deux jeunes gymnasiens devant un panneau de l'exposition où on lit "Sur les pas du major Davel, de Cully à Vidy".
Bien que l’histoire de Davel soit méconnue des étudiantes et étudiants, la découverte de ces éléments historiques a été appréciée, pour son côté local. Photo l Gregory Dos Santos (DCIRH)
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Gymnasiennes et gymnasiens et à la rencontre de Davel

L’exposition «Davel ou la vocation citoyenne» s’est installée dans les gymnases du canton. Constituée de panneaux d’exposition interactifs et d’activités à réaliser en classe, elle permet aux élèves de se mettre en situation et de s’approprier les repères historiques, visuels et terminologiques utiles à l’étude de l’histoire de Davel.

Bien que l’histoire de Davel soit méconnue des étudiantes et étudiants, la découverte de ces éléments historiques a été appréciée, pour son côté local. Photo l Gregory Dos Santos (DCIRH)
3 minutes de lecturePublié le 27 avril 2023

Une classe du gymnase de Beaulieu nous a ouvert ses portes durant un cours d’histoire. Au programme, une investigation sur les derniers moments de «l’affaire Davel». Les élèves avaient pour mission de prendre connaissance des derniers déplacements du Major et de les replacer sur une carte à l’échelle de Lausanne et ses environs. En retraçant le chemin qui mène la figure vaudoise jusqu’à l’échafaud, à Vidy, en 1723, l’activité propose aux élèves de s’imprégner des moments charnières de cette affaire ainsi que de les visualiser.

L'exposition nécessite un travail important de contextualisation afin de permettre aux élèves d’en comprendre les enjeux. Photo l Gregory Dos Santos (DCIRH)

Susciter l’intérêt des jeunes

«Généralement, les élèves sont curieux de rapporter l’apprentissage de l’histoire à des événements proches ou régionaux, pour autant que ceux-ci entrent en écho avec leurs propres préoccupations. Le cas Davel est intéressant, car il présente une possibilité de problématiser l’action politique», explique Jérôme Gygax, enseignant et chef de file d’histoire du Gymnase de Beaulieu. Bien que l’histoire de Davel soit passablement méconnue des étudiantes et étudiants, ces derniers ont apprécié découvrir des éléments historiques familiers, car locaux. Par exemple, pour la majorité, la place du château à Lausanne, siège des institutions politiques et de la statue du Major était un lieu jusqu’alors inconnu. «On constate que les élèves ont peu de connaissances et d’accès aux informations concernant des époques proches, voire peu reculées, ce qui est valable pour l’histoire de Davel. Ce n’est pas leur faute, c’est leur environnement médiatique qui tend à les connecter à des choses parfois lointaines», précise le professeur.

Les enseignantes et enseignants du gymnase de Beaulieu ont proposé des activités autour de l’exposition avec des classes de tous les degrés. «L’enseignement postobligatoire accorde une place importante à l’histoire vaudoise et Suisse ainsi qu’à l’histoire du fait politique et des institutions, en général et en lien avec l’histoire européenne et de plus en plus avec l’histoire mondiale. L’historiographie pour la Suisse a fait d’immenses progrès et les enseignants du secondaire II peuvent s’appuyer sur les travaux récents d’historiens romands qui ont participé à rendre cette histoire attractive», relève M. Gygax.

« Ce qu’il y a d’intéressant dans cette démarche, c’est qu’elle propose un cadre de réflexion autant qu’un point de départ. »

Jérôme GygaxEnseignant et chef de file d’histoire du Gymnase de Beaulieu

S’approprier le matériel d’exposition

«On peut saluer l’effort et les moyens mis à disposition pour proposer une telle exposition de façon centralisée aux différents établissements scolaires du canton», souligne Jérôme Gygax. Toutefois, selon le retour d’autres enseignants, l’exposition à elle seule nécessite un travail important de contextualisation afin de permettre aux élèves d’en comprendre les enjeux. Depuis les effets de la Réforme jusqu’à l’empreinte naissante des grands idéaux des Lumières, c’est toute l’Europe qui se met à se transformer après Davel. «Ce qu’il y a d’intéressant dans cette démarche, c’est qu’elle propose un cadre de réflexion autant qu’un point de départ. Ce d’autant plus que ce printemps 2023 est marqué de nombreux événements commémoratifs et festivités publics qui feront écho à ce matériel» ajoute-t-il.  «Dans l’ensemble, les élèves sont comme nous, ils ont une capacité d’attention limitée et peuvent se détourner d’un sujet qui serait vu comme «historisant» ou proposé à des fins de commémoration fermée. C’est à nous de leur montrer que cette exposition est l’amorce d’une discussion citoyenne, y compris lorsqu’il s’agit de déconstruire un mythe pour montrer les facettes moins belles ou glorieuses.» conclut l’historien.

« L’histoire de Davel peut aisément s’apparenter à une véritable enquête et énigme historique. Davel libérateur ou conspirateur ? »

Jérôme GygaxEnseignant et chef de file d’histoire du Gymnase de Beaulieu
Trois gymnasiens autour d'une table lors d'un travail de groupe.Les élèves ont ainsi apprécié prendre en main les éléments de cette exposition, comme ils le feraient d’une enquête à mener en commun. Photo l Gregory Dos Santos (DCIRH)

Mener l’enquête

Les élèves ont ainsi apprécié prendre en main les éléments de cette exposition, comme ils le feraient d’une enquête à mener en commun. En effet, selon le M. Gygax, «l’histoire de Davel peut aisément s’apparenter à une véritable enquête et énigme historique. Davel libérateur ou conspirateur ? Il y a eu trahison, il y a eu exécution, il y a eu des regards et des récits contradictoires jusqu’à l’édification du personnage par la peinture. On peut voir dans l’affaire Davel les prémices d’une question très contemporaine, celle de l’expression du "droit des peuples à disposer d’eux-mêmes" qui deviendra un principe phare de la fin du 19e siècle et finira par s’imposer au siècle suivant. Cela, les élèves peuvent le saisir et en percevoir l’importance. À nous de montrer que le travail d’historien et d’apprenti historien, commence par des questions, se prolonge par des recherches d’indices et se termine rarement avec des certitudes et des réponses fermées.» (IC)

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