2001: Souriez, votre moustache est filmée
Caméras, connexion web, écran géant, vote électronique avec affichage immédiat des résultats. En 2001, le Grand Conseil commençait à appuyer sur un bouton au lieu de lever le doigt.
Dans son édition du 5 septembre 2001, LaGazette s’intéressait au déménagement du Grand Conseil. Le Parlement devait provisoirement quitter le bâtiment Perregaux avant la rénovation envisagée pour s’installer dans l’aula du Palais de Rumine. Ce séjour à Rumine a été l’occasion de se doter d’une toute nouvelle technologie. Comme l’introduction de caméras pour filmer les députés sur grand écran et retransmission des débats sur les chaînes de télévision locale.
Avant de se mettre sérieusement à la tâche, les députés ont pu, fin août 2001, tester leur nouveau dispositif. Notamment le vote électronique avec affichage immédiat des résultats. Dans une ambiance bon enfant relevée par l’article, le législatif a choisi de prendre pour objet de vote la moustache de Josef Zisyadis, récemment disparue du faciès de l’élu avec pour question: «N’est-ce pas la moustache arborée toutes ces années par le député popiste qui était fictive?».
Les gains technologiques
L’aula du Palais de Rumine ne devait accueillir le Grand Conseil qu’une dizaine d’années, avant que le législatif ne trouve un toit définitif. Avec l’incendie du Parlement en 2002, il faudra en réalité attendre près de vingt ans et de nombreux débats qui, semble-t-il, se sont faits de plus en plus longs.
Élu au Grand Conseil en 1992, le député PLR Philippe Cornamusaz ne se souvient aujourd’hui pas spécifiquement de la moustache de Josef Zisyadis comme objet de vote. Concrètement, quels furent, selon le parlementaire sexagénaire, les apports de ces nouveaux outils? «Le vote électronique avec résultats en direct a raccourci certains votes. Notamment le vote à l’appel nominal. Comme j’étais cent cinquante-sixième sur deux cents, j’avais amplement le temps d’aller à la buvette, de rentrer de la salle des pas perdus ou de terminer une discussion informelle avec un collègue et de revenir à ma place sans manquer un vote pour autant.»
Ce type de vote à l’appel nominal était plutôt rare. «Une dizaine par année, estime Philippe Cornamusaz. Pour le budget par exemple ou des votes très serrés. Il fallait compter une bonne vingtaine de minutes avant d’avoir un résultat. Alors qu’aujourd’hui, avec le vote électronique, nous pouvons en réaliser plusieurs par séance.»
Ça tourne
Les caméras auraient aussi modifié le comportement des députés, selon Philippe Cornamusaz. Pas parce que les débats étaient projetés sur grand écran dans la salle, mais en raison de leur diffusion télévisée. «Le parlementaire aime parler. La diffusion à la télé a allongé les débats, surtout en période électorale», assure celui qui, lors de son assermentation en 1992, ne possédait pas même un téléphone portable. Alors, quel regard sur les caméras? «Honnêtement, je n’en revenais pas qu’autant de citoyens regardent nos débats à la télévision. C’est donc la preuve qu’il s’agissait d’une demande.»
Le député PLR reste toutefois convaincu que le contact avec les citoyennes et les citoyens ne se fait pas par écrans interposés. «Je suis de la vieille école. Moi, mes citoyens, je les rencontre au chœur d’hommes ou au football. Rien ne vaut une discussion franche autour d’une table.» (DT)