Une reprise peu ordinaire
Après deux mois de confinement, de nombreux services de l’État de Vaud ont retrouvé un fonctionnement usuel. Cette reprise reste toutefois particulière en raison des mesures sanitaires qui l’accompagnent, méconnues avant la crise du Covid-19. Exemple du guichet de l’Office d’impôt d’Yverdon-les-Bains et tour d’horizon d’autres services cantonaux.
La vie reprend petit à petit, mais le Covid-19 est toujours là. À l’État de Vaud, les collaboratrices et collaborateurs sont amenés à retourner sur leur lieu de travail et, pour certains, à retrouver le contact physique avec des citoyens. Compte tenu des mesures nécessaires pour éviter une seconde propagation intensive du virus, La Gazette a cherché à savoir comment se déroule concrètement cette adaptation, comment la vivent les membres du personnel, les usagers, et quels sont les éventuels problèmes rencontrés.
Réouverture des réceptions et guichets : l’office d’impôt des districts du Jura-Nord vaudois et Broye-Vully
Rouverts le 6 mai dernier, les réceptions et guichets des différents offices ont été réaménagés de manière à éviter les rassemblements trop importants. À l’office d’impôt des districts du Jura-Nord vaudois et Broye-Vully à Yverdon-les-Bains, le directeur de région Aldo Paillard a à cœur de respecter les mesures de protection contre le coronavirus, tout en faisant preuve de souplesse. Ainsi, en fonction des règles en vigueur, l’office a été progressivement adapté afin que la sécurité sanitaire soit assurée, tout en gardant ce lieu facile d’accès et d’usage.
Des mesures pour les contribuables
Dans le grand bâtiment que l’office d’impôt partage avec la justice de paix et la préfecture à Yverdon-les-Bains, les affiches de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) rappelant les mesures d’hygiène sont mises en évidence dès l’entrée. L’escalier qui mène aux guichets est séparé en deux par une banderole, des flèches au sol indiquent le sens de marche. Devant la file d’attente, un distributeur de solution hydroalcoolique. Aux guichets, une ligne de démarcation signale la distance à respecter face au personnel, assis derrière une vitre en plexiglas. Du désinfectant pour les mains est aussi à disposition sur le comptoir.
De manière générale, les contribuables s’accommodent de ces mesures et les interactions se déroulent au mieux. Aldo Paillard relève toutefois que lorsque l’interlocuteur parle derrière un plexiglas à deux mètres de distance, et surtout s’il porte un masque, cela pose parfois quelques problèmes de compréhension.
Bien que ces mesures aient pour but d’éviter des attroupements, peu de contribuables se déplacent à l’office, en comparaison à l’année précédente. La plupart privilégient la communication à distance. Ainsi, 400 personnes sont venues au guichet et 1200 ont téléphoné en mai 2019, alors que 200 visites et 2000 appels ont été comptabilisés en mai 2020, soit une inversion des tendances.
Les membres du personnel aussi concernés
Les mesures sanitaires de l’office d’impôt ne s’arrêtent pas à l’espace public : les bureaux du personnel ont également été aménagés en conséquence, et ceci dès le 15 mars. Toutes les portes d’accès sont maintenues ouvertes en permanence afin de faire circuler de l’air, et de nombreuses bouteilles de désinfectant sont mises à disposition dans les couloirs. Une partie du personnel est en télétravail, ce qui offre l’espace suffisant pour espacer les bureaux des collaborateurs. Lorsque cela n’est pas possible, ils portent un masque. C’est le cas notamment des nouveaux employés et de leurs formateurs.
Ce retour au travail a demandé beaucoup de souplesse de la part du personnel. Les deux mètres de distance à maintenir ont nécessité un temps d’adaptation. Les collaborateurs ont également parfois dû effectuer de nouvelles tâches, notamment en reprenant celles de leurs collègues. Mais Aldo Paillard constate qu’ils ont été très compréhensifs et relève le bon état d’esprit.
Les mesures décidées par l’OFSP ont été mises en place sans problème et au contraire ont rassuré les contribuables et les membres du personnel. Aldo Paillard reconnaît que l’architecture du bâtiment, une ancienne caserne militaire avec de vastes pièces transformées en bureaux, permet le respect des mesures de distance sociale.
Réajustements des services
Outre les guichets, d’autres services cantonaux sont à nouveau disponibles depuis le mois passé, toujours en étant adaptés aux mesures sanitaires.
Visites au CHUV
Généralement interdites pendant le confinement, les visites sont désormais autorisées au CHUV, dans la limite d’une par patient et par jour. Un tri avancé est effectué aux entrées des bâtiments pour éviter les groupes de visiteurs ainsi que pour distribuer du gel hydroalcoolique et des masques, dont le port sera contrôlé. Masqués, visiteurs et patients ne sont pas tenus de respecter une distance entre eux. Patrick Genoud, directeur adjoint des soins, a observé quelques rares réticences de la part de visiteurs, mais constate que nombre de patients se sentent en sécurité grâce à ces mesures.
Examens de conduite
Depuis le 11 mai déjà, le Service de l’automobile et de la navigation (SAN) a repris les examens de conduite théoriques et pratiques. Les examens théoriques se font pour le moment sur rendez-vous uniquement. L’offre a néanmoins été étoffée pour répondre à l’augmentation des demandes de permis d’élève. Quant aux examens pratiques, ils exigent désormais une désinfection des véhicules, ainsi que le port du masque tant pour les candidats que pour les experts. « L’acceptation et le respect des mesures mises en place tant au niveau du personnel que de la clientèle permettent au Service de réaliser ses prestations dans un climat serein », indique Sylvie Pilet, du SAN.
Cérémonies de mariages
Les cérémonies de mariage ont pu reprendre le 1er mai, mais avec de nouvelles directives de l’Office fédéral de l’état civil: un mètre de distance entre chaque siège et deux mètres entre chaque personne debout, à l’exception évidemment des fiancés. Or, de nombreuses salles habituelles sont trop petites pour pouvoir respecter ces mesures de distance. L’état civil est alors en contact avec les communes, dont certaines mettent à disposition leurs salles. Les plus petites ne sont utilisées que si les invités renoncent à participer à la cérémonie et patientent à l’extérieur. Ces dispositions ont de ce fait modifié le déroulement usuel des cérémonies. Les mariés invitent moins de monde, ou organisent l’apéritif en dehors de la salle.
Se marier en visioconférence
Avant la réouverture des cérémonies de mariage physiques, l’État de Vaud a été le premier canton à proposer des cérémonies en visioconférence via l’outil Webex. Ces réunions peu communes rassemblaient à distance les fiancés, les témoins et l’officier. La plupart du temps, les mariés gardaient les traditions du mariage depuis chez eux : robe blanche, échange d’alliances, bouquet de fleurs. La diffusion de la cérémonie sur les réseaux sociaux offrait aux invités la possibilité d’y assister en ligne. Au total, 81 cérémonies 2.0 ont été célébrées entre mars et avril.
Assouplissements depuis le 22 juin
Le Conseil fédéral a ordonné de nouveaux assouplissements dès le 22 juin. Il ne recommande plus le télétravail pour tous, la décision de l’appliquer revient alors aux employeurs (autorités d'engagement). Ces derniers sont toutefois tenus de garantir la sécurité des personnes vulnérables, notamment en leur proposant de travailler à domicile ou, si cela n’est pas possible, en adaptant leurs postes de manière à les protéger. La distance à respecter entre les membres du personnel est désormais de 1,5 mètre.
Plus d’informations sur le site de l’OFSP
Sortie de crise COVID-19 : la 3e étape transitoire pour les collaborateurs-trices de l’ACV reste en vigueur. Lien sur la 3e tape
Et les apprenties ?
Gérant à la fois les cours et le travail, les apprentis de l’État de Vaud ont vécu cette crise de manière particulière. Jovana Mitrusic, apprentie employée de commerce aux ressources humaines du Service de la population, fait part de son expérience.
Un confinement bien rempli
Jovana Mitrusic était en télétravail pendant le confinement. Malgré la diminution des heures de présence, elle n’a pas eu beaucoup de temps libre. « Je profitais des heures en moins pour préparer mes dossiers de formation ». De plus, elle a suivi des formations depuis chez elle et réalisé un grand sondage sur le bien-être des collaborateurs durant cette période.
Les cours à distance de l’École professionnelle commerciale de Lausanne (EPCL) ont également demandé beaucoup de travail. Certaines conférences Zoom pour les cours s’enchaînaient sur une journée entière, ce qui peut être fatigant.
Le bon côté de la reprise
Les cours ont repris à l’EPCL le 8 juin avec mesures sanitaires. Ils sont dorénavant donnés par demi-journée et par demi-classe afin que chaque table ne soit pas occupée par plus d’une personne. Des masques sont distribués et des bandes au sol indiquent les distances. Le seul examen que Jovana Mitrusic aurait dû passer cette année a été annulé. En contrepartie, les deux dossiers d’une vingtaine de pages qu’elle a rendus en fin d’année scolaire seront notés.
La reprise du travail a été progressive : d’abord un jour par semaine, puis deux jours et enfin tous les jours. Comme à l’EPCL, elle s’est faite dans des conditions particulières. Jovana Mitrusic porte un masque durant ses formations en raison de la proximité physique inévitable et nettoie son bureau tous les matins. Malgré ces mesures, la reprise se passe bien pour elle : « J’ai apprécié le fait qu’elle soit progressive et je suis heureuse de retrouver mes collègues ». Le confinement a été plus difficile pour celle qui préfère travailler sur place qu’à distance.