Financer sa retraite : la check-list de la Caisse de pensions
Pour bien se préparer à a retraite – et éviter les mauvaises surprises – autant commencer par connaître le revenu dont nous disposerons le moment venu. Le plus simple : suivre la check-list de la Caisse de pensions de l’État de Vaud (CPEV).
Il est vrai que les questions financières, surtout celles liées à la retraite, peuvent souvent rebuter par leur complexité. Et que la fin de la vie professionnelle peut rester longtemps une abstraction. Très consciente de cette difficulté pour nombre d’entre nous, la Caisse de pensions de l’État de Vaud a, depuis quelques années, significativement amélioré ses outils de communication permettant à ses affiliés de se projeter dans leur avenir. Parmi ces aides, facilement accessibles sur son site internet, une check-list permet de suivre toutes les étapes nécessaires pour pleinement profiter de sa nouvelle vie.
Quand ? Quoi ? Comment ?
C’est d’autant plus le moment de s’y plonger que toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs de l’État de Vaud viennent de recevoir leur situation de prévoyance. Ce précieux document, dans lequel on trouve les données de sa situation personnelle, est souvent le point de départ d’une réflexion intime, mais soulève également de nombreuses questions. Comme le souligne Yves-Marie Hostettler, responsable du service de gestion des institutions de prévoyance autonomes de Retraites Populaires, gérante de la CPEV, les trois principales questions que l’on se pose sont : « À quel âge puis-je partir à la retraite ? Combien vais-je toucher ? Capital ou rente ? » Le plus simple pour retrouver son chemin dans cet univers touffu, est de se servir de la marche à suivre proposée par les experts de la caisse de retraite.
Calculer son deuxième pilier grâce au simulateur
Avant toute chose, il s’agit d’utiliser les simulateurs en ligne que la CPEV met à disposition de ses assurés depuis 2014. Renforcé depuis 2020 par un espace personnel (très facile à activer) qui permet désormais de lier le simulateur au dossier de l’assuré. Avec l’avantage qu’il peut ainsi puiser directement dans ses données personnelles, évitant grâce à cela les saisies fastidieuses et les erreurs inhérentes.
Ces simulateurs constituent une aide précieuse à la décision, notamment lorsqu’il faut se décider sur l’âge de départ ou l’épineux choix de la rente ou du capital. «Il est toutefois important de préciser que ce simulateur ne concerne que les avoirs du 2e pilier, rappelle Christian Charles, formateur à Retraites Populaires. Car pour avoir une vision globale, il appartient à chaque personne assurée de faire ses propres démarches auprès de l’AVS et, le cas échéant, de l’assurance ou de la banque auprès de laquelle on aura souscrit un 3e pilier. Au final, c’est en additionnant les montants de ces trois différents revenus que l’assuré pourra vraiment se déterminer sur la manière d’envisager sa future retraite.»
Les trois principales questions que l’on se pose sont: « À quel âge puis-je partir à la retraite ? Combien vais-je toucher ? Capital ou rente ? »
Fixer sa date de départ en retraite
À quel âge quitter son travail et ses collègues? Dans la plupart des cas, il est évident que ce choix sera déterminé par les montants qui ressortiront des simulateurs. Car si l’argent ne fait pas le bonheur, il constitue toutefois un paramètre crucial, selon que l’on choisisse une retraite anticipée (et donc financièrement plus mince), ou une retraite à l’âge terme, plus confortable: «Si les simulateurs permettent de calculer le revenu, il est tout aussi important que l’assuré s’inquiète, de son côté, de projeter ses dépenses en tant que retraité. Elles seront forcément différentes, notamment du point de vue fiscal. La question de savoir comment il pourra boucler son budget est primordiale», souligne Christian Charles.
Résilier son contrat de travail
Dès que l’assuré aura décidé de sa date de départ, il ne devra pas oublier de résilier son contrat de travail. Même si cela semble une évidence, il arrive assez fréquemment que les gens pensent que cela se fera automatiquement. «Annoncer son départ à la retraite n’est pas forcément spontané, surtout s’il advient à l’âge légal de départ (65 ans ndlr). Je me surprends toujours de devoir répéter qu’il faut donner sa lettre de démission. Cela dit, il va de soi que l’employeur se chargera de le rappeler à celui qui l’aurait oublié. C’est plus délicat lorsque l’assuré souhaite partir avant. Sans un préavis de trois mois, son départ pourrait alors être repoussé» met en garde Christian Charles. A contrario, celles et ceux qui voudraient travailler au-delà de 65 ans devront d’abord obtenir un accord formel de leur employeur.
"Il est important de projeter ses dépenses en tant que retraitée ou retraité. Elles seront forcément différentes, notamment du point de vue fiscal. La question de savoir comment on pourra boucler son budget est primordiale."
Demander une partie de sa rente sous forme de capital et/ou l’avance AVS
Passé 58 ans, la personne assurée (qui n’aura plus d’activité lucrative) ne pourra pas retirer plus de 50% sous forme de capital. Si la somme désirée est en deçà, elle peut décider elle-même, au franc près, combien elle veut retirer de sa caisse de pensions. Une fois de plus, grâce aux simulateurs, il lui sera facile de connaître la hauteur de sa rente en fonction de la somme retirée en capital. Et de faire son choix en connaissance de cause.
En ce qui concerne l’avance AVS, il s’agit d’une prestation propre à la CPEV qui peut être demandée pour compléter la rente-pont AVS versée en cas de départ avant l’âge AVS. Son principe est de disposer, sous forme d’avance, d’un montant équivalent à ce que l’on percevra à 65 ans. Comme son nom l’indique, ce montant devra être remboursé (montant déduit de la pension) par la suite – un remboursement étalé à vie et s’éteignant au moment du décès.
Dans ces deux cas, qu’il s’agisse de retirer une partie de sa rente sous forme de capital ou encore d’une avance AVS, l’assuré doit faire une demande par écrit (courrier, email ou via l’espace personnel) à la CPEV, au plus tard le jour précédant son départ en retraite.
Remplir le questionnaire de mise en retraite de la CPEV
Contrairement à l’AVS, l’employeur, dont c’est la responsabilité, informe directement la CPEV du départ à la retraite de sa collaboratrice ou de son collaborateur, qui n’aura pas à se préoccuper des délais. En revanche, on recevra un courrier avec un questionnaire purement administratif (par exemple, coordonnées bancaires) qu’il faudra remplir et retourner à la Caisse.
Prendre contact et entamer les démarches auprès de sa caisse AVS
Il s’agit là d’un point important que beaucoup ignorent! Il est absolument nécessaire de déposer une demande auprès de l’AVS afin de recevoir sa rente, car là encore, ce n’est pas automatique… En d’autres mots, si l’assuré ne fait pas les démarches, il ne percevra aucune rente ! C’est pourquoi il est vivement conseillé de faire sa demande entre quatre et trois mois avant le premier versement. À cet effet, un questionnaire est en ligne et facilement accessible sur le site de la Caisse cantonale vaudoise de compensation AVS.
Souscrire un troisième pilier? Ou racheter des années de cotisation?
Une personne salariée, qui pour diverses raisons a connu des aléas professionnels ou des périodes durant lesquels elle n’a pas pu cotiser au 2e pilier, a la possibilité de racheter des années de cotisations tout au long de sa carrière professionnelle. «Il y a deux choses qu’il faut savoir, souligne Yves-Marie Hostettler. D'abord, il faut le faire le plus tôt possible, de manière à ce que ces rachats aient le plus d’impact. On peut profiter d’une entrée d’argent inattendue, comme un héritage ou une hausse de salaire, pour la consacrer à améliorer sa caisse de prévoyance. Ensuite, il faut savoir que ces rachats sont en principe fiscalement déductibles, avec des restrictions s’ils sont faits dans les trois années qui précèdent le départ à la retraite, quel que soit l’âge.»
À montant égal, un 2e pilier vous donnera toujours plus de prestations qu'un 3e. «Les conditions tarifaires et financières dans le 2e pilier sont généralement plus avantageuses que dans le 3e, commente Yves-Marie Hostettler. Cela étant, chaque situation est différente et il convient d’en apprécier les spécificités. Par exemple, un homme ou femme célibataire sans enfant doit être consciente qu’en cas de décès après son départ à la retraite, personne ne touchera rien de son 2e pilier, alors qu’avec un 3e pilier, il ou elle peut désigner un bénéficiaire.»
Rien ne vaut un contact personnel
Une fois que l’on s’est fait une première idée grâce aux simulateurs, le plus simple est de prendre directement contact avec les conseillers de la CPEV. Mais il est tout aussi avisé de s’inscrire au cours de planification financière de la retraite que le Centre d’éducation permanente (CEP) organise depuis presque dix ans pour les collaboratrices et collaborateurs de l’État de Vaud. Une heureuse initiative qui répond clairement aux attentes de nombreux collaborateurs de l’État de Vaud si on en juge par sa fréquentation : «Cela marche à fond, 400 personnes le suivent chaque année. Et sans surprise, les interrogations tournent principalement autour des mêmes questions, celles de l’âge idéal pour le départ à la retraite, du combien vais-je toucher? Capital ou rente? Certains voudraient presque que je décide à leur place», sourit Christian Charles.
Il est indéniable que si le contenu de ce cours qui aborde la retraite sous tous ses aspects financiers et fiscaux constitue une véritable aide à la décision, rien ne vaut un entretien personnel avec les conseillers de la CPEV: «Nos portes sont largement ouvertes, conclut Yves-Marie Hostettler. Il ne faut pas hésiter à prendre contact, car il n'est jamais trop tôt pour penser à sa prévoyance. Chaque situation étant individuelle, elle doit faire l'objet d'une analyse propre à chacun.» (DA)
Un cours pour se préparer au «choc de la retraite»
Même si une vision claire de sa situation financière permet un passage serein à la retraite, elle ne suffit pas toujours pour apaiser ce moment souvent délicat. «De nombreuses personnes sans soucis d’argent arrivent à la retraite un peu perdues», constate Blaise Vuillaume, coach et formateur qui, depuis huit ans, dispense au CEP un cours intitulé «La retraite, un temps à vivre pleinement».
Le départ à la retraite n’est pas forcément un cap facile à franchir. Si bien que le CEP a jugé utile d’y consacrer un cours entièrement dédié à sa dimension humaine. Cette ''formation'', si l’on ose dire, attire un nombre considérable de participants. Car beaucoup ont probablement pris conscience, comme le rappelle Blaise Vuillaume, que cet arrêt de son activité professionnelle constitue pour certains l’une des principales épreuves de la vie, comme la perte d’un proche ou un divorce : «Si d’aucuns la voient comme leur dernière expérience de vie, moi j'aime bien appeler cela une nouvelle carrière, et elle est d’autant plus passionnante que c’est la dernière. Mais il est vrai que pour certaines personnes, la retraite est d’abord synonyme de chute», observe Blaise Vuillaume. Et c’est souvent lors de ces cours que l’on prend vraiment conscience de la date de la fin de la vie professionnelle : «C'est souvent un choc, mais pour l’éviter, la retraite doit se préparer!»
Parler de l’avenir du couple
Idéalement, ce cours qui s’étend sur deux journées, devrait être suivi environ un à deux ans avant le départ à la retraite. «La première partie de cette formation permet déjà de faire le point sur soi, sa situation, ses envies, sur le temps qui reste avant cette nouvelle vie, mais aussi de partager ses inquiétudes, voire ses peurs, constate Blaise Vuillaume. Les principales interrogations tournent autour de la santé et de la finance, et de plus en plus souvent, l’avenir du couple est devenu un sujet de préoccupation.»
«Il faut une bonne hygiène de vie, bouger, ne surtout ne pas se sédentariser, ne pas repousser ce que l’on aurait toujours eu envie de réaliser et surtout, penser à se faire plaisir»
Mettre ses angoisses entre parenthèses
Fort de son expérience, Blaise Vuillaume constate que pour bien passer le cap, il n’y pas de recette miracle, chacun doit puiser en soi les ressources nécessaires pour vivre pleinement sa retraite, et pour se faire plaisir : «Il faut commencer par mettre ses angoisses entre parenthèses, avoir une bonne hygiène de vie, exercer des activités physiques régulières, bouger, se mettre en mouvement, travailler l’équilibre et la souplesse du corps, ne surtout ne pas se sédentariser, ni dans le corps ni dans la tête, ne pas repousser ce que l’on aurait toujours eu envie de réaliser et surtout, penser à se faire plaisir.»
Le syndrome de la page blanche
Mais au-delà de ces généralités qui ne sont pas seulement valables pour les jeunes retraitées et retraités, Blaise Vuillaume préconise, pour éviter le syndrome de la page blanche, de se servir d’un agenda et d’y inscrire toutes les activités de la semaine : «Il n’y a bien sûr aucune obligation de le remplir, mais cela permet de prendre conscience que l’on n’a pas rien fait et, à l’inverse, de se motiver à bouger socialement et physiquement. En plus, il est toujours important d'avoir des repères, qui peuvent être une partie de cartes, un cours de tai-chi, d’aller boire le thé avec les copines ou peu importe quoi, du moment que cela rythme la semaine.»
Cultiver les passions et les amitiés
Et pour remplir son agenda, rien de tel que de renforcer ses liens avec ses amis, ses amies, voire d’élargir le cercle de ses connaissances. « Le constat est parfois rude, votre principal réseau va disparaître et c’est précisément pour cela qu’il faut en créer de nouveaux. Nous insistons beaucoup sur cet aspect parce qu’il est primordial. » Dans l’idéal, comme les passions, les amitiés devraient être cultivées tout au long de la vie pour s’épanouir au moment de la retraite. « Dans le cas contraire, nous encourageons nos participants à se créer de nouveaux réseaux, que ce soit par le biais des associations sportives propices aux rencontres et à l’activité physique, ou encore de se lancer dans le bénévolat. Ce ne sont que deux exemples parmi tant de possibilités. Les études ont largement montré que pour bien vivre, l'être humain a besoin d'échanger. Et puis si on veut bien profiter de sa dernière partie de vie, il est important d'échanger, de se mélanger aux différentes générations, d’éviter de s’isoler à la maison », insiste Blaise Vuillaume.
Anticiper ses futures dépenses
L’aspect financier ne doit pas non plus être négligé, tout particulièrement sa dimension budgétaire. «Si la plupart d’entre nous a une idée assez précise de ce que sera son revenu en tant que retraitée ou retraité, il arrive encore trop souvent que la question des dépenses soit prise avec légèreté. Comme dans une majorité de cas, la retraite signifie une baisse du pouvoir d’achat, il faut impérativement se pencher dessus, faute de quoi on risque de mauvaises surprises.»
Aurais-je encore les moyens de payer le loyer de mon appartement au centre-ville ou faut-il déménager dans une région décentrée? Garder ma voiture ou prendre un abonnement général? Parmi les mille et une questions auxquelles une personne à la veille de la retraite sera confrontée, toutes peuvent être abordées en amont, afin d’éviter des sacrifices aussi douloureux qu’inattendus. Une fois de plus, il faut pouvoir anticiper.
Le capitaine de sa vie
Et puis, arrive le dernier jour… Comme le dit Blaise Vuillaume : «Que la retraite ait été choisie ou imposée, garder un bon souvenir de son ''dernier jour de travail'', se remémorer son parcours professionnel, dire au revoir est une étape cruciale pour ouvrir un nouveau chapitre de sa vie de manière confiante. Elle mérite qu’on y consacre du temps pour l’imaginer, l’organiser et la vivre à son image. Passé ce cap, chacun, chacune devient le capitaine des années à venir pour savourer une retraite bien méritée.» (DA)
Le secret de fonction, lui, ne prend pas de retraite
Que deviennent nos dossiers, notre messagerie et nos comptes informatiques lorsque l’on quitte son emploi à l’État? La procédure est très réglementée afin que la protection des données et le secret de fonction auquel chacune et chacun est tenu soient respectés. Dans ce contexte, les entités Ressources humaines des services et la Direction générale du numérique et des systèmes d’information jouent un rôle essentiel. Tour d’horizon.
À l’heure de quitter son emploi, un processus se met en marche, immuable et bien rodé. Une date de départ est déjà fixée? En charge d’accompagner la carrière des collaboratrices et collaborateurs et d’assurer notamment la gestion administrative RH, l’entité Ressources humaines du service de la personne qui quitte son poste informera la Direction générale du numérique et des systèmes d’information (DGNSI), afin que les démarches puissent être entreprises le jour J pour la clôture de ses comptes et de ses accès numériques et physiques au sein de l’administration cantonale.
La phase de désactivation
Les équipes techniques entrent alors en jeu pour fermer les comptes de la personne concernée: messagerie, identifiants, accès à l’intranet et aux outils de l’État… tout est désactivé, selon une procédure bien établie. Le collaborateur ou la collaboratrice sur le départ a également l’obligation de restituer son badge ou ses clés et son matériel informatique.
Que peut-on garder et transmettre ?
De nombreuses personnes ont pourtant l’habitude de stocker des dossiers professionnels dans leur messagerie… Comment les transmettre aux collègues qui prennent la relève et qu’a-t-on le droit d’emporter avec soi? La réponse est simple: les données appartiennent au service employeur. Le transfert des informations est à prévoir en coordination avec sa ou son responsable direct.
«Les messageries ne sont pas des lieux de stockage et d’archivage. Toute la documentation professionnelle officielle – dossiers papier ou numériques – reste la propriété de l’État et doit être accessible à celles et ceux qui reprennent le poste laissé vacant. Il en va de la sécurité des données de l’État et du secret de fonction, dûment réglementé par la loi», confirme-t-on du côté des experts Identité, accès et sécurité à la DGNSI.
Le secret de fonction
«En plus de la réglementation en matière de droit du travail, le secret de fonction interdit aux collaborateurs de la fonction publique et à toute personne assumant une tâche publique de divulguer des informations ou des documents officiels dont ils ont eu connaissance dans l’exercice de leur fonction», explique en préambule Charles Tännler, juriste en sécurité de l’information à la DGNSI». Transgresser cela nous expose à une sanction, qui peut aller jusqu’à trois ans de prison.
Cette obligation de garder le secret a-t-elle une durée dans le temps? «Elle entre en vigueur dès l’engagement d’un collaborateur ou d’une collaboratrice à l’État, et se prolonge après la cessation des rapports de service, notamment après un départ à la retraite. Cette obligation dure tant que l’intérêt au secret subsiste», conclut le juriste. Nous voilà renseignés : le secret de fonction ne prend pas de retraite ! (MHJ)