L’arrivée de la cinquième semaine de vacances
Il dirigea dix ans durant le Service du personnel du CHUV. Il fut pendant 17 ans chef de service adjoint de l’ancien Service du personnel de l’État de Vaud, avant d’en prendre les rênes, en 2020. Philippe Chaubert a pris sa retraite en 2023. Durant ces trois décennies passées au cœur des ressources humaines de l’État, il a été l'un des acteurs de la mise en œuvre de la nouvelle loi sur le personnel.
Pour l'ancien chef des ressources humaines du Canton de Vaud, qui a participé à la mise en œuvre de la nouvelle loi sur le personnel (LPers), l'administration cantonale est au diapason de ce qui se passe dans les autres cantons: «Toujours en litige avec les vacances, entre ce qu'on aimerait avoir, ce qu'on veut donner et la réalité des choses…» Cette éternelle tension traduit en partie la relation des Suisses avec le travail; et donc, par rebond, avec les vacances. Comme le rappelle en souriant Philippe Chaubert, le peuple suisse est certainement le seul sur terre capable de refuser deux initiatives populaires visant à prolonger les vacances: «Et à chaque fois, le refus s'élevait à plus de 60% des voix… Ce qui nous a valu l'étonnement du reste du monde et des railleries venant de certains pays limitrophes.»
Historiquement, les cantons suisses ont «toujours eu une semaine d'avance, si je peux me permettre l'expression, puisque la plupart d'entre eux octroyaient une semaine de vacances de plus que ce qui était prévu par la loi fédérale.» Ainsi, dans les années 1960, les collaboratrices et collaborateurs des administrations cantonales, y compris vaudoise, bénéficiaient déjà d'une semaine supplémentaire: «Et cette tendance a perduré, même si le Canton de Vaud est resté à la traîne en maintenant quatre semaines de vacances (cinq semaines à partir de 50 ans, et six semaines dès 60 ans), comme le prévoyait l'ancien statut cantonal de la fonction publique, qui datait de 1947.»
Un exercice blanc
Il faudra donc attendre 2003 et la nouvelle Lpers pour faire bouger les lignes: «Cette réforme comportait plusieurs mesures, comme l'augmentation des cotisations du personnel à la caisse de pensions et la suppression du statut de fonctionnaire. Cette révision devant se traduire par un exercice blanc pour tout le monde, le Conseil d'État avait décidé de compenser cet effort en réduisant d'une heure la semaine de travail et en augmentant la durée des vacances d'une semaine.» Cela se concrétisa par une extension des cinq semaines de vacances à tout le personnel de l'État de Vaud, tout en maintenant les six semaines à partir de 60 ans.
Si ces mesures furent appréciées par une grande partie du personnel de l'État, elles suscitèrent aussi quelques frustrations, surtout auprès de celles et ceux ayant déjà 50 et 60 ans qui, de fait, ne virent rien changer; et auprès des membres du corps enseignant, dont l’activité est dictée par le rythme scolaire: «Comme on pouvait difficilement rallonger leurs vacances sans étendre celles des élèves, ils obtinrent en compensation le congé sabbatique et la décharge de fin de carrière, ce qui permet de fait de réduire le nombre de périodes à salaire égal. Dans l'ensemble, les gens étaient plutôt satisfaits par cette révision.» (DA)