2002: naissance de la «jom»
Organisée depuis 2003 dans le canton de Vaud chaque deuxième jeudi de novembre, la «Journée oser tous les métiers» a eu lieu cette année sous une forme compatible avec les exigences sanitaires du moment. L’occasion de s’intéresser à l’histoire de cette action qui vise à ouvrir les horizons professionnels des filles et des garçons.
Les métiers du bâtiment sont-ils réservés aux garçons ? Les soins infirmiers aux filles ? Non. Et pourtant les tendances à choisir une formation puis un métier selon le genre supposé de la profession continuent visiblement de ranger filles et garçons dans des catégories différentes. En 2016 sur sol vaudois, 95% des contrats d’apprentissage dans le domaine du bâtiment et du génie civil étaient signés par des garçons, 84% par des filles pour les soins infirmiers, comme l’indique le Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes (BEFH) dans sa plaquette «Les chiffres de l’égalité», éditée en collaboration avec Statistique Vaud.
Se basant sur le constat d’une différence de trajectoires considérable entre filles et garçons dans le domaine de la formation et afin d’ouvrir le champ des possibles, la Conférence suisse des déléguées à l’égalité entre femmes et hommes (CSDE) lançait en 2001 une «Journée des filles» au niveau national. Elle aura aussi lieu au sein de l’administration vaudoise en 2002 comme le soulignait La Gazette du 27 novembre 2002.
Croiser les genres
Dès 2003, la formule change pour laisser place à la «Journée oser tous les métiers» (jom), qui s’adresse aux élèves de 7e à 9e année du canton, filles comme garçons. Cette journée s’inscrit dans un contexte national et s’appelle «Futur en tous genres» dans la plupart des autres cantons. «Avec plus de 90% de participation en 2019 et presque autant les années précédentes, nous constatons que la jom est à chaque fois un succès», se réjouit Sandra Weber, responsable du projet au BEFH. L’an dernier donc, plus de 21'000 élèves ont accompagné un parent ou un proche sur son lieu de travail. Mais ce n’est pas tout. «Le but est que les garçons accompagnent une femme, et les filles un homme, de manière à ce que chacun découvre un métier de l’autre sexe. Il arrive aussi que des filles accompagnent une femme ou des garçons un homme quand la personne pratique une activité dite atypique, qui sort donc des stéréotypes de sexe», souligne Sandra Weber.
Au-delà d’une découverte des métiers, la jom permet de s’entourer de modèles auxquels s’identifier, de voir les gens à l’action, et de s’initier aux métiers de manière active. «J’ai par exemple beaucoup aimé voir des filles qui ont participé au « Parlement des filles » en 2015 faire des selfies avec Roxanne Meyer Keller, alors présidente du Grand Conseil. Ça ne s’était jamais produit jusque-là, et cela prouve que les filles peuvent s’identifier aux modèles féminins avec qui elles ont contact. Le rôle de ces modèles est très important.»
Le «Parlement des filles» est l’un des douze ateliers directement proposés par le BEFH auxquels peuvent s’inscrire les élèves. Ils sont en revanche non mixtes, afin de respecter l’objectif de la journée, qui est de découvrir un métier exercé principalement par le sexe opposé. «Parmi les ateliers proposés aux garçons, ceux-ci peuvent par exemple découvrir le métier de sage-femme. Dans ce cadre, ils doivent changer la couche à un faux bébé. Si un tel atelier était mixte, il se pourrait que les filles soient plus actives et que les garçons se tiennent en retrait.»
Version 2020
Preuve de l’engouement pour la jom, le BEFH a reçu des demandes directement de la part d’entreprises qui souhaitent mettre sur pied des ateliers au cours de cette journée spéciale. «Même si les Bureaux de l’égalité sont à l’origine de cette journée, on voit qu’elle répond à un souhait de davantage de mixité exprimé par certains milieux professionnels ou associations professionnelles. Et de façon plus générale, les retours que nous avons sont positifs, aussi bien de la part des enfants que de leurs parents, ou encore des entreprises», assure Sandra Weber.
À cause du contexte sanitaire, l’édition 2020 a toutefois dû être adaptée. La mise sur pied du site www.vd.ch/jom a ainsi fourni au corps enseignant du matériel faisant de Vaud le seul canton à maintenir son offre destinée aux élèves: concours, exposition téléchargeable, films, dossiers pédagogiques, etc.
En 2021, si le contexte permet la tenue d’une jom en présentiel, une nouvelle série d’ateliers devraient voir le jour directement au sein de l’administration cantonale. «Toujours dans le but de favoriser une plus grande mixité. Et ils ne seraient pas réservés uniquement aux enfants d’employées et d’employés de l’administration, mais bien ouverts à l’ensemble des élèves de 7e à 9e du canton», précise Sandra Weber. (DT)
page promotion: vd.ch/JOM
(pour obtenir une page promotion, se renseigner auprès d'info.bic@vd.ch)