
Préfet, la figure de l’État dans chaque district
Préfet : un mot que tout le monde connaît. Mais qui sait précisément la réalité qu’il recouvre? Chevronnés ou nouveaux venus, une préfète et trois préfets racontent leur métier. Des journées passées à régler des conflits locatifs, des questions de vidéosurveillance, d’excès de vitesse, d’hygiène alimentaire ou d’absentéisme scolaire. Liens de proximité entre État et communes, médiateurs plutôt que juristes, préfètes et préfets sont les témoins de l’état du vivre-ensemble dans chaque district.
Une fonction aux multiples facettes
Depuis près de vingt ans, Roland Berdoz incarne une figure centrale de l’État de Vaud. À la tête du district de la Riviera-Pays-d’Enhaut, qui s’étend «de la plage à l’alpage», il raconte une fonction aux multiples facettes, où se mêlent des compétences pénales, l’art de la conciliation, le soutien aux communes et de l’appétence pour le contact humain.
Dans la voix de Roland Berdoz, il y a un ton calme, solide, forgé par deux décennies passées au cœur des réalités vaudoises: «On nous voit comme l’autorité locale, mais on ignore souvent ce que cela recouvre.» Pour lui, c’est aussi l’occasion de rappeler que le préfet est le représentant direct du Conseil d’État auprès des communes et de la population: «Nous nous assurons notamment de l’application des décisions de l’Exécutif. Par notre biais, l’État reste accessible à l’ensemble des citoyennes et citoyens, et garantit ainsi la cohérence démocratique d’un territoire.»
Au quotidien, les préfets naviguent entre plusieurs mondes, le premier d’entre eux étant celui des conflits locatifs. «Les gens l’ignorent souvent, mais nous passons beaucoup de temps en séance de conciliation. Environ 80% des dossiers débouchent sur un accord. Sachant que nous traitons en moyenne 500 à 600 dossiers, ce pourcentage est d’autant plus réjouissant qu’il permet de désengorger le Tribunal des baux de manière substantielle.»
La deuxième activité principale d’un préfet concerne le «petit pénal» : notamment, les excès de vitesse, les comportements sur le lac, l’hygiène alimentaire, la vente d’alcool sans patente ou encore l’absentéisme scolaire. «Nous traitons entre 4000 et 5000 dossiers par an. Tout ce qui touche aux infractions non qualifiées passe par nous,» précise Roland Berdoz.
Roland Berdoz, préfet du district de la Riviera-Pays-d’Enhaut. | Photo:ARC-SieberLe troisième pilier touche au cœur institutionnel du Canton, à savoir les communes: «Un bon tiers de nos activités se traduit par un soutien aux communes: qu’il s’agisse de vérifier des préavis, de procéder à l’installation des autorités ou d’assurer le suivi des initiatives et des référendums, nous sommes à leurs côtés pour répondre à leurs questions, mais aussi pour leur donner des conseils lorsqu’ils en font la demande. Nous sommes au cœur d’une mécanique discrète qui maintient la démocratie en état de marche», se réjouit le préfet.
Son rapport au métier s’est construit sur le terrain. Originaire du Pays-d’Enhaut, maître menuisier de formation, fondé de pouvoir pendant 17 ans dans une entreprise de construction à cheval entre les communes de Chateau-d’Œx et de Saanen, premier lieutenant dans le corps des sapeurs-pompiers, président du conseil communal, puis municipal de Rossinière, Roland Berdoz revendique un parcours «concret». « Connaître son monde, ça change tout. Vous savez comment pense une commune, ce qui la préoccupe vraiment.»
Devenu préfet en 2006 à Vevey, puis nommé en 2008 à la tête du nouveau district Riviera-Pays-d’Enhaut, il découvre l’infinie variété d’un territoire qui va des bords du Léman aux alpages. «On peut traiter une affaire de lac le matin, un litige locatif à midi, puis une question agricole en fin d’après-midi. C’est ce qui me plaît tout particulièrement, nous ne vivons jamais la même journée.»
«On peut traiter une affaire de lac le matin, un litige locatif à midi, puis une question agricole en fin d’après-midi. Nous ne vivons jamais la même journée.»
Roland Berdoz se souvient encore très bien de ses premiers pas dans le métier : «Il m’a fallu environ deux ans pour me sentir professionnellement à l’aise. Les deux premières années, il a fallu cravacher pour avoir des informations, des renseignements, téléphoner aux collègues plus expérimentés pour demander des conseils. Comme j’étais à la recherche de nouveauté dans ma vie professionnelle, tout cela m’a énormément plu, même si j’ai quand même été un peu surpris.»
Une profession qui s’apprend dans le feu de l’action
Quelles sont les qualités essentielles d’un préfet? «Il faut être curieux, répond sans hésiter Roland Berdoz. C’est une profession qui s’apprend dans le feu de l’action. Avec les années, on s’enrichit de nos expériences, mais il faut toujours se remettre en question et chercher la perfection et l’information la plus récente, ce qui n’est pas toujours évident.»
La curiosité et l’adaptation sont plus que jamais nécessaires, car « le métier a évolué, parfois plus vite qu’on ne le pense.» Des tâches ont disparu, d’autres ont émergé, comme les autorisations de vidéosurveillance ou certaines procédures nouvelles en matière de droit du bail. «Le droit évolue vite. On ne finit jamais d’apprendre. Même après vingt ans, je découvre très régulièrement des aspects nouveaux.»
« La dernière porte à laquelle on frappe »
Pour autant, rien de tout cela n’efface la dimension humaine. «La préfecture est souvent la première porte à laquelle on frappe quand on ne sait plus où aller. Les gens cherchent un interlocuteur. Ils veulent être écoutés.» Il reconnaît que le lien avec la population se distend à mesure que les districts grandissent. «La charge augmente, les territoires sont grands. Mais nous faisons en sorte de rester présents.» Ses paroles traduisent l’expression d’une solide conviction : «Le préfet est un lien invisible, mais indispensable entre l’État et les citoyens. C’est peut-être là que réside l’essentiel de notre métier, » souligne Roland Berdoz.
Nicolas Croci Torti, préfet du district d'Aigle. | Photo: ARC-SieberÀ Aigle, entre médiation, code pénal et alpages
Nicolas Croci Torti a enseigné pendant 27 ans, dont 16 comme doyen, et il aimait tout particulièrement transmettre l’éducation civique. Engagé au sein de la Municipalité d’Ollon, député au Grand Conseil de 2015 à 2022 et jouissant d’un fort ancrage local, il avait tout pour devenir préfet, sans que lui-même ne s’en doute. «Si un jour on m’avait demandé si je voulais être préfet, j’aurais certainement répondu que non. Je voyais cela comme un poste de fin de carrière politique, sourit Nicolas Croci Torti. Il va sans dire que je me trompais énormément.»
À Aigle, il découvre la mécanique institutionnelle dans toute sa diversité. « Nommés par le Conseil d’État pour la durée d’une législature – le mandat étant renouvelable –, nous sommes en charge de le représenter. C’est une responsabilité forte.» Le corps préfectoral est cependant présidé par Fabrice de Icco, préfet du Jura-Nord vaudois. Il participe aux réunions mensuelles du corps préfectoral: «C’est un lieu d’échange précieux entre collègues où circulent questions délicates, évolutions législatives et expériences de terrain.»
«Nous ne sommes pas des juristes, mais nous agissons en tant que médiateurs. Notre rôle est avant tout de proposer des solutions raisonnables.»
Comme la plupart de ses collègues, Nicolas Croci Torticonsacre une grande part de son temps à la conciliation en matière de bail. «Nous ne sommes pas des juristes, mais nous agissons en tant que médiateurs. Notre rôle est avant tout de proposer des solutions raisonnables: veut-on vraiment engager des frais juridiques? Partir dans une procédure qui risque d’être très longue? N’y a-t-il pas moyen de discuter?» Nicolas Croci Torti revendique ce bon sens qui, selon lui, est l’une des clés du métier.
Le volet pénal est tout aussi varié : circulation, titres de transport, chiens, nature, lac, hygiène alimentaire. «Nous ne sommes pas là pour punir par principe. On entend, on discute, on contextualise. Puis on décide.» Il décrit aussi les audiences au cours desquelles il reçoit des parents d’élèves ayant prolongé indûment des vacances, ou les restaurateurs dénoncés par les inspecteurs du service d’hygiène: «Un quotidien toujours varié, souvent surprenant.»
Visites à l’alpage
En tant que préfet, Nicolas Croci Torti doit également vérifier la régularité des procédures communales; chaque année, il visite les 15 communes du district. À titre d’exemple, il cite la bonne tenue des procès-verbaux du Conseil communal ou des archives. Dans un registre différent, si des dysfonctionnements graves sont signalés dans une commune, le préfet peut aussi mener des investigations, mais uniquement sur mandat du Conseil d’État.»
Au chapitre des spécificités locales, le périmètre de Nicolas Croci Torti comprend également la visite des alpages. «Pendant l’été, nous effectuons une tournée avec le préposé agricole et le vétérinaire délégué pour contrôler l’entretien des pâturages ou encore la bonne santé du bétail. Ces visites nous permettent de vérifier que les agriculteurs respectent les prescriptions qui leur permettent de toucher des subventions.»
Comme un bébé nageur lancé dans la piscine
Nicolas Croci Torti n’a ressenti qu’un regret en repensant à ses premiers jours. «Ce fut un démarrage intense, presque abrupt. Je me sentais peu comme un bébé nageur lancé dans la piscine. Une sorte de kit de démarrage pour les nouveaux préfets serait vraiment utile. Heureusement, l’entente entre les préfets est excellente. Dès que l’on en ressent le besoin, ils sont tous à disposition. De même, les services de l’État nous soutiennent en cas de nécessité. À mon sens, ce n’est cependant de loin pas suffisant au vu du nombre de procédures, des vastes responsabilités qui nous incombent et de leurs conséquences sur les gens.»
Un signal d’alarme
Occupant un poste d’observation privilégié sur l’évolution de la société, Nicolas Croci Torti pose un diagnostic prudent, mais lucide. «Les critiques se sont amplifiées avec les réseaux sociaux. C’est devenu un déversoir. Pour les communes, c’est même inquiétant. Plus de 300 municipaux ont démissionné lors de la dernière législature. C’est clairement un signal d’alarme.»
Le préfet sourit lorsqu’on lui demande comment il voit son district. «Le plus beau du canton! On a tout. Le lac, le vignoble, la plaine, la montagne, l’industrie et le tourisme. C’est un petit canton de Vaud à lui seul.» Un terrain parfait pour mesurer la diversité et l’intensité d’un métier où l’on ne fait jamais deux fois la même journée.
Anne Marion Freiss, préfète de la Broye-Vully.|Photo:ARC-Sieber«Hors de la routine et au cœur du réel»
Elle a connu trois districts et vécu trois expériences différentes qui ont forgé sa conviction: la fonction préfectorale est un observatoire unique sur la société. Préfète de la Broye-Vully, Anne Marion Freiss raconte un métier où la proximité humaine domine, où les conflits locatifs se mêlent aux réalités intercantonales et où se mesure, chaque jour, l’état du vivre-ensemble.
Après un apprentissage dans une étude d’avocats, qui marquera durablement son goût pour le droit, Anne Marion Freiss, qui «aime le monde juridique, sans être juriste», travaillera de nombreuses années dans l’univers des tribunaux, des notaires et des services juridiques de l’État. Parallèlement, elle s’engage avec autant de conviction dans la vie locale, tour à tour scrutatrice, secrétaire de conseil général, municipale, puis syndique. À la faveur d’une ouverture de poste pour la préfecture de Lavaux-Oron, elle tente sa chance. Elle est engagée. Cinq ans plus tard, elle reprend le district de l’Ouest lausannois, le temps d’une décennie. Enfin, en 2024, elle est nommée à la tête du district de la Broye-Vully. Un bel itinéraire à travers le canton de Vaud pour une femme qui n’aime pas la routine: «Et en tant que préfet, il n’y en a jamais.»
Travailler des deux côtés de la frontière
Le district de la Broye-Vully est un nouveau défi pour Anne Marion Freiss. «On change d’échelle ! Non seulement il compte 31 communes pour 50'000 habitants, mais il comporte également une dimension intercantonale tout à fait unique.» En tant que préfète, elle préside la COREB (Communauté régionale de la Broye), qui réunit les communes vaudoises et 18 fribourgeoises autour d’infrastructures partagées, telles que l’hôpital et le gymnase. «Cela nous oblige à travailler constamment des deux côtés de la frontière cantonale.»
De plus, le district vit un développement tout à fait exceptionnel. «Il suffit d’observer, par exemple, la croissance d’Avenches pour s’en convaincre, souligne Anne Marion Freiss. L’explication est simple: le district offre une qualité de vie exceptionnelle, de nombreux villages sont bilingues, la diversité culturelle est riche, et tout cela, à quelques kilomètres seulement de Berne.»
À l’instar de ses collègues, le quotidien de la préfète de la Broye-Vully est fait de médiations, de pénal du quotidien, de séances avec les communes, de rencontres intercommunales, mais aussi de cas individuels. «Lundi, vous avez un agenda. Le vendredi qui suit, il ne ressemble plus à rien. C’est un métier hors routine. Mais surtout, il nous permet de garder une proximité avec la population et toutes les composantes de la société vaudoise. Des gens viennent avec leurs soucis de tous les jours. Et ensemble, on essaie de trouver une solution.»
«J’avais espoir que la pandémie apporte un retour au collectif. Hélas, non. Au contraire, elle a renforcé l’égocentrisme. Cet individualisme fragilise la démocratie locale.»
En phase directe avec les évolutions de la société, Anne Marion Freiss observe avec inquiétude les retombées de l’épidémie de COVID: «J’avais espoir que la pandémie apporte un retour au collectif. Hélas, non. Au contraire, elle a renforcé l’égocentrisme: moi et les miens d’abord. » Ce qui se traduit à ses yeux par une forme de consumérisme du service public: «Pourquoi mon voisin et pas moi? Tout est comparé, sans recul. Cet individualisme fragilise la démocratie locale, la vie professionnelle et familiale ayant pris le pas sur l’engagement public. Même si les raisons sont multiples, nous avons enregistré 40% de démissions avant les prochaines élections municipales. C’est énorme.»
Anne Marion Freiss se démarque néanmoins du pessimisme ambiant. «Dans la pratique, les médiations aboutissent très souvent à des accords. Les gens disent merci. Il reste un respect de la discussion. Le lien existe. Même s’il s’est fragilisé, il existe. Mais il faut l’entretenir.»
Cédric Alber, préfet du district de Lavaux-Oron.|Photo: ARC-SieberLavaux-Oron : le regard du nouveau venu
Diplomate, médiateur, garant du lien entre État et communes: dans le district de Lavaux-Oron, le préfet Cédric Alber, entré en fonction en juillet, déploie une vision enthousiaste d’un métier qui conjugue proximité humaine, rigueur institutionnelle et vigilance patrimoniale.
À 46 ans, Cédric Alber peut revendiquer une carrière aux multiples expériences. Né à Sainte-Croix, il commence par une maturité artistique musique, puis un master en relations internationales à Genève. Son parcours alterne ensuite public et privé, mais conserve une constante: le goût du service public. Dix ans au Conseil communal de Lutry, une présidence, des responsabilités locales. «Dans ma jeunesse, je rêvais de diplomatie. Je la retrouve aujourd’hui dans un habit préfectoral qui en demande beaucoup.»
Commencé le 1er juillet, son mandat lui offre un terrain d’apprentissage spectaculaire. «Tous les jours, je découvre une nouvelle facette du métier», se réjouit-il. Le district compte 16 communes et environ 67'000 habitants, avec des pôles urbains comme Pully ou Lutry et des communes rurales en pleine croissance. Depuis que Lavaux est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, le district de Lavaux-Oron a pris une nouvelle dimension: «Tous les projets de construction, de reconstruction ou de transformation situés en zone Lavaux doivent être soumis à la Commission consultative de Lavaux, présidée par le préfet, avant d’être mis à l’enquête. Même si c’est nettement plus rigide qu’ailleurs, nous abordons cependant les dossiers avec pragmatisme, cherchant toujours l’équilibre entre les multiples composantes du site.»
«Je rappelle souvent aux gens que nous sommes en procédure de conciliation, et qu’il est encore temps de négocier avant de se retrouver au tribunal des baux.»
Cédric Alber parle de son métier comme d’un grand écart permanent. Avec humour, il se compare au Petit Poucet et à ses bottes de sept lieues, qui court d’un endroit à l’autre, ou à un couteau suisse, tant ses tâches sont variées: «On ne s’ennuie jamais: médiation, dossiers pénaux, accompagnement et surveillance des communes, contrôle des notaires et toutes les situations inattendues… J’ai dû me confronter récemment à la question de la destruction urgente de nids de frelons asiatiques.» Le domaine du bail – les préfètes et préfets président les commissions de conciliation – est un des pans importants de la fonction: «Je rappelle souvent aux gens que nous sommes en procédure de conciliation, et qu’il est encore temps de négocier avant de se retrouver au tribunal des baux où ils auront besoin d’engager du temps, des moyens financiers et beaucoup d’énergie.»
«La pâte humaine est centrale»
Pour Cédric Alber, les qualités nécessaires d’un préfet sont le sens de l’écoute, la capacité d’adopter une posture neutre en toutes circonstances et celle d’emmagasiner beaucoup de choses, puis de faire le grand écart entre des sujets extrêmement variés: «Bien sûr, il est aussi nécessaire d’avoir une bonne connaissance du fonctionnement des institutions, des notions juridiques, et surtout de bien connaître son district et ses spécificités. Cela dit, si le droit est essentiel, la pâte humaine est centrale.»
Comment la fonction pourrait-elle évoluer ces prochaines années? «Face à un monde toujours plus complexe, à l’explosion du nombre de plaintes, à des individus de plus en plus chicaniers et à l’engorgement des tribunaux, le rôle des préfets ne risque pas de perdre de l’importance, bien au contraire. Grâce à ses bons offices et son rôle de médiateur, il permettra de plus en plus de trouver des solutions avant que la machine judiciaire ne se mette en marche.»
Sortir de l’abstraction, discuter vrai
Après quatre mois, le nouveau préfet apprécie tout particulièrement les visites annuelles dans les communes, qu’il considère comme «un trésor»: «On sort de l’abstraction. On discute vrai, sur leur terrain.» Mais ce qui semble le toucher le plus, ce sont les visites aux centenaires : «Je me sens très privilégié de pouvoir partager ces très beaux moments avec quelqu’un né en 1925 et qui a connu un monde qui n’existe plus.»
Aussi, son premier bilan tient en une formule : «Ce métier possède une beauté rare qui me permet de me sentir utile à la collectivité.» (DA)










