Blues des fêtes: rester solidaire
Dans la rue, les magasins, les médias et même au travail, difficile d’échapper à l’ambiance «fêtes de fin d’année», quand tout se colore de rouge, de vert et de doré... Pourtant, parfois, c’est le blues qui domine. Mais pourquoi a-t-on le moral dans les chaussettes (de Noël) à cette époque? Où trouver un peu de réconfort quand on a l’impression d’être la seule ou le seul à broyer du noir?
L’esprit de Noël ? Il a survolé les époques et les frontières, élargissant son sens premier — la célébration chrétienne de la naissance de Jésus — à une commémoration plus universelle: celle de la vie familiale, de la chaleur humaine, du partage et de l’allégresse. Un certain nombre de personnes n’y voient pourtant que le reflet de leur propre solitude, voire d’un sentiment d’isolement à l’heure de tirer le traditionnel bilan annuel. En 1955 déjà, le psychologue américain James Cattell avait forgé le concept de « Holyday Syndrom » (ou syndrome des Fêtes), un trouble survenant environ un mois avant les fêtes de Noël et du Nouvel An, et caractérisé par une anxiété diffuse, des sentiments d’irritabilité, de nostalgie et de dépression.
L’injonction à la fête, source de stress
Pour Maria Undurraga et Sonia Bastardo, qui œuvrent à la Direction qualité de vie au travail (DQVT) de l’État, c’est un véritable sujet, qui peut entraîner des répercussions sur la santé au travail. «Les Fêtes ne riment pas forcément avec joie pour toutes et tous. Certaines personnes sont seules. Pour d’autres, Noël rappelle l’absence de personnes chères et disparues… Parfois, l’ambiance festive qui règne au travail, la frénésie mercantile qui l’accompagne peuvent être de vraies sources d’angoisse pour celles et ceux qui sont incapables de se réjouir et qui s’imaginent n’être pas comme les autres…» Pour la fête de Noël, marquée du sceau de l’enfance, c’est également un redoutable appel d’air pour la nostalgie. «Ce que l’on souhaite rappeler, insiste Maria Undurraga, c’est que ce sentiment de mal-être ou d’exclusion – exacerbé en cette période – est tout à fait normal, explicable, et qu’il faut réussir à déculpabiliser. Non, on n’est pas obligé d’être extatique à l’approche de Noël; ni de faire quelque chose de particulier à cette occasion…»
Solidarité et entraide
Avant tout, nos deux interlocutrices souhaitent sensibiliser les collaboratrices et collaborateurs de l’État à cette réalité afin d’enlever les tabous et déculpabiliser les personnes. «Il est important de faire attention à certains collègues, aux personnes fragilisées en cette période. De petits gestes peuvent parfois suffire à faire la différence, comme ne pas juger celui ou celle qui refuserait de venir à un apéro de Noël, ou d’être simplement plus attentif aux autres…»
Quant à la solitude, souvent redoutée, elle n’est pas une fatalité et peut même générer à son tour de la solidarité: une valeur parfois bien plus porteuse. «À nous, adultes, d’inventer ce que l’on souhaite célébrer et de donner du sens à ces fêtes», suggère Sonia Bastardo, qui cite à cet égard les Tables de Noël de l’association Pro Senectute, une émanation des Tables conviviales réunissant, toute l’année, des bénévoles et des personnes âgées autour d’un bon repas. Entre le 16 et le 26 décembre, c’est ainsi l’occasion de recevoir chez soi un ou une senior pour partager l’esprit de Noël lors d’une soirée festive et gourmande.
Dans le même esprit, la Fondation Mère Sofia encourage les bénévoles à venir travailler les soirs des 24, 25 et 31 décembre. «Une mesure qui vise également à favoriser les bénévoles n’ayant pas d’autres propositions pendant les Fêtes et qui souhaitent s’engager dans une ambiance participative», comme le résume la Fondation.
Quoi qu’il en soit, et où que plane votre esprit de Noël, la Direction qualité de vie au travail vous souhaite à toutes et à tous une très, très belle fin d’année, et se réjouit de vous retrouver en 2024! (EB)
Envie d’offrir de votre temps pendant les Fêtes?
Soupe populaire, Fondation Mère Sofia : îlot de réconfort pour les plus démunis, la soupe populaire servie à la Rue Saint-Martin 12 à Lausanne est autant l’occasion de savourer un repas chaud que de partager un moment convivial dans une ambiance bienveillante. Si l’on peut s’inscrire toute l’année, il est recommandé de s’y prendre dès que possible pour «bénévoler» les soirs des 24, 25 et 31 décembre, en appelant le 078 626 43 22.
Table de Noël, Pro Senectute : recevez chez vous une personne senior pour partager l’esprit de Noël lors d’un repas de fête, entre samedi 16 et mardi 26 décembre (les inscriptions sont closes).
Besoin de soutien?
La Main tendue: parce que parfois, on aimerait pouvoir parler avec quelqu’un joignable à tout moment, de façon anonyme. Par téléphone (au 143), par tchat ou par e-mail, l’association propose même ses services en anglais depuis 2023.
www.143.ch/fr