Les deux femmes posent. Derrière elles, des affichettes de la campagne de recrutement des curateurs volontaires.
Au service des curateurs et curatrices volontaires: Céline Sandoz et Sophie Riem. Photo | ARC-Sieber
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Au service des curatrices et curateurs volontaires

Le Conseil d’État a présenté le bilan de la réforme vaudoise de la curatelle, cinq ans après sa mise en œuvre, en soulignant la réussite du nouveau dispositif fondé sur la solidarité. Un succès qui ne serait pas possible sans le travail quotidien de l’Unité de recrutement des curatrices et curateurs volontaires et du Bureau d’aide aux curatrices et curateurs privés. Deux entités qui s’attèlent à recruter, former et soutenir les milliers de personnes qui se sont engagées dans cette mission.

Au service des curateurs et curatrices volontaires: Céline Sandoz et Sophie Riem. Photo | ARC-Sieber
13 minutes de lecturePublié le 24 oct. 2023

«Être au service de curatrices et curateurs qui ont décidé de s’engager sur une base volontaire, ça change tout, notamment dans les échanges que l’on a avec eux». Voici l’un des constats d’Anne-Sylvie Dubey, responsable du Bureau d’aide aux curatrices et curateurs privés (BAC), à propos des impacts de la réforme vaudoise de la curatelle, entrée en vigueur en 2018. Fondée sur une logique de solidarité, cette réforme a remplacé l’ancienne curatelle imposée par la curatelle volontaire. Cependant, en mettant fin à une pratique impopulaire, cette mesure a soulevé un nouvel enjeu: le recrutement d’un nombre suffisant de volontaires pour prendre en charge les nombreux mandats de protection de l’adulte prononcés par les justices de paix du Canton. À cet égard, le récent bilan effectué à l’occasion des cinq ans de la réforme montre que le défi a été largement relevé: fin décembre 2022, 60% des 12'700 mandats de protection se répartissaient entre volontaires et personnes proches, le reste revenant au Service des curatelles et tutelles professionnelles (SCTP), ce dernier traitant les mandats particulièrement difficiles. Reste que le succès de cette réforme ne serait pas possible sans le travail quotidien du BAC et de l’Unité de recrutement des curatrices et curateurs ni sans l’excellente collaboration avec les justices de paix et les agences d’assurances sociales.

Soutien aux volontaires

Le BAC, tout d’abord, a pour mission de soutenir les personnes volontaires (Gazette 295). Constitué d’une assistante de formation, de deux juristes et de deux assistantes sociales parmi lesquelles Anne-Sylvie Dubey, le BAC offre au quotidien une permanence pour toutes les questions que les curatrices et curateurs peuvent se poser dans l’exercice de leur mandat, que ce soit par téléphone, par courriel ou sur entretien. «Le principal soutien que nous leur offrons, c’est vraiment de la disponibilité: être à disposition pour répondre à leurs questions, leur rendre la tâche la plus facile possible afin que ces personnes puissent prendre en charge au mieux les personnes concernées».

Pouvoir aider et faciliter la tâche des curateurs et curatrices, c’est une mission qui a beaucoup de sens. Elle donne l’occasion de mettre en pratique et de transmettre des valeurs auxquelles nous tenons, notamment en termes de justice sociale, d’accès et de droits aux prestations.

Anne-Sylvie DubeyAssistante sociale et responsable du Bureau d’aide aux curateurs

Par ailleurs, le BAC dispense la formation faisant partie du processus de recrutement des curatrices et curateurs volontaires. «Avant, la formation se faisait sur une base volontaire. La réforme a introduit la formation obligatoire pour les personnes qui souhaitent s’engager, ce qui a créé un volume de formations vraiment énorme auquel nous avons dû nous adapter» analyse Anne-Sylvie Dubey, mettant en lumière un des impacts majeurs de la réforme sur le BAC. Centrée sur l’acquisition de connaissances juridiques et relationnelles nécessaires à un tel engagement, la formation est encadrée par une assistante sociale disposant d’un Brevet fédéral de formatrice d’adultes. Cette formation peut être suivie soit en cours classique, soit en ligne sous la forme de capsules vidéo; cette dernière option, d’abord mise en place en raison de la pandémie de Covid-19, a été pérennisée du fait de son succès. Depuis peu, la formation est renforcée par une séance d’échange en présentiel avec l’équipe du BAC. Des modules de formation continue sont également proposés aux curatrices et curateurs.

«Les volontaires font un travail formidable»

«Les volontaires font vraiment un travail formidable et pas facile. Pouvoir les aider et faciliter leur tâche, c’est une mission qui a beaucoup de sens. Elle donne l’occasion de mettre en pratique et d’essayer de transmettre des valeurs auxquelles nous tenons, notamment en termes de justice sociale, d’accès et de droits aux prestations», souligne Anne-Sylvie Dubey.

Image de la campagne: une femme avec une bulle qui dit: "J'ai choisi de devenir curatrice volontaire".Chaque campagne de recrutement suscite l'intérêt de mille personnes. Sans cela, 400 curateurs ou curatrices potentiels postulent annuellement. Image | DJES

L’Unité de recrutement des curatrices et curateurs volontaires

Complémentaire au BAC, l’Unité de recrutement des curatrices et curateurs volontaires a vu le jour à la suite de la réforme vaudoise de la curatelle. Tout d’abord, elle participe activement à la promotion de la curatelle volontaire en réalisant ponctuellement des campagnes de recrutement. Ainsi, depuis la réforme, «nous avons lancé trois campagnes à l’échelle cantonale: en juin 2017, pour lancer le début du dispositif, puis en 2019 et en 2020. Il s’agissait principalement d’articles et d’annonces relayées dans les médias, sur internet et via des associations et des partenaires régionaux, ainsi que du déploiement d’affichettes dans les transports publics» se souvient Sophie Riem, responsable de l’Unité. Les besoins étant différents selon les régions, ces campagnes sont ciblées, à l’instar de la dernière, qui a visé principalement les districts du Jura-Nord vaudois, de Lausanne et de Morges. Quant au succès de ces campagnes, le bilan de Sophie Riem est sans équivoque: «Elles ont très bien fonctionné. Pour chacune d’entre elles, plus de 1000 personnes se sont montrées intéressées, même si environ la moitié abandonne au cours du processus de recrutement. Quand on ne fait pas d’actions de communication, on enregistre plutôt 400 inscriptions par année, à peu près».

Mettre en relation le profil des volontaires et des personnes à assister  

De façon plus quotidienne, dans le cadre du processus conduisant du recrutement à l’engagement des curatrices et curateurs volontaires, l’Unité de recrutement joue un rôle de coordination entre les différents acteurs du dispositif. Elle participe notamment au processus de nomination des curatrices et curateurs volontaires en analysant les profils disponibles, afin de proposer aux justices de paix un candidat ou une candidate en fonction des situations qui se présentent. Pour ce faire, l’Unité gère une base de données regroupant près de 2000 volontaires (issus de ce nouveau dispositif), qui permet de mettre en relation le profil qui correspond le mieux à la situation d’une personne ayant besoin d’aide. «On reçoit beaucoup de demandes de la part des justices de paix, à peu près 600 par année, poursuit Sophie Riem. Chaque demande exige un fin travail d’analyse: qui est disponible? Quels sont les compétences et les critères de choix des personnes? Quand ont-elles reçu un mandat pour la dernière fois? C’est tout un travail de pesée des intérêts et d’analyse, qui exige du temps».

Je suis admirative des curatrices et curateurs. Ces personnes s’engagent. Elles ont beaucoup de mérite et je trouve important pour nous de les soutenir.

Céline SandozChargée de recrutement des curatrices et curateurs volontaires

À cet égard, l’expérience de Céline Sandoz, qui a rejoint l’unité en mai 2023, s’avère très utile: « Je travaillais auparavant au SCTP comme curatrice professionnelle. Cette expérience m’aide beaucoup dans l’analyse des situations. Je me rends bien compte de ce qu’un mandat implique et cela m’est utile dans la recherche de curatrices et de curateurs». De plus, Mme Sandoz participe également aux séances d’échange afin de rencontrer les volontaires. Cela lui permet notamment de mieux cerner leurs compétences afin de cibler plus précisément le type de situation adapté à leur profil. Les interactions avec les curatrices et curateurs privés, le fait d’être à leur service sont des éléments qu’elle apprécie tout particulièrement dans son travail, car «la variété du travail et le contact avec ces volontaires sont motivants.» Assistante sociale de formation, actuellement curatrice privée en charge de deux mandats, elle trouve très intéressant de voir des curatrices et curateurs riches d’autres formations. «Ces personnes peuvent apporter d’autres choses. Surtout, elles sont très motivées à vouloir aider. Je suis très admirative des gens qui s’engagent. Ils et elles ont beaucoup de mérite et je trouve important pour nous de les soutenir». (HDSG)

Mettez vos compétences au service d’autrui!

Le Canton lance un nouvel appel à l’engagement afin de venir en aide aux nombreuses personnes qui en ont besoin. Inscrivez-vous sur internet www.vd.ch/curatelles pour un entretien ou appelez au 0800 628 700 pour plus d’informations sur l’engagement.

Quelques chiffres sur la curatelle vaudoise (fin 2022)

  • 12'700 mandats de protection dans le canton : 60% confiés aux curatrices et curateurs privés, soit 7620 mandats, le reste revenant au Service des curatelles et tutelles professionnelles
  • 5846 curatrices et curateurs privés au total dont:
    • 1595 volontaires issus du nouveau dispositif (environ 27%)
    • 1750 curatrices et curateurs de proches (soit environ 30%)
    • 382 «privés-professionnels» (avocats, fiduciaires, etc., environ 6,5%)
    • 2119 privés déjà en fonction avant la réforme et pas encore inscrits dans le nouveau dispositif (environ 36%)

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