’elles souffrent elles-mêmes d’une grippe carabinée…» Pourtant, la directive technique LPers 48 (DT48) de la DGRH qui règlemente le télétravail depuis 2011 au sein de l’administration cantonale précise bien le droit inaliénable des collaboratrices et collaborateurs à se «déconnecter des outils numériques professionnels en dehors de l’horaire de télétravail convenu, de manière à protéger leur temps de repos et d’assurer le respect de la vie privée et familiale».

Quand le télétravail rend malade

En gommant la frontière physique entre vie privée et vie professionnelle, le télétravail conduit malgré tout à des entorses fréquentes de la règlementation en vigueur. «Avec les écrans et la surconnexion qu’ils entraînent, certaines personnes se retrouvent parfois à travailler plus de dix heures d’affilée, sans s’en rendre compte», déplore Maria Undurraga. «Et il n’est pas rare que, privées d’interactions sociales, elles en oublient la pause-café, voire celle du déjeuner.» Une dérive encore accentuée par la variété des moyens de communication, des mails au téléphone en passant par la messagerie instantanée. «Vouloir tout régler avant d’aller se coucher, a fortiori quand on est malade, devient souvent une obsession, sous-tendue par la culpabilité d’être éloigné du bureau quand d’autres y sont.» Pourtant, la directive 48 précise bien que «le travail de nuit, du samedi et du dimanche n’est pas autorisé». Une autre conséquence de ce comportement? Que même les managers, dans ce contexte, ne se rendent pas compte de l’éventuelle surcharge de travail de leurs collaborateurs et collaboratrices, qui prennent plus de temps que nécessaire pour achever leur tâche. En parallèle, le télétravail a également complexifié la tâche des managers, qui doivent aujourd’hui être disponibles et accompagner leurs équipes de manière hybride, avec le risque de prolonger leurs propres heures de travail.

Mises bout à bout, ces situations peuvent conduire à un mal-être psychique comme un sentiment d’isolement ou de surcharge de travail.

Quant aux risques physiques, ils ne sont pas moindres: «Il faut s’assurer d’avoir un espace de travail adapté à la maison (lire encadré) pour ne pas développer des pathologies musculosquelettiques ou des troubles visuels.»

Encore et toujours, c’est le bon sens et l’équilibre qui prévalent: «Si le télétravail permet agilité et flexibilité pour l’employeur comme les employés, il ne doit pas masquer les problèmes de santé du personnel, et encore moins en générer.» Mesure en toute chose donc, comme le disait déjà au XVe siècle le médecin Paracelse  : «Tout est poison, rien n’est poison, seule la dose compte.» (EB)

Un espace de travail adapté à la maison

Un aménagement non adapté du poste de travail informatique à domicile peut générer des contraintes posturales au niveau des membres supérieurs (épaules, coudes, poignets…) et du rachis (cervical, dorsal, lombaire).

Privilégier:

  • Un écran assez grand (voire deux), avec clavier et souris séparés
  • Un vrai bureau à bonne hauteur et un siège adapté — ou un ballon de gym
  • Une pause toutes les deux heures pour se dégourdir les jambes
  • Porter son regard au loin régulièrement, afin d’éviter la fatigue visuelle
  • Marquer une véritable pause à midi, et sortir prendre l’air, si possible.

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