Emilie Cornu, une orfèvre du papier
Un cutter, du papier et un regard sur la nature qui nous entoure. Il n’en faut pas plus à Mild, plus connue à l’État de Vaud sous le nom d’Emilie Cornu, pour réaliser des œuvres aussi fines que majestueuses, empruntant la séculaire technique du papier découpé qu’elle applique aussi bien au monde des plantes qu’aux animaux.
Certains aiment y déposer des couches de peinture. D’autres préfèrent le crayon. Plus rare, il arrive que quelques adeptes redonnent forme à une feuille de papier pour en faire de véritables œuvres d’art.
Dans cette catégorie, on trouve Emilie Cornu, graphiste à l’Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle (OCOSP). Employée à temps partiel, elle exerce aussi en tant qu’indépendante et artiste. Connue sous le pseudonyme de Mild, entre autres sur les réseaux sociaux, Emilie Cornu s’est lancée il y a trois ans dans l’art séculaire du papier découpé, après avoir suivi un cours, il y a une dizaine d’années, à l’Université populaire.
«Je n’invente rien»
Emilie Cornu a grandi à Attalens, à la pointe sud du canton de Fribourg, à une dizaine de kilomètres de Vevey. Elle y découvre le papier découpé, «dans les fermes fribourgeoises, chez mes amis», précise-t-elle. Fribourg, pas Château-d’Oex? «C’est une technique et un art qui viennent d’une région, le Pays d’Enhaut, plus que d’une ville», répond Emilie Cornu. Reste que, pour Mild, l’intérêt pour cette technique ne vient pas uniquement de l’enfance. «Je cherchais quelque chose à faire, pour moi uniquement. Qui ne soit ni trop lourd, ni trop salissant. Je me suis inscrite à ce cours sans nourrir d’attentes particulières, et ai commencé à réaliser des motifs il y a seulement trois ans.»
Loin de la tradition, Mild préfère reproduire des motifs qu’elle trouve dans des planches naturalistes. Fleurs et animaux tels qu’insectes, chauves-souris ou autres poissons et crustacés. Et non des représentations de la vie quotidienne ou montée des troupeaux de vaches vers l’alpage. Au départ, c’est l’apprentissage de cette technique qui m’intéressait. Pas de réaliser des poyas. Je préfère reproduire ce qui se trouve dans la nature. En réalité, je n’invente rien.»
«Au départ, c’est l’apprentissage de cette technique qui m’intéressait. Pas de réaliser des poyas. Je préfère reproduire ce qui se trouve dans la nature. En réalité, je n’invente rien.»
Lorsqu’elle explique comment elle procède, tout a l’air simple – alors que les pièces, une fois réalisées et encadrées, relèvent de l’orfèvrerie. « Je dessine une image qui m’inspire, tirée d’une planche naturaliste. Je la recopie au crayon sur la partie blanche de la feuille et ensuite je découpe. » Un papier spécial, très fin mais élastique, blanc d’un côté, noir de l’autre. Si elle a commencé avec des ciseaux, comme le veut la tradition, Emilie Cornu a ensuite opté pour le cutter. « Je pars du principe que si je suis capable de faire des traits au crayon, je peux réaliser le même mouvement avec le cutter. »
Un art populaire
Autre intérêt pour le papier découpé : « c’est de l’art populaire, et je suis très sensible à cet aspect. Tout le monde peut le faire, assure l’artiste. À l’origine, ils étaient réalisés par des vachers. »
Depuis qu’elle pratique le découpage, Emilie Cornu a été approchée par des marchés et des galeries d’exposition de la région. En-dehors des réseaux sociaux, elle rencontre directement le public qui porte un regard toujours très intéressé sur son travail. « J’adore rencontrer les gens, ils sont très curieux, me posent beaucoup de questions. Les jeunes aussi, ce que j’apprécie vraiment. » À 40 ans, elle avoue toutefois ne pas être certaine qu’elle se serait elle-même intéressée à cette discipline à l’adolescence. Qu’importe aujourd’hui, vu l’intérêt que le public lui porte. (DT)